Les idoles aussi ont des défauts [PV Akito]

Tranquillement, Noïd dévisagea l'idole qui lui faisait face. Il n'espérait pas particulièrement une réponse, il se doutait qu'être une idole pouvait être fatiguant, et que gérer des fans pouvait être pète-burnes, même s'il n'en faisait pas vraiment parti. Aussi, il ne serait pas formalisé s'il avait été ignoré par le chanteur de pop, et ne se serait pas davantage énervé s'il avait entendu un « Merci » ou tout autre formule classique en réponse.
Par contre, en voyant le regard d'Akito, plein de dégoût, la chouette sentit la colère monter en lui aussi rapidement que de la mousse dans une bouteille de coca trop secouée. A croire que la célébrité allait forcément avec le fait d'être un enfoiré de première.
Akito fit un petit signe de la main, l'air de lui dire de dégager.

▬ D'accord, d'accord.. Aller, retourne vers ton maître l'hybride.

Une poignée de secondes s'écoula, un ange passa. Noïd sentit confusément que la colère laissait paisiblement la place à une autre émotion dans son corps. Cette émotion, c'était la rage, accompagnée de l'envie d'offrir à cet adorable chanteur une séance chez le dentiste à coup de parpaings. Où à la rigueur, d'offrir un passage aux parpaings, à base d'Akito. Dans un mouvement lent, la chouette joignit ses deux mains. Le craquement sec des jointures retentit dans l'allée, promesse d'une violence qui risquait de ne pas tarder.
Mais la vision des gardes, un peu trop proche à son goût, dissuada l'harfang de céder et de foncer comme un abruti dans la mêlée. Il était certain de pouvoir distribuer un bon nombre de pains dans la tronche du prétentieux avant d'être immobilisé, mais c'était ce qui allait arriver après qui ne lui faisait pas trop envie. Et il n'avait pas envie que ça soit Emiko qui paye les pots cassés. Aussi, au prix d'un énorme effort de volonté, il s'empêcha de sauter sur Akito. L'air sombre, il lâcha plutôt, bien fort pour être sûr que l'idole l'entende :

- « Typique, je sais pas à quoi je m'attendais de la part d'un jeune crétin avec une cuillère en argent dans les fondements. Je n'ai aucun maître, espèce de débile. Par contre, toi... T'as l'air d'en avoir un gros. Pas trop dur de marcher, en portant un ego pareil ? »

Noïd était aussi insultant que possible. C'était le seul exutoire qu'il avait pour ne pas se retrouver à essayer de rendre le rouge sur le visage du chanteur omniprésent, et ce à coup de baffe dans la tronche. L'hybride chouette agita les ailes, et écarta les bras, un peu plus théâtral.

- « C'est à se demander comment des si beaux sons peuvent sortir de la bouche d'un trou du cul pareil... Alors, dis-moi. T'as quoi contre les hybrides ? Tu te sens supérieur parce que tu es né privilégié ? Quelle belle connerie. Y a que les abrutis pour penser qu'une race peut en valoir plus qu'une autre. Et toi, apparemment, t'en es un beau d'abruti. Toute ton énergie a du aller dans ta capacité à chanter, et il devait rester plus rien pour alimenter ton cerveau. J'ai presque pitié de toi. Presque. »

Il ignorait pourquoi il était autant en rogne. Enfin, il l'aurait déjà été de base, mais son instinct animal lui hurlait de l'être encore plus, pour une raison qu'il ne comprenait pas. Il était en colère, et maintenant, il avait que ce précieux le devienne aussi. Si jamais il se prenait une droite, il aurait une raison pour répliquer.

- « Foutu humain qui se croit au-dessus », marmonna Noïd, son regard rouge toujours planté sur l'idole.

Oh putain. Oh putain. Il ne snobait. Est-ce qu'il ne l'avait vraiment pas écouté ? Noïd ne le savait pas. Mais en tout cas, le comportement du type en face lui donnait envie de mettre au placard ses dernières réserves de calme. Il se força à rester calme. Ou tout du moins a peu près calme.

- « Dis, t'es un connard au naturel ou tu prends des leçons pour ça ? A ce niveau c'est impressionnant. »

Il ne se laissait pas démonter. Il avait envie de faire tomber le masque d'impassibilité de la personne en face, et pour ça, il voulait continuer à le titiller. Jusqu'à le foutre véritablement en rogne. Noïd s'accrochait à cette pensée pour éviter lui-même de péter un câble. Ne pas céder. Lui faire ravaler son orgueil.

▬ Ecoute moi la mouette. Si tu ne me laisses pas tranquille et puisque tu clames haut et fort que tu n'appartiens à personne.. Je vais appeler mes chiens de gardes qui vont t'immobiliser. Ensuite, j'appellerais personnellement les rabatteurs pour qu'ils viennent te chercher et on te placera dans un centre de dressage.. Là-bas, peut-être que tu te rappelleras quel rang tu tiens dans notre société.

Noïd leva un sourcil. On passait directement aux menaces ? Pour l'instant, il n'avait rien fait de répréhensible, donc il n'avait pas grand chose à craindre. Surtout que contrairement à ce que pensait l'idole de bac à sable en face, il avait une maîtresse, du moins sur le plan légal. Si elle le laissait dehors, c'était pas le problème d'Akito. Il évita cependant de ramener Emiko dans la conversation. Pas envie de lui causer des problèmes.

- « Pour quelqu'un qui simule de pas m'écouter, t'as plutôt bien retenu ce que j'ai dit, princesse Akito. C'est adorable tous les efforts que tu fais pour te donner l'air d'une idole imperturbable. »

Aki voulait jouer ? On allait jouer. Noïd réfléchissait certes avec ses artères, mais il savait être extrêmement pète-couilles quand il le voulait. Des années à emmerder le personnel d'une animalerie, ça laissait des traces. Aussi il n'eut aucun remords à dire, sans paraître le moins du monde effrayé.

- « Comme c'est mignon. T'as besoin d'appeler tes garde du corps pour te protéger contre un hybride même pas agressif. C'est si difficile que ça de faire un truc par toi-même ? Si tu fais des efforts, je suis sûr que tu peux y arriver. »

Lui aussi prenait clairement Akito pour un con. Si les deux continuaient à ce rythme, ils n'allaient pas se tirer, et mort allait être à déplorer.

- « Rang dans la société... Ça encore, c'est une belle connerie. Si j'en avais quelque chose à carrer, je serais pas là, à échanger des politesses avec un privilégié pétri de certitudes plus débiles les unes que les autres. C'est peut-être aussi un truc que tu pourrais faire par toi-même, tu sais ? Réfléchir, comme un grand. Et accessoirement, c'est toi qui a voulu me chercher, princesse, donc tes menaces, enfonce-toi les ou je pense. »

Des puces ? On était pas dans de la répartie de haut niveau-là. Noïd arqua encore davantage son sourcil, symbole représentatif de son irritation. Akito se comportait comme si les piques de l'hybride ne l'atteignaient pas, et ça avait tendance à agacer prodigieusement l'harfang. A ce rythme, il n'allait pas tarder à coller un pain dans la gueule du type en face, et ça allait être vite réglé. Où alors, l'autre option restait de le laisser partir, et d'aller cogner un sac de frappe pour se détendre. Un sac de frappe. Riche idée, tiens, il faudrait en installer un dans sa chambre.

Mais alors qu'il commençait à envisager de partir sans causer trop de dégâts, Noïd se fit brusquement attraper par le col. Akito avait apparemment lui aussi atteint les limites de sa patience et le montrait bien. Noïd réalisa que l'idole était nettement plus grande que lui, mais ça ne l'impressionna pas, bien au contraire. Un coup dans les bourses, et le grand dadais se plierait en deux. L'idée, alléchante, fut longuement soupesée par Noïd alors qu'il recevait dans la gueule le torrent d'agressivité du chanteur.

▬ Tu as usé ce qui me reste de patience l'esclave. Tu sais quoi, tu as gagné. Tu vas te retrouver à mon service, avant un passage en centre de dressage pour te mater une bonne fois pour toute. Je veillerais personnellement à ce qu'on t'attribut le plus sadique des dresseurs. Je vais tellement te faire vivre un enfer que tu regretteras d'avoir ouvert ta grande gueule en cette soirée où il ne fallait surtout pas venir me faire chier.

L'ESCLAVE ? Oh putain, toi, tu vas regretter d'avoir croisé mon chemin. Si Akito pensait pouvoir le mater aussi simplement, il se fourrait le doigt dans l’œil jusqu'au coude. Primo parce que Noïd avait déjà une maîtresse... Deuxio, parce si il mettait sa menace à exécution et le foutait en centre de dressage... L'harfang allait prendre comme mode le vie le fait de faire chier l'idole. Faire de sa vie un enfer ? Challenge accepted, on verrait bien à la fin allait regretter d'avoir voulu péter les burnes de l'autre.

- « Écoute moi bien, pauvre cr... » commença Noïd, en attrapant à son tour le col d'Akito et en le tirant, pour être également menaçant. Il ne put jamais finir sa phrase. Lui-même ne savait pas ce qu'il s'était passé. Peut-être qu'il avait tiré trop fort, peut-être que cet abruti s'était ramassé... Toujours est-il qu'avant même de le réaliser, il était en train d'embrasser Akito.

Un ange passa, alors qu'une poignée de secondes s'écoulaient. Noïd n'avait pas vraiment compris ce qui était en train de se passer. C'était mouillé. Et soudainement, l'information rentra dans son cerveau avec la délicatesse d'un coup de tonnerre, et il se fit repousser.
Bordel.
De.
Merde.

Il entendit une voix au loin. Un paparazzi ? Oh putain, ça allait devenir compliqué. IL VENAIT DE DONNER SON PREMIER BAISER A UNE PUTAIN D'IDOLE IMBUE D'ELLE-MÊME. La rage, qui était partie suite à la stupéfaction du bisou, envahit à nouveau Noïd. Puis reflua lorsqu'il réalisa que la situation devait emmerder Akito beaucoup plus que lui. Un léger sourire envahit ses lèvres.

▬ Ah toi.. Ça doit bien te faire rire connard ! Aller.. Casse toi, avant que j'appelle les rabatteurs.. J'ai d'autres emmerdes à régler !

- « Ta gueule, pauvre con. J'aurais préféré embrasser une porte plutôt que toi. Si la prochaine fois tu veux éviter les emmerdes, apprends à pas être un enfoiré, et à descendre de ton petit piédestal. »

Il fit volte-face, et s'éloigna de l'idole d'un pas vif. Malgré la satisfaction qu'il éprouvait en se disant que les prochaines semaines de la vie d'Akito n'allaient pas être toutes roses, il était toujours en rogne à l'idée de ce baiser. Alors qu'il s'éloignait de la foule, cherchant à passer par une rue un peu plus calme, le paparazzi de tout a l'heure s'approcha de lui en vociférant.

▬ Hé ! L'hybride ! Un commentaire concernant votre amour avec l'idole adorée de tous ?

Noïd se figea soudainement. De l'amour ? Qu'est-ce qui ne fallait pas entendre. L'envie de cogner celui qui lui disait ça se fit soudainement très présente, mais Noïd l'ignora. Non, à la place, il se contenta de placer un petit sourire au paparazzi, d'écarter l'appareil photo que celui-ci tendait vers lui, et de dire simplement :

- « Si vous saviez ce qu'il aime au lit. »

Puis il s'enfuit. En courant, pour mettre le plus de distance possible entre cette foule, Akito et lui. Lorsque enfin il se retrouva dans un endroit calme, il s'autorisa à se détendre. Enfin tranquille.

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