Snake. We're not tools of the government [Ft : Kali]
Invité
Invité
Profil : MP : Email :
Jeu 1 Mar - 1:56
Snake. We're not tools of the government
Feat : Kali
Encore une matinée d'une incroyable froideur. Une matinée d'une incroyable froideur, baignée dans cette même monotonie qu'était devenue la gueule de bois et les relans d'alcool coupé à la coke. Mais ce qui dérangeait le plus Strucky, c'était surtout ce foutu froid hivernale. Le corps peut s'habituer à tout, comme il aimait si bien à le dire. T'as le foie qui se tord ? Si le premier verre t'as détruit le bide, le petit frère viendra calmer tes aigreurs. T'as le nez qui pisse ? Le second rail viendra colmater la fuite. Mais le froid ... Le froid bordel ! C'est fourbe, c'est sournois. Même en se couvrant de la tête en pied comme un foutu inuit, cette saloperie trouverait toujours le moyen de s'engouffrer dans un putain d'interstice ! Un véritable serpent ... Merde ! C'était donc en maudissant le mauvais agencement des saisons d'un champ lexical aussi fleuri que n'aurait jamais pu l'être ceux de Provence, que s’apprêtait à débuter la dur journée de labeur du patron du Monkey Money. Dehors, une lumière blanchâtre filtrant à travers les carreaux semblait indiquer qu'il avait dû neiger pendant la nuit. Surement pas grand chose, mais au moins de quoi recouvrir les toits d'un voile réfracteur. La journée s’annonçait délicieusement merdique, selon un certain spécialiste météorologue.
Le logement dans lequel résidait le jeune homme ne s'offrant pas le luxe de disposer d'un double vitrage décent, un courant d'air meurtrier parcourait la pièce de vie de l'appartement. Ce dernier émettait un sifflement lugubre en se faufilant par les interstices des deux panneaux de bois, transperçant la fine couette dans laquelle était emmitouflé son habitant de milles entailles invisibles et glaciales. Soudain, un gargouillis sinistre vint se mêler à l'étrange mélodie d'hiver. Le jeune homme n'avait pas mangé grand chose la veille. Les jours précédents non plus si on prenait le temps d'y réfléchir. L'homme larve turbina un court en instant, fusillant du regard le paquet de pain de mie vide qui trônait sur sa table basse. Puis, une révélation s'offrit soudain à son esprit. Il n'aurait su dire si c'était à cause des violents spasmes qui lui parcouraient le corps sans interruption, ou du fait de son estomac qui n'avait de cesse de claironner, mais une chose lui apparaissait sans l'ombre d'un doute. S'il n'agissait pas à l'encontre de l'un d'au moins ces deux facteurs, les journaux ne tarderaient pas à aligner les gros titres concernant la mort d'un disquaire momifié dans un taudis crasseux. Se remplir la panse ? Ça n'avait pas l'air d'être du gout de cette connerie de paquet de pain de mie qui le défiait du regard. Réchauffer sa vieille carcasse ? Commençait par se vêtir n'était peut être pas une si mauvaise idée. Le mourant passa un œil intrigué sous la couette et constata qu'il s'était couché tout habillé ... Mèh.
L'instant qui suivi, la porte du foyer s'ouvrit dans un vacarme assourdissant, laissant apparaitre dans son encadrement un Strucky visiblement paniqué. Enfilant à la va-vite un manteau molletonné, qu'il ne se souvenait même pas avoir acheté ou chipé, il dévala les marches qui le séparaient de la rue deux à deux. Les températures ayant pris le soin de disséminer une fine pellicule de verglas le long de la pente, ce dernier manqua de finir à la renverse par trois fois, mais fini tout de même par atteindre la chaussée à la verticale en se rattrapant in extremis à la rambarde. L’hypothermie le guettait et la seule source de chaleur opérationnelle qu'il possédait ne se trouvait non pas chez lui, mais bien dans sa boutique. Débloquer la serrure qui le séparait de la salvation ne fut pas une mince affaire tant ses mains tremblaient, mais après plusieurs essais adroits et un délicat coup d'épaule dans le battant, la bobinette finit par choir. Une fois à l’intérieur, le jeune homme se rua dans l'arrière boutique, trainant du peu de force qui lui restait, un poêle à pétrole encombrant. A peine la besogne était elle accomplie, qu'il appuya d'un coup d'index vif sur l'interrupteur, avant de pousser son rendement au maximum.
Le plus dur était fait, mais la chaleur ne ferait pas l'honneur de sa présence avant quelques laborieuses minutes. Le maitre des lieux profita de ce temps mort pour vérifier à la hâte ses stocks de vivres. Bien qu'il le voyait venir de loin, la déception de ne rien dénicher de comestible lui extirpa un soupir de lassitude qui parvint presque à couvrir le râle de son estomac. Aujourd'hui, même la cafetière demeurerait désespérément vide. En effet, les placards auraient donnés du grain à moudre au tiers monde tant ils débordaient de rien, l'arabica semblant avoir prit la tête des déserteurs. Mais il fallait bien plus que cela pour abattre le survivant qu'était le patron du Monkey Money. Comme disait le poète: "faute de bouffe comestible, buvons et fumons des merles." Ou un truc du genre en tout cas. Lorgnant son comptoir d'un œil hagard, le jeune homme saisit un verre sale qui lui faisait du charme, le remplissant à moitié d'une boisson brunâtre, contenue dans une flasque qu'il extirpa au préalable de la poche arrière de son jean slim.
Portant le récipient à ses lèvres faussement assoiffées, il en ingurgita le contenu d'une traite, tordant son visage d'un rictus qui caractérisait bien le corps puissant de la boisson. Ébloui par la clarté aveuglante d'un astre reflété par une neige traitresse, le tenancier constata que les flocons étaient bien tombés sur la ville. Les routes n'en étaient pas devenus impraticables, loin de là, mais cette chute soudaine donnait tout de même aux allées des faux airs d'un noël pourtant déjà loin de quelques mois. Les premiers effets du chauffage d'appoint tardaient à arriver, ce qui confirma qu'il était de bon ton de s'allumer une cigarette, l'occasion d'offrir au minima à des mains meurtries, un soleil cendré de fortune. Trainant ses panards entre les bacs remplis de son palace, Strucky farfouilla un long moment dans l'un deux, crachant par instant de larges nappes de fumés. Il ne luit fallut pas plus de quelques secondes pour que son œil expert déniche rapidement un vinyle tout désigné : "Goats Head Soup" des Rolling Stones. Il allait falloir se lever tôt pour dénicher un groupe à la hauteur de celui ci. Revenant à sa place attitrée, il déposa la plaque de plastique sur la platine prévue à cet effet et fit courir la pointe de diamant le long de son sillage ondulé. Peu à peu, une chaleur rassurante finit par investir les lieux, trainant derrière elle un parfum nauséabond de pétrole brulé.
Kali... En chemin pour le marché noir, se remémorait la phrase d'un de ses informateurs. Quel plaie... Cet irlandais était un ivrogne mélomane, dur en affaire et un peu trop tactile à son goût. Vu son hygiène de vie, pas étonnant qu'il ai passé l'arme à gauche, et c'était même surprenant qu'il ai tenu si longtemps, quelque part. Accompagné de deux autres Révoltés, Vérone et Lilyan en qui elle a toute confiance, c'est à travers le froid matinal que le trio se rendait vers le nouveau propriétaire de cette boutique musical et armé jusqu'au dent.
Lilyan... Qui adore jouer la comédie, s'est porté volontaire pour se faire passer pour chef. En chemin, pour oublier le froid hivernal, Kali lui dictait tout ce qu'il devait savoir, répondre et connaître. Le petit singe, détendu comme à son habitude, avait plutôt hâte d'entrer en scène. Vérone, de son côté demeurait silencieuse et il lui tardait de rencontrer le futur nouveau fournisseur d'armes de la Révolution. Kali, ne laisserait pas un si bon filon s'éteindre.
Le trio... Avaient le pas rapide, le Soleil était encore timide dans le ciel en cette matinée et le froid, mordait la pauvre hybride anaconda qui était pourtant vêtue chaudement pour sa sortie. Pantalon plutôt moulant pour conserver la chaleur, botte fourré, pull en laine, écharpe et manteau d'hiver... Et pourtant, cette saleté de froid s'infiltre et l'étreint comme jamais. Il fallait que cette entrevue se passe vite et bien. Après quelques détours pour semer des possibles traqueurs, le trio qui s'étaient séparés, s'est naturellement retrouvé devant la triste boutique, d'extérieur du moins.
_ Je surveille l'entrée.
Déclarait Vérone. Il n'était pas question que les négociations soient foutue en l'air. La hase, ré-ajustait son manteau sur elle et surtout la large capuche qui cachait ses oreilles. Après un regard entendu, Lilyan et Kali, pénétrait dans la boutique rythmé par les Rollings Stones. Un vent frais, opportuniste, s'engouffrais au même titre que le duo. L'heure, était à la négociation et... Pouah, quel sale odeur ! Kali, portait une main à son visage et son confrère en fit de même... C'est le prix pour avoir chaud, quand on est dans la misère, sans doute.
Bref ! Lilyan entrait dans un rayon de musique du monde, et Kali, elle, observait finement la boutique qui était vraiment dans un triste état, autant que... Cet homme, plus loin. Sans aucun doute, il était le nouveau gérant, il correspondait en tout point à la description de son informateur. Sombre, chétif, maigre une posture atypique et une allure un peu marginal voir un peu à côté de la plaque. Kali se raclait bruyamment la gorge pour faire signe à Lilyan de se mettre au travail. Ils sont seuls, c'est le moment où jamais.
Alors... L'hybride saïmiri, s'approchait du rayon rock et déclarait à l'attention du gérant, d'une façon surjoué.
_ Vous auriez du plus gros calibre que ce Revolver en boutique ?
Kali... Le fusillait du regard. Il en fait trop, avec son large sourire chargé de sous entendu, le titre des Beatles en main. La chef, qui se faisait passer pour sous fifre à cette occasion, passait sa main ganté sur son visage, dépitée. Lilyan, lui était tout fier et trouvait que son interprétation était juste gé-nial. Bref, est-ce que le gérant va capter quoique ce soit ou bien ? Kali, s'était subtilement rapproché de la scène pour prendre en sandwich ce dernier au cas où il la ferait à l'envers. Lilyan face à lui, Kali derrière et Vérone à l'entrée... Un trio efficace. Cependant, la blonde aux lentilles bleus, demeurait attentive à son paroxysme. Est-ce que le nouveau gérant sera dans le coup ? Ou à côté de ses pompes ?