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 RP solo : retour à Berlin

Humain - Neutre
Humain - Neutre
Constantine Meyer
Age : 31
Localisation : Au cimetière
Emploi/loisirs : Fossoyeur
Multi-Compte : Nein !
Profil : MP : Email :
RP solo : retour à Berlin EmptyJeu 10 Mai - 17:00
Constantine Meyer
Le jour tant redouté était arrivé. Je devais me rendre en Allemagne pour m’occuper de quelques affaires après le décès de ma mère. J’avais espéré ne pas avoir à me mêler de tout ça. Je pensais qu’elle m’avait seulement légué la gourmette et la lettre. Mais apparemment, il restait encore des détails à régler. Et pour cela, il fallait que je retourne à Berlin, lieu de naissance de ma défunte génitrice et le mien également. Laisser Sofia derrière moi ne fut pas chose aisée. J’avais vraiment peur qu’il lui arrive quelque chose pendant mon absence. Elle travaillait dans le nouveau restaurant de Yoshikazu et serait donc occupée la journée. Le soir, elle logerait chez Andrea. Mais entre temps, sur le chemin, il pouvait se passer n’importe quoi… Pourtant, je devais mettre ces pensées de côté et me forcer à partir. Si j’avais pu, j’aurais emmené Sofia avec moi. Mais c’était impossible, je n’avais pas assez d’argent pour payer son billet d’avion, et elle se ferait trop remarquer en public. C’est donc avec autant d’enthousiasme qu’un détenu dans le couloir de la mort que je dis au revoir à la demoiselle devant la maison d’Andrea, avant de m’éloigner, la boule au ventre. Sofia n’avait rien dit mais j’avais ressenti dans son baiser tout l’amour qu’elle me portait, et sa réticence face à mon départ.
Je me rendis au port en bus pour éviter de payer le parking pendant mon absence. Ma valise en main, j’enregistrai mon billet et allai m’asseoir dans le hall en attendant de pouvoir monter dans le bateau. J’avais déjà envie d’appeler Andrea pour parler à Sofia. Il ne s’était écoulé qu’une demi heure et elle me manquait énormément. Mais je devais résister à la tentation, surtout qu’à mon avis, Andrea ne prendrait pas la peine de décrocher ou alors, elle m’enverrait balader gentiment… à sa façon. Bref, je suivis les autres passagers en direction du bateau. Le trajet allait être long mais il ne le serait pas autant que celui en avion. D’autant plus qu’il n’y aurait pas d’escale. J’étais préparé, même si je savais que j’aurais du mal à dormir. Par contre, ce que j’ignorais, c’était que les ennuis allaient me tomber dessus plus vite que ce que je croyais.
En effet, au moment où j’empoignai ma valise pour me diriger vers le pont, une voix horriblement familière me héla quelques mètres derrière.


- Pas si vite, Sohn (fils)…

Je me figeai, parcouru d’un frisson de dégoût.

« Bordel ! Tout mais pas lui ! » se lamenta Meyer.

Horrifié par cette rencontre imprévue, je ne me retournai pas et préférai attendre que Nikolaus me rejoigne pour me faire face. Il avait au coin des lèvres un sourire plutôt satisfait. Sa blondasse se tenait à côté de lui, accrochée à son bras. Elle m’accorda un petit signe de la main en guise de bonjour.


- Tu voudrais pas aller voir ailleurs si j’y suis ? dis-je en essayant de ne pas hurler tout de suite devant les gens.

Mon père lâcha un rire entre l’amusement et la moquerie.


- Justement, je suis là pour t’emmener ailleurs.

Il désigna ma valise d’un signe de tête.

- Tu vas à Berlin, n’est-ce pas ?

Comme s’il ne le savait pas. En y pensant, j’aurais dû me douter qu’il saurait pour mon départ, et qu’il attendrait ce jour pour venir m’emmerder. Sans même lui répondre, j’esquissai un pas pour passer à côté de lui mais il m’arrêta dans ma lancée en posant sa main sur mon épaule. Je me dégageai comme si j’avais peur d’attraper une maladie grave.

- Qu’est-ce que tu veux ? demandai-je les poings serrés.
- Je me disais qu’on pourrait rattraper un peu le temps perdu en voyageant ensemble.

« Hein ? Il est sérieux là ? »

Bien sûr que non… Il voulait juste taper l’incruste et me faire passer le pire des voyages.

- Ouais ben tu m’excuseras, j’ai pas envie de le rattraper, ce « temps perdu », répliquai-je.

Je tournai les talons et montai sur le bateau.


« J’espère qu’il n’est pas assis à côté... » pria Meyer.

Il ne manquerait plus que ça ! Heureusement pour moi, je ne revis pas Nikolaus… jusqu’au moment d’arriver à l’aéroport. Cet espèce de crétin fini me barra le chemin juste avant de passer les contrôles.


- Quoi encore ? m’exaspérai-je. T’essayes de me faire péter les plombs devant tout l’monde c’est ça ?
- Bien sûr que non,
répondit-il posément. Mais disons que si tu comptes vraiment aller à Berlin, tu vas devoir me suivre.

Qu’est-ce qu’il racontait là ? Devant mon air totalement perplexe, il haussa les épaules de manière théâtrale et sortit un billet d’avion de sa poche.

- Ceci est à toi.
- J’ai déjà le mien.
- Je l’ai fait annuler et rembourser directement sur ton compte.


Il plaisantait ? Maintenant que j’étais là, je ne pouvais plus retourner en arrière. Ma valise était déjà en soute. Je soupirai.

- Tu fais chier.
- Ich weiß (Je sais),
dit-il fièrement.

Je les suivis donc, lui et sa niaise de blondasse pour passer les contrôles et nous rendre jusqu’à l’avion. Je me dirigeai instinctivement vers le couloir qui menait aux places Économie mais mon père me fit dévier vers la classe Affaires. Sérieusement… il avait vraiment besoin de voyager aussi luxueusement ? Contrairement à la classe Économie où le passager devait lui-même se gérer dans un espace restreint, tout en profitant des plus maigres services – quand il y en avait – la classe Affaires permettait de passer un voyage dans le plus grand des conforts, avec un personnel attentionné, de la bonne nourriture et assez d’espace pour ne pas gêner son voisin. Je ne me sentais vraiment pas à l’aise dans cet environnement, alors je me contentai de suivre Nikolaus sans rien dire, l’esprit torturé entre l’envie de l’étrangler tout de suite ou attendre d’être arrivés à Berlin. Mon père et sa blonde s’assirent côte à côte et on m’indiqua le siège d’en face. Je n’arrivais pas à croire que cet imbécile avait fait annuler mon billet pour me payer une place extrêmement chère en face de la sienne. Que voulait-il ? M’humilier ?


« Tout est possible avec lui. »

Ce que j’appréciais en présence de mon père, c’était le soutien de Meyer. Il le détestait autant que moi. Bon, parfois, il en profitait aussi pour rajouter son grain de sel mais la plupart du temps, c’était en ma faveur. Heureusement. C’était déjà difficile d’en supporter un alors les deux en même temps… Sans compter la compagne de Nikolaus qui me donnait envie de vomir avec ses manières de gamine. Mon père ne prit la parole que lorsque l’avion eut décollé et passé les premières perturbations.

- Maintenant dis-moi, mon fils, comment se passe ta petite vie sur cette île ?

Avait-il vraiment envie de savoir ou cherchait-il à me faire parler pour obtenir une quelconque information ? Ne sachant pas vraiment quoi répondre, je soupirai.

- En quoi ça t’intéresse ? Je doute que tu t’inquiètes pour moi…
- Oh, je ne m’inquiète pas, j’imagine que tu as su trouver ta place dans cet endroit rempli de gens bizarres.


La blonde pouffa de rire mais reprit son sérieux quand elle croisa mon regard.

- J’imagine aussi que tu dois bien profiter de leur système d’esclavage, ajouta-t-il d’un ton narquois. Cette... Sofia qui vit avec toi te rend certainement bien des services.

Je savais à quoi il pensait et il se trompait largement. Cet enfoiré aurait bien aimé avoir une demoiselle à disposition pour exécuter le moindre de ses ordres. Je voyais bien sa compagne actuelle dire oui à n’importe quelle demande sexuelle mais beaucoup moins faire les tâches ménagères.

- D’ailleurs, tu n’as que Sofia ? s’enquit-il curieux. Pendant mon séjour, j’ai vu certaines personnes entourées d’esclaves.
- Les hybrides sont plutôt chers à l’achat,
l’informa la blonde qui pianotait sur sa tablette tactile. Quelques animaleries font de bon prix mais il faut avoir un certain revenu si on veut s’en procurer plusieurs.
- Ce qui n’est pas ton cas, bien sûr,
dit mon père en me dévisageant.

S’il commençait maintenant, j’allais finir par le tuer avant d’arriver à Berlin.


« Calme-toi, tu peux ignorer ses remarques, t’es plus fort que ça. »

Voilà que Meyer se prenait pour une sorte de protecteur maintenant… Si mon père savait que je n’avais pas dépensé un centime pour obtenir Sofia, il ne me croirait pas. De toute façon, je n’avais aucunement l’intention de parler de la jeune femme avec cet enfoiré. Le voyage risquait d’être très long… Nikolaus passa les deux premières heures à me bassiner avec son entreprise qu’il menait d’une main de maître. Sa blonde acquiesçait comme si elle comprenait ce qu’il racontait sur les garnitures mécaniques et les pompes. Au bout d’un moment, je me levai sans prévenir et me dirigeai vers les toilettes. Je m’y enfermai un moment afin d’avoir la paix et pouvoir me vider la tête. Mon père parlait tellement que j’avais l’impression de l’entendre encore. Quand je ressortis de la cabine, une hôtesse de la classe Affaires me demanda si j’allais bien. De quoi se mêlait-elle, celle-là ? Je l’envoyai balader mais au lieu de retourner sur mon siège tout confort, je partis à l’opposé en direction de la classe Économie. Au moins ici, je me sentirais plus à l’aise… à condition de trouver une place libre. Longeant les allées, je scrutai les sièges vides en demandant aux voisins si je pouvais m’y installer. Malheureusement, aucune des personnes à qui j’adressai la parole ne semblait encline à me laisser m’asseoir, même si certains avaient l’air de mentir.

« Évidemment, avec ta tête de psychopathe. »

J’avais une tête tout à fait normale… Je perdais espoir quand une vieille dame asiatique me proposa la place à côté d’elle. Elle était accompagnée d’une gamine, sûrement sa petite fille qui regardait des dessins animés sur le petit écran fixé dans le siège de devant. Je la remerciai et lâchai un soupir de soulagement en m’asseyant.

- Vous venez de la classe Affaires, n’est-ce pas ? demanda la dame en me regardant d’un air curieux.
- Comment tu sais ça ? m’enquis-je surpris.

« Tu tutoies même les vieilles ? T’as aucun respect ! »

Je ne voulais pas lui manquer de respect… Je n’aimais pas vouvoyer, c’est tout. Mais ma voisine ne releva pas ce détail et se contenta de me sourire.

- Excusez-moi, c’est très malpoli d’écouter les conversations d’autrui mais je vous ai vu à l’aéroport tout à l’heure, avec cet homme qui a l’air d’être votre père. Et j’ai cru comprendre que ce n’est pas le grand amour entre vous.

Je soupirai encore une fois.

- Ouais, t’as tout compris.

Il y eut un long silence. Je ne pouvais pas lui en vouloir de parler de ça, elle avait l’air si gentille que je me voyais mal l’engueuler pour si peu.

« Tu t’assagis on dirait, » se moqua Meyer.

Ça dépendait des moments… et de la personne que j’avais en face de moi.


- Je m’appelle Hisano, se présenta la vieille dame. Et voici ma petite fille Jana. Dis bonjour, fit-elle à la gamine qui venait de terminer son dessin animé.

Elle me regarda et se cacha vite derrière ses cheveux blonds en rougissant.


- Hallo… souffla-t-elle timidement.

Je me disais bien que son prénom sonnait allemand.


- Nous allons assister à l’enterrement de sa mère à Berlin, expliqua la dénommée Hisano en parlant tout bas pour ne pas que la petite l’entende.

Je me contentai d’un hochement de tête, ne sachant pas quoi dire.


- Meyer, me présentai-je à mon tour.

Son sourire bienveillant me mettait mal à l’aise. Les personnes comme elle qui cherchaient juste à discuter pour passer un bon moment me stressaient. Je n’avais pas l’habitude de faire la conversation aussi facilement à des inconnus – pour dire autre chose que des insultes. Mais surtout, ce que j’avais du mal à comprendre, c’était le fait que cette dame veuille me parler. En général, mon apparence austère repoussait les gens. Il se passa encore une heure avant que Hisano se lève pour aller aux toilettes. Elle me demanda de garder un œil sur sa petite fille et s’éloigna avant même que je puisse protester. Jana faisait des jeux sur son écran. Et elle perdait de plus en plus patience en essuyant son troisième échec. Toutefois, elle recommença, déterminée. Je la regardai faire, compris très vite où elle bloquait.


- Faut aller dans le coin de l’écran pour que son attaque te touche pas, conseillai-je en allemand.

Jana me regarda avec des yeux ronds mais essaya. Finalement, elle gagna sa partie après quelques secondes de dur labeur.


- J’ai réussi ! s’écria-t-elle contente.

Elle plaqua une main sur sa bouche en regardant autour d’elle, craintive à l’idée d’avoir dérangé quelqu’un.


- Merci, dit-elle reconnaissante.
- De rien, p’tite.

Elle fit la moue.

- J’suis pas p’tite, j’ai sept ans, protesta-t-elle en lançant une nouvelle partie.

Je ne répondis pas.


- Et toi t’as quel âge ?

Je croisai les bras.

- Trente ans.
- T’es vieux.
- Pas autant que ta grand-mère.


Nous échangeâmes un regard… puis un rire.
La suite du voyage ne se passa pas si mal au final. Quand Hisano nous rejoignit, elle insista pour que je m’assois à côté de Jana afin d’éviter de me lever à nouveau, et me parla beaucoup des traditions japonaises culinaires. Je trouvais ça beaucoup plus intéressant que les garnitures mécaniques. Mais elle me donnait faim ! Par chance, le repas fut rapidement distribué et je me contentai largement des nouilles au poulet au lieu du plat de riche que devait savourer mon père.


- Tu veux pas ta compote ? s’enquit Jana en lorgnant le pot que j’avais laissé de côté.
- Nein, j’aime pas la poire. Tiens, prends-la.

Je la lui donnai et elle mangea goulûment, contente. La nuit était tombée et beaucoup de passagers commençaient à s’endormir. Sauf qu’ici, en classe Économie, personne ne bénéficiait d’un siège tout confort qui permettait de s’allonger complètement. Il fallait essayer de trouver le sommeil assis. Hisano ne tarda pas à sombrer mais Jana ne paraissait pas fatiguée du tout. Elle me proposa même de regarder un dessin animé ensemble, en branchant mes écouteurs sur son écran. Pourquoi pas… Ça ferait passer le temps. En plus, ce dessin animé n’était pas si nul. Il me faisait penser à ceux que Sofia regardait habituellement. En pensant à elle, j’eus un pincement d’inquiétude au cœur. Que faisait-elle ? Allait-elle bien ?

- Eh… pourquoi t’es triste ? murmura Jana au moment où nous posions chacun nos écouteurs.
- J’suis pas triste.
- Si t’es triste.
- De quoi j’me mêle ?


Elle rougit et détourna le regard.

- C’est à cause de ton papa ?

Je soupirai. La curiosité des gamins…

- Moi mon papa, il soigne les hybrides à Togi, du coup j’le vois jamais parce qu’il est très occupé. Et maman habite à Berlin. Enfin… elle habitait… reprit-elle d’un ton maussade.

Il y eut un court silence.


- Elle était très malade. Alors c’est grand-mère qui s’occupe de moi. Mais j’arrive pas bien à parler japonais.

Cette petite venait donc de Togi. Au moins, je ne risquais pas de faire de bourdes en évoquant cette île avec elle ou Hisano.

- Est-ce que t’as un hybride ?

J’eus un moment d’hésitation puis…

- Oui, une hybride, corrigeai-je.
- C’est pour ça que t’es triste ? Elle a pas pu venir avec toi ?

Et perspicace en plus.

- Ja, finis-je par avouer sans oser la regarder.
- Après tu vas la retrouver, hein ?

On aurait dit qu’elle s’en inquiétait, comme si elle avait peur que j’abandonne Sofia alors qu’elle ne la connaissait même pas.

- Bien sûr, j’reste que quelques jours à Berlin.

Apparemment rassurée, elle demanda si je voulais regarder un autre dessin animé avec elle. J’acceptai, la laissai faire son choix. Jana finit par s’endormir au bout d’une demi heure. Doucement, je lui enlevai ses écouteurs et éteignis l’écran. J’aurais bien voulu me dégourdir un peu les jambes mais j’étais coincé entre Hisano et elle, et j’avais peur de les réveiller. Alors je ne bougeai pas et tentai de trouver le sommeil moi aussi. Je somnolai seulement, attendis encore trois bonnes heures avant de pouvoir me lever. Je fis un tour rapide en évitant soigneusement de passer près de la classe Affaires et revins m’asseoir. Hisano et moi partageâmes encore un moment sympathique à parler des traditions culinaires allemandes cette fois, puis la fin du voyage arriva.

- J’ai beaucoup aimé votre compagnie, Meyer, déclara Hisano quand nous quittâmes l’avions.

Je me contentai d’un sourire tout en lui rappelant pour au moins la dixième fois qu’elle pouvait me tutoyer.


« J’crois que c’est peine perdue, remarqua Meyer. Tant pis. »

- Au revoir Meyer ! s’exclama Jana en se jetant dans mes jambes. On se reverra à Togi ?

Je tapotai maladroitement sa petite tête et dis :

- Ouais… sûrement.

Avec un grand sourire, elle me lâcha et rejoignit sa grand-mère. A présent seul, j’allai récupérer ma valise, aux aguets. Je n’avais pas envie de croiser à nouveau mon père. D’abord, je devais me rendre à l’hôtel. Il n’était pas très reluisant mais ça suffirait amplement. Le rendez-vous avec le notaire était prévu seulement le lendemain après-midi. J’en profitai pour me reposer et flâner dans les rues de Berlin. De nombreux souvenirs ressurgirent dans mon esprit et je me rendis compte avec amertume que la plupart d’entre eux se résumaient à des bagarres dans les bars. Un peu déprimé, songeant à Sofia pour me redonner du courage, j’allai acheter un maigre repas et rentrai à l’hôtel.
Le lendemain, je me rendis chez le notaire, un type à l’air sévère et fatigué par son propre travail. A ma grande surprise, il m’annonça que ma mère m’avait légué une bonne partie de son héritage à travers un testament que je lus attentivement. Effectivement, je me retrouvais maintenant avec l’intégralité de son compte en banque, quelques meubles, de la vaisselle et autres objets en vrac qu’il faudrait que je fasse rapatrier à Togi. Et en plus, je n’avais aucune dette à régler. Nous conclûmes le rendez-vous plus tôt que je l’imaginais. Cependant, alors que je me levais pour partir, le notaire me héla.


- Une dernière chose, monsieur Meyer, dit-il très sérieux. Votre mère a mis tous les moyens en place pour que cette succession soit acceptée. Vous n’êtes pas sans savoir que votre père a tenté de s’y opposer.

Ça ne m’étonnait même pas.

- Mais sa demande a été refusée par les juges, poursuivit-il. C’est pourquoi je vous conseille d’être prudent à partir d’aujourd’hui.

Je fronçai les sourcils. Il me disait ça comme si mon père allait faire appel à un tueur à gages pour m’éliminer.

« Il en serait capable. »

Oui, il en était tout à fait capable… Et j’eus la confirmation de mes soupçons quand j’atteignis ma chambre d’hôtel.

- Qu’est-ce tu fous là toi ? m’écriai-je en voyant la blondasse assise sur le lit.
- Salut Meyer ! dit-elle toute enjouée en bondissant pour me rejoindre. Comment ça va ? T’as vu le notaire ?
- Ça t’regarde pas ! Sors d’ici !


Je la pris par le bras et la poussai vers la porte.

- Attends, attends !

Elle se dégagea et me fit face.

- Comment tu sais que…
- T’as loué une chambre ici ?
m’interrompit-elle. Ton père a l’œil sur toi.

En voyant mon regard totalement perplexe, elle sourit.

- T’en fais pas, je suis justement venue ici pour ça.

Elle pointa ma valise du doigt puis se dirigea vers elle. Sans gêne, elle l’ouvrit, en sortit ma veste et farfouilla dans le col. Elle retira un petit objet pas plus gros qu’une gommette et me le montra.

- C’est quoi ? Un micro ?
- Non, un simple traceur.


Depuis quand me baladais-je avec ce truc dans la veste ? Depuis sa première visite à l’appartement ?

« Ça craint... »

- Niko sait que tu dois aller signer les derniers papiers dans trois jours, déclara la blonde en posant ses mains sur ses hanches à la manière d’une top modèle. Mais il se peut qu’ils soient prêts avant.

Je haussai les épaules.

- Et alors ?
- Et alors t’as intérêt à signer et à déguerpir d’ici rapidement, avant qu’il trouve un moyen de se débarrasser de toi.


Le notaire avait raison… Je m’emparai du traceur, bien décidé à duper mon père. Puisque j’avais récupéré un peu d’argent grâce à ma mère, j’allais commencer par changer d’hôtel et laisser le traceur ici. Au moins, je serais en sécurité en attendant l’appel du notaire. Par contre, quelque chose n’allait pas.

- Pourquoi t’essayes de m’aider ? demandai-je à mon interlocutrice.

Elle m’accorda un sourire malicieux et me prit par les épaules.


- Parce que… j’t’aime bien.

Avant même que je puisse réagir, elle m’embrassa. Puis elle sortit de la chambre en me souhaitant une bonne soirée. Perturbé, je restai un moment immobile, incapable de me remettre les idée en place. Je réagis après une bonne minute. Puisque j’avais déjà mon idée en tête et qu’il n’était pas encore trop tard, je décidai de partir de cet hôtel aujourd’hui. Je laissai le traceur dans le fond d’un tiroir de la chambre et allai régler la location à l’accueil. Je pris une autre chambre assez loin, de l’autre côté de la ville. C’était plus éloigné de chez le notaire mais tant pis, je prendrais le bus. En m’installant dans ma nouvelle chambre d’hôtel, je réalisai alors la raison pour laquelle mon père espérait tellement que la maladie de ma mère puisse m’atteindre aussi. Quand il m’en avait parlé, la décision des juges était déjà prise et il bouillonnait de savoir si j’allais faire des examens pour vérifier sa théorie. Ce sale enfoiré… A présent, je n’avais qu’une envie : faire ces fameux examens et lui montrer que j’étais en parfaite santé, juste pour l’emmerder.

« Pff tu parles… ça va surtout le mettre en rogne et l’inciter davantage à se débarrasser de toi autrement. »

Pas faux. D’ailleurs, malgré la prudence dont je fis preuve durant toute la journée suivante, je dus échapper discrètement à un type bizarre lors du déjeuner. Je le surpris en train de me regarder en coin alors je réagis aussitôt. Si jamais il était envoyé par mon père, j’étais fichu. Quand est-ce que le notaire allait me rappeler ? J’avais l’impression que les heures duraient une éternité… Malheureusement, le soir arriva et je n’eus aucune nouvelle. J’allai me coucher un peu anxieux et ne dormis pas beaucoup. Je me demandais si Sofia ne s’ennuyait pas trop chez Andrea, si elle était sage, si elle travaillait bien chez Yoshikazu. Je n’avais même pas pu assister à son premier jour… Si ça se trouvait, elle se faisait tripoter par tous les clients et elle se laissait faire pour avoir plus de pourboire…

« Arrête de te faire des films, tu vas déprimer, » prévint Meyer.

Trop tard. Je me réveillai en sursaut le lendemain en entendant mon téléphone portable sonner. C’était le notaire. Les papiers étaient prêts à être signés. Parfait ! Si je partais maintenant, je pourrais ensuite vérifier si un avion pouvait partir aujourd’hui. Je me levai d’un bond, attrapai ma veste et sortis en trombe de la chambre. Je dévalai les escaliers si vite que je faillis manquer une marche. Une fois dans la rue, je courus vers le premier arrêt de bus. Par chance, l’un d’eux allait partir vers ma destination.


« Eh… j’ai un mauvais pressentim... »

- Si tu montes dans ce bus, j’te flingue.


Je me figeai, tournai à demi la tête pour voir un homme en manteau noir debout juste derrière moi. J’entendis le bruit métallique d’une arme à feu qu’il pointait dans mon dos comme s’il voulait me transpercer avec.

- Retourne-toi, et sans geste brusque, ordonna-t-il.

J’obéis, lui fis face. Il avait la bonne gueule du type pas commode du tout.


- Et t’es qui ? demandai-je pas impressionné du tout.

J’aurais pu avoir peur qu’il me tire dessus mais il ne le ferait pas. Connaissant mon père, il voudrait me voir vivant. En plus, il ne savait pas si j’avais signé les papiers alors il avait certainement hâte de me poser la question pour me supplier de ne pas le faire. Sans me répondre, l’inconnu m’obligea à la suivre dans les rues de Berlin, son arme toujours pointée dans mon dos. Le problème pour lui, c’était qu’il n’y avait personne d’autre. Pas un collègue, un complice, rien. Alors, une fois certain que nous étions seuls, je fis semblant de refaire mon lacet et me retournai brusquement pour attaquer. Non seulement, il n’était pas bien entraîné mais, pour ma part, je l’étais bien plus qu’avant grâce aux entraînements de Sofia. Je le neutralisai rapidement et partis en courant. S’il fallait que je traverse la ville à pieds, je le ferais ! Sur la route, j’appelai le notaire et lui demandai de m’attendre. Il dut comprendre que j’étais en train de courir alors il accepta et je pressai le pas. Pour le coup, le type armé avait été seul à m’empêcher de prendre le bus. Par contre, beaucoup d’autres m’attendaient sûrement sur le chemin. Et j’eus raison de m’inquiéter car je dus affronter encore deux adversaire au détour d’une ruelle. Je m’en sortis avec le coin de la lèvre ouvert et un coup de couteau dans la veste. Rien de grave en somme.
J’avais deux kilomètres à faire pour arriver chez le notaire. Ce n’était pas très long mais quand on se faisait poursuivre, ça pouvait durer une éternité. Je faillis me faire tirer dessus plusieurs fois. Je commençais à croire qu’on voulait vraiment ma mort tout de suite quand une voiture noire aux vitres teintées me renversa violemment. Les gens présents se mirent à hurler mais je n’y pris pas garde et me relevai vite fait. Heureusement, je pouvais encore courir. Je pris le plus de raccourcis possibles, renversai tout ce que je pus derrière moi pour freiner mes ennemis. J’arrivai enfin chez le notaire après dix bonnes minutes de course. Il était en train de sortir du bureau. Je lui hurlai d’y retourner et, choqué en me voyant arriver à toute vitesse, à moitié amoché, il se précipita pour rouvrir. Je me jetai à l’intérieur à sa suite.


- M… mais enfin que se passe-t-il ? s’étonna-t-il perturbé.
- A ton avis ? répliquai-je en colère. C’est toi qui m’a dit que ce connard voulait m’étriper. Ben voilà ! Maintenant file-moi ces putains d’papiers, dis-moi où signer et j’me tire !

Il ne se le fit pas répéter. Quelques secondes plus tard, tout était signé. Il ne restait plus qu’à appeler la police pour sortir d’ici en sécurité. Ce ne fut pas facile de se faire comprendre mais le notaire put transmettre les documents dès le lendemain, et j’eus la chance – enfin je crois – de croiser la compagne de Nikolaus sur le chemin de l’aéroport. Elle m’annonça qu’elle avait fait croire à mon départ ce matin alors que mon avion était pour dans une heure cet après-midi. Je ne savais toujours pas pourquoi elle tenait tant à m’aider. Mais si Nikolaus l’apprenait, elle passerait un sale quart d’heure. Cette fois, je la remerciai, me surprenant à espérer qu’il ne lui arriverait rien. L’angoisse me quitta seulement quand l’avion décolla. Épuisé, je restai deux bonnes heures dans mon siège à essayer de dormir. Puis je me levai pour me dégourdir les jambes. J’aurais voulu avoir le temps de passer au cimetière dire un dernier adieu à ma mère avant de repartir. Mais ça m’aurait peut-être coûté la vie...

- Meyer ? Quelle surprise de vous retrouver à nouveau dans l’avion !

Je me retournai et fis face à Hisano qui revenait des toilettes avec Jana.

- Meyer ! s’écria cette dernière en s’élançant vers moi.

Avant même que je puisse réaliser ce qu’il se passait, elle sauta dans mes bras. Mon corps agit tout seul et je la soulevai comme si c’était ma gamine.


« Mais qu’est-ce tu fous ? fit Meyer scandalisé. Ça va pas bien ? »

Si… En fait, ça allait même très bien. Et le fait de retrouver deux agréables connaissances me remontait grandement le moral.

- Jana, descends, tu es trop grande pour aller dans les bras ! dit Hisano embarrassée.
- J’m’en fiche ! répondit Jana en entourant mon cou avec ses bras.

La grand-mère m’accorda un sourire bienveillant et m’invita à venir m’asseoir avec elles.


- On dirait que votre séjour a été mouvementé, commenta-t-elle quand nous fûmes installés.

Au début, je me demandai comment elle savait puis je réalisai que j’avais oublié de soigner mes blessures. Il restait du sang séché au coin de ma lèvre et j’avais des égratignures sur les mains.


- Plutôt oui, confirmai-je en prenant la télécommande que Jana me tendait pour faire des jeux avec elle.

Hisano ne posa pas plus de questions et je lui en fus très reconnaissant. Je n’avais pas envie de parler de mon séjour à Berlin. Discrètement, elle m’expliqua que l’enterrement de sa belle-fille s’était bien passé et que Jana avait su être forte. Je lui fis alors savoir que j’étais fossoyeur au cimetière de Togi et que je ne voyais pas beaucoup d’enfants aux enterrements. Elle fut étonné d’apprendre cette nouvelle, sachant qu’elle allait fleurir la tombe de son mari régulièrement.


- Vous devez être très discret, supposa-t-elle. Et puis je me rends au cimetière très tôt.

Peut-être même repartait-elle avant que je commence mes heures de travail. Le reste du voyage se déroula sans encombres. Je discutai beaucoup avec Hisano et fis des jeux avec Jana. Nous restâmes ensemble lors du voyage en bateau et nous quittâmes au port.

- Au plaisir, Meyer, dit la vieille dame en s’inclinant respectueusement.
- A bientôt Meyer ! renchérit Jana qui agitait la main à s’en décrocher les doigts.

Quand elles disparurent de ma vue, le visage de Sofia surgit aussitôt dans mon esprit et mon cœur bondit. Il fallait que j’aille la retrouver. Empoignant ma valise, je fonçai en direction de l’appartement pour y déposer mes affaires et redescendis tout de suite afin de me rendre chez Yoshikazu. A cette heure-ci, Sofia devait travailler.


« C’est normal que j’ai un mauvais pressentiment là aussi ? »
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