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 Réflexion sur les toits [Solo]

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Réflexion sur les toits [Solo] EmptyDim 15 Avr - 13:28
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Réflexion sur les toits


Solo





Sarika sortait de ma roulotte, me considérant comme un déchet sans doute, et je la regardait faire, détachée. Au fond j'avais mal, comme on souffre d'une de ses vieilles blessures qui se réveillent parfois, pour vous rappeler que votre vie n'a été qu'un tas d'emmerdes sans nom et que vous grattez par réflexe, comme pour en chasser la gêne sans y parvenir. Sarika était l'une de ces plaies. Une de celle qui, sans doute, ne se refermera jamais. Mais j'en avais fait mon deuil, je l'acceptais, non sans une certaine amertume. C'était mon amie, malgré ce qu'elle pensait, malgré ce qu'elle disait. C'était bête de penser cela, très con même, je le savais mais pour elle, je ressentait toujours des sentiments lointains, douloureux. Mais on ne change pas ses choix, aussi mauvais furent-ils, ni son passée alors il me fallait avancer de mon côté, tout simplement...

J'allais à ma douche, appréciant ce moment qui me semblait être le plus agréable de mon errance ici. L'eau sur ma peau qui coulait, qui glissait sur mes plaies, les irritant, les nettoyant. Je fermais les yeux, me laissant bercer par le son du liquide sur le sol, sur les murs, lancinant. Ici, comme chez Vlad, la douche était un moment de paix où personne ne me faisait chier. Le bruit emplissait ma tête et je restais immobile, les bras enserrant mon corps, la tête penchée en arrière, mon visage recevant cette pluie artificiel avec plaisir. Puis vint mes pensées et je rouvris les yeux et commença à m'activer, me savonnant, me rinçant soudain avec entrain, chassant les remous de mon esprit par une activité physique.

Je sortais enfin, me séchai, m'habillai des vêtements du cirque, un jogging et un sweat, délaissant les sous vêtements, un plaisir retrouvé d'ailleurs, moi qui n'aimait pas les vêtements collants. Je sortais de la roulotte et m'éclipsai enfin du cirque sans un regard en arrière, passant le chapiteau sans même porter un intérêt à leur activité dont je me foutais. Je voulais retourner errer, réfléchir et aussi agir.

Aujourd'hui j'avais un projet : retrouver Ezekiel. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas revu. Il avait disparu suite à notre rencontre, comme un fantôme, comme un rêve. Peut être se foutait-il de moi. Au fond ça aurait été logique... Mais malgré cette pensée récurrente, je n'avais pas eu le courage d'y croire. Ou plutôt si, je le croyais mais malgré tout je voulais le revoir, ne serais-je pour l'apercevoir heureux et comblé, aussi simplet qu'à notre première rencontre et me dire qu'il était bien et que j'avais rien à faire dans sa vie. Puis il y avait aussi quelqu'un d'autre que je voulais revoir : Kyle. Lui aussi avait disparu à notre première rencontre et je voulais aussi voir ce qu'il était devenu. Bref, aujourd'hui semblait être le jour dédié aux souvenirs, au passé et tant qu'à commencer bien, autant y aller au bout.

Je pris le chemin de la banlieue, ramassant en chemin des fleurs sauvages que le printemps avait laisser pousser et fleurir dans cette marée de bitume. Petit bouquet en main, j'arrivais au cimetière. J'observais les lieux, n'y étant venue qu'une fois. Et pourtant, ... et pourtant je me souvenais du chemin. J'avançais dans les allées, et bientôt je la vis. Une vieille tombe mangée par la mousse. Je me penchais dessus et commença à la nettoyer de mon mieux, y ôtant les mauvaises herbes, lavant le marbre de ma manche. Puis, une fois satisfaite, je m'accroupis et déposa les fleurs avant de m'incliner, saluant celle qui dormait sous la pierre.

"Bonjour, cela fait longtemps n'est-ce pas... Tu me manques tu sais... Ma vie n'a pas été rose mais je suis encore debout, je tiens. Tu aurais été heureuse tu sais... J'ai un fils. Kyo. Il est beau, ho si tu le voyais... J'aurais tant voulu que tu le vois..."


Je discutais face au marbre, murmurant ces mots pour celle qui ne les entendait plus. Celle qui m'avait aimée et aidée. Je me relevais et caressais du bout des doigts la pierre froide, froide comme la mort, le regard triste. Ha Nane, si tu savais comme tu me manquais. Tes bras chaud et réconfortant, ta voix aimante et ton visage maternelle. Tu avais été cette maman que je n'avais que trop peu connue et aujourd'hui j'aurais eu besoin de ta tendresse. Mais au fond tu était là, n'est-ce pas ? A veiller sur moi... C'était ce que je me disais pour tenir. Alors j'eus un sourire  face à la pierre et leva les yeux au ciel, vers ce ciel bleu aux nuages cotonneux. La journée était douce, annonçant un printemps agréable. Il fallait que j'en profite.Je saluai donc une dernière fois ma bien aimée maitresse et me relevais, quittant les lieux avec pour seul témoin de mon passage, mon bouquet sur ta dernière demeure.

Je me dirigeais alors vers une adresse depuis trop longtemps retenue. J'hésitais, me perdant encore dans cette ville qui avait changé et évolué sans moi. Mon enfermement chez Vlad m'avait coupée de bien des choses et le retour à la vie réelle ne se faisait pas sans accrochage. Pourtant j'essayais. A mon rythme, à ma manière. Il le fallait bien vu que j'ignorais combien de temps je resterais avec le cirque et ce que Vlad prévoyait faire de moi après tout cela.... S'il me gardait vivante bien entendue... J'arrivais alors à destination sur cette note, découvrant une maison habitée. J'allais voir de plus près, observant le nom des propriétaires sur la boite : Tsunakabe. Aucun rapport avec Kyle. Pourtant je me dirigeai vers la porte et sonna. Une femme m'ouvrit. Je me reculais et m'inclinais bien bas en me présentant :

"Bonjour Madame, je me nomme Lorelaï, je cherche un dénommé Kyle, il m'a donné cette adresse. Vit-il toujours ici ?"

Un homme vint se placer près de la femme et il se tourna vers elle et lui dit qu'il allait s'en occuper. Il sortit sur le perron, m'obligeant  à me reculer. Il me regarda un moment, ses yeux se posant sur le collier de cuir, me rendant quelque peu mal à l'aise. Avais-je eu une mauvaise idée ? Craignait-il que je sois une révoltée ou une sauvage ? Soudain il me demanda.

"Tu connais Kyle ? C'est toi l'hybride de la forêt ?"

Je levais les yeux sur lui, surprise qu'il connaisse Kyle et l'endroit de notre rencontre, je hochais la tête, le coeur battant.

"O-oui ! On s'est rencontré en forêt, il m'a donnée cette adresse pour le voir. Est-ce q-"

Je n'eus pas le temps de finir, il me coupa la parole, répondant simplement.

"Il est parti. Il a quitté Togi avec une hybride et ne compte pas y revenir. Il m'a laissée une lettre pour toi. La veux-tu ?"

Je refermais la bouche et soupirai.

"Non. C'est bon, je comprends. Merci."

"Tu es sûre ?"

Je posais mes yeux dans les siens et lui fit un sourire.

"Certaine."

Je m'inclinais, le remerciant de l'information et le salua, tournant les talons et reprenant ma route, gardant pour moi mes pensées. Au fond je n'attendais rien de ces retrouvailles, le monde devait continuer de tourner n'est-ce pas ? On meurt, on bouge, on vit. Les autres ne sont que des cailloux sur notre chemin, rien de plus, rien de moins. Je m'en rendais compte et je trouvais cela dommage, triste. Avais-je des gens qui comptais encore pour moi ? Mon fils, certes. Mais il n'était pas là, pas près de moi. Allait-il m'oublier lui aussi ? Allais-je finir seule ? Je pensais alors à Vladimir et j'eus un sourire. Même quand je me sentais seule, il était là ce putain de souvenir ! Comme pour me dire "non il sera toujours là lui. Pour te causer de la peine.". Au fond il était la cause de mes maux. Peut être que sans lui, j'aurais été celle que Kyle aurait emmené. Mais sans lui aussi, je n'aurais pas eu mon fils... Je n'aurais pas rencontré Ezekiel... Vladimir avait façonné ma vie et malgré moi, il restait encore dans mon coeur, dans mes pensées, dans mon esprit. Mais peu à peu j'apprenais à y mettre de la distance, à ne plus le laisser me hanter. Je le revoyais certes tantôt violent, tantôt doux. Je repensais à ma vie à ses côtés, à ce qu'il m'avait appris, ce qu'il m'avait fait. Aux bons et aux mauvais côtés... Car malgré mon horreur à son égard, je ne pouvais nier avoir été heureuse par moment. C'était tellement stupide quand j'y pense. Parfois la sécurité de sa présence me manquait. Je sentais un vide, un creux comme s'il y avait une chose que j'avais perdu avec son absence. Il m'avait laissé bien des marques mais les plus profondes n'étaient pas celles de la chaire.

Je continuais mon chemin dans la banlieue, me dirigeant vers un second endroit. Le dernier de ma liste : la maison d'Ezekiel. Je délaissais mes pensées pour mon propriétaire au profit de cette marche agréable, qui réveillait mon corps, mon instinct. La liberté me faisait encore un peu peur mais j'avançais de façon plus sereine qu'à mon retour. Je voulais moins disparaitre qu'avant, me faisant une place sur ce sol avec plus d'assurance, délaissant l'envie de me fondre dans le décor et de disparaitre. Je sentais l'envie de me battre revenir. Parler à Nane, apprendre le départ de Kyle, me rendre compte qu'il faut continuer de vivre malgré tout. Tout cela semblait me sortir de mon sommeil. Il fallait que j'arrête de m'en vouloir, que j'arrête de maudire Vladimir. Kyo était un de mes but, et pour y parvenir je devais cesser de me regarder le nombril et de me ronger le sang. Alors j'inspirais, comme si cela pouvait me remplir de courage, de ténacité. J'avais survécu, j'étais debout, prête à affronter la vie.

J'arrivais devant chez le chien et fit comme pour Kyle, je sonnais. Un homme vint m'ouvrir et je me présentais à nouveau, lui faisant part de ma requête. Il me répondit qu'il l'avait rendu au magasin et je l'interrogeais pour en savoir plus avant de prendre congé. Bien. Désormais je savais pourquoi il n'était jamais venu en bordure de forêt. Je repris donc la direction du centre ville, désormais curieuse de savoir ce qu'il était advenu du jeune chien. Après tout, ne lui devais-je pas ça ? Il m'avais sortie d'un mauvais pas et j'avais envie de lui rendre la pareille même si je n'étais pas sûr de savoir comment faire mais bon...

La suite de la journée se déroula sobrement. Je tentais de retrouver la trace du bipède à poil blanc, interrogeant les boutiques, leur demandant s'il l'avait vu. Je me faisais parfois rabrouer, on me demandait où était mon maitre et je leur disais que c'était pour lui que je cherchais, parfois ça passait et parfois non. L'un d'eux reconnu même les initiales de mon collier. Il voulut me garder mais je m'éclipsais sans plus de cérémonie, désireuse d'éviter d'attirer le courroux de Vladimir sur moi. Mais je parviens à retrouver sa piste une fois mais là encore j'appris que son maitre l'avait abandonné. A croire que le pauvre gars avait la poisse .... Je fis donc chou blanc et alors que le soir tombait, je trouvais un repas au fond d'une poubelle et alla à mon endroit favori : les toits.

Le soleil se couchait et malgré l'air qui se rafraichissait, je m'installait contre une bouche d'aération, mon repas sur les genoux et je levais les yeux au ciel, laissant la cohue lointaine de la ville me parvenir en un grondement lointain. Je pensais à Ezekiel, me demandant s'il avait finalement trouvé son bonheur. Avait-il trouvé un maitre ou une maitresse qui lui convenait ? Était-il heureux ? J'aurais aimé le savoir. Mais pour cela il allait falloir que je le cherche encore... Je prenais une bouchée de mon repas, mon regard se perdant dans l’immensité noire des cieux, malgré tout satisfaite de cette journée. C'était étrange. Je n'avais rien fait d'incroyable mais je me sentais bien. Revenir sur des moments de mon passée, y trouver une fin, ça me donnait envie de créer de nouvelles choses. Peut être que cette conversation avec Sarika n'était que ça. Une fin. Pouvais-je alors cesser de m'en vouloir si elle, elle décidait de me rayer de sa vie ? Je soupirais, hésitante encore. Finalement peut être que je n'aurais pas la réponse ce soir. Mais un jour, qui sait....

Il y avait encore du chemin à parcourir, je le savais. Il fallait que je me sorte du joug de Vladimir. Au fond notre relation me manquait et me rendre compte de cela était étrange. Je me disais que je devais être quand même malade de penser ainsi mais malgré tout .... Malgré tout, il avait une place dans mon coeur. Je ressentais tant de choses pour lui. Il me faisait peur et en même temps me fascinait. Rien que penser à lui et je revoyais sa carrure, sa prestance, cet homme soigné et méticuleux. Je fermais les yeux. Je ne tremblais plus d'effroi face à son image. Je l'avais amadoué au fur et à mesure. Seuls les souvenirs me blessaient encore. Lui, il se tenait dans son bureau que je connaissais désormais par coeur, assis dans son fauteuil, son cigare malodorant en main, son verre de cristal dans l'autre. Il avait ce regard vert sombre tantôt froid, tantôt profond où l'on pouvait se perdre. Il vous aspirait l'âme, vous tétanisait. Ses colères pouvaient vous faire bien plus mal quand il vous regardait. Mais là, au creux de mon esprit, il était serein, rêveur comme souvent il semblait l'être, lui aussi perdu dans quelques sombres pensées. Je me rendais compte qu'il avait souvent été quelqu'un de pris, de piégé malgré son assurance. Ses nuits blanches où parfois il m'appelait juste pour que je reste près de lui tel un chien, lui servant parfois du café, restant le plus souvent assise à même le sol, la tête sur ses genoux aurait pu me hérisser le poil à une époque, mais je me rendait compte que c'était sa façon de nous apprécier. Une façon ignoble, certes, mais c'était pour lui le moment où il se montrait le moins salaud qui soit. Je me rappelait de sa main dans mes cheveux, ses doigts glissant vers mes oreilles et un frisson me parcouru, me faisant rouvrir les yeux, chassant ce moment.

"Petit con."

Il ne fallait pas que j'oublie aussi qu'il m'avait violée et torturée aussi. Mais en dehors de notre rencontre où je n'avais jamais compris la violence de ses gestes, toutes les autres fois, il avait voulu assoir son pouvoir ou me punir de mon comportement. Le pire que j'avais vu n'était pas au final porté sur moi mais simplement sur les autres. Sarika n'était que l'une de celle où il avait simplement jouer de façon ignoble, extrême, sans autre raison que pour le plaisir de faire mal et la satisfaction que cela lui procurait. Au final c'était sans doute ça qui me faisait le plus mal, l'idée d'apprécier un homme aussi cruel et détaché de sentiment, qui, s'il en ressentait l'envie, pouvait me faire la même chose. D'ailleurs pourquoi n'avait pas usé et abusé de telles occupations avec moi ? Était-ce parque, tout comme Kuro, j'étais son esclave, sa propriété ? Je me rendais compte que proportionnellement aux hybrides du centre, j'avais sans doute été une des mieux loties d'une certaine façon. Je n'avais toujours eu qu'à répondre aux désirs et aux besoins de Vladimir et de lui seul. Je n'avais jamais été obligé de me plier aux caprices des autres vu que j'avais toujours agi de façon à n'être fidèle qu'à lui, risquant même parfois de dépasser les limites, me faisant sermonner après.  Au fond avec Vladimir, il fallait suivre les règles, lui obéir corps et âme et se plier à ses caprices et tout allait bien... En général. Il n'avait qu'une parole et je l'avais appris à mes dépens... Je reposais la boite de nouille sautées qui me servait de repas et soupirais.

"Pourquoi je pense sans cesse à vous..."

C'est vrai, tu es loin et tu es encore le centre de mon monde, de mes pensées ! Quand je ne pense pas à mon fils, c'est toi qui prend le relais. Fais-tu ce même effet sur tout tes pensionnaires ou ne suis-je que la seule hybride à être aussi attachée à toi ? Je grognais en prenant une bouchée de nouille, me vengeant sur elle à défaut de ne pas pouvoir te lancer une pique, me calmant en mastiquant, repensant alors à mon petit chaton. Mon Kyo, ma frimousse d'ange. D'ailleurs elle tiens de toi, à n'en pas douter. Il a ton visage même s'il possède les yeux sombre de sa vrai mère : Kuro. Mais c'est mon fils. Même s'il n'est pas de mon sang, je l'aime de tout mon être. Je voudrais tant l'avoir ici, près de moi. Lui montrer ce monde qu'il n'a jamais vraiment vu. Que penserait-il des forêts ? Serait-il un bon grimpeur ? Je voudrais lui apprendre les fleurs, les arbres et les plantes comestibles. Lui apprendre à vivre seul, à être indépendant. Lui transmettre un peu de moi pour en faire un homme assez fort pour affronter la vie. A quoi ressemble-t-il maintenant ? Voilà déjà plusieurs mois que je ne l'ai pas vu. Est-il sage ? Est-il en bonne santé ? J'espère que tu ne lui a rien fait. sinon... Je serre les dents, plus en colère qu'apeurée, preuve que ma hargne est revenue. Pourtant il faut que je me calme. Je ne sais pas quand je rentrerais à la maison, j'ignore même à quoi je sers dans ce cirque de pacotille. Mais tout cela me permet aussi de réfléchir à la suite, à une vie au dehors.

Je connais Vladimir. Plus de deux ans auprès de lui, à le servir, à l'observer, à attendre le bon moment pour l'abattre. J'ai subi sa douceur, ses colères, ses jeux. Je sais qu'il ne voudra plus de moi. Sa confiance a été si dure à avoir et aujourd'hui je l'ai brisée, je pense que jamais je ne l'aurais pleinement à nouveau. Cela m'attriste un peu, preuve est qu'il a aussi réussi à m'atteindre à sa manière. Mais qu'importe. Le passé est le passé. Aujourd'hui il faudra que je vois ce qui peut être fait pour que je récupère mon fils, quitte à rester un de ses jouets. Un de ceux qu'il casse. Mais je souhaiterais que Kyo vive dehors, vive libre. Mais pour cela il faudra que je revois celui qui me possède encore. Que je l'affronte. J'ai encore du chemin à faire pour y parvenir. Il faut que je finisse de récupérer et que je prépare un potentiel retour en ville. Un rêve en soi. Mais j'ai envie d'y croire. Peut être est-ce la  mort qui m'attends à mon retour au centre, c'est tout aussi possible. Le courroux de Vladimir est souvent long, douloureux et pernicieux. Il a tellement d'idées tordues que je me demande où il va chercher tout cela...

Je pose la boite désormais vide et mes pensées volent vers Ezekiel et son entrain naturel. Comment ferait-il, lui pour que tout aille mieux ? Un sourire me tire les lèvres, repensant à cet hybride qui semblait tout prendre bien, ou presque. Oui il serait bon que je le retrouve. Je lui devait un repas après tout ! Mais pour avoir de la nourriture, il allait me falloir un job. Strip teaseuse c'était foutu. Le collier comme le physique, plus rien n'allait sur ce point. Il faudrait que je fasse les bars et les restaurants à la recherche d'une personne intéressée par de la main d’œuvre pas chère et dans le pire des cas, je n'aurais qu'à trouver des mecs en manque pour subvenir à mes besoins. Des hommes assez peu regardant ou alors avec des idées tordues à satisfaire... Après tout Vladimir m'avait permise de devenir endurante sur ce point... Comme quoi être un objet pendant des années avait aussi des avantages. J'eus un sourire jaune à cette idée mais je savais qu'en dernier recours je n'hésiterais pas. D'autant plus que me faire de l'argent en prévision de ma sortie aurait le mérite d'assurer la possibilité d'un logement pour Kyo et moi... Dans le plus rose des avenirs car là ce serait vraiment idéal ! Mais il me fallait positiver. J'en avais marre de rester prostrée ! Alors on y croit ! Puis de l'argent serait bien pour offrir un truc à Ezekiel. Quoi ? Je n'en savais rien mais je finirais sans doute par trouver le jour où je lui mettrais la main dessus....


Je me laissais aller sur la paroi en métal, le son de la ville s'atténuant, la cohue devenant murmure où les voitures se faisaient moins présentes tous comme les voix. La nuit arrivait au stade où le peuple qui se l'approprie n'est pas de ceux que les gens "ordinaires" souhaitent voir. Ces gens de l'ombres alliant, sauvages, trafiquants, revendeurs, délinquant et plèbe  malaimée, utiles que pour obtenir ce que la lumière ne peut apporter : drogue, objets volés, hybrides et humains au noir, trésor insolite ou camelote surcoté, on pouvait trouver de tout dans les rues de Togi. C'était aussi l'heure où le travail prenait une autre parure. Fini les bureaucrates ou les marchands élégants, une fois le soir tombée, ils deviennent clients, délaissant femme, enfants ou la solitude de leur appartement de banlieue pour venir caresser l'étoffe soyeuse de quelques prostitués, se noyant dans l'alcool ou le jeu pour oublier leur vie trop bien rangée, trop bien ordonnée.

Je la connais cette mélodie, profonde, entrainante, envoûtante. J'étais une de ses enfants il y a de ça bien longtemps. J'ai mis tellement de temps pour m'y faire... C'était une autre époque mais bientôt je devrais y retourner. Remettre mon masque, sourire, me faire douce, me faire servile, comme pour Vladimir. Onduler des hanches, papillonner des yeux, ronronner des mots doux, êtres celle qu'on regarde alors que je préfère être celle qui observe. Comment fait-on déjà ? Je me lève, me mettant sur la pointe des pieds puis lentement je commence à marcher, puis peu à peu mes pas deviennent une danse, une valse et je virevolte sur mon toit, la ville m'accompagnant, les cris des ivrognes résonnant et je ferme les yeux, le tempo s'accélère sous le ciel éclairé par les lampadaires. Avant arrière, tout se mêle, j'en perds mes repères. J'ouvre les bras pour qu'il guide mes pas qui s'enchainent jusqu'à ce que le vent s'invite à la partie, une bourrasque me stoppe soudain m'envoyant sol et je rouvre mes yeux pour découvrir la rue en contrebas. Un pas de plus pour sauter du toit. J'étais si près. Étrange concept que voilà de savoir que la danse peut vous tuer. Je ris en regardant les ruelles où j'aurais pus m'éclater au sens propre du terme. Aurais-je tuer quelqu'un dans ma chute ? La dernière note dans ma tête serait-elle tombé au bon moment ? Finir en purée pour un mauvais pas quand on a été dans des cas bien pire aurait été une mort ridicule sans doute ? Je me relève et monte sur le bord du mur, sur cette marche qui sonne la limite face au trépas, puis je longe le vide, me jouant de lui, me demandant alors quelle mort je voudrais... Rapide sans doute ? Loin d'un trou étroit. Une mort qui épargne ceux que j'aime aussi, alors une mort qui viendrait tard pour que je puisse faire de mon fils un homme. Je m'arrête et descends du muret comme si je me rendais enfin compte de la stupidité de mon jeu. Allons Lore, tu n'es plus une enfant capricieuse. Tu as des devoirs me dis-je à moi même. Je soupire et regarde la ville. Hors de question de mourir ici, ça, c'est sûr !

Pour en revenir à mon besoin d'argent, une chose est sûre, il va me falloir trouver mieux que ces vêtements pour me vendre. Le jogging n'est pas la plus sexy des tenues. D'ailleurs il faudra aussi que je me remuscle, ne serait-ce que pour me défendre face aux dangers de l'extérieur. Ma captivité m'ayant fait perdre pas mal d'état surtout lors des mois passés dans la morgue... Oui la course ne me fera pas de mal, il me faudra aussi ressortir surement ma tenue de soubrette le temps de gagner un peu plus d'argent pour m'acheter des vêtements moins voyant. Chiper un manteau serait bien pour cacher l'ensemble le temps d'arriver à destination aussi.... Bref j'ai du pain sur la planche ! Autant commencer ce soir d'ailleurs et je me dirige vers l'échelle prise un peu plus tôt, bien décidée à reprendre ma vie en main.
Enfin.




©️Codage by Littleelda from Never-Utopia

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