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 RP Solo : souvenirs avec Ikko

Humain - Neutre
Humain - Neutre
Constantine Meyer
Age : 32
Localisation : Au cimetière
Emploi/loisirs : Fossoyeur
Multi-Compte : Nein !
Profil : MP : Email :
RP Solo : souvenirs avec Ikko EmptyLun 23 Oct - 23:28
Constantine Meyer
Partie 1


L'appartement était plongé dans le calme le plus profond. Derrière la porte-fenêtre du salon masquée par de fins rideaux marrons, le soleil se couchait au loin, derrière les falaises qui délimitaient le Nord de l'île. L'épaule appuyée contre la vitre et les bras croisés, je laissais mon regard se perdre à l'horizon. Un grincement raisonna doucement dans l'appartement. La porte de la salle de bain s'ouvrait. J'en déduisis que Ikko avait fini de se doucher et que je devais y aller. Je détournai mon regard du soleil qui disparaissait complètement et me dirigeai vers la salle de bain. A côté de la porte, la jeune femme se tenait adossée au mur, la tête baissée, une main sur le visage. Au début, je crus qu'elle pleurait. Mais en m'approchant, je perçus sa difficulté à respirer. Je remarquai aussi en regardant ses vêtements qu'elle n'était pas encore douchée. Mais elle avait attaché ses cheveux en un chignon désordonné.

- Ikko ?

Elle releva la tête. La pâleur de son visage m'inquiéta, ce qui me poussa à lui demander ce qui lui arrivait.

- Ce n'est rien, répondit-elle en tentant un sourire que je vis faible. J'ai dû attraper froid hier en étendant le linge sur le balcon.

Elle s'éloigna du mur et me fit face. Elle joignit les mains, se pencha légèrement en avant comme à son habitude et ajouta :

- Vous faut-il quelque chose ?

Embarrassé par sa serviabilité alors qu'elle semblait souffrir, d’autant plus qu’elle n’arrivait toujours pas à me tutoyer, je me contentai de lever son visage en la prenant par le menton et de poser une main sur son front. Elle avait de la fièvre et elle tremblait. Quand je l'observai, elle détourna le regard.

- T’es pas en état de faire quoi que ce soit, dis-je en me dirigeant vers la salle de bain.

J'y entrai en lui faisant signe de me suivre. Lui préparer un bain semblait être une bonne solution pour tenter de faire tomber sa fièvre. Je ne voyais pas d'autre alternative. Tandis que l'eau chaude coulait dans la baignoire, je fis asseoir la jeune Neko sur un tabouret que je plaçai près du mur. Elle pourrait ainsi s'y adosser.


- J’te laisse faire le reste, déclarai-je sans être sûr qu'elle aurait assez de force pour se lever.

Avec un peu d'inquiétude, je sortis de la pièce en fermant doucement la porte derrière moi. J'hésitais à m'éloigner. Et si elle s'endormait et laissait l'eau déborder de la baignoire ? Si elle s'évanouissait et se cognait ?


« T’es bien anxieux tout d’un coup, j’croyais que tu te fichais d’elle ? » s’enquit Meyer surpris.

Non, je ne me fichais pas d’elle. Je la savais fragile alors le moindre microbe me faisait psychoter et imaginer des tas de trucs. Dès que je la voyais plus pâle que d’habitude, j’avais l’impression qu’elle pouvait mourir à tout moment… Après réflexion, je décidai de revenir dans cinq minutes. Elle me parurent très longues. Quand je revins devant la porte, je collai mon oreille contre le panneau et constatai que les robinets coulaient toujours. Avec appréhension, j'entrai et vis Ikko assise par terre, telle une poupée de chiffon abandonnée. Je m'agenouillai à côté d'elle, posai de nouveau ma main sur son front : sa température avait encore augmenté.


- Scheiße (Merde)… maugréai-je embarrassé.

Que faire ? Je n’allais quand même pas lui faire prendre son bain ?


« Et tu comptes faire quoi ? Demander au vieux con du dessous ? »

Sûrement pas ! En regardant Ikko affaiblie, les yeux fermés et le front trempé de sueur, je déglutis et dis :

- Bon, euh… déshabille-toi.

Elle ne bougea pas d’un cheveux et je m’y attendais. Alors, sans vraiment savoir ce que je faisais, je retroussai les manches de ma chemise et entrepris de lui retirer sa robe, non sans grande incertitude. Elle n'avait aucune réaction mais peut-être ne voulait-elle pas que je la traite de cette façon. Moi-même aurais préféré ne pas en arriver là. Mais Ikko était malade et je devais y remédier. Quand la baignoire fut pleine, je fermai les robinets et pris dans mes bras la jeune femme à présent nue. J'avais bien trop de décence pour oser la dévisager. Je la déposai délicatement dans l'eau tout en prenant soin de l'adosser au bout incliné de la baignoire. Seule sa tête émergeait. Elle gardait les yeux fermés mais les sourcils froncés, emprise d’un mal qu’elle peinait à supporter.
Je m'assis le plus près possible, la regardai. Ne m'étant occupé que de moi-même depuis toujours, j'ignorais ce que je devais faire pour elle. Cependant, ce que je déciderais ne lui ferait sûrement pas de mal. Avec un embarras que je n'aurais jamais imaginé aussi déstabilisant, je mis du savon sur un gant et le passai doucement sur les bras de Ikko. Je savais que la peau pouvait parfois être beaucoup plus sensible lorsque l'on était malade. Je le constatai en entendant la jeune femme émir un petit gémissement de douleur. Mais je ne devais pas me laisser amadouer par sa vulnérabilité. Aussi, je poursuivis ma tâche sans prendre garde à ses manifestations presque imperceptibles. Je ne touchai pas à son intimité, trop confus pour me le permettre.
Une fois lavée, j’attendis encore quelques minutes puis retirai le bouchon pour vider la baignoire et rinçai Ikko à l'eau tiède. Quand toute l'eau eut évacué, je la séchai et enroulai la serviette de bain autour d'elle. Je l'emmenai ensuite dans la chambre où je la déposai sur le lit. Je la couvris avec la couette avant de rajouter une couverture épaisse et une bouteille d'eau sur la table de chevet. Dans un soupir, je m'assis à côté de la jeune femme et fermai les yeux. J'espérais qu'elle guérisse vite car je n'aimais pas la voir dans un état aussi pitoyable. J'avais peur que la maladie dégrade trop sa santé. Elle semblait si délicate, si frêle…


« Dis donc toi, tu s’rais pas en train d’apprécier la p’tite ? »

Je me mordis l’intérieur de la lèvre. Apprécier Ikko ? Et qu’est-ce que ça pouvait faire si c’était le cas ?

« J’sais pas… mais à mon avis, tu vas le regretter. »

Ce ton menaçant ne me disait rien qui vaille. Aussi, je décidai de ne plus l’écouter et de me tourner vers la jeune femme. Elle avait sorti son bras de dessous les draps et tirait le bas de ma chemise du bout des doigts. Elle me regardait et quelques larmes coulaient sur ses tempes. Que lui arrivait-il tout d'un coup ? Avais-je mal agis ?

- Ikko ? fis-je surpris.

Elle ne répondit pas mais renifla doucement, s'essuya les yeux d'un revers de main, soupira.


- Ikko ? insistai-je. Qu’est-ce qu’il y a ?

Elle resta silencieuse. Cependant, je sus ce qui n’allait pas quand elle se tourna sur le côté sans lâcher ma chemise et approcha son visage tout près de ma cuisse. Enfin… je pensais le savoir. Je ne voyais pas trop ce que cela pouvait être à part qu’elle s’en voulait de me faire perdre mon temps en m’occupant d’elle. Meyer aurait réagi de manière totalement agressive en lui rabâchant qu’elle devrait avoir honte. Mais moi, j’estimais qu’elle avait tout à fait le droit de bénéficier d’un peu d’aide de ma part. Après tout, elle en faisait beaucoup trop pour m’éviter les petites contraintes du quotidien.

« C’est une esclave, » me rappela Meyer.

Je soupirai. Non, elle n’était pas une esclave. C’était juste… Ikko.


FIN
Humain - Neutre
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Constantine Meyer
Age : 32
Localisation : Au cimetière
Emploi/loisirs : Fossoyeur
Multi-Compte : Nein !
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RP Solo : souvenirs avec Ikko EmptyJeu 26 Oct - 23:16
Constantine Meyer
Partie 2


L’automne poursuivait son cours, colorant les arbres d’un rouge flamboyant et rafraîchissant les soirées de moins en moins ensoleillées. Quand je terminai le travail vers dix-huit heures aujourd’hui, le ciel commençait à se couvrir. J’échappai de peu à la pluie car en arrivant devant mon bâtiment, quelques gouttes tombaient timidement çà et là sur le goudron noir du parking.

- Bienvenue Meyer, m’accueilla Ikko en venant s’incliner devant moi dans l’entrée de l’appartement.

Elle avait mis un moment à délaisser le mot « maître » et à m’appeler par mon nom. Je ne comptais plus le nombre de fois où je lui avais répété que je n’étais pas son maître et qu’elle n’était pas une esclave. A présent, je pouvais remarquer qu’elle se sentait plus détendue en ma présence, qu’elle parlait volontiers et n’hésitait pas à s’exprimer plus librement. Au début, elle n’osait rien dire, à part demander si j’avais besoin de quelque chose. Elle ne bougeait pas tant que je ne lui disais pas de disposer, son regard rencontrait rarement le mien et elle ne souriait jamais. C’était plutôt agréable de constater que la demoiselle demeurait maintenant plus ouverte. Car au fil des jours, j’estimais avoir besoin de sa présence. Je commençais à m’y habituer. J’avais toujours vécu seul alors le fait de rentrer à la maison et d’avoir de la compagnie aujourd’hui me confortait dans l’idée que cela m’aidait à me canaliser mentalement. Meyer se manifestait moins, il me laissait penser par moi-même, je ne l’entendais plus autant marmonner dans ma tête. Ou peut-être n’était-ce qu’une impression… Peut-être seulement quand je me trouvais avec Ikko…


- J’ai fait des cookies, vous en v… euh… tu en veux ?

J’avais oublié. Elle avait encore du mal avec le tutoiement. Je savais depuis peu qu’elle vouvoyait son propre père lorsqu’elle vivait avec lui. Je comprenais bien que c’était difficile de changer une telle habitude mais je la voyais faire des efforts alors je n’insistais pas trop là dessus.

- Danke, dis-je en piochant dans l’assiette de cookies qu’elle me tendait.

Elle avait très vite fait de trouver mon point faible concernant la nourriture. C’est pourquoi, parfois, elle décidait de cuisiner des gâteaux et des pâtisseries pour les jours où j’avais beaucoup de travail. Une délicate attention dont j’étais content de profiter.


- T’as fini de le lire ? demandai-je en m’asseyant sur le canapé, à côté d’un livre à la couverture rouge-orangée.
- Presque, répondit Ikko depuis la cuisine. Il doit rester une dizaine de pages.

Elle me rejoignit, prit l’ouvrage et me montra l’emplacement du marque page, un petit ruban blanc qu’elle avait récupéré sur un emballage de tablettes de chocolat en promotion. En effet, elle avait pratiquement terminé.

- Ça parle de quoi ? m’enquis-je en finissant mon cookie.

Elle pointa un doigt faussement menaçant dans ma direction et dit :


- Je ne le dirai pas avant d’avoir fini.

Je lui accordai un sourire amusé auquel elle répondit par un petit rire cristallin. La soirée passa tranquillement. J’étais absorbé par mon ordinateur, tentant avec désespoir de résilier le contrat entretien de la voiture qui me pompait inutilement de l’argent alors que je n’allais jamais au garage. Sauf que la procédure était mal faite et le site internet semblait buguer un peu. Ikko, elle, sortait de la douche, vêtue d’une robe de chambre en soie par dessus une jolie nuisette à dentelles. Depuis que je les lui avais achetées, elle allait se doucher plus tôt pour profiter du confort de ses vêtements de nuit. A pas feutrés, elle alla s’installer dans le canapé pour continuer sa lecture. Quand elle eut fini quelques minutes plus tard, elle promit de me raconter l’histoire demain et me souhaita bonne nuit. Dehors, la pluie s’était mise à tomber drue. Puis, au milieu du calme le plus total, un coup de tonnerre retentit. L’orage était si proche que la lumière du salon clignota un instant.

- Tu peux fermer les… commençai-je.

Mais en levant les yeux, je remarquai que la jeune femme avait disparu. Par contre, je sentais un truc trembler contre ma jambe. Intrigué, je me penchai sur le côté et regardai sous la table. La demoiselle était assise par terre, les jambes repliées vers elle et les bras levés, tenant entre ses mains le livre sur sa tête, comme si elle avait peur que le ciel lui tombe dessus.


- Qu’est-ce tu fous là ? m’enquis-je étonné. C’est juste l’orage.

Elle me regarda d’un air terrifié. En avait-elle si peur ? « Clac ! » Le bruit du compteur qui saute retentit et nous nous retrouvâmes dans le noir. Seul l’écran de mon ordinateur portable m’éclairait le visage.

- Scheiße (Merde)… maugréai-je en me levant.

A L’aide du flash de mon téléphone, j’allai dans l’entrée et ouvris le placard du compteur. La coupure venait de l’extérieur, tout le bâtiment devait être plongé dans le noir.


- J’reviens, dis-je en ouvrant la porte d’entrée.

Je sortis dans le couloir et me rendis au rez-de-chaussée. Évidemment, personne n’avait encore réagi pour aller remettre le courant. L’avantage, c’était que chacun avait accès au placard du compteur grâce à une clé distribuée aux locataires en cas de panne si le concierge était absent. Une minute plus tard, je remontais les escaliers éclairés et retournai à l’appartement. Ikko n’était plus sous la table. Où était-elle passée encore ?


- Ikko ? appelai-je.

Elle n’était quand même pas sortie de l’appartement ? Elle refusait toujours de mettre un seul pied sur le palier car elle avait peur de l’extérieur. Non… elle devait se cacher quelque part. En effet, un bruit attira mon attention dans la chambre et je trouvai la jeune Neko recroquevillée dans l’armoire, entre deux de mes chemises pendues aux cintres. Sur le coup, je me dis que sa réaction était ridicule. Puis je pris conscience que ça ne devait pas être la première fois qu’elle venait trouver refuge ici. En pensant à tous ces jours d’orage durant lesquels elle était seule à l’appartement, je me sentis mal à l’aise. Faisait-elle la même chose quand elle vivait avec son père ? Embarrassé, je m’accroupis devant Ikko et lui tendis ma main. Mais elle secoua la tête et s’enfonça encore plus vers le fond de l’armoire.


- Tu vas pas rester là, dis-je sans trop savoir quoi faire pour la rassurer.
- Je… je préfère attendre que ça passe, répondit-elle d’une toute petite voix.

Je restai bouche bée. C’était comme si elle avait pris l’habitude d’agir de cette façon dès que l’orage se manifestait. Comme si c’était… normal. Elle tressaillit quand un grondement roula dans le ciel et plaqua ses mains sur ses oreilles de féline pour les aplatir sur sa tête.


- Tu voulais pas aller te coucher ? tentai-je à tout hasard.

Elle nia silencieusement alors qu’elle venait de me souhaiter bonne nuit. Les cernes qui marquaient le dessous de ses yeux la trahissaient largement.


- Bon... soupirai-je en me relevant.

C’était cruel de ma part de la laisser là mais de cette manière, j’espérais la faire réagir. Et j’eus raison d’y croire car à peine fis-je un pas en arrière qu’elle se jeta hors de l’armoire pour venir s’agripper à moi.


- J… je sais que c’est trop demandé mais tu… tu peux rester avec moi ?

Je baissai les yeux sur son visage enfoui dans mon tee-shirt. Je devais avouer que je ne m’attendais pas à ça. Je pensais juste qu’elle allait prendre sur elle-même, me montrer un peu de courage. Visiblement, il y avait encore du travail à faire de ce côté-là. Posant une main maladroite sur sa tête, je me raclai la gorge et pris la parole.

- Laisse-moi juste aller me changer d’abord.

Apparemment rassurée, elle se détacha de moi. Mais elle resta collée à la porte de la salle de bain tandis que j’enfilais un pantalon et un tee-shirt pour dormir. Je faillis la percuter en sortant. Elle bredouilla des excuses en cachant son visage rouge de confusion derrière ses mains et me suivit à la cuisine. J’éteignis l’ordinateur qui se trouvait toujours sur la table – de toute façon, j’irais plus vite en allant résilier le contrat entretien directement au garage. Je fermai ensuite les volets électriques du salon puis Ikko et moi nous retrouvâmes dans la chambre. L’orage grondait toujours. Aussi rapide que l’éclair, la demoiselle bondit sur le lit et se roula en boule sous la couette en tremblant.

- Mais comment tu faisais quand t’étais avec ton père ? m’enquis-je en m’asseyant sur le bord du matelas.

Il fallait que je sache. Il ne la portait pas dans son cœur et j’imaginais qu’il devait complètement ignorer que sa fille avait peur de l’orage. Ou alors, il s’en fichait et la laissait dans son coin. Ikko sortit une main timide et abaissa la couverture pour me regarder, le visage rouge.


- Je me… cachais dans le placard sous l’escalier, dit-elle honteuse. Père me mettait là pour me punir. Alors il pensait que je me punissais toute seule et il me laissait tranquille.

Quel crétin… Sans un mot, je rejetai la couette, m’allongeai sur le lit et me recouvris jusqu'à la taille. Quand je regardai Ikko, elle avait l’air bizarre et encore plus rouge.

- Ben quoi ? fis-je en plaçant un bras derrière ma tête.

Elle ouvrit la bouche pour répondre mais un coup de tonnerre l’en empêcha et elle se recroquevilla en fermant les yeux. D’un geste las, j’attrapai mon téléphone portable posé sur la table de chevet, à côté de la lampe allumée, et fis deux ou trois manipulations dessus.


- Tiens, fais un jeu ça va te détendre, conseillai-je en le lui mettant sous le nez. Tu m’stresses là.

Intriguée, elle prit le téléphone et s’allongea sur le dos.

- C’est quoi ? demanda-t-elle curieuse.

Ah, elle ne connaissait pas. Je pris donc le téléphone et fis une démonstration en lui expliquant les règles du jeu.


- V’là, à toi maintenant, dis-je en lui rendant le portable.

Mon idée semblait fonctionner car elle était moins perturbée par l’orage, trop absorbée par le jeu. Au début, elle ne se débrouillait pas très bien. Puis après quelques parties, elle parvint à saisir le sens des objectifs. Elle apprenait plutôt vite. Concentrée sur l’écran, elle poussa une exclamation de joie quand elle termina un niveau particulièrement difficile. Sauf qu’un coup de tonnerre retentit en même temps. Effrayée, Ikko sursauta et me fit tomber le téléphone sur le front.


- Aïe !
- Pardon ! Pardon Meyer, je… j’ai été surprise ! Ça va ?


Elle se redressa, posa sa main sur mon front comme si elle espérait que ça m’enlève la douleur. Elle était fraîche et douce, et un agréable frisson me parcourut la tête entière.

- Pardon… répéta-t-elle en retirant sa main. T… tiens…

Elle me rendit le téléphone. Je le posai sur la table de chevet tandis qu’elle reprenait la parole.

- Je vais essayer de dormir. Merci pour le jeu, c’est gentil…

Elle s’allongea sur le flanc, les doigts serrés sur le coin de son coussin, les joues rouges.

- J’éteins alors, dis-je en joignant le geste à la parole.

La chambre fut plongée dans le noir. Seuls les quelques éclairs qui zébraient parfois le ciel venaient illuminer un instant les murs à travers les volets électriques. Ikko tremblait tellement qu’elle faisait vibrer le lit. Ce n’était pas franchement agréable pour trouver le sommeil, surtout quand elle ne pouvait s’empêcher de gémir de terreur au simple roulement de l’orage. Je fis alors une dernière tentative, quelque chose que je n’aurais jamais imaginé faire pour elle, bien trop maladroit, solitaire et égoïste pour y penser. Mais en y réfléchissant, c’était tellement simple… Sous un nouveau grondement de tonnerre, je me tournai sur le côté et attrapai la jeune Neko pour la serrer contre moi. Elle parut se figer un instant. Je crus même qu’elle me repousserait mais il ne se passa rien. Peu à peu, je sentis son corps se détendre et sa respiration prendre un rythme normal. Dehors, l’orage commençait à s’éloigner. Pas trop tôt… Au moins Ikko pourrait enfin se calmer complètement. Et c’est ce qu’elle fit au bout de quelques minutes. Cependant, quand je voulus reculer un peu pour m’allonger sur le dos, la demoiselle s’agrippa à mon tee-shirt en marmonnant des trucs incompréhensibles dans son sommeil. Je restai donc où j’étais, perturbé par la chaleur de son corps et le parfum de ses cheveux.
Ce fut une des rares nuits où je ne fis aucun cauchemar...

FIN
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Constantine Meyer
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RP Solo : souvenirs avec Ikko EmptyLun 19 Fév - 20:44
Constantine Meyer
Partie 3


J’étais en plein cauchemar. Je me sentais pourtant détendu en m’endormant tout à l’heure. Je savais que ce n’était pas la réalité, que les gens debout devant moi étaient le fruit de mon imagination. Je savais tout simplement que je rêvais. Mais je n’arrivais pas à me réveiller. Et je les entendais protester, m’insulter de tous les noms, me rappeler que je resterai toujours un raté, quoi que je fasse dans ma vie. C’était insupportable. Même en plaquant mes mains sur mes oreilles, je les entendais aussi clairement que s’ils se trouvaient à quelques centimètres. Là, un homme qui ressemblait affreusement à mon père s’approcha en me hurlant dessus. Il sortit un couteau de derrière son dos et me poignarda dans l’épaule, sous la clavicule. Souffrant et enragé à la fois, je me jetai sur lui. Portant mes mains autour de son cou, je resserrai mes doigts au maximum alors que l'homme éclatait de rire. « Meyer ! Meyer ! » m'appela-t-il plusieurs fois en enfonçant le couteau plus profondément dans mon épaule, d'abord d'un ton provoquant puis de plus en plus paniqué. Sa voix se transforma, ressembla vaguement à celle d’Ikko. Plus il m'appelait, plus son apparence changeait pour se rapprocher de celle de la jeune femme. Au bout d'un moment, c'était elle que j'étranglais, pas lui. La douleur provoquée par le couteau devenait de plus en plus aiguë.

- Arrête ! grondai-je furieux qu'il ose prendre l'apparence de quelqu'un à qui je ne voulais aucun mal. Arrête ! ARRÊTE !

Ikko me frappa au visage et le coup étonnamment puissant me fit tomber face contre terre. Je fus secoué de quelques spasmes puis le calme revint.
Je me trouvais dans la chambre éclairée par la faible lueur de la lampe de chevet. Complètement dans les vapes, je mis un moment avant d'ouvrir les yeux et de me rendre compte que j'étais réellement allongé par terre. Difficilement, je me relevai en m'aidant de mes mains tremblantes et entendis quelqu'un tousser. Je vis alors Ikko assise sur le lit. Prise d'une toux violente, elle se tenait le cou et me regardait, terrorisée. Pourquoi n'était-elle pas en train de lire comme tout à l'heure ? Qu'est-ce qui lui faisait si peur ? Qu'avais-je... fait ? Tout ceci n'était qu'un rêve ! Pourquoi la réalité lui ressemblait-elle autant ? Les jambes aussi tremblantes que mes mains, je me mis lentement debout et la jeune femme eut un mouvement de recul. Je ne lui voulais pas de mal...


- I… Ikko... soufflai-je en avançant d'un pas, la main à demi tendue vers elle.

Elle recula d'un bond avec un gémissement de frayeur. Non, ce n'était pas possible, je ne pouvais pas l'avoir attaquée. Je ne voulais pas y croire, ce n'était pas moi ! Pas elle non plus ! Rien qu'un cauchemar, un satané cauchemar...


- Ce n'est pas... je ne... essayai-je de la rassurer sans arriver à terminer mes phrases, encore choqué par ce qu'il venait de se passer.

Mais en la voyant commencer à pleurer, je me tus et baissai la tête. A reculons, je sortis de la chambre, allai m’enfermer dans la salle de bain.


- Qu’est-ce qui m’a pris, putain ? murmurai-je en regardant mon reflet dans le miroir.

Je n’avais absolument aucune idée de la façon dont j’avais réussi à attaquer Ikko dans mon sommeil. Comment avoir l’esprit tranquille pour les nuits à venir après ça ? Comment regagner sa confiance, sachant que c’était déjà difficile de ne pas effrayer une femme aussi craintive qu’elle ? Déboussolé, je restai une bonne heure à tourner en rond dans la salle de bain, l’esprit envahi d’une multitude de songes, de regrets et d’angoisses. Je ne voulais pas faire de mal à Ikko. Elle était la seule personne qui se montrait gentille envers moi sans aucune mauvaise intention.


« Peut-être parce que tu lui fais peur… » suggéra Meyer d’un ton narquois.

Je secouai la tête. Au début oui, j’étais conscient que je la terrifiais littéralement. Mais après quelques semaines, elle avait su cerner ma personnalité – du moins, une partie – et elle le vivait mieux. J’avais enfin pu profiter de ses sourires, de ses rires, de son enthousiasme. Et maintenant ? Redeviendrait-elle muette, incapable de me regarder dans les yeux, tremblante en ma présence ? Je ne voulais pas ça, je voulais juste…
Toc toc toc.
Trois coups discrets à la porte firent bondir mon cœur. Je ne pensais pas que la jeune Neko viendrait me voir. J’imaginais plutôt qu’elle se serait terrée au fond du lit, sous la couette, apeurée par mon éventuel retour. Alors, d’un pas hésitant, j’allai ouvrir. Elle se tenait devant moi, pieds nus, les bras croisés sous sa poitrine comme si elle avait froid. Elle ne pleurait plus mais ses joues étaient encore rouges et humides. A ma plus grande surprise, elle leva les yeux vers moi et dit :


- C’est de ma faute, Meyer.

… Hein ?

- Tu… tu t’agitais dans ton sommeil alors j’ai essayé de te réveiller, justifia-t-elle d’une petite voix. Je n’aurais peut-être pas dû… Mais tu... tu avais l’air de souffrir…

Je restai perplexe. Elle était en train de s’excuser d’avoir voulu m’aider. Ça n’allait pas, c’était à moi de le faire. Je l’avais étranglée ! J’approchai ma main légèrement tremblante du visage d’Ikko. Elle ne bougea pas mais je devinai son inquiétude. Pourtant, je ne lui fis rien de mal – pas cette fois. Décalant quelques mèches de cheveux sur le côté, je découvris son cou pour apercevoir les traces encore rouges de mes doigts. Pendant combien de temps l’avais-je serré ? Heureusement pas assez longtemps pour la faire tomber dans l’inconscience, voire la tuer. Pris d’un soudain élan de tristesse en pensant à ce qui aurait pu se passer si j’avais pu aller jusqu’au bout, je serrai Ikko contre moi. J’ignorais totalement la raison pour laquelle j’agissais ainsi. Peut-être parce que je ressentais de plus en plus ce besoin de savoir la demoiselle près de moi, avec moi. Plus le temps passé à ses côtés s’allongeait, plus je craignais de la perdre. Cela avait failli se produire tout à l’heure et je réalisais davantage que je tenais réellement à elle. C’était un sentiment bizarre, un mélange de joie et de peur, quelque chose qui ne m’était encore jamais arrivé.

- C’est pas de ta faute, répondis-je enfin, à voix basse.

Les bras le long du corps, elle ne bougeait pas.


- T’as voulu bien faire. Et je… J’te demande pardon.

Il y eut un silence, pesant, déstabilisant. Puis Ikko leva les bras et me serra à son tour contre elle. Cette réponse me suffit amplement. Reniflant discrètement, elle frotta son visage sur mon tee-shirt en se blottissant un peu plus.

- Eh… j’suis pas un mouchoir, dis-je avec un sourire en coin.

Elle me regarda et rit, les yeux toujours larmoyants. D’un revers de poignet, elle s’essuya les yeux et sortit de la salle de bain en direction de la cuisine. Je la suivis.


- Tu vas pas te coucher ?

Il était tard, le micro ondes affichait une heure du matin.

- J’ai envie d’un chocolat chaud, répondit-elle d’une voix timide. Je… je peux ? demanda-t-elle soudain incertaine.

J’eus un sourire en coin.


- Bien sûr que tu peux, pas besoin de demander.

Rassurée, elle sortit une tasse… puis deux.

- Tu en veux aussi ? proposa-t-elle.

Je hochai la tête. Pourquoi pas, après tout ? Ça m’aiderait sûrement à m’apaiser avant de retourner au lit. Pendant que Ikko s’affairait dans la cuisine, j’allai m’asseoir sur le canapé. Je voulais allumer la télévision mais j’avais la flemme d’ouvrir le tiroir de la table basse pour récupérer la télécommande. Et puis ce n’était pas bon de regarder un écran avant d’aller dormir. Alors je me contentai de laisser mon regard se perdre quelque part entre le rebord du canapé et le sol impeccablement propre, perdu dans une multitude de songes sans aucun rapport les uns avec les autres. Je détestais avoir des pensées plein la tête quand j’essayais justement de faire le vide. Heureusement, Ikko me rejoignit bientôt et me donna mon chocolat chaud.


- Danke.

Elle s’assit près de moi, ramena ses genoux près d’elle en serrant sa tasse entre ses mains pour les réchauffer.

- Tu m’as dit de quoi ça parle, dis-je en désignant le dernier livre qu’elle avait fini de lire l’autre soir, lorsqu’il y avait eu l’orage.

Il reposait dans un coin de la table basse. La jeune femme parut surprise mais elle m’accorda un joli sourire.


- Est-ce que tu aimes les histoires tristes ?

Je la regardai comme si elle venait d’une autre planète. C’était quoi cette question ?

- Euh… j’sais pas, répondis-je confus. Pourquoi ? C’en est une ?

Elle acquiesça et me raconta l’histoire. C’était une lettre, une longue lettre adressée à un écrivain le jour de ses quarante et un ans, de la part d’une inconnue qui avait toujours été amoureuse de lui sans qu’il n’en sache rien.
Elle le vit pour la première fois à l’âge de treize ans, quand il emménagea dans l’appartement d’en face alors qu’elle vivait seule avec sa mère. Elle l’épia pendant plusieurs années et le croisa une seule fois lorsqu’il lui ouvrit la porte de leur bâtiment. Elle le remercia et c’est depuis ce jour qu’elle en tomba amoureuse. Puis sa mère se maria et elles durent déménager. Quand la jeune fille atteignit ses dix-huit ans, elle décida de retourner dans sa ville natale, et s’aperçut que l’écrivain habitait toujours à la même adresse. Elle le croisa plusieurs fois mais il ne la reconnut jamais. Elle avait grandi et était devenue très belle. Alors il l’invita chez lui et ils passèrent trois nuits ensemble. Il partit ensuite en voyage et ne donna plus aucune nouvelle. Il ne sut donc jamais que la demoiselle était tombée enceinte de lui. Pour élever au mieux son enfant, elle sortit avec des hommes riches sans jamais accepter le mariage car elle aimait toujours l’écrivain. Tous les ans, pour son anniversaire, elle lui envoyait des roses blanches. Un soir, leur chemin se croisa à nouveau et il lui proposa de passer la nuit ensemble. Elle accepta sans hésiter, espérant qu’il la reconnaîtrait. Mais ce ne fut pas le cas. Le lendemain, alors qu’elle s’apprêtait à partir, il glissa un billet dans sa poche. Il la prenait pour une prostituée. Elle repartit vexée et déçue. Elle s’occupa de son fils sans jamais dire à l’écrivain que c’était le sien, ne voulant pas être mal considérée par lui. Cependant, l’enfant mourut de la grippe et elle sut qu’elle ne pourrait pas y survivre. Ce fut pour cette raison qu’elle lui écrivit cette longue lettre dans laquelle elle racontait tout, absolument tout depuis le moment où elle était tombée amoureuse de lui. Tout au long de cette lettre, elle lui révélait à quel point elle l’aimait, à quel point elle avait consacré toute sa vie à son amour pour lui. En terminant sa lecture, l’écrivain s’aperçut alors que, pour la première fois depuis des années, le vase qui contenait les fleurs blanches était vide.
Effectivement, c’était une triste histoire. Une triste histoire d’amour. En la contant, Ikko était tellement absorbée qu’elle en tremblait. Pour se redonner contenance, elle but de grandes gorgées de chocolat, et je fis de même, ayant complètement oublié de boire en l’écoutant.


- Je ne sais pas si j’ai bien raconté, dit-elle enfin avec un sourire gêné. Il faut vraiment lire cette lettre pour ressentir ce que cette femme a vécu.
- T’as bien raconté,
confirmai-je en grattouillant le haut de son crâne.

Elle remua ses oreilles de féline, contente.


- Mais… tu crois pas qu’elle aurait dû se manifester, au lieu d’attendre qu’il la reconnaisse ? demandai-je sceptique. C’est un peu bête.
- Elle était peut-être trop timide. Ou… elle avait peur de sa réaction.


Nous haussâmes les épaules en même temps, échangeâmes un rire en le remarquant. Nous terminâmes tranquillement nos chocolats chauds et nous retrouvâmes dans la chambre, en me couchant à côté d’elle, je me tournai sur le côté et avançai doucement ma main en direction de son cou, l’effleurant légèrement sous son regard interrogateur.

- Si jamais tu vois que je suis... agité dans la nuit, et pour toutes les prochaines nuits, n’essaye pas de me réveiller, conseillai-je en ramenant ma main vers moi.

Elle ouvrit la bouche pour protester mais je la devançai.


- T’en fais pas, ça ira. Pense simplement à ta sécurité.

Un silence.

- J’ai pas envie de te faire de mal, Ikko.

Nous échangeâmes un long regard puis elle détourna le sien, les joues rouges.

- D’accord…

J’éteignis la lumière, me remis sur le flanc, un bras plié sous le coussin. A peine eus-je remonté la couette sur mon ventre que Ikko vint se blottir contre moi, en boule, en poussant un petit bâillement.

FIN
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