Bonne Ou Mauvaise Réponse ? [Pv: Alyssia Laukens]

Ton regard passait d’une table à l’autre, un petit jeu pour essayer de faire passer les quelques minutes qui s’écoulaient bien lentement à ton goût, il faut le dire. Le but était d’essayer d’analyser la situation de chacune des personnes en regardant le moindre détail dans leur comportement et leurs tenues, c’était assez amusant, cela venant aussi refléter leur personnalité. Un sourire restait alors gravé sur ton visage, quelque chose de simple, comme si tu souriais simplement à la vie.

Tu prenais tellement l’habitude de jouer la comédie, que ta tête actuelle devenait une habitude, reflétant un homme plein de joie de vivre et de compassion, du moins pour les premiers regards. Les plus habitués ou ceux sortant de la norme pouvait souvent se douter qu’il y eût quelque chose d’autres derrière ce masque de bonheur. Des bruits venant en ta direction te faisait sortir de ton occupation pour finalement observer une demoiselle devant toi.

Il s’agissait de ton rendez-vous, elle était à l’heure, cela en étant presque surprenant, pas la ponctualité, il s’agissait plus de la précision de son entrée. Cette fois, ton jeu se portait sur elle, mais tu ne pouvais déterminer que peu de chose, elle gardait sa même expression même dans un lieu en dehors d’un cadre professionnel. Tu pouvais donc comprendre que c’était son masque à elle, tu voyais un morceau de sa robe dépassé, elle s’était faite belle, elle prenait donc cette rencontre au sérieux, voilà une chose qui vient te mettre en joie.

Tu souris un peu plus sous l’effet de sa salutation, mais tu n’as même pas le temps de te lever qu’elle se retrouve déjà installé à la table, ayant retiré ce qui venait cacher le reste de sa tenue. Tu l’observais encore à présent, faisant attention à ne pas donner l’impression de la regarder avec une envie lubrique dans les yeux, il serait fort dommage de venir la froisser.

“Bonsoir Madame Laukens ! Vous allez sans doute vous dire que c’est une flatterie commune des hommes, mais je vous le dis sincèrement, cet habit vous met grandement en valeur.”

Pour une fois, tu ne flattais pas une personne pour mieux l’avoir dans ta main, la première rencontre t’avais déjà fait comprendre que son ego n’avait pas besoin de ce genre d’attention pour véritablement se sentir bien, c’étaient tes conclusions, elles pouvaient encore être affinées. Un léger sourcil venait se lever à l’écoute de ses paroles, tu avais peut-être fait un mauvais choix d’endroit, il y avait eu de l’hésitation dans sa voix, voilà ce qui te faisait toujours douter.

Ton silence perdurait à présent, regardant encore sa façon d’être et ses mouvements à présent, tu penchais lentement la tête, tique que tu gardais pour réfléchir. Tu étais vraiment un homme bourré de petites actions qui pouvaient être déplaisantes pour certaines. Tes prunelles passaient alors de la femme à l’homme qui s’approchait, celui-ci semblait être au goût de la demoiselle, il suffisait de voir la façon dont elle examinait. Lorsqu’il fut ton tour de commander, tu choisissais un Old Pal, bien frais. Tu brisais enfin ce long blanc pour prendre la parole avec joie.

“Vous devriez lui demander son numéro lorsqu’il va revenir, il semble totalement à votre goût, moi qui pensais que vous seriez une beauté glaciale. Je me permets d’être honnête et franc, vu qu’il y a des chances que nous ayons à collaborer par la suite. En parlant de ça, j’aimerais connaître votre réponse, si possible Madame Laukens !”

En écoutant ses paroles, tu pouvais découvrir avec plaisir qu’elle possédait un peu de répartie, tu te doutais aussi qu’elle en possédait encore plus. Cependant, ton objectif n’était clairement pas de la pousser à bout, du moins pas pour le moment. Chaque chose à en son temps, il serait dommage de la froisser avant d’avoir eu sa réponse. Tu montrais alors simplement un léger sourire, ne te gênant pas et ne venant plus cacher le fait que tu commençais à admirer la demoiselle sous toutes les coutures.

Tu prenais une position bien plus confortable sur ta chaise, venant attendre sa réponse, tu avais ton temps. Pourtant, tu ne voulais pas perdre le sujet de base, puis rien ne t’empêcherais de poursuivre la soirée sur un autre thème ou conversation. Tes prunelles venaient se perdre dans celle de la jeune femme, comme pour simplement trouver un point à fixer durant cette conversation, puis il était des plus agréable de l’observer.

Tu laissais doucement filer un soupire sous sa réponse, tu ne pensais pas qu’elle te dirait non ainsi, mais tu pouvais comprendre la chose. Il était quand même dur de se prendre un refus. Ta stature de basse revenait, te concentrant sur les nouvelles paroles de la demoiselle. Le sourire te revenait légèrement, tu ne perdrais point tous dans cette histoire.

Ton attention diverge alors, venant se concentrer sur un élément faisant intrusion dans ton champ de vision, le serveur est déjà là. Le service est efficace ce soir, malgré le nombre présent dans le bar, mais bon, cela n’est pas pour te déplaire, tu commençais à avoir soif. Tu retiens un autre soupire, elle ne touchait pas son verre, tu ferais donc de même, la galanterie risque de te tuer un jour. Ces quelques mots venaient alors te faire lever un sourcil, des plus interrogateurs à son égard.

Tu commençais vaguement à te faire une idée de ce qu’elle pourrait proposer, mais tant qu’elle ne dirait pas précisément ce qu’elle voulait, tu ne ferrais rien de plus que des suppositions. Alors que certains mots venaient démanger le bord de tes lèvres, tu les retenais sous l’entende de sa voix. Tu cachais difficilement un grand sourire venant se dessiner sur ton visage, tu avais la douce impression qu’elle aussi voulait tirer le plus possible de ta personne.

Tu posais les coudes sur la table, venant joindre les mains, un air un peu plus sérieux sur le visage, tu laissais même ton verre de côté pour venir reprendre les négociations avec la jeune femme. Tu inspirais grandement, faisant légèrement le tri dans tes idées pour ne pas venir perdre pied devant elle.

“D’accord, je comprends parfaitement ce premier refus, je dois aussi reconnaître que votre nouvelle proposition me plaît assez. J’accepte vos conditions, mais je viens aussi vous en imposer deux à mon tour. La première, je vous donnerais un minimum d’élève à prendre chaque année. Pensez bien que je ne fais pas cela par plaisir, mais j’ai des effectifs à remplir en tant que directeur, vous connaissez ça aussi n’est-ce pas ?”

Tu laissais un blanc planer, portant enfin ta boisson à tes lèvres, tu n’avais pas l’habitude de consommer ce cocktail dans un tel verre à pied. Pourtant, cela lui donnait un goût plus, peut-être du fait de devoir le consommer plus lentement et en plus petite quantité. Tu posais celui-ci pour reprendre la conversation

“La deuxième condition, c’est de nous faire de la pub pour notre établissement, je ferais de même au sein de l’université. Voilà, c’est tout pour moi. Oh, j’oubliais, cela me fait penser que j’ai moi-même des hybrides, je pourrais peut-être les porter à votre cabinet pour faire leur carnet et les vaccins de rappels, cela doit-être dans vos cordes.”

Porter rapidement la conversation sur un autre sujet permettait aussi de détourner l’esprit de l’interlocuteur, du moins, cela ne fonctionne que pour les esprits bien moins assidus que la moyenne. Tu dégustais encore ton cocktail, pour reprendre une dernière fois la parole.

“Je me permets de parler d’autre choses du coup, car ma curiosité est insatiable. Qu’entendez-vous par des choix plus précis tout à l’heure ?”

Tandis que tu portais le verre à tes lèvres, que tu laissais le mélange d’alcool venir marquer de sa présence ton palet, le marquer au fer rouge, tu écoutais la demoiselle. Une certaine sympathie à son égard venait naître en toi, la raison était simple, elle ne semblait rien lâcher, vouloir obtenir ce qu’elle désire à tout prix. Un petit point commun entre vous deux, mais cela venait s’arrêter-là pour le moment, tu commençais à peine à parler avec elle, tu ne pouvais dresser plus efficacement un joli portrait.

Dans sa courte tirade, tu comprenais de façon équivoque qu’il faudrait rapidement officialiser cela et surtout faire en sorte qu’aucun des deux partis et surtout le sien ne finissent par se faire avoir. Et voilà, encore une de ses petites piques, tu avais remarqué les premières au début de votre échange, comme si elle essayait de toujours venir te taquiner d’une certaine façon, mais sans aucune méchanceté derrière. Peut-être un moyen pour elle de gratter la confiance des négociants et garder l’ascendant, mais cela ne prenait pas sur toi, tu souriais simplement, montrant un peu de candeur pour le moment.

Ton regard se plongeait une nouvelle fois dans le sien, tu pouvais voir une certaine lueur lorsque tu avais évoqué tes hybrides, cela semblait lui plaire. La raison devait être soit pécuniaire, soit sa fierté, voir même les deux. Tu lui avais presque promis dans ta formulation que tes hybrides finiraient chez elle, ce qui devrait lui faire un nouveau client, le bouche à oreille reste toujours la meilleure pub pour quelqu’un. Alors agrandir ce qui fait sa clientèle est tout à son avantage.

Ton verre était à moitié vide ou à moitié plein, tout dépend de ton optimisme, un de tes défauts, tu avais un appétit sans fin et tu consommais tout avec une certaine rapidité sans même t’en rendre compte. Tu pousses alors légèrement ton verre, comme pour éloigner le vice et la tentation. Tu haussais un léger sourcil sous ses propos, ce n’était pas quelque chose de très particulier. Pourtant, cela avait le mérite de montrer qu’elle était bien plus logique et semblait laisser les sentiments avoir peu de contrôle sur ses actes.

À moins qu’elle ne soit que comme toi, qu’elle se montrer aussi logique pour ne pas laisser des pulsions contrôler sa vie et la rendre totalement hors normes pour la société, même s’il est moins dur à présent d’être différent. Tu laissais tomber cette divagation lorsqu’elle vint te lancer la balle, la mettant dans ton camp pour relancer la conversation. Tu souriais doucement, montrant un certain plaisir dans sa dernière phrase, elle considérait les hommes, voir même les femmes passant dans ses draps comme des conquêtes.

Tu comprenais alors qu’elle était une dominante, elle ne voulait pas du contrôle sur ses émotions, mais sur la personne elle-même. Elle te ressemblait de plus en plus sur certains point, autant continuer de creuser alors.

“Je suis de nature, assez curieux et je dois avouer qu’en savoir plus sur les personnes avec qui je travaille ou je fréquente est un de mes pêchés mignons. Alors s’il vous plaît, ne me tenez point rigueur de cette obsession presque maladive.”

Tu marquais une pause, cela commençait à te faire un peu bizarre de la vouvoyer, tu pensais qu’une certaine familiarité pouvait naître entre vous, mais autant demander confirmation avant.

“Pouvons-nous passer aux tutoiements ? Nous allons travailler ensemble à présent, autant briser cette légère barrière entre nous non ?”

Finalement, tu cédais au vice, le contact du verre se faisant sentir sur ta peau, pour agresser à nouveau tes lèvres et laisser le nectar de dieu couler en toi. Tu faisais cela lentement, le temps de mettre à présent du tri dans tes idées, tu comptais bien exposer les choses sous un jour intéressant pour la demoiselle. En vérité, tu voulais jouer à présent, elle venait de lancer le sujet, alors autant voir sur quoi pourrais mener une certaine franchise déguisée.

“Dire que je n’ai pas de critère serait un mensonge éhonté, je suis un être humain après tout. Cependant, je dois reconnaître que le physique n’est pas mon critère principal, mais il est vraiment agréable d’avoir une belle personne devant soit, je prends pour exemple cette soirée en votre compagnie. Ce qui est déterminant pour moi, c’est le caractère de la personne, une battante, une meneuse. Je trouve cela ennuyant d’avoir quelqu’un de bien docile, c’est tout l’intérêt du jeu de conquête non ? S’il n’y a pas de résistance où est l’amusement. Vous n’êtes pas d’accord avec moi ?”

Tu lui lançais un regard teinté d’une touche de malice et des plus suggestifs sur le moment, ton côté professionnel commençait à s'effriter lentement.

Tes mains venaient lentement se joindre pour s’entremêler par tes doigts, tu affûtais ton regard, tel un couteau que l’on prenait le temps d’entretenir. C’était ton autre arme en plus de tes mots pour venir continuer la conversation, s’il fallait comparer, ta langue était une épée et tes yeux un bouclier. Ses muscles ne semblaient pas bouger, autant mouvement non plus, elle ne trahirais pas sa position ainsi. Tu ne pouvais réfuter un sourire sur tes lèvres devant la situation.

Le fond de la conversation n’avait pas vraiment de grande importance, mais il faut dire que la forme était terriblement exquise pour toi. C’était amusant de parler avec elle, tu le sentais à son regard qu’elle aussi pesait ses mots avant chaque parole, elle ne t’analysait peut-être pas autant, mais ses talents la mettaient au même niveau que toi. Le fait que vous veniez abattre une barrière entre vous, pourrait être intéressant.

La raison était simple, il fallait compter sur l’effet psychologique ou plutôt l’atteinte de son subconscient, elle pourrait sans doute se montrer moins fermée. Tu te rappelles alors qu’il ne faut pas juger un livre à sa couverture, elle n’est pas une personne née de la dernière pluie, elle doit sans doute avoir pensé que tu voulais briser la barrière pour rendre la situation plus intéressante. Il y avait aussi la possibilité qu’elle n’avait pas de barrière et qu’elle pouvait te rentrer dedans, comme tu le faisais de base.

Tes doigts glissent alors lentement vers ton verre, venant le saisir par le pied, tu veux le porter à tes lèvres, sentir le liquide de feu noyer ta gorge sous un goût éphémère et fulgurant. Pourtant, tu te retiens, ses dernières paroles sonnant comme un avertissement ou un compliment, tu ne pouvais savoir réellement. Tu allais prendre les deux options en compte pour cette fois-ci. Tu ne savais donc pas, si ta conversation était captivante ou non, mais tu allais faire en sorte que celle-ci le devienne un peu plus.

Tu respires lentement pour venir calmer un rire qui aurait presque envie de sortir, sa dernière tirade ayant eu cet effet, c’était un peu une remise en cause, une provocation comme tu l’avais fait à son égard. Cela confirmait ce que tu pensais encore il y a quelques secondes. Il fallait que tu la prennes au sérieux, tu ne devais pas montrer de faiblesse, sinon, c’est toi qui finirais par danser dans le creux de sa main. Elle avait déjà bien joué ses pions concernant la proposition, il ne fallait pas la laisser gagner sur ce terrain-là.

Tu te retenais alors de prendre ton verre et de boire une longue gorgé, il te fallait répondre, une phrase venait te brûler les lèvres, encore plus que ton alcool, cela te démangeait tellement sur le coup.

“Oui, je peux comprendre, mais je ne parle pas de la chose dans le fait de faire languir. Je parle d’un jeu pendant la conquête, et même après. C’est celui de savoir qui aura le dessus, quelle valeur peut avoir une victoire, si on ne se bat pas pour l’avoir et la conserver. Cependant, j’admets grandement que changer de temps en temps, c’est agréable, comme lorsque les envies et idées convergent, lorsque l’objectif est de prendre du plaisir pour les deux. Il est inutile de se battre, autant se jeter l’un sur l’autre et s’amuser comme la vie nous le permet.”

Cette boisson frôlait enfin ta bouche, tu pouvais remplacer l’ardeur de ta phrase, par la chaleur de l’éthanol coulant le long de ta gorge. Tu n’allais pas en reste là, tu lui renvoyais juste la balle, c’était une mauvaise idée, il fallait plutôt lui donner une bombe à retardement, lui tendre une perche, voir si elle serait capable de la saisir pleinement. Ton verre venait descendre sur la table, se faisant savoir dans un léger tintement cristallin.

“Il est vrai que si tu as ce que tu désires, il n’est plus intéressant, mais la question peut se poser autrement, c’est que la personne qui a ce qu’elle veut n’as pas beaucoup d’ambition, elle pourrait toujours en vouloir plus. Et c’est aussi à l’autre de continuer de se montrer intéressant après avoir donné ce qu’il pouvait. Ce genre d’expérience ou de jeu ne te tente pas ? Il peut-être amusant d’élargir son champ d’horizon.”

Ton regard plongé dans le sien, tu éprouves alors quelques difficultés à observer le reste de son corps, pour arriver à traduire ses mouvements. Tu ferais donc en sorte, de traduire les mouvements de ses yeux, cela serait plus approximatif, mais tu ne pourrais faire autrement. Ton esprit avait du mal à détourner ton attention de ses prunelles, elle te captivait un peu plus, le jeu pourrait en valoir la chandelle. Tu en venais presque à penser qu’il serait intéressant de perdre la première bataille pour remporter la guerre sur le long terme.

Cette idée fila rapidement de ton esprit, il ne fallait pas renier aussi vite ta fierté, les jeux n’étaient pas encore fait, tu pourrais sans doute reprendre la balle et garder le contrôle. C’était malsain, mais tu voulais tenir tes envies, tes jouets en laisse. Tu gardais un simple sourire, ne pouvant laisser tes pulsions sadiques se faire sentir ou qu’un simple détail t’échappe, elle aussi savait t’analyser et plutôt correctement.

Tu venais finalement rire à ton tour, c’était elle il y a quelques secondes, maintenant à toi. Pourquoi donc ? Simple, basique, elle avait un peu la même idée que toi, simuler la défaite pour dérober la victoire après. C’était un peu comme diriger dans l’ombre, tirer les ficelles, toutes les versions alambiquées de cette idée. Tes mains se crispent légèrement, tu es impatient d’entendre sa réponse à ta dernière provocation, tirade, tu veux voir quels mots elle va user, où elle va frapper pour te faire mal à ton tour.

Ton excitation vient donc s’arrêter net, tu es frustré, le serveur vient d’entrer dans votre petite bulle. Tu te forçais à retenir un léger soupir, tu ne pouvais montrer ta déception du moment à la demoiselle, aucune erreur n’était permise pour toi ce soir. Tes sourcils venaient finalement céder, montrant une légère impression de surprise, tu avais la douce impression qu’elle répondait plutôt à ton invitation, te faisant peut-être comprendre qu’il ne faudrait pas passer par quatre-chemins.

Tes mains viennent de nouveau réagir sous sa courte tirade, tu sens une certaine envie malsaine n’être en toi, elle veut de nouvelle sensation. Tu pourrais lui apporter, mais pas tout de suite, ce n’est pas quelque chose que l’on amène ainsi, il faut préparer le terrain pour ça. Tu ne peux que garder le sourire devant son petit complément, tu comprends bien ce qu’elle veut, tu serais heureux de lui apporter ce qu’elle demande.

La surprise s’installe malgré toi sur ton visage, elle vient te frustrer encore plus, t’annonçant qu’il était temps de calmer vos ardeurs. Tu ne pouvais laisser les choses se passer ainsi, alors qu’elle partait, tu venais boire d’une traite les dernières gorgées qui te restaient à avaler. Tu te levais lentement, l’alcool risquant de monter bien rapidement après cette descente. Tu faisais en sorte de payer les consommations, c’était plus par politesse, que pour marquer des points, tu te doutais que ce genre d’attention n’ait que peu d’effet sur une telle demoiselle.

Avant qu’elle ne revienne, tu tentes un dernier assaut, tu vas essayer de l’avoir par la situation, la mettre dans un contexte où elle ne pourra refuser ce que tu comptes faire. Tu commandes une bouteille de champagne à l’un des serveurs, faisant en sorte qu’il se presse un peu. Juste à temps, il revient avec la bouteille qui ouvre sans faire trop d’éclat de bruit. Tu attends donc la demoiselle avec une coupe de champagne, un joli sourire sur le visage.

Alors que tu la vois arriver, tu dis un peu fort, pour faire en sorte que les gens autour ait conscience de la situation.

“Je comprends que vous soyez fatiguée, mais vous ne pouvez refuser une dernière coupe, il faut bien célébrer notre association et surtout votre capacité de négociation, ma chère Alyssia.”

Tu espérais ainsi la forcer un peu à consommer ce dernier verre d’alcool, tu avais encore un tour dans ton sac pour essayer de la convaincre et tendre un peu plus la perche.

“Je sais aussi que vous devez conduire, moi aussi, mais pour cela que je compte appeler un taxi pour rentrer. Accompagnez moi donc, je payerais la course, ne vous en faîtes donc point pour cela. Je vous donnerais aussi de quoi payer celle du lendemain pour récupérer votre voiture, c’est quand même la moindre des choses, vu que c’est moi qui vous invite à prendre cette coupe.”

Tu tendais alors la coupe dans sa direction, comme pour trinquer à votre contrat bientôt signé et surtout ta possible victoire sur le coup.

En voyant la demoiselle s’installer à ta table, ton corps arrête de garder une stature aussi coincée. Tu te laisses aller légèrement sur le coup, retenant un léger soupire de tes lèvres, ton plan semble rouler comme bon lui veut sur le coup. L’idée de la mettre dans cette situation devant autant de monde était une bonne idée, personne ne veut nuire à sa réputation, du moins, pas ceux ayant eu du mal à se créer un nom et une image, comme elle et toi.

Et voilà, ton chemin rapidement tracé vient lentement sortir de sa route, elle te sort un argumentaire tout à fait exacte et tu ne pouvais rien dire à cela. Si, tu pouvais, mais cela t’aurait fait passer pour un tordue, tu l’étais, mais ta relation avec elle venait à peine de commencer. Tu ne pouvais pas ainsi venir étaler tes idées saugrenues et l’effrayer, le jeu valait la chandelle de te retenir sur le coup. Tu étais à moitié concentré sur la conversation, une bonne partie de ton cerveau essayait de réfléchir, surtout avec l’alcool grimpant lentement et affectant tes capacités.

Tu hausses finalement un léger sourcil, toi qui avais repris une formulation plus poli, comme pour la presser, elle te répondait avec une proximité assez provocatrice. Tu avais trouvé finalement une bonne compagne de jeu, ces petites joutes verbales étaient des plus plaisantes pour un joueur comme toi. L’amusement, une bonne source de motivation et d’envie de vivre, tu aimais voir les choses ainsi, tout changer en divertissement. Et si, ta nouvelle partenaire pouvait devenir une récompense, cela serait le clou du spectacle.

Ton corps venait reprendre sa stature digne, presque orgueilleuse sur le moment, tu avais une idée qui pourrait fleurir en tête, il fallait peut-être faire preuve d’un certain culot avec elle. Tu portais lentement la coupe à tes lèvres, laissant les bulles donner un léger picotement contre ta peau rosée. Le liquide coulant, le long de ta gorge, tu ne savais pas pourquoi tu supportais assez bien les alcools gazeux. Un avantage pour toi, si vous aviez continué avec un autre alcool, tu aurais dressé le drapeau blanc rapidement.

Tu laisses à ta partenaire de ce soir, le soin de finir sa tirade pour exprimer tes idées et envies à présent. Un léger sourire se dessinant sur les traits de ton visage, ton regard quant à lui se montrait bien plus expressif.

“Oui, je comprends ta réaction, mais c’était une idée pour me faire pardonner en te retenant plus que de raison, je ne remets pas en cause tes capacités à payer, loin de là. Je pense que tu gagnes largement mieux ta vie que moi.”

Tu laissais ses légers mots flotter jusqu’à ses oreilles, pour encore une fois, savourer le nectar de ce pays si lointain. Un soupire de plaisir filait de tes lèvres humides de l’alcool, tu plongeais ton regard dans celui de la demoiselle, il était temps de lancer les hostilités de façon définitive.

“Il est vrai, que laisser ta voiture ici pourrait être problématique. Dans ce cas-là, je peux te proposer quelque chose qui te permettra de ne pas laisser ta voiture ici et moi de me rassurer quant au fait que tu sois bien rentré. Je m’en voudrais de perdre une partenaire aussi importante. Quoi que je peux même te proposer deux solutions.”

Comme s’il s’agissait d’un tic, tu faisais tourner légèrement ton verre entre tes doigts, remuant le champagne. Il fallait laisser monter le suspense, l’inciter à se demander ce que tu pourrais proposer et surtout lui laisser le temps de pouvoir par la suite imaginer les réponses qu’elle donnerait.

“Je peux te proposer de te reconduire chez toi, en conduisant ta voiture, j'appellerai un taxi pour repartir ensuite. Sinon, j’habite à cinq petites minutes d’ici, tu me suis en voiture, un trajet court ne devrait pas comporter trop de risque. Je te prêterais une de mes chambres d’amis. Dans le pire des cas, pour moi bien sûr, tu peux repartir sans accepter aucune de mes propositions, mais j’aimerais avoir un message pour savoir qu’il ne t’ait rien arrivé en chemin.”

Tes coudes venaient alors s’installer sur la table, comme si tu voulais faire pression, c’était un peu cliché, mais tu aimais ça.

C’était peut-être une sensation procurée par l’alcool, mais tu avais l’impression que la plupart de tes sens étaient bien vif, sans doute une chute de l’éthanol dans ton sang, mais qui n’allait pas tarder à remonter après avoir fini d’ingurgiter cette dernière coupe de champagne. Tu jouais à un jeu dangereux, l’alcool pourrait te rendre aussi facile à piéger qu’un agneau ou révéler à la demoiselle, le loup qui sommeille en toi sur le moment. Pourtant, tu plongeais dans le danger sans véritable crainte, car tu ne serais sans doute pas le seul à montrer ton jeu au cours de cette nuit, cela pouvait valoir le coup.

Ton attention est toute tournée vers Alyssia, tu en oublies même de porter la coupe à tes lèvres, cette dernière restant comme pétrifié sur la table, attendant les mots de la jeune femme, comme un enchantement te permettant de t’abreuver à nouveau. Finalement, tu les entends, elles arrivent à ses oreilles, mais dans un langage que tu ne comprends pas. Sur le coup, un léger tiraillement de peur s’empare de ton corps, tu avais l’étrange sensation que l’alcool avait brouillée ta compréhension.

Les mots continuaient de se répéter comme échos dans ta tête, tu comprenais finalement qu’il s’agissait d’une langue latine, tu avais peu de connaissance dans ce domaine-là, mais leur prononciation était assez particulière pour être facilement reconnaissable. Tu te souvenais avoir lu l’origine de la demoiselle sur son CV, mais celui-ci ne parvenait point à tes neurones encore actifs. Ton sourire revenait légèrement, un peu d'exotisme ne faisait jamais véritablement de mal en ce bas monde.

Ce moment ayant perturbé ta concentration, tu te laissais aller à une nouvelle gorgée du nectar couleur or. Tu comprends assez vite que sa proposition n’en est pas une, mais plutôt une incitation. Elle remet sur le tapis celle qui te tentait le plus, en insistant sur la possibilité de continuer à boire, tu avais d’autres idées en tête, mais autant suivre ce joli fil rouge qu’elle daigne bien vouloir te laisser attraper. La deuxième semble lui déplaire, elle veut sans doute continuer ce jeu, chez toi cela offre plus de possibilités pour elle de rester.

En la voyant se lever, tu termines dans un dernier mouvement le fond de ta flûte, redressant ce corps qui est le tien, afin de suivre l’élégante provocatrice. Tu vins même prendre les devants, en la rejoignant, te plaçant à ses côtés, pour finalement la dépasser. Ton esprit te disait de garder encore ton masque de gentleman, ouvrant ainsi la porte à ta nouvelle proie, la louve déguisée en agneau que tu comptais bien avoir. Tu n’avais pas eu l'occasion de beaucoup chasser de carnivore, c’était une expérience des plus plaisante, il faut le dire.

“Après vous Mademoiselle !”

Tu fermais alors la marche, venant quitter l’enceinte du bâtiment pour rejoindre la rue éclairée par quelques lumières et les lueurs de la lune. Tu te permettais de lâcher à nouveau quelques mots à ta partenaire de crime.

“Pourrais-je avoir tes clés s’il-te-plaît ? Afin que j’ai la chance et la joie de pouvoir te conduire jusqu’à ma demeure et surtout que je t’offre un dernier verre, afin que nous passion un bon moment, pour clôturer cette excellent en ta compagnie. Je dois bien avouer que je n’ai pas pris de plaisir à sortir depuis si longtemps, que j’ai l’impression d’être un enfant.”

Tu tendais alors ta main, pour recevoir ses clés, tu ne voulais pas lui donner l’impression de lui arracher des mains, encore la ]persuader indirectement qu’elle faisait cela de son propre chef.