« Home Sweet Home » | ft. Léonard [-18]

Elle finissait bien vite sa gamelle. Bien trop vite à son goût. Un brin déçue d'être déjà arrivée à bout de sa récompense, la jeune femme garde un moment sa gamelle en main. L'espoir qu'une dernière croquette de viande apparaisse par magie, peut-être. Mais rien n'apparut. Avant qu'elle ne se mettre désespérément à gratter le fond de la gamelle, Léonard vint embrasser la tête, entre ses oreilles animales. D'abord un peu surprise, Seira remarquait qu'elle était de moins en moins gênée par les marques d'affection qu'il lui donnait. Elle aquiesçait quand il indiquait qu'il allait travailler.

La panthère se retrouvait seule, sur le canapé. Elle regardait autour d'elle. Qu'est-ce qu'elle était censée faire, en attendant? Elle n'était pas fatiguée et n'avait pas envie de dormir. Elle n'avait pas envie de regarder un autre film. L'hybride se levait, et prit l'initiative d'amener sa gamelle à la cuisine. L'odeur dela viande était atténuée mais toujours perceptible. Si seulement il en restait encore un peu. Un coup d'oeil au frigo la fit douter. Non, elle n'allait pas fouiller. Il s'en rendrait compte. Et elle n'était pas sûre d'avoir le droit.

Une fois son aventure à la cuisine terminée, la jeune femme se retrouvait à nouveau au salon. Que faire, maintenant? Une idée lui vint: elle avait toujours son livre, celui que Léonard lui avait offert. Elle n'avait qu'à le "lire", ça l'occuperait. Quatre à quatre, elle grimpait les marches, et atteignait le couloir. Mais avant de rentrer dans la chambre, la panthère s'arrêtait. Elle retournait dans l'autre chambre.

La fenêtre était restée entrouverte. Dans l'action, ni l'homme, ni elle n'avait pensé à la fermer. Elle s'en approchait, et regardait dehors. Peut-être qu'elle n'était vraiment pas si mal, ici. Peut-être qu'il allait vraiment prendre soin d'elle. Dehors, qu'est-ce qui l'attendait? Elle avait confiance en sa force, mais vivre avec les rebelles? Impossible. Elle était bien trop faible, comparée à eux. Elle n'était qu'une misérable hybride. Un chat de gouttière qui grognait un peu trop. Finalement, était-ce vraiment l'humain, le problème? Elle n'avait pas été des plus amicales avec lui. Il ne l'avait que calmer, certes brutalement à ses yeux. Si elle avait été plus avenante, ça ne serait pas arrivé. Il était doux avec elle, lorsqu'elle l'écoutait. Peut-être qu'elle commençait à l'apprécier, finalement.

Elle secouait la tête et quittait la pièce. Elle était en danger ici. Il allait lui faire du mal, la "punir", la maltraiter, la violer, la tuer. Elle ne pouvait pas avoir confiance en lui. Elle ne devait pas. Il était cruel, comme les autres. C'était un monstre, et elle devait le fuir. Pas vouloir de son affection. Elle ne devait pas s'attacher.

Elle attendait d'abord patiemment qu'il vienne se coucher, simulant la lecture de son livre. Seira fit semblant de s'endormir aussi, recroquevillée dans son panier. Et une fois la chambre plongée dans le noir de la nuit, et la respiration de Léonard suffisament lente pour montrer son sommeil, la fauve se faufilait à l'extérieur. Sa ceinture autour de la taille, elle passait par la fenêtre de la seconde chambre pour rejoindre le jardin, et sortit de la propriété. Un dernier regard derrière elle la fit ralentir. Ce n'était peut-être pas une si bonne idée.

Non, elle en était persuadée. Elle devait s'en aller. Seira ne pouvait pas risquer de s'attacher à lui, et être trahie plus tard. Ça allait certainement arriver. Elle avait déjà vécu ça. Et elle ne pouvait pas supporter ça une deuxième fois.

Sa silhouette disparaissait dans une ruelle adjacente.

La panthère arpentait les rues silencieuses de Togi. Le vent était plutôt frais, et arrachait à la fauve quelques frissons. Mais elle était grisée par ce sentiment de liberté nouvelle. La ville s'étendait devant elle, Seira n'avait plus qu'à la découvrir. De ruelles en ruelles, elle prenait le temps de visiter chaque recoin. C'était stupide, mais la moindre impasse, la moindre maison d'architecture un peu différente, était une attraction à ses yeux. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu la possibilité de se promener seule. Et c'était la première fois qu'elle n'avait plus à rendre de comptes à personne.

Un bruit résonnait derrière elle. Un groupe de passants, rien de bien méchant. Pourtant... Seira était mal à l'aise. Quelque chose clochait. Et alors qu'elle continuait de passer de ruelles en ruelles, ses doutes s'étaient fondées: le groupe la suivait. C'était des hommes, plus grands qu'elle. Malgré la distance entre eux, la panthère plissait le nez tant ils empestaient l'alcool. Elle continuait d'avancer, accélérant l'allure. Mais elle ne connaissait pas la ville: elle dût rebrousser chemin de nombreuses fois. Et elle finit par se retrouver coincée dans un cul-de-sac. Et ils s'approchaient.


L'homme dévoilait alors une barre de fer, et fut suivit dans son geste par le reste du groupe. Ils riaient, et la jeune femme baissait les oreilles. Elle n'avait pas envie de se battre, elle n'en avait pas vraiment la force. Sa fourrure s'hérissait, et elle dévoilait ses crocs félins. Sa posture était clairement une posture d'attaque, toutes griffes dehors. S'ils approchaient plus, elle n'hésiterait pas à contre-attaquer.

Un des hommes s'avance soudain vers elle. D'un coup de griffes au visage, elle le repousse. Un deuxième s'approche, mais elle arrive à l'éloigner d'elle. Un troisième néanmoins profite de son manque d'attention pour la prendre à revers. Il tenait le petit corps de la fauve contre lui, permettant ainsi aux autres de la frapper à loisir. Un des agresseurs, sa barre à la main, donnait à Seira un violent coup dans le ventre. La douleur lui arrachait un hurlement, et elle s'effondrait au sol. L'humain se baissait devant elle, relevant de force le visage de l'hybride vers lui. Elle grognait, tandis qu'il étirait un large sourire malsain.


La panthère lui crachait au visage. Elle ne supportait déjà plus ni sa tête, ni sa voix. Un autre vint la plaquer au sol. Elle se débattait comme un lion en cage, son ventre toujours douloureux. L'homme vexé prit sa barre à pleine mains, et s'apprétait à frapper, voulant la punir de son affront. Mais il fut repoussé. Le coeur de Seira manquait un battement: Léonard. Il se place devant l'hybride, et les agresseurs en profite pour s'acharner sur lui. Elle était tétanisée, incapable de bouger, perdue dans le regard de son sauveur.

Une sirène retentissait. Les hommes perdaient leurs concentrations, et la panthère leur sautait à la gorge. Elle pu en mordre un à sang, et lacérait deux autres au torse. Ils partirent en courant, laissant l'hybride et son propriétaire seuls jusqu'à l'arrivée des secours. Seira s'était rapprochée de Léonard, incapable de lui dire quoi que ce soit. Il caressait doucement sa joue, qui peu de temps après était perlée de larmes.

Il se revelait, et se dirigeait vers la direction qu'avait pris les agresseurs. Mais l'un deux sortit soudain de l'obscurité. Le brun s'effondrait contre un mur, tentant de rester debout. Il appelait l'hybride, qui courut à lui. Lorsqu'il baissait son short et lui donnait une fessée, elle ne réagissait même pas. Elle se tenait proche de lui, incapable de savoir quoi faire. Les ambulanciers le prenaient en charge, et elle restait avec lui tout au long de l'opération.

Enfin soigné, il prit la panthère contre lui. Son étreinte était forte, chaleureuse, tendre. Elle se permit de s'accrocher à lui, accentuant encore un peu plus ce contact salvateur. Elle fondait en larmes, incapable de se retenir. Elle ronronnait à cause du stress, bien plus intensément qu'à l'accoutumée. Elle n'arrivait plus à parler de manière intelligible, balbutiant en boucle des excuses. Elle n'arrivait pas à parler normalement.

Les deux furent ramené au domicile par un policier. Une fois devant la maison, Seira sautait hors de la voiture pour pouvoir aider Léonard. Elle le sentait affaibli, ce qui était normal, étant donné le nombre de coups reçus. Jusqu'à la chambre, où elle le guidait jusqu'au lit, elle lui servait de béquille. Et une fois qu'il était installé, la blonde se laissait tomber à genoux. Elle posait sa tête entre ses bras, au bord du lit. Ses oreilles tombaient, sa queue se lovait entre ses jambes.

La fauve frisonnait lorsqu'elle sentit un contact sur son poignet. L'homme l'attirait à lui dans le lit, et plaçait sa couverture au-dessus d'eux. Seira avait du mal à comprendre, mais elle ne se débattait pas. Il la câlinait, l'enlaçait. Pourquoi? Pourquoi la laissait-il simplement rester chez lui? Elle pouvait comprendre qu'il ne la punissait pas encore. Il était affaibli et fatigué, il s'en occuperait certainement lorsqu'il serait rétabli. Pour l'heure, elle n'avait pas envie de jouer les rebelles: il ne méritait pas ça.

La voix de Léonard était des plus réconfortante. Mais la panthère ne pouvait pas juste oublier ce qu'elle avait causé. Elle ne voulait pas lui faire du mal. Partir était sa meilleure option. Elle devenait libre, fuyait les tortures qu'il pouvait lui infliger. Mais elle évitait surtout de lui faire perdre son temps avec elle, de le décevoir. Elle se sentait terriblement coupable.

Prendre conscience que Léonard voulait son bien l'avait effrayé. Elle n'avait que rarement connu ce cas de figure. Elle aurait pu juste rester là, à jouer les dociles. Mais elle ne voulait pas lui faire confiance pour être trahie après. C'est parce qu'elle commençait à l'apprécier qu'elle avait fuit. Elle était si persuadée qu'il lui ferait du mal qu'elle préférait partir avant de lui accorder toute sa confiance.

Seira écoutait silencieusement les paroles du blessé. C'était sa faute. Si elle n'était pas si stupide, tout ça ne serait jamais arrivé. Lorsqu'il chuchotait à ses oreilles, elle retint ses derniers sanglots et acquiessait en hochant la tête. Elle sent les caresses dans son dos et dans ses cheveux pendant un moment. Elle n'avait pas envie de dormir, pas dans un lit, elle méritait à peine de dormir sous un toit. Mais il n'avait pas l'air décidé à la mettre à la porte. Et puis, la journée avait été éprouvante, ses membres étaient endoloris. Elle mourait de fatigue. Un peu de repos était le bienvenu. Elle fermait les yeux et s'endormait presque instantanément.

Le matin naissait déjà. La panthère était toujours blottie contre Léonard. La dernière fois qu'elle avait dormi dans un lit remontait à bien trop longtemps pour qu'elle puisse s'en rappeler. Elle était bien au chaud, confortablement installée. Elle sentait ses cheveux bouger un peu. Elle rouvrait doucement les paupières, le temps que ses yeux s'habituent à la luminosité ambiante.

Elle prit un moment avant de se rendre compte de sa position. Elle s'écartait un peu de l'homme, un peu gênée d'être dans son lit, mais rassurée qu'il ne lui aie rien fait. Elle sortait du lit pour s'étirer un peu. Toujours un peu soucieuse, elle se tournait vers le blessé, son grand sauveur de la veille. Elle n'était pas prête à devenir son toutou bien dressé, mais il méritait bien un peu d'intentions.

L'hybride observait le blessé, qui se levait tant bien que mal. Alors qu'il peinait un peu à se tenir debout, la jeune femme s'approchait de lui, lui servant d'appui. Il répond à Seira, lui proposant un bain. Elle déglutit. Mais elle se faisait une raison. Il avait juste mal, et peut-être besoin d'aide pour se laver. Rien de bien méchant, et ce serait vite terminé. Et surtout, il adoucierait peut-être un peu sa punition prochaine.

Elle l'aidait à marcher jusqu'à la salle de bain, sans flancher, sans broncher. Une fois dans la pièce, la panthère laisse un peu d'espace au brun, afin qu'il puisse se mettre à l'aise. Elle détournait le regard lorsqu'il retirait son haut. Elle n'osait pas regarder la blessure qu'on lui avait infligé par sa faute. Mais surtout, la vision du corps de son propriétaire la gênait, elle qui n'était pourtant pas d'ordinaire pudique.

Les yeux rivés vers le mur, Seira attendait qu'il s'installe dans la baignoire. Elle n'aurait plus qu'à le savonner. Pourtant, elle sentit une force sur son bras. Surprise, elle se retrouvait aux côtés de Léonard, qui lui retirait son propre haut. Médusée, et incapable de savoir comment réagir, elle se cachait un peu en croisant les bras. L'homme s'installait ensuite dans la baignoire, et l'aider à l'y rejoindre. Elle s'était assise à une certaine distance de lui, mais il vint la blottir contre lui. Elle restait totalement immobile, son dos contre le torse de l'humain.

Il se mettait à savonner son dos. C'était un véritable combat intérieur pour la jeune femme. Elle se retenait de ne pas lui asséner un violent coup de griffe. Il n'était pas brutal ou pervers, il ne faisait que la laver. Mais elle était plutôt troublée par la situation. Elle ne s'était pas attendue à partager un bain avec lui.

Il lui demandait alors s'il pouvait nettoyer son torse. Les joues de la jeune femme prirent des couleurs. Elle était incapable de répondre. Elle n'était pas sûre de vraiment vouloir qu'il la savonne là. Pourtant... Elle n'était pas tout à fait contre non plus. Par intérêt, évidemment. Si elle acceptait ses demandes, elle allait peut-être se faire partiellement pardonnée, donc moins punir ensuite. Elle soupirait, avant de se retourner doucement.


L'hybride se rendait compte que sa phrase pouvait être vraiment mal comprise. Un peu confuse, elle essayait de faire comprendre le fond de sa pensée.


Elle prit une profonde respiration, se préparant à se retenir. Il ne profiterait pas, elle n'avait normalement pas de raison de se débattre.

Le souffle court, les poings serrés, les yeux clôts. Seira appréhendait fortement la suite des évènements. Ce n'était pas si grave en soit, il n'allait que la savonner. Il n'allait pas profiter de la situation. Peut-être? Non, il fallait espérer que non. Elle se préparer à se mordre la lèvre. Au moindre toucher un peu trop malvenu, elle serait capable de lui asséner un violent coup de patte. Et il était déjà suffisament amôché par sa faute, elle n'avait pas vraiment envie d'aggraver la situation. Surtout si elle doit en être punie ensuite.

La panthère sentait les grandes mains de Léonard qui glissaient autour de son cou, la faisant frissonner. Ses doigts continuaient leur route, toujours plus bas, jusqu'à arriver à sa poitrine. Elle déglutit, mais arrivait à rester plus ou moins calme. Mais lorsque ses paumes caressait l'extrémité de ses seins, elle ne put que partiellement retenir un gémissement. Elle avait les sourcils qui se fronçaient, et les joues qui se coloraient.

Ensuite vint son ventre. Elle soupirait un bref instant. Ce n'était peut-être qu'anodin pour lui, mais pour elle c'était un véritable combat. Ses mains descendaient encore, jusqu'à arriver à une zone bien trop sensible pour elle. Et il s'y attardait beaucoup trop à son goût. Elle attrapait avec force son poignet, manquant de planter les griffes dans son bras. Seira le relâchait immédiatement, néanmoins. Elle grognait un peu, espérant que la situation ne dégénère pas.

L'homme rinçait la féline. Enfin. La fin du supplice. C'était maintenant à son tour. Le regard rivé sur le torse de Léonard, la panthère s'attelait à sa tâche rapidement, sans néanmoins oser descendre aussi bas que lui. Ses épaules, son torse et son dos étaient envisageables. Pas plus.

Il sortait le premier, permettant à la jeune femme d'avoir plus de place pour elle seule. Elle barbotait un peu, un oeil toujours posé sur son propriétaire. Ses points de suture étaient douloureux, c'était compréhensible. Seira ne savait pas à quel point la blessure avait été profonde. Dans tous les cas, la punition qu'il lui réservait était certainement bien plus douloureuse. Il la sortait de ses pensées en l'informant qu'il allait commander à manger, et elle aquiesçait brièvement.

La fauve mit un certain temps avant de sortir de la baignoire. Ses oreilles à la fourrure trempée étaient plaquées sur son crâne, et sa queue coulait au fond de l'eau. Elle n'avait pas envie de sortir. Elle voulait s'en aller, loin d'ici. Elle sentait la panique augmenter son pouls significativement. Léonard avait semblé doux depuis son réveil, mais rien n'indiquait qu'il allait le rester jusqu'au soir. Elle n'aurait sût dire si c'était l'eau refroidie du bain ou la peur, mais son petit corps tremblotait un peu. Elle devait se reprendre. Elle savait qu'il allait la punir pour sa fuite. Peu importe à quel point il allait être brutal. Ça allait arriver. Alors autant s'y préparer.

Blottie dans une longue serviette, Seira rejoignait l'homme dans le salon. Il tenait un carton dans les mains, un sourire aux lèvres. Les nouveaux vêtements étaient arrivés. La panthère laissait entrevoir un léger sourire sur son visage soucieux. Elle s'approchait doucement, et ouvrait le carton. Elle déchantait un peu. Sur le site, certains vêtements étaient plus colorés, ou les motifs étaient plus sympas. Mais cela lui permettait d'être habillée, c'était le principal. Elle prit quelques vêtements, un peu au hasard. Rapidement, elle s'habillait, se cachant du mieux possible sous sa serviette. Sa tenue était confortable, et surtout à sa taille. Elle lançait un regard à Léonard, attendant son avis.

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Les caresses de Léonard, pourtant douces et platoniques, inquiètent un peu la féline. Elle le laissait faire, trop inquiète quant à ce qu'il pourrait faire si elle le repoussait. Elle fit mine de rire un peu à sa remarque. Ce n'est pas comme si elle s'attendait à quoi que ce soit entre eux. Aucun humain ne se rabaisserait à sortir avec une hybride. Et encore moins, un humain qui se plaisait à la faire souffrir. Seira n'était qu'un jouet, elle le savait.

Il laissait un moment la jeune femme seule. Elle s'installait sur le canapé, patiemment. Mais son regard fuyait vers la porte. Elle n'avait qu'à sortir, qu'à s'en aller. Il n'aurait pas le temps de la rattraper. Il était blessé et affaibli, et elle avait repris ses forces. Elle n'était plus aussi faible que la veille. Elle pouvait en découdre, ou mieux, s'échapper. Elle s'était levée, s'était placée face à la porte. Pourquoi elle n'arrivait pas à bouger? Ses jambes étaient tétanisées.

L'homme la rejoignait avant qu'elle ne se décide. Il l'attirait à lui, et la faisait se rasseoir avec lui. Elle prend une profonde inspiration, et essaye de paraître calme. Léonard n'allait que continuer la leçon de la veille, donc elle n'avait pas de raison de paniquer. En élève bien sage, elle essayait de se concentrer sur l'exercice. Elle avait du mal à ne pas mélanger les nouveaux mots, et ceux d'hier. Il l'aidait à écrire, sans se douter que c'était plus la crainte que l'apprentissage qui la ralentissait.

Une fois l'exercice terminé, il la blottissait contre lui. Les deux restaient silencieux un moment. Seira profitait de ce moment de calme. Mais lorsqu'il vint chuchoter à son oreille, l'invitant à le suivre au garage, elle perdait ses moyens. Elle restait sur le canapé un moment, juste le temps d'essuyer ses premiers sanglots. Elle avait voulu fuir, et il allait lui faire regretter. Elle le savait. Alors autant faire ça rapidement.

Elle rejoignait enfin le garage. La panthère passait la tête dans la pièce, essayant de voir ce qui l'attendait. Mais rien d'effrayant, finalement. Elle le rejoignait docilement. Avant qu'elle ne voit ce qu'il a dans les mains, il lui attache autour du coup. C'était un collier de cuir, décoré d'une clochette dorée. Il lui demandait alors ce qu'elle en pensait.


Elle souriait un peu. Le collier était vraiment mignon, elle était sincère quand elle disait qu'il lui plaisait. Mais elle ressemblait bien plus à un animal de compagnie.

La panthère restait bloquée dans son silence. Elle sentait ses doigts glisser sur le cuir de son collier. Et elle se contentait d'hocher la tête suite aux explications de Léonard. Elle relevait la tête, surprise, quand il appuyait doucement sur son nez. Mais elle n'arrivait pas à maintenir la tête levée. Il se tenait un peu à elle pour sortir de la pièce. Seira l'aidait sans broncher. La petite clochette faisait du bruit à chacun de ses pas.

Il embrassait sa tête et quittait le salon. La fauve était à nouveau seule. Elle s'installait sur le canapé, et attrapait le livre qu'elle avait étudié un peu plus tôt. Mais elle ne l'ouvrait pas: elle le gardait clos, contre elle. Elle voulait  quelque chose à quoi se rattacher, aussi futile cela pouvait être. Recroquevillée sur elle-même, ses oreilles étaient mobiles, à l’affût du moindre bruit suspect.

La panthère pouvait reconnaître le son du clavier. Il était sur son ordinateur, à taper dans un rythme effrené sur des touches. Que pouvait-il bien chercher? De nouveaux "outils" de dressage? Peut-être. C'était peut-être pour ça qu'il ne l'avait pas encore puni. Il attendait du nouveau matériel, probablement plus "efficace". Elle baissait la tête, tout comme ses oreilles. Sa queue s'enroulait autour d'elle.

Elle avait peur. Son corps tremblotait un peu, tandis que son esprit s'emplissaient de pensées inquiétantes. Il l'avait déjà fait souffrir pour moins que ça, pourquoi ne lui faisait-il rien pour sa fuite? Elle lui avait menti... Par sa faute, il était blessé, suffisamment gravement pour devoir avoir des points de suture. Il avait toutes les raisons pour lui en vouloir et lui faire regretter son geste. La blonde était terrifiée, ne voulant pas imaginer ses limites.

Le bruit répétitif du clavier résonnait dans le crâne de l'hybride, la hantait. Elle n'en pouvait plus. Elle voulait en finir rapidement. Elle quittait le canapé et laissait le livre. Elle s'approchait de la porte du bureau. Elle toquait, voulant être sûre d'attirer l'attention de Léonard. Elle essayait de garder une posture confiante, une voix claire. Mais elle le savait, sa crainte était certainement flagrante.


Elle respirait fort, et son coeur battait rapidement. Elle paniquait. Elle demandait elle-même à être punie. Elle se sentait totalement stupide. Seira baissait la tête un moment, le temps de recouvrer plus ou moins son calme. Plus il la ferait attendre, plus elle passerais de temps dans l'angoisse. Au moins, si elle était punie maintenant, elle n'avait plus besoin d'être toujours à l’affût des coups. Elle relevait la tête, la voix plus posée.


Elle quittait le bureau, montait les escaliers rapidement et entrait dans la seconde chambre. Seira s'approchait doucement de la fenêtre, qu'elle entrouvrait. Sa panique grandissante lui donnait le tournis. Elle avait besoin d'air. Et tant pis s'il pensait qu'elle cherchait à nouveau à fuir. Sa tête était lourde, sa peau bouillonnante, ses yeux larmoyants: elle avait besoin d'air. Elle pleurait en silence, accoudée à la fenêtre, attendant que l'homme la rejoigne.

Lorsqu'elle entendait les pas de l'homme se rapprocher de la chambre, le coeur de la féline s’alourdissait violemment. Elle n'était plus sûre d'avoir fait le bon choix. Elle paniquait, sanglotait. Ses oreilles tombaient, et sa queue était basse, immobile. Elle plantait ses griffes dans le rebord de la fenêtre, afin d'essayer de faire passer ses nerfs. Le plus vite Léonard en finissait avec elle, plus vite elle pouvait retrouver son calme et passer à autre chose.

Elle se sentait tirée en arrière, et se retrouvait dans les bras de son propriétaire. Elle était tétanisée, son coeur était lourd et sa tête douloureuse. Elle ne méritait pas d'être câlinée, elle devait être punie pour sa fuite. Pourquoi s'acharnait-il à la cajoler? Elle ne voulait pas de sa douceur, elle voulait qu'il se déchaîne sur elle une bonne fois pour toute.

Il caressait doucement ses joues, lui parlait avec tendresse. Pour seule réponse, la panthère détournait le regard, et restait silencieuse. Elle n'avait pas envie de discuter, ce n'était pas pour ça qu'elle était venue dans cette pièce. Il passait ses doigts le long des traits de son visage, pour l'emmener contre son torse. Il continuait ses compliments, répétant qu'il était fier d'elle. Il n'avait aucune raison de l'être. Elle lui avait causé du tord, et s'attendait à être réprimandée en conséquence.

Elle sentait quelque chose tomber dans ses cheveux et ses oreilles baissées. Elle redressait la tête, curieuse et surprise. Léonard pleurait. Pas autant qu'elle, certes, mais des larmes, des vraies, coulaient de ses joues. Cette vision l'énervait. Elle repoussait violemment l'homme, et reculait pour agrandir la distance entre eux. Elle grognait, et serrait les poings.


Seira lui tournait le dos, et se rapprochait à nouveau de la fenêtre pour profiter d'un peu d'air frais. Elle devait sembler si stupide, à vouloir être blâmée, elle qui semblait tant craindre les punitions. Elle essuyait ses dernières larmes. La panthère était fatiguée de paraître faible. Elle devait se reprendre. Elle était une fauve, une sauvage. Elle ne devait pas pleurer pour lui. S'il n'était pas capable de la dresser, il n'aurait pas dû la sauver la nuit dernière. C'était sa faute. Oui, c'était ce qu'elle devait se dire.


Toute la façade confiante qu'elle avait essayé de se créer avait volé en éclat. Elle n'avait même pas réussi à parler avec assurance. Ces mots avaient été prononcés d'une petite voix craintive, sanglotante.

L'homme lui attrapait le bras avec force, et la tournait vers lui. Sa voix était puissante, impressionnante. La panthère était incapable de répondre, trop paniquée par la colère manifeste de Léonard. Ces premières paroles la surprenait. Bien sûr que non, elle n'était pas masochiste. Elle voulait juste qu'il la punisse de sa faute. Elle voulait juste pouvoir passer à autre chose.

Néanmoins... Il avait parfaitement compris le problème qu'avait Seira. Ses craintes, ses appréhensions, ses suppositions. Il avait le droit de lui en vouloir. À force de le croire mauvais, elle le poussait à réellement le devenir. Elle baissait la tête, comme une enfant qui avait fait une bétise. Finalement, elle n'était que ça. Une enfant. Une vulgaire gamine, qui ne faisait que tout détruire autour d'elle. La confiance qu'il lui avait trop vite accordé, la douceur qu'il lui offrait... Sa propre confiance, qu'elle portait en lui, et en elle-même.

Il la ramenait à lui une ultime fois. Certes, il l'avait fait souffrir à l'animalerie, mais son arrogance avait causé cette séance de torture improvisée. Certes, il l'avait fait souffrir dans la chambre, mais c'est à cause de son mensonge qu'il s'en était prit à elle. La fauve avait réussi jusque là à croire ses fausses raisons, mais au fond, elle savait qu'elle ne fuyait pas vraiment à cause des punitions.

Léonard plongeait son regard brun dans les yeux clairs de la féline. Un regard empli de douceur, d'un brin de compassion. La jeune femme avait du mal à maintenir le contact. Elle ne voulait pas de ses yeux doux. C'était ça, qu'elle cherchait à fuir plus que tout. Elle ne voulait pas de son affection, de ses bons sentiments. Elle voulait qu'il la haïsse, et que ce sentiment soit réciproque.

Elle ne voulait pas se sentir rassurée dans ses bras.

La blonde restait là, à sangloter en silence. Il la rassurait encore et encore, essayait d'être convaincant quant à ses pensées envers elle. L'homme embrassait son front, et la relâchait. Elle mit un moment avant d'enfin bouger à nouveau, tandis que lui quittait la pièce. Elle essuyait ses dernières larmes. Elle ne se souvenait pas avoir déjà été dans un tel état à cause d'un humain.

Placée devant la fenêtre, elle observait le monde extérieur. Jusqu'ici, l'homme n'avait pas menti sur de nombreux points. Elle n'avait aucune chance dehors, quoi qu'elle puisse dire. Elle était une panthère, certes, mais une panthère apprivoisée, aussi forte qu'un chaton. Et surtout, il était allé jusqu'à prendre des coups pour elle. Il lui avait sauvé la vie, au péril de la sienne.

Seira quittait la pièce. Ses oreilles tendues en avant, elle entendait un bruit au salon. Doucement, de sa démarche féline habituelle, elle descendait les marches. Léonard était allongé sur le canapé. Peut-être allait-elle le déranger, si elle descendait maintenant. Elle hésitait un moment à finir sa descente, mais finissait par rejoindre le brun. Si sa présence le dérangeait, il n'aurait qu'à le dire, et elle disparaîtrait. La fauve s'installait par terre, ne laissant reposer que sa tête sur le bord du canapé.


Elle sentait sa voix qui vacillait, et ses yeux qui s'embuaient. Elle prit une profonde inspiration pour se calmer. Elle voulait lui dire. Seira avait du mal à mettre ses idées en ordre, mais elle devait le faire. Elle avait peut-être la chance d'avoir un propriétaire compatissant, et à cause de ses craintes infondées, elle allait tout gâcher.


Elle se tût un instant, juste le temps d'effacer les petites larmes qui perlaient sur ses joues. Elle murmurait quelques mots.

Seira se sentait si mal, de montrer tant de faiblesse. Pour elle, c'était un effort incommensurable. Elle s'était dévoilée. S'il était mal intentionné, il n'aurait aucun mal à lui faire du mal. Débarrassée de sa carapace, la fauve était redevenue un petit chaton sans défense. La tête toujours posée sur le canapé, elle s'était recroquevillée sur elle-même, en réflexe de défense. Sa queue glissait au sol pour se lover autour de ses jambes, tandis qu'une de ses oreilles restait dressée, à l'écoute de l'homme.

Elle sentait la main de Léonard passer dans ses cheveux. Si c'était un autre, elle l'aurait déjà griffé ou mordu. Mais lui... non. Elle ne le repoussait pas. En fait, elle n'avait pas envie de le faire. Malgré ses punitions de la veille, il restait un repère, un soutient non négligeable. Elle n'avait pas envie de ça, pour être honnête. Elle ne voulait pas compter sur lui, ou sur quiconque. Mais au fond, comment ferait-elle, sans lui?

La féline se sentait tirée sur le canapé. Sans grande volonté, elle suivait le mouvement, et s'installait sur le dos. Sa tête reposait sur les jambes du brun. Elle plongeait d'abord son regard interrogateur dans ses yeux marrons, avant de simplement tourner la tête. Son regard était perdu dans le vide, tout comme ses pensées. Au moins, elle avait arrêté de pleurer, pour l'instant. C'était toujours mieux que rien.

Il caressait son ventre avec douceur, son visage avec tendresse. Elle espérait sincèrement qu'il ne cachait pas une part sombre. Qu'il était réellement comme ça avec elle parce que c'était dans sa nature, et pas parce qu'il voulait juste tromper sa vigilance. Seira restait à l'affut, mais il ne semblait pas vouloir profiter d'elle: ses caresses n'étaient jamais mal placées. Petit à petit, elle perdait sa méfiance. C'était peut-être une mauvaise idée, mais elle n'était pas en état de lutter.

Il lui promettait tant de choses... Qu'il ne l'abandonnerai pas, qu'il ne lui ferait pas de mal. Elle voulait le croire, elle voulait vraiment. Mais dans l'immédiat, c'était toujours assez compliqué pour elle. L'homme l'aidait à se relever et la prenait doucement dans ses bras. Si c'était un menteur, il était particulièrement crédible dans son mensonge. Il déposait quelques baisers sur sa tête blonde. Quant à cette dernière, elle restait silencieuse, dans ses pensées.


Ces mots firent redresser les oreilles de la féline. Elle s'éloignait un peu, et regardait l'homme dans les yeux. Elle y cherchait le moindre signe de mensonge, de ruse. Mais il avait l'air sincère. Elle prit un moment, avant de lui adresser un léger sourire. Elle se blottissait à nouveau contre lui, et se permit de passer ses bras autour de son torse. Ses attributs animaux traduisaient plus le calme que la crainte, à présent.

La fauve ne montrait plus aucune crainte, seulement du calme et de l'affection. Certes, elle l'avait craint, plus tôt dans la journée. Elle avait paniqué au moindre de ses mouvements envers elle, s'était imaginé les pires scénarios. Tout simplement, elle était persuadé de sa cruauté, et qu'il profiterait de sa faiblesse pour la rabaisser encore. Pourtant... Il la calinait tendrement, sans mauvaise arrière pensée aucune.

Il embrassait sa tête à de multiples reprises, sans que la panthère n'aie aucune envie de le repousser. Elle blotissait sa tête au creux de son cou. Ses oreilles se redressaient doucement, chatouillant un peu le menton de Léonard. Toutes ses années où elle avait vécu dans la crainte s'estompaient petit à petit. Elle ne pouvait pas oublier son calvaire, sa souffrance. Mais ce simple calin était un vrai bandage sur ses plaies.

Elle sentait l'homme qui se levait, l'emportant avec elle, puis rompait leur contact. Il posait doucement ses mains sur son visage. Seira lisait la fierté dans ses yeux. Pas la fierté qu'elle avait pu voir au camps de dressage lorsqu'elle était jeune, quand elle obéissait, bon petit animal de compagnie qu'elle était. Non, c'était de la fierté, de la vraie, pour elle, en tant qu'individue. Elle répondait à son regard par un doux sourire, et hochait la tête suite à sa question.

Il la quittait alors, rejoignant la cuisine. Elle le suivait, l'observait dans l'encadrement de la porte. Elle sentait son petit ventre gargouiller. Son nez pointait le ciel, son odorat attisé par une douce odeur. Le fumet de la viande, mêlée à des aromates. Il n'y avait aucun doute possible. Elle se lêchait brièvement les lèvres, avant de déchanter. C'était probablement son repas à lui, pas le sien. La blonde allait manger des croquettes, certainement. Elle ne méritait pas vraiment mieux, cela-dit.

Il revint ensuite avec sa gamelle. Surprise, elle remarquait la sauce qui recouvrait, non pas des croquettes, mais des dés de viande. La panthère remerciait brièvement l'homme avant d'entamer son repas. Elle savourait chacune de ses bouchées, profitant au maximum du goût de viande. Elle s'installait ensuite aux côtés de Léonard, et posait sa tête contre lui.

Elle aurait encore besoin de temps, avant de se sentir vraiment à l'aise ici, avec lui. Mais elle était sur la bonne voie.