Le repos des guerriers, bien mérité [P.V Djena]

_ A cette heure ci, elles mangent... On ne devraient pas croiser beaucoup de monde. Voir personne. Je passe devant et je te fais signe.

Djena venait de te faire passer la première porte qui donnait sur une cours intérieure. Le lieu te semblait encore plus austère dans l'obscurité environnante. Mais tu suivais la lionne au fur et à mesure, te faisant le plus discret possible et en suivant bien ses directives. Une odeur de soupe planait au-dessus d'eux, mais ce n'était pas le moment de penser à ça.

_ On continue comme ça. Je passe devant, si c'est libre, je te fais signe et on fonce dans l'escalier du dortoir. Prépare toi, quatre étages nous attendent.

Tu le savais déjà et tu n'étais plus à ça près entre les toits, les murs, les couloirs, les impasses, les sentiers de la forêt. Vous en aviez fait du trajet et de l'escalade, quatre étages ça devrait pas être trop compliqué. Enfin, tant qu'on vous surprenez pas. Mais Djena semblait assez sûre de ce qu'elle faisait et tu continuais donc de suivre ses signes. Tu percevais les voix des humaines attablées. Tu les pensais si sereines, mais elles semblaient bien bavardes à cette heure de la journée. Une fois arrivés dans la chambre de la lionne, cette dernière referma la porte derrière toi. Tu soupirais de soulagement, le plus dur était enfin passé.

_ Enfin tranquille... Met tes affaires ici, comme ça, ça ne gênera pas.

Djena poussa comme elle pu le bureau de quelques mètres contre le mur du fond pour faire un peu de place. Ce n'était pas une très grande chambre mais bien suffisant pour toi qui avait toujours vécu dans un petit espace. Du coup, lorsque ta compère reprit la parole, tu lui lanças d'abord un sourire entendu.

_ Ce n'est pas le grand luxe, je sais bien, mais c'est toujours plus grand que la cage que j'ai pu voir.

- Comme tu dis si bien, merci pour ton hospitalité. On en rediscutera plus tard, mais je pense que j'ai peut-être une solution pour te rendre rapidement ton intimité. Mais ça ne dépend pas que de moi.

Tu l'observas en train de retirer sa veste et capta sa grimace de douleur, mais tu feignis de ne rien voir en déposant ton baluchon sur le sol. Tu bougea ton bras car ton épaule droite avait commencé à devenir douloureuse. Même un entraînement intensif ne t'avais pas préparé à cette petite excursion. Soudain, des coups sur la porte. Tu te retournais brusquement puis croisas le regard de Djena qui te fît signe de te cacher. Tu ne t'étais pas fait prié, tu avais pris place derrière la porte, près du petit réfrigérateur dont le ronronnement incessant ne parvenait pas à couvrir la conversation de l'hybride et de l'humaine.

Plus tu en entendais, plus un sourire en coin se dessinait sur ton visage. Un sourire amusé. La pauvre lionne, était dans l'embarras et commençait à prendre patience. Tu ne pouvais pas voir son visage mais tu rigolais bien dans ton coin. Logan, ce n'est pas bien de te moquer ainsi ! Mais c'était trop, tu ne pouvais t'en empêcher. La porte se referma et tu ne parvenais pas à redevenir suffisamment sérieux malgré tes efforts, pour effacer ton petit sourire. La lionne te balança une des chaussettes que tu avais dû perdre en cours de route.

_ Sans commentaire.

Tu ne comptais pas en faire de toute façon, tu n'allais pas tenter le Diable devant l'air visiblement agacé de la lionne. Tu allas poser la chaussette sur le bureau, puis tu commença à défaire le baluchon. Djena avait rejoins le lavabo, cherchant visiblement de quoi soigner sa blessure. Tu te retournas en croisant de nouveau son regard semblable au tiens.

- Je me chargerai de ta plaie. Tu m'as bien aidé l'autre fois, à mon tour, surtout que c'est de ma faute tout ça. si je ne t'avais pas proposé de venir avec moi, tu n'en serais pas là. Je suppose que tu as besoin de te laver avant, je vais aller faire un tour sur le toit en attendant.

Tu saisis alors un débardeur propre que tu mis, puis un sweet à capuche. Et sans même attendre une réponse quelconque de Djena, tu ouvris la fenêtre, sortis et repoussas la vitre suffisamment pour éviter que le froid n'envahisse la pièce trop vite. Pour sûr, il ne faisait pas très chaud, mais c'était toujours mieux que torse-nu. et puis, tu tenais à laisser la lionne tranquille. Malgré une légère brise glaciale, la nuit était claire et les étoiles scintillaient déjà dans le ciel. Ce lieu était vraiment paisible, rien à voir avec les soirées au ludus. Le ludus, tu l'avais quitté pour de bon maintenant.

Les minutes passaient et tu avais finis par t'allonger, les bras croisés sous ta tête, le regard perdu dans la voie lactée. Quand soudain, tu sentis nettement des ... flocons ? Le ciel se couvrait. Oui, pas de doute, en te redressant et en tendant la paume de ta main vers le ciel tu te rendis compte qu'il neigeait bien. Le manteau blanc sur le sol n'était pas près de disparaître apparemment. Tu redescendis un peu, à l'affût des bruits dans la chambre sans pour autant jouer les voyeurs. C'était pas ton genre et puis tu la respectais cette lionne vorace. Le son de l'eau dans la douche te parvenait. Tu patientas encore jusqu'à entendre le bruit distinctif de la cabine de douche. Tu attendis encore un peu, le temps pour Djena de s'habiller, mais c'est cette dernière qui finit par t'indiquer que tu pouvais revenir. tu refermas la fenêtre derrière toi et la chaleur de la pièce te réchauffa, mais tu gardais ton sweet pour le moment.

- Bien, on va te soigner maintenant.

Que la lionne gronde de désaccord ou pas, tu allais prendre les choses en main à présent. Elle te donna tout ce don tu avais besoin et tu lui demandas de s'installer sur son lit. Tu pris la chaise du bureau et y pris place. Tu regardas d'abord la plaie, lançant des regards éloquents à Djena pour qu'elle reste tranquille. La blessure n'était pas trop profonde, grâce à la veste de ta partenaire. La lame avait été plantée dans le muscle. Ca devait être douloureux, mais elle s'en remettrait vite cette combattante. Tu pris le désinfectant que tu appliquais sur une compresse avant de gronder, signifiant une mise en garde quand à une éventuelle mauvaise réaction de la part de la lionne. Tu n'allais quand même pas l'attacher pour la soigner. Une fois le plus dur passé, tu saisis une bande propre et l'enroulas autour de la plaie.

- Voilà. Une bonne chose de faite.

Tu te levais, puis remettais la chaise en place avant de ranger le tout dans le petit meuble au-dessus du lavabo. Tu remarquas alors dans le miroir ton visage toujours ensanglanté. Tu entrepris donc de le laver.

Djena s'était absentée, elle comptait faire une lessive et ramener un repas. Tu n'avais rien avalé depuis le déjeuner et après vos cavalcades, tu commençais à avoir faim. Pendant l'absence de la lionne, tu lavais ton visage pour le débarrasser de toute trace de sang séché. Tu n'allais pas prendre une nouvelle douche juste pour ça. Ton regard fût alors attiré par un tissu dans la poubelle près de toi. Tu essuyais ton visage et ris l'objet entre tes doigts. Le foulard tâché et ... irrécupérable. La lionne devait y tenir vu comment elle avait réagit. tu t'en voulais un peu de ce sacrifice qe tu lui avais imposé. Tu lâchas le tissu ensanglanté et pris dans la poche de ton pantalon ta fameuse bourse que tu avais récupéré. Aucun doute, tu aurais largement assez.

Tu te dirigeas ensuite vers ton baluchon improvisé, tu fouillas dedans et en sorti un boxer propre. Tu profitas de l'absence de Djena pour te déshabiller entièrement et le mettre. Tu opta ensuite pour un short d'entraînement. Pas de haut, tu trouvais déjà qu'il faisait assez chaud et si tu avais été seul, même le short serait resté avec le reste de tes affaires. mais la lionne ne semblaient pas habituée à une présence masculine, tu ne lui imposerais donc pas une vue qui pourrait la mettre mal à l'aise. Tu récupéras ensuite le jambon sec dont la ficelle pendait de la crosse. tu regardas au-dessus de toi. Les poûtres apparentes offriraient la possibilité de le pendre et donc de le conserver plus longtemps. Une bonne réserve de nourriture sur la longueur. La chance avait voulu qu'un clou était présent sur l'une d'elle. Tu grimpas jusque là et vérifias si il tenait bien avant de fixer le morceau de viande. Alors que tu redescendais, Djena frappa discrètement.

_ J'ai le ravitaillement.

Tu lui ouvrais la porte puisqu'elle avait les bras chargés du plateau et cette dernière le déposa sur le bureau. Il était bien rempli. Tu n'avais sans doute jamais aussi bien été nourri.

_ Commence à manger, je vais prendre le matelas en face, avant qu'elles dorment.

Tu relevais la tête du plateau de nourriture et reportas ton attention sur la lionne qui s'éloignait en direction de la porte. Ton regard se portas alors sans que tu ne puisses le contrôler sur les fesses de ton homologue féminine. Tu n'avais pas spécialement fait attention jusque là à la tenue de nuit de la lionne et elle était plutôt agréable à regarder tout comme le corps aux formes généreuses qui se mouvait dans la pièce jusqu'au couloir. Tu secouais la tête de droite à gauche, à quoi pensais-tu ? Bon c'est sûr, des femelles tu en avais eu ton compte pour un moment, mais le regard ça se contrôle pas toujours. Et puis Djena était plutôt jolie. En tout cas, tu n'allais certainement pas commencer à manger sans elle. Tu l'attendis en t'installant sur la chaise, tu supposais que la lionne prendrait place sur son lit.

Une fois de retour, Djena déposa le matelas au pieds de son propre lit, puis pris un oreiller et une couverture dans son armoire pour compléter le lit de camp. Tu appréciais qu'elle soit si attentionnée.

- Merci. Tu as vu sur quoi je dormais, avec toi j'ai l'impression d'être un roi là.

Tu riais de bon cœur puis une fois que la lionne fût installée tu lui passas d'abord un des deux bols de soupe, lui proposant du pain si elle voulait le trempé dans son breuvage. Une bonne soupe, rien de mieux pour ouvrir l'appétit. Tu croisas le regard doré de ta comparse.

- Au fait, au sujet de ce que je t'ai dit tout à l'heure ... je me demandais si il serait possible que je fasse quelques travaux ou bricoles pour le couvent, histoire d'améliorer certaines choses ou d'en réparer d'autres. Je suis pas un expert t'as dû le voir, mais j'aimerai vraiment me rendre utile. Je suis un combattant, si je bouge pas, je risque de devenir intenable. Du coup, pour ça ... j'aurai besoin de ton soutien auprès de ces femmes humaines. Tu marquas une pause durant laquelle tu bu un peu de ta soupe sans cuillère, avant de reprendre. En plus, je me disais que comme ça, je pourrais me bâtir une petite cabane près du couvent mais à l'extérieur du mur, histoire de pas trop perturber leurs habitudes. Comme ça, tu récupérerais rapidement ta chambre et ton intimité.

Tu t'avançais peut-être un peu vite en ayant pensé à tout ça, mais tu te disais que ça pouvait marcher. Et puis ces femmes, même si elles vivaient recluses, tu ne pouvais pas profiter de leur repas en cachette gratuitement. Recevoir une récompense sans rien faire, c'était tout simplement impossible pour toi. Il faut toujours mériter sa pitance comme te disait toujours ton paternel. et ce dernier a toujours été un model à suivre pour toi.

_ Je n'aurais jamais tenu, à ta place... Dans une cage si petite... Quoique, si je n'avais connu que ça.

- Exactement, je n'ai connu que ça depuis tout petit. C'est pour ça que là, l'hospitalité que tu m'offres, même si c'est provisoire, ça reste très différent pour moi.

Tout en buvant ta soupe, tu avais donc proposé ton idée de bosser un peu pour le couvent à Djena. Tu avais attendu sa réponse patiemment, mais cette dernière te surpris un peu. Mais après tout, elle ne connaissait pas tout de ton passé encore et toi non plus à son sujet.

_ Oh ? tu veux... Habiter dans le coin ? Je veux dire... Ici, c'est plutôt mort. C'est vrai que c'est calme, reculé... Cependant, j'aurais plus pensé que tu te serais installés, quelques part, en ville. Parce que... Parce que tu as passé toute ta vie dans l'action, alors, venir par ici... C'est intelligent, je dis pas, mais... Je trouve que ça ne te ressemble pas. Pas que je ne veuille pas de toi ! Je dis ça, mais je ne te connais pas tant que ça... Finalement, ça serait bon pour toi et ton père, de vivre un peu reclus, comme une pause. Enfin... Moi, je sais que si j'avais l'occasion de pouvoir m'en aller... J'irais chercher un truc en ville, parce que, c'est plus proche de tout et qu'au moins, y'a l’électricité, l'eau courante... J'suis sauvage, mais j'aime bien ces deux atouts basiques.

Tu reposais ton bol de soupe encore à moitié rempli et tu souriais légèrement pensif. Tu croisas alors le regard de la lionne. Tu n'étais pas en colère de ce qu'elle venait de dire, mais encore une fois tu te rendais compte que vous aviez eu une vie très différente et qu'elle avait donc une vision des choses différente aussi. Ton regard était donc neutre.

- Tu es une sauvage et comme tu me l'a dit, tu n'es pas pucée, il est plus difficile de te trouver et donc de t'avoir. Bien que ça représente toujours un risque. Mon père et moi en plus d'être pucés, sommes deux champions d'arènes reconnus dans le milieu. Vivre en ville, serait comme tenter le Diable de nous reprendre en sa possession. Et puis ... j'aime le calme et la sérénité qu'il règne ici. Tu as vu le ludus désert, mais imagines un instant les cages toutes occupées. Moi, en tant que champion j'avais la chance d'avoir une cage privée, mais la plupart des autres combattants devaient la partager avec un autre voir deux congénères. Imagines aussi la cours d'entraînement remplie de combattant en train de grogner, rugir, gronder, crier, frapper. Tous ses bruits, jamais je ne savais ce qu'était le silence. Mais je peux comprendre que toi tu aspire à la vie tumultueuse de la ville. Tu as l'air aussi de ne pas pouvoir tenir en place.

Tu finis ta soupe et voulu attraper une tranche de jambon mais Djena te devança, vos mains se croisant, tu t'excusas avant de la laisser se servir.Puis à ton tour tu pris une tranche.

_ Je vais voir ce que je peux faire pour toi, auprès des Dames de la maison. C'est vrai qu'on aurait bien besoin d'un genre d'homme d'entretien, à tout faire, car tout tombe peu à peu en ruine... La toiture et j'en passe... On ne s'y connait pas vraiment et on ne roule pas sur l'or... J'essayerais que ça soit en ta faveur, un bon arrangement.

- Je ne demande pas grand chose, juste pouvoir me rendre utile contre un peu de nourriture. Le reste je m'en débrouille. C'est justement parce que j'ai vu l'état de ce lieu que j'ai pensé à ça, ce ne doit pas être évident de toujours devoir faire appel à quelqu'un de l'extérieur. Devoir attendre pour une chaudière par exemple alors qu'on est en plein hiver, c'est l'idéal pour que toutes ces femmes tombent malades, toi y compris.

Djena se leva et s'allongea ensuite sur son lit. Elle ramena alors sa queue féline sur ses jambes fines. Tu dévias ton regard vers le plateau presque vide pour ne pas avoir l'air d'un mateur. Puis tu reportas ton attention sur le visage de la lionne lorsque celle-ci te posa une question des plus singulières.

_ Qu'est-ce... Qu'est-ce que ça ta fais, la première fois que tu as tué ? As tu sentie que ça te culpabilisais ? Ou que c'était dans ta nature ? Je... Ces derniers temps, j'ai souvent donné la mort... Question de survie pour moi ou pour d'autres mais... J'avoue ne pas y prendre plaisir, tant mieux, ça serait grave... Mais plus troublant encore, même si ça me travail un peu... Je ne me sens pas, franchement satisfaite. Est-ce c'est parce que je viens d'ici ? Ou parce que je suis mi humaine ? Je suis un peu perdu... Et... Je voulais savoir, ce que tu en pensais, toi... Si toi, tuer c'était naturel ou... J'en sais rien... Je suis fatiguée d'en cauchemarder, parce que je me dis que ces gens, ils faisaient juste leurs boulot tu vois... Qu'ils avaient peut-être bien, une famille, des enfants, j'sais pas ! Et moi, je me battrais jusqu'au bout pour ne pas finir dans une cage, alors l'issu est souvent fatal... Comment... Comment tu vis avec ça ?

Ton regard devînt plus sérieux, plus grave aussi. Tu te souvenais alors de ta première mise à mort et de celle que tu avais infligé à ton maître. eux morts différentes, mais qui avaient toutes deux à leur manière marquées ton existence. Tu inspira profondément, t'appuyant sur le dossier de ta chaise, étalant tes longues jambes devant toi. Ton regard se perdit alors dans le plafond aux poutres apparentes.

- Le premier être que j'ai tué, c'était un hybride combattant, un bovidé, dans l'arène. Je n'avais pas plus de douze ans. Ce jour-là j'ai fait preuve de beaucoup de sang froid, durant le combat, je ne pensais qu'à une chose, survivre. Je savais que c'était lui ou moi. J'avoue, le fait que ce soit un bovidé me faisait aussi saliver. L'odeur qu'il dégageait et peut-être le fait que je suis un tigre ... je ne sais pas. J'ai bien failli y passer ce jour-là, il était bien plus fort que je ne l'étais, il avait pourtant dans les mêmes âges que moi. Mais j'imaginais déjà ma tête écrasée sur le sol. J'ai quand même trouvé la solution et je l'ai tué. J'avais planté mes crocs dans sa jugulaire, mais il a résisté longtemps. Je sentais son pouls ralentir et les râles qu'il produisait. Ce sont des sensation que je n'oublierai jamais. Le soir je culpabilisais, mais mon père est venu me voir et m'a expliqué sa façon d'aborder la chose. Pour autant, toutes ces personnes que j'ai tué, me hanteront toujours. Mais c'était moi ou eux. Tu fis une pause durant laquelle tu fixas de nouveau le regard doré de la lionne. Pour ce qui est d'aujourd'hui et des rabatteurs qui t'avaient coincé, je connaissais parfaitement leurs intentions. Ils ne t'auraient pas emmené au centre de dressage indemne. Il auraient abusé de toi avant et ça je ne pouvais pas le permettre. Ils avaient peut-être une famille et des enfants, je vais peut-être passé pour un monstre ... mais je ne regrette pas de les avoir tué ceux-là, parce qu'au moins, il n'apprendront pas ce genre de cruauté à leur progéniture maintenant qu'ils ne sont plus de ce monde.

Tu te redressais sur ton siège et te penchais alors vers Djena, ton regard doré et sérieux toujours planté dans le sien. Tu fis alors un geste qui ne te ressemblait pas mais que tu ne contrôla pas. Ta main se posa sur la joue de la lionne dans une caresse légère qui ne dura pas longtemps.

- Je n'allais pas te laisser derrière, ce n'était pas pour la dette. Tu m'as accompagné alors que tu aurais pu rester tranquillement derrière. Tu as pris un risque énorme en venant avec moi. J'admire ta liberté, le fait que tu sois née ainsi. Je préfère que tu le reste. Je ne suis pas très doué pour exprimer avec des mots mes décisions ou pourquoi je me conduis comme un imbécile des fois, mais je préfère mourir en combattant pour sauver quelqu'un que j'apprécie que de fuir comme un lâche. C'est pas mon genre. Tu te redressas de nouveau et ton regard se perdit dans la nuit enneigée, avant de reprendre. Je n'ai pas de solution pour les morts que tu as pu provoqué, on doit vivre avec ce poids, mais ne pas oublier qu'on ne l'a pas fait par plaisir ou gratuitement, juste pour défendre sa vie ou sa liberté. Dans ce monde, c'est la loi du plus fort qui prime surtout pour des hybrides comme nous. Tu lança alors un sourire à la lionne. Assez parlé de choses malheureuses. Il est temps de dormir je pense. Demain sera encore une longue journée, je dois réfléchir à un plan pour mon père, mais ... je t'avoue que je ne suis pas pour que tu m'accompagnes.

_ Hmm... On verra, la nuit porte conseil.

Suite à ces mots, la lionne éteignit la lumière en appuyant sur un interrupteur situé au-dessus de sa tête de lit. Tu te levas et te dirigeas grâce en partie aux rayons de la lune et à ton regard nocturne vers ta couche improvisée. Tu t'allongeas d'abord sur le dos. C'était étrange pour toi ce moelleux du matelas, mais pas désagréable. Tu ramenas la couverture sur toi jusqu'à la moitié de ton torse. Tu perçus alors la voix de Djena dans l'obscurité.

_ Dit Logan... Si... Si je devenais un genre de bête sauvage... Que je ne me contrôle plus... Tu m'aiderais, hein ? Je veux dire... Tu ne me laisserais pas faire du mal à mes proches ? Ça me rassurerais... J'ai... Vraiment peur de devenir un monstre, si ça continue comme ça... Elle marque une pause avant de poursuivre. Et... Si on vient à me capturer... Ne vient pas. Je... Je préférerais me donner la mort, à la première occasion.

- Je ne pense pas avoir besoin de t'aider, tu ne deviendras pas un monstre sanguinaire incapable de se contrôler, tu sembles trop apprécier ces femmes humaines. Le fait que tu culpabilises aussi de tuer ainsi, montres que tu as et auras toujours conscience du mal que tu peux faire. Mais oui, si il le faut, je serai là. Et si on te capture, tu peux toujours rêver que je te laisse, morte ou vivante, je viendrai te chercher.

Le silence s'installa alors et tu te demandais si la lionne s'était endormie avant d'entendre ta réponse. Au pire, ce n'était pas trop grave, tu lui avais répondu en partie pour la rassurer. Au final, Djena se montrait forte et de bien des façons elle l'était, mais elle était aussi vulnérable surtout lorsque cela concernaient les personnes proches d'elle. Mais tu pouvais la comprendre aisément, sur ce point, vous étiez semblables. Tu ne mis pas longtemps à rejoindre ton hôte dans les bras de Morphée. Pour une fois, tu étais serein, sachant que tu étais en sécurité, que tu pourrais dormir sans trop d'inquiétudes.

En l'absence de volet, la lumière du jour te réveilla assez tôt. Bon pas si tôt en cette période hivernale où les jours étaient plus court mais quand même. Tu étais sur le côté et tu baillas dans un rugissement en te mettant sur le dos et en t'étirant. Tu te souvins alors que tu n'étais pas seul, que tu te trouvais dans la chambre de Djena au couvent. Tu attendis, pas de réaction de la part de la lionne et aucun bruit dans le couloir. Tu soupiras de soulagement avant de te lever, regardant en direction du lit où ton homologue féminin était toujours tournée, semblant dormir profondément. Tu te dirigeas vers le lavabo, faisant couler seulement un filet d'eau pour rester le plus discret possible avant de te rafraîchir le visage. Tu n'avais pas passé une aussi bonne nuit depuis longtemps. Le fait que Djena dorme encore, t'arrangeait puisque tu avais prévu quelque chose depuis la veille.

Tu allas ensuite t'habiller d'une jean, d'un T-Shirt, d'une sweet à capuche et enfin de chaussettes pour protéger tes pieds du froid et de la neige qui était encore tombée toute la nuit. Tu te retournas, constatant que la lionne dormait toujours, puis tu ouvris lentement la fenêtre, passant au travers avant de la repousser le plus possible pour éviter au froid de trop envahir la pièce. Une fois en bas du bâtiment, tu te mis à courir, une peu d'entraînement ne te ferait pas de mal. La forêt s'éveillait peu à peu, les oiseaux qui n'avaient pas migré gazouillaient. Les chaussettes te protégeais un minimum de la morsure infligée par la neige. C'était déjà mieux, même si à présent, elles présentaient des trous au niveaux de chacune de tes griffes rétractiles.

Lorsque tu approchas de la ville, tu plaças la capuche sur ta tête pour cacher un maximum les caractéristiques de ton visage ou de tes cheveux. Puis tu descendis tranquillement les ries vers le centre. Les boutiques ouvraient peu à peu et tu en cherchais une en particulier. Un magasin où tu pourrais trouver des foulard. Un premier se présentait à toi, tu y rentras le plus discrètement possible et regardas le rayonnage des foulard, mais il n'y avait pas la couleur que tu cherchais. Tu en ressortis avant même qu'une vendeuse n'ai le temps de t'aborder. Tu poursuivis ta recherche tandis que dans les rues, de plus en plus de personnes affluaient. Avec ton accoutrement tu passais inaperçu, surtout que tu avais coincée ta queue féline dans ton pantalon. Ce n'étais pas du tout agréable, très inconfortable même, mais c'était un petit sacrifice qui ne durerait que le temps de ta présence en ville.

Tu rentras dans un nouveau magasin et là, jackpot, dans le rayonnage des foulards, de loin tu repéra la couleur orange. Certes, en t'approchant tu remarquas les différences, mais si la couleur était respectée ... Tu le saisis et fila vers la caisse. Evidemment, la vendeuse ne pu s’empêcher de te poser des questions. Tu te contenta d'inventer une histoire, disant que tu achetais un cadeau pour ta maîtresse et évidemment avec ta gueule d'amour, la jeune femme fondit. Elle trouvait ça trop mignon, comme le porteur du cadeau d'ailleurs. mais tu ne t'éternisas pas. Une fois dehors, direction la forêt au plus vite, tu ne tenais pas à traîner trop longtemps en ville.

Une fois à l'orée du bois, tu ôtas la capuche et libéras ta queue féline, il était temps, elle commençait à te faire mal. cette dernière était jaune zébrée de noir. Elle te servait surtout pour ton équilibre surtout lorsque tu sautais ou changeais brusquement de direction. Tu tenais dans ta main le foulard, pas de papier cadeau, tu n'avais pas vraiment eu le temps pour ça. Et puis, c'était un geste surtout pour la lionne qui avait fait bien des sacrifices pour t'aider. Tu ne courras pas pour rentrer cette fois-ci, tu prenais le temps d'apprécier ce moment de liberté sans inquiétude. C'était agréable de ne pas se dire qu'il faudrait subir les ordres de quelqu'un d'autre.

C'était la fin de mâtinée lorsque tu grimpas sur la façade pour rejoindre la chambre de Djena. En rentrant de nouveau à l'intérieur, tu constatais que la lionne dormait toujours, mais elle s’était tournée et tu voyais son visage endormie. Tu refermas la fenêtre discrètement et enlevas tes chaussettes mouillées. Tu rangeas ensuite un peu ton lit improvisé et tes affaires. Tu retournas ensuite auprès de la lionne. Tu t'étais à croupie au niveau de son visage et tu souriais, décidément elle avait un bon sommeil. Cela t'amusait un peu. Tu savais que ce que tu t’apprêtais à faire provoquerait sans doute ses foudres, et bien tampi, tu vivais déjà de façon risquée. Les oreilles félines de ta comparse attirèrent ton regard et tu te penchas alors pour mordiller doucement l'une d'elle, tout en murmurant pour ne pas trop la brusquer un "Bonjour la Belle au Bois Dormant". Tu perçus des grondements ce qui ne t'étonna guère, puis ses paupières bougèrent légèrement sans s'ouvrir encore.

- J'ai quelque chose pour toi. Réveilles-toi, Djena.

Le foulard toujours en boule dans ta main, tu plaças cette dernière devant le visage de la lionne, le dépliant pour le tenir entre ton index et ton pouce. Tu attendais de voir sa réaction, excité comme un enfant.

Le visage de la lionne sembla s'illuminer tant il exprimait de joie à la vue du foulard que tu tenais toujours entre tes doigts. Ton sourire disparu alors que tu la fixais. Elle était magnifique et tu ne le remarquais vraiment qu'à cet instant unique. Mais tu n'eus pas plus de temps pour t'en émerveiller.

_ Merci !! Il est magnifique !

Djena bondit sur toi, surpris, tu tombais à la renverse, cette dernière à présent assise sur toi. Tu sentis alors un contact auquel tu n'étais pas habitué. Elle était en train de frotter sa joue chaude contre la tienne un peu plus froide à cause de la température extérieure. Ton cœur loupa un battement et une chaleur inhabituelle t'envahis. L'Apothéose, ce fût lorsque tu sentis sur ta joue, un simple baiser. Ton cœur se mit à battre un peu trop fort au point que tu te demandais si la lionne ne l'avait pas senti ou entendu. Puis elle repris place sur son lit, te libérant. Tu te levas alors, frottant l'arrière de ta tête dans un geste un peu gêné. Où était le fier combattant face à une scène aussi touchante ?

_ Il a du te coûter une fortune, si tu ne l'as pas volé ! Et... Et comment tu as fais d'ailleurs ?

Son sourire t'étonnas encore et tu ne la quittais pas des yeux. C'est comme si tu le photographiais dans ta tête pour y rester graver. Tu souris alors en reprenant contenance. Faut que tu te reprennes un peu Logan, c'est toi qui l'a voulu, non ? Lui offrir ce cadeau.

- Je voulais pas en voler un parce que je voulais pas qu'il ai l'odeur d'une autre et parce que au moins il est en excellent état, tu pourras le garder longtemps. Tu sortis ta bourse de ta poche. J'avais récupéré ça au ludus, un pourcentage sur mes victoires passés et je ne te dirai pas ce qu'il m'a coûté, coquine, c'est un cadeau, non ? Tu replaças ta bourse là où tu l'avais prise avant de poursuivre. C'est simple, je suis aller dans un magasin en prétextant l'offrir en cadeau à ma maîtresse, les vendeuses étaient toutes émoustillées, il en faut pas beaucoup pour les humaines. Elles imaginent facilement des romances impossibles entre un hybride et une maîtresse. Un cliché quoi, mais si facile à duper.

Tu observas amusé ta comparse frotter le foulard contre sa joue, son odeur hein ? Tu te rendis alors compte d'une chose et ta main se posa sur ta joue où elle avait frotter la sienne. décidément, cette lionne te surprendrait toujours. Cette dernière venait de bondir vers le miroir au-dessus du lavabo et avait déjà mis le foulard autour de son cou. Elle s'admirait, certainement pour voir ce que ça donnait.

_ L'autre était foutue... Je pensais pas que... Enfin, tu n'étais pas obligé de m'en trouver un nouveau. L'autre, datait de mon enfance, c'était un cadeau de sœur Fabiola.

- Je sais mais ça me fait plaisir, moi aussi je tiens à un objet, je n'aimerai pas le perdre. Bon, il est différent du dernier mais j'ai réussi à te retrouver la même couleur.

Tu te demandais qui était Sœur Fabiola et surtout pour quoi le "Sœur" devant le prénom ? C'est une chose qui t'échappais, mais tu n'avais pas le courage de demander à Djena qui semblait tout à son bonheur pour le moment. Elle se tourna enfin vers toi, son sourire ne quittant pas ses lèvres, encore une fois, une belle image dans tes souvenirs.

_ Alors ? Il me va bien ? Pas de regret ? Ahah !

Tu pris un nouvel air gêné parce que au fond, tu la trouvais vraiment belle en ce moment et elle portait le foulard que tu lui avais offert. Y avait pourtant pas de quoi fouetter un chat, tu avais juste offert ce cadeau à une amie, Djena était ton amie à présent, c'est ça l'amitié. C'est chaleureux. Mais un doute subsistait dans ton esprit, toi qui n'étais pas habitué. Quelle est donc la différence entre l'amitié et l'amour ? Trop tôt pour se prononcer sans doute ...

- Tu ... tu es très jolie donc non je ne le regrette pas. Et puis tu sembles heureuse, c'est le principal. Tu perçois alors des gargouillements d'estomac affamé. C'est le tien ou le mien ?

Et là tu exploses de rire. De toute façon, vu l'heure avancée, il est temps de vous restaurer. Après ce magnifique souvenir que vous venez de vivre, il faut bien avancer. D'autres aventures vous attendent et l'une d'elles surtout demande préparation et ventres pleins.

Djena ? Tu es vraiment sûre de vouloir venir avec moi pour mon père ? Je ne veux pas que tu prennes des risques inutiles ...

Tu étais redevenu sérieux, mais c'est un sujet qui t'avais travaillé toute la nuit. La veille, votre escapade aurait pu vraiment mal tournée, vous aviez eu de la chance, mais là le coup que vous prépariez était plus dangereux encore. Il y aurait foule dans l'arène souterraine et surtout beaucoup de moyens pour vous arrêter. Tu fixais le regard doré de ta nouvelle amie et elle pourrait aisément y lire une certaine inquiétude.