Nos Souvenirs ne sont que des plaies ouvertes [Sarika]
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Dim 19 Nov - 11:00
Alors que la louve rentrait par les ruelles, esquivant les gens, elle ressentit une envie de revoir le ciel, l'immensité. Elle se hissa alors sur les toits depuis une échelle et découvrit alors la ville, jungle urbaine grouillante, grise. Son coeur se serra devant la masse, l'espace si longtemps oublié. Son âme vibra un instant, ressentant la vie, le monde. Elle pensa alors à Ezekiel, qu'elle avait laissé un peu plus tôt et sentit au fond d'elle ce qu'elle désirait vraiment. Oui elle voulait le revoir ! Il fallait qu'elle se sorte de ce merdier, qu'elle sauve ce qu'elle avait à sauver. Point.
Elle admira un instant les toits offert à ses yeux puis le peuple allant et venant, fourmis offertes aux caprices des dieux. Elle eut un sourire et elle posa sa main contre sa poitrine à l'emplacement de son coeur, le sentant battre comme si cette vue réveillait en lui de vieux souvenirs et des besoins trop longtemps réprimés. Oui il fallait qu'elle se sorte de son enfers personnelle, qu'elle essaie, qu'elle réussisse. Elle déglutit alors que la brise se levait, lui arrachant un frisson. Elle voulait être forte. Pour lui, pour ceux qu'elle aime.
Elle expira puis redescendit non sans avoir avant admirer une dernière fois le paysage, sentant ses forces reprendre. Au fond elle remercia le Berger et sa nourriture qui devait surement ne pas y être pour rien. Un vrai repas, ça vous requinquait un homme ! Elle continua sa marche jusqu'au cirque et y entra, désireuse de rejoindre sa roulotte en évitant les membres du cirque mais au détour d'une tente, elle se retrouva face à celle qu'elle désirait le moins voir.
Face à face, à quelque centimètres à peine l'une de l'autre, son regard tomba sur celui de Sarika et d'instinct, ses oreilles se plaquèrent en arrière et un voile sombre se posa dans ses yeux pouvant autant ressembler à de l'animosité qu'à du chagrin, se mêlant en un flot d'émotion indescriptible. Les yeux de la louve se plissèrent comme pour jauger la femme et elle se recula, remettant de la distance entre elle, sa mâchoire se crispant alors qu'elle conservait un contact visuel, soutenant son regard.
Il y aurait eu tant de choses à dire mais les souvenirs étaient encore frais, douloureux pour la louve et elle se doutait que cela l'était encore plus pour celle qui était face à elle. Que pouvait-on dire à celle que l'on avait maltraité sous les ordres d'un tyran ? Pardon ? Cela lui semblait tellement ridicule, futile.... Et puis de quoi devait-elle s'excuser ? D'avoir demander à prendre la place de Vladimir afin d'épargner le maximum de souffrance qu'elle aurait pu recevoir de lui. Servir de tampon au risque de perdre à jamais cette amitié qu'elle chérissait, la transformant en une colère sourde et en une haine indélébile pour celle qui avait subi ses coups et ses bassesses ?
La louve soupira et releva la tête en un mouvement de dédain, rompant le contact visuel, tournant les yeux vers sa roulotte, se détournant de Sarika comme on le ferait d'un obstacle. Peut être qu'au fond c'était ce qu'elle était. Un obstacle, un poids qui lui pesait sur l'âme quoi qu'elle tente de se dire. Les faits étaient là qu'elle le veuille ou non. Elle l'aimait sincèrement. Elle aurait voulu aussi la sauver de lui.... Mais comme le reste elle avait échoué. Elle n'était qu'un autre échec qui pourtant lui faisait face et cela lui faisait mal. Alors quoi de mieux que se fermer à ses sentiments. Encore une fois.
Elle s'avançait vers sa roulotte, son poings se serrant dans ses chairs, son regard fixant un point dont elle se foutait éperdument tellement ses émotions la secouaient. Sarika avait le don d'éveiller en elle trop de choses, beaucoup trop de sentiments. Mais pourtant elle le savait, un jour il faudrait s'y confronter... Après tout ne voulait-elle pas sortir de son merdier ? Faire un effort. Elle s'arrêta en milieu de chemin, se plantant les pieds dans le sol, serrant les dents. Mettre son orgueil et ses douleurs de côté et affronter le jugement trop longtemps repoussé de la mouflonne. Cela lui retournait les tripes, lui donnant envie de rendre le repas fraichement acquis mais elle déglutit tant bien que mal et lança sans même se retourner, plus fort qu'elle ne l'aurait voulu.
"Si tu veux me pourrir... je serais à ta disposition ce soir sous le chapiteau !"
Puis elle reprit sa marche et entra dans sa roulotte, ne prenant même pas le temps d'écouter sa réponse. Qu'importe qu'elle soit positive ou négative, elle s'en foutait.... quoique. Elle le saurait le soir même, voilà tout..... Elle referma la porte et sentit ses membres trembler et se laissa glisser au sol en prenant sa tête entre ses mains, se demandant alors ce qu'elle foutait. Elle qui voulait se tirer de ses souvenirs, venait de proposer à un monceau de son passé de revenir la hanter ce soir. Même si c'était pour avancer, elle savait d'ors et déjà que le pire était à venir. Tout son être le savait, son coeur se serra à lui en faire mal, son ventre semblait désirer rendre tout ce qu'il contenait et son esprit repartit pour une nouvelle séance de souvenirs ignobles aux côtés de son tortionnaire. Finalement même loin d'elle, il pouvait encore l'atteindre, c'était ça le pire. Où qu'elle pose le regard il revenait, encore et encore.
"Va-t'en !"
Supplia-t-elle, se roulant en boule. Il fallait qu'elle le sorte de sa tête. C'était vital ! Mais il revenait comme un fantôme, sa voix la caressant comme la brise, la chaleur de sa peau la réveillant la nuit. Il était son insomnie, sa drogue. Elle grogna et se releva, en colère contre elle-même et se mordit le bras avec force. La douleur. Douce délivrance qui chassa ses réminiscence au profit d'une sensation réelle. C'était si bon de sentir sa tête faire de la place au monde réel, aux réactions de son corps, à cette souffrance bienfaisante. Elle serra encore jusqu'à ne ressentir plus que ça, rien d'autre puis relâcha son bras, découvrant une plaie ouverte, profonde et se dirigea vers la salle de bain où elle entreprit de se soigner, ôtant ses vêtements dévoilant d'autres plaies semblables. Elle avait honte de voir ce corps ainsi malmené mais elle n'avait pas trouvé d'autres remèdes. La drogue n'était plus là et seule la souffrance lui permettait de s'échapper. Enfin la souffrance et un hybride tout juste rencontré. Elle frémit et grogna, chassant le regard rougeoyant de celui qui était entré dans sa vie sans prévenir.
Puis elle alla lire, essayant de se distraire jusqu'à ce que la nuit tombe et que le cirque se calme, ignorant les sons des spectacles et encore moins les animations du réfectoire dont elle boudait les repas, préférant de loin se nourrir par elle même, méfiante envers ses congénères. Pourtant une fois le calme retombée, elle enfila une veste sur son sweat se doutant de la fraicheur de la nuit et sortit, se dirigeant vers le chapiteau désormais abandonné, réunissant son courage de son mieux, sentant en elle, ses craintes poindre inexorablement même si elle n'en laissait rien paraitre.
Hybride F - DW Fou
Sarika
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Dim 19 Nov - 12:13
Sarika se faisait un peu plus discrète ces derniers temps, sa connerie lui avait valu une belle remise au point qu'elle n'était pas prête d'oublier. Comment oublier qu'elle avait du braquer elle-même, un pistolet sur sa tempe et tirer ? Une chance sur six d'en mourir...Elle n'avait jamais eu aussi peur de toute sa vie. Car c'était la première fois qu'elle subissait un danger de mort aussi imminent, même Raziel ou Vladimir ne lui avaient jamais fais cela. Eux, c'était la peur sur la durée et de ce qu'ils pourraient lui faire subir quand ils revenaient...En tout cas, c'était un nouveau cauchemar qui s'ajoutait aux autres dans ses nuits parfois encore mouvementées.
Surtout qu'en ce moment, elle en était encore aux apprentissages avec Thorne...et c'était lui qui l'avait forcé à le faire. Elle n'était donc pas vraiment à l'aise avec lui, comme au tout début. Mais elle travaillait, très dur, pour qu'il n'ait rien à lui reprocher. Ce jour-là, ils avaient travaillé en extérieur et comme d'habitude ces derniers temps, elle avait écouté, travaillé silencieusement mais elle était contente de pouvoir rentrer. Elle détestait tellement les tortures...elle avait hâte de changer de professeur. En rentrant assez tard, elle était juste allée changer son haut à sa roulotte car il y avait quelques tâches de sang dessus et elle ne comptait pas aller manger ainsi. Une fois le changement fait, elle se dirigea vers la tente self pour rejoindre les garçons qui devaient déjà manger, quand elle tomba nez à nez avec Lorelaï. La seule personne dans tout le cirque qu'elle ne voulait surtout pas voir.
Sarika se figea instantanément, sur la défensive, se préparant à recevoir des mots assez crus comme lors de leurs retrouvailles. Mais face à elle, la louve plaqua les oreilles en arrière et...recula, tout en la fixant. Elles se fixaient, droit dans les yeux, sans un mot, et elle ne comptait pas lâcher face à son ancienne amie. La voir là, face à elle, ce regard qui semblait si haineux, lui rappelait bien trop de souvenirs. Des souvenirs qu'elle pensait avoir repoussés dans un coin...Mais non, ils étaient toujours là, bien fort, bien vivants. Et déjà qu'elle était pâle à cause du travail de la journée, son face à face, même muet avec Lorelaï n'arrangeait rien.
Finalement, la louve s'éloigna puis lui lança une étrange invitation. Sarika n'eut pas le temps de répondre et ne savait même pas si elle voulait y aller ou pas, que la demoiselle s'était enfermée dans sa roulotte. Elle fixa un moment la porte, surprise de cette proposition inattendue et assez chamboulée pour ce qui venait de se passer et des souvenirs qui remontaient. Elle réussit à se forcer à bouger, ruminant les mots de Lorelaï jusqu'à la tente self et même tout du long du repas après s'être laissée tomber à côté de Sétith. Elle ne mangea pas beaucoup, ayant perdu l'appétit. Devait-elle y aller ? Devait-elle l'ignorer ? D'un côté, elle avait besoin de vider son sac, de lui dire à quel point elle lui en voulait, à quel point, elle la détestait et aussi d'obtenir des réponses...Mais d'un autre côté, elle savait qu'elle n'apprécierait pas les réponses, qu'elle serait mal pour un moment par la suite.
C'est au dessert qu'elle prit sa décision, alors qu'elle grignotait à peine ce qu'on lui avait donné. Elle ne savait même pas ce que c'était, trop perdue dans ses pensées. Elle devait y aller ! Elle aida à débarrasser la table puis laissa Sétith retourner seul à la roulotte avec comme excuse : - Je te rejoins, j'ai encore quelque chose à faire...
Il demanda alors si c'était pour le boulot et elle hocha la tête...détournant les yeux, parce qu'elle détestait lui mentir. Et encore plus lire dans ses yeux qu'il savait qu'elle mentait. Mais pour l'instant, elle ne voulait pas lui en parler. Peut-être plus tard... Elle le laissa alors partir pendant que de son côté, elle rumina alors que le soleil se couchait. Elle finit par prendre son courage à deux mains et se diriger vers le chapiteau. Elle était là. Comme elle l'avait. Sarika avança sous le chapiteau, fixant la louve sans un mot, jusqu'à la rejoindre sur scène. Elle la regarda de haut en bas, un éclat de dégoût passa dans son regard, suivit par de la pitié. Oui, voila ce qu'elle ressentait pour son ancienne amie, pour cette traitresse, du dégoût, de la pitié, mais aussi de la rancœur. - Je constate que tu sais toujours tenir ta parole.
Un ton neutre presque glacial. C'était tout ce que méritait cette fille. Pas plus. Mais pourtant, elle savait que la colère n'était pas loin, continuant de bouillir dans un coin, prêtre à s'échapper à la moindre fêlure dans sa boite. - Tu es...pathétique. Pitoyable même à voir...Tu as vu à quoi tu ressembles ? Tu te plais dans cet état là ?
Des questions directes prononcées sur un ton toujours aussi glacial, mais après tout, Lorelaï ne montrait aucune volonté de changer, de devenir plus forte ou même meilleure. Non, elle restait la pitoyable chose de ce sale type.
- Au final, ça te plais de n'être que sa chose, n'est-ce pas ? Un vulgaire jouet et rien de plus. Pourquoi ne retournes-tu pas à ses côtés ? Ici, tu ne sers à rien, qu'un objet trop encombrant.
Bon Esteban lui avait expliqué la raison de la présence de cette louve, mais cela ne l'empêchait pas de la penser inutile tout de même. Et surtout, elle n'aimait pas la savoir au cirque, dans sa nouvelle maison et auprès de sa nouvelle famille. Elle était sure que Lorelaï allait chercher quelque chose pour leur pourrir la vie, bien que sa présence était déjà amplement suffisante pour cela.
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Dim 19 Nov - 13:02
La louve se tenait sous le chapiteau, observant les gradins en silence, droite, les oreilles en arrière comme souvent. Depuis longtemps elle avait adopté cette posture de retrait, détachée comme si tout glissait sur elle sans l'atteindre, le regard lointain. Pourtant une de ses mains tenait son bras, le serrant par à coup, ses ongles cherchant la chair au travers du tissus en un geste rassurant, familier. Ce besoin de se sentir encore là, vivante.
Un son lui signala la présence de Sarika et seuls ses oreilles bougèrent, suivant son mouvement sans qu'elle ne s'agite dans sa contemplation des lieux. Elle avait fait l'effort de l'inviter, désormais elle laissait la main à la mouflonne, ne la regardant même pas. Au fond elle n'avait pas besoin de voir son visage, elle savait à quoi il ressemblait et la tête qu'elle faisait. D'ailleurs elle connaissait la pensée de cette dernière à son égard et il fallait bien admettre que cela l'arranger aussi déroutant que ce soit.
Les premiers mots claquèrent, rompant le silence des lieux et la louve daigna enfin posé son regard froid sur elle, lointain. Sa meilleure défense. Elle lâcha son bras car ce soit, elle allait devoir surement encaisser bien plus douloureux que ses morsures et ses griffures et d'un côté cette pensée lui arracha un sourire. Depuis quand était-elle devenue aussi accro à la souffrance ? Ce besoin d'expier tout ce qu'elle éprouver à grand renfort de violence et de coups. La réponse était simple, depuis Vladimir. Son foutu orgueil qui l'empêchait d'évacuer ses émotions auprès d'un autre et ses larmes qui ne l'avaient jamais apaisée vraiment l'avaient acculé vers des méthodes plus extrêmes, plus efficaces. Elle répliqua avec bien plus de neutralité que sa compagne, son ton n'étant ni froid ni chaleureux, juste un murmure soufflé.
"J'essaie."
Pourtant sa posture restait droite, de trois quart, son visage lui faisant uniquement face, son regard posé sur le sien, détaché comme si elle ignorait tout d'elle. Pourtant au creux de ses prunelles plus sombre que d'ordinaire, les émotions se chamboulaient avec fracas. Sarika était devenue plus forte, à n'en pas douter. Elle avait su remonter la pente même si elle percevait encore ses blessures, leurs blessures qui les liaient ensemble. Au fond Lore était rassurée de la savoir bien en ce lieu qu'elle-même méprisait. L'hybride reprit, sortant la louve de ses réflexion, lui faisant alors part de son point de vue.
La louve encaissa ses propos, sans ciller, le regard baissé sur elle, toujours aussi tranquille même si intérieurement cela ne faisait que renforcer la blessure ouverte. Oui elle le savait qu'elle n'était qu'un animal estropié, elle ne pouvait le nier. Pourtant.... Tout le monde ne la pensait pas ainsi... Ezekiel... Ezekiel avait dit qu'elle gardait une part de la louve qu'elle était... Peut être avait-il menti, peut être pas.... En tout cas, elle ne lui répondit pas tout de suite, la laissant poursuivre, sentant qu'il lui restait du venin à cracher, la laissant vider une partie de ce sac trop longtemps rempli.
La suite ne se fit pas attendre et elle aborda un point sensible que la louve esquivait depuis un moment. Ses sentiments envers Vladimir. Cette fois un frisson la secoua et une réaction se fit. Ses prunelles se plissèrent et ses oreilles se couchèrent se plaquant sur son crâne. Vladimir.... Le sujet à ne pas aborder pour Lore. Sa mâchoire se crispa alors qu'elle réfrénait intérieurement ses émotions. Ne pas céder. Il ne fallait pas. Le silence s'installa un court moment, la louve étant bien plus du genre à répondre à chaud. Elle tentait de contrôler sa voix et sa rancœur, posant sur Sarika un regard désormais dur. "Merci de m'informer de ce que je vois quotidiennement dans le miroir. Je n'ai pas eu besoin de toi pour jauger de ce que j'ai l'air."
Puis elle souffla et reprit sur le même ton cinglant. "Tu ne devrais pas juger de ce que tu ignores. Au moins je ne change pas de tortionnaire pour en prendre d'autres sous prétexte qu'ils me présentent un soit disant foyer."
La louve venaient clairement d'insulter le cirque, ce ramassis d'ordures qui sous couvert d'être des hybrides et d'agir pour eux, se révélait juste être des connards qui voulaient façonner les autres à leur vision. La louve n'était pas du genre à accepter cela. Les années avec Vladimir n'avaient pu détruire son orgueil et sa fierté tout autant que son amour de la vie alors ça n'allait pas être des marioles qui allaient prendre le relais, non merci.
"Le seul mérite qui leur revient est de t'avoir relevé."
Voilà là, la seule chose dont elle pourrait leur être reconnaissante. Mais elle venait de partir sur un sujet qui allait peut être risqué de déraper étant donné qu'elle et Vladimir étaient les origines de sa déchéance. Pourtant, Lorelaï venait de lui ouvrir la voie, celle de dire le fond de sa pensée et d'ailleurs elle s'autorisa même à lui faire face, la jaugeant en silence avant de relever les yeux pour les plonger dans les siens en lançant.
"Mais on est pas là pour parler du cirque n'est-ce pas ? Allez Sarika, balance moi tout. Ça fait si longtemps que tu attends ça. Esteban t'a retenu la dernière fois, là je t'offre une chance unique. Personne n'est là pour entendre tout ce que l'on sait, tout ce qui est inscrit dans nos chairs."
Un nouveau frisson traversa la louve alors que sa voix se faisait plus profonde et son regard plus intense. Ces émotions se mêlaient et ses souvenirs remontaient. Elle venait de prendre la voix qu'elle avait lors de certains de leur jeux, celle qui invitaient toujours la mouflonne à s'exprimer, à lutter sans barrière. Lorelaï sentit l'ambiance changer et d'instinct ses muscles se contractèrent. Furtivement une esquisse naquis aux coins de ses lèvres, les relevant, mutine. L'une comme l'autre, la tempête couvait. Un besoin primaire de se heurter, Lore le sentait, ses craintes refluaient aux souvenirs heureux de son contact avec Sarika puis de l'entrée en scène de Vladimir et de ses jeux. Elle n'attendait que ça au fond. La vengeance de son amie, sa si chère amie. Le pardon ne pourrait surement jamais être donné mais la louve comptait au moins offrir à celle qu'elle avait aimé la possibilité de refermer au moins ses plaies. Et cette idée la rendait heureuse, aussi idiot que ce soit.
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Sarika
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Dim 19 Nov - 14:22
Face à Lorelaï, Sarika avait l'impression de se retrouver face à ses vieux démons. Tout ce qui la hantait et qu'elle essayait tant bien que mal de repousser, de détruire...Les frères l'avaient aidé pour de nombreuses choses, notamment ses phobies ou même ses diverses craintes. Elle se sentait plus forte. Elle se sentait prête à affronter cette louve et tout ce qu'elle ferait resurgir en elle. Après avoir déversé un peu de sa rancœur, la surface seulement, Lorelaï commença enfin à répondre. Et sa première réponse tira un sourire amusé à la mouflonne, bien que tout le reste de son visage restait glacial. Le ton cinglant ne la dérangeait pas, par contre ce fut la suite qui la dérangea. Les critiques envers le cirque, envers les frères. Elle fronça les sourcils.
- Je te retournes ta remarque, ne juges pas ce que tu ignores ! Tu ne connais pas les frères, tu ne sais pas qui ils sont ou ce dont ils sont capables. Ni même leurs projets. Tu ne sais absolument rien comme d'habitude ! Mais j'imagine que tu vas écouter encore une fois pour tout rapporter à ton maître, comme le bon toutou que tu as toujours été ?
Ses poings se serrèrent alors que son ton s'était fait dur. Elle ne supportait pas qu'on critique ou qu'on insulte le cirque. Ils avaient tellement fait pour elle et désormais, ils comptaient énormément. Tous. Même l'un d'eux avait tendance à souvent l'effrayer. Et elle serait prête à la défendre, qu'importe contre qui ! Ce n'était pas cette vulgaire louve qui allait lui faire peur. Et quand son interlocutrice continua à parler, elle n'eut qu'un petit rire ironique avant de répondre :
- Ta mémoire te fais défaut ? As-tu déjà oublié qui m'avait mise dans cet état ? Tu n'es pas innocente ! Tu es autant un bourreau que Vladimir ! Et pour moi, tu l'as même été bien plus que lui ! Je n'ai jamais oublié tout ce que m'as fait, toutes les traces que j'ai obtenu, à cause de toi !
Sa voix montait dans les tons, sa colère commençait à filtrer et à prendre sa place dans ce tête à tête. Et elle n'arrivait pas à la maitriser. Mais en avait-elle seulement envie ? Non. Elle voulait faire face à la louve, lui balancer à la figure tout ce qu'elle avait subi par sa faute, combien elle en avait souffert ! Toutes les marques visibles ou non qu'elle lui avait laissé. Elle ne pourrait jamais rien oublier même si Esteban lui disait que c'était du passé, qu'elle avait eu une renaissance en obtenant sa pièce. Ce n'était pas aussi facile. Et puis, la remarque suivante de Lorelaï fut l’apothéose pour Sarika. Cette voix ! Elle la reconnait entre toutes ! Cette fameuse voix qui l'avait hanté des nuits durant, qui lui avait causé des insomnies, habitant jusqu'à ses cauchemars quand elle revivait chaque souvenir, chaque scène. - Connasse !
Ce mot était lâché comme un cri du cœur. Comme si c'était sa colère qui s'exprimait pour elle. Mais après tout, elle la détestait, elle lui en voulait tellement pour cette trahison, toute cette souffrance qu'elle lui avait infligé ! Mais il ne se passa même pas une seconde entre son insulte et son action. Elle se jeta sur la louve, bien décidée à lui faire comprendre sa souffrance, à lui faire ravaler ses mots ! Elle l'attrapa par la veste de sa main gauche, cherchant le col mais tant que ses doigts se refermaient sur le tissu, cela lui suffisait. Sa main droite se ferma alors en un poing qui chercha à venir s'écraser sur le visage de la louve.
- Je vais te tuer, Lorelaï !
Un cri de rage, voila ce que c'était. Et elle ne se contrôlait pas, cherchant juste à lui fracasser le visage, à lui transmettre toute la souffrance et la tristesse accumulées au centre. Elle se vengeait de la seule manière qu'elle connaissait et parce que Lorelaï avait utilisé cette fameux voix qu'elle ne supportait plus !
Dernière édition par Sarika le Dim 19 Nov - 15:28, édité 1 fois
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Dim 19 Nov - 15:13
Elle vit l'hybride réagir à ses propos, fronçant les sourcils et répliquant avec une dévotion proche du fanatisme un discours significatif sur le niveau d'embrigadement de ce prétendu "cirque". La louve la toisait désormais avec mépris, écoutant sa litanie saupoudrée d'une pointe de reproches qu'elle reçut sans ciller. Allons bon, voilà le retour des plaintes sur ce qu'elle avait fait pour Vladimir. La louve au fond ne le prenait pas personnellement, après tout elle n'avait pas eu réellement son mot à dire. Risquer de sacrifier une famille entière pour Sarika, c'était le choix que Vladimir avait posé. Lorelaï avait eu des décisions à prendre et elle les avait prises. Aujourd'hui l'un de ses choix venaient lui cracher à la figure mais au fond la louve savait que si c'était à refaire elle le referais.
"Non je n'en sais rien et ça ne m'intéresse nullement. Et Vladimir saura ce que j'ai envie de lui dire mais ne m'encourage pas à vouloir mettre ta bande de joyeux lurons sur la sélecte...."
Sa réplique avait était maitrisé, froide et très claire. La louve ne comptait pas informer son tortionnaire que le cirque était surtout un joyeux gros pustule d'hybride sauvages qui attendaient d'être cueilli. Elle savait déjà ce que Vladimir était capable de faire et elle l'imaginait déjà les torturer à petit feu en les brisant l'un après l'autre et même si elle ressentait un plaisir immense à l'idée de voir la sale petite tronche de Sétith se tordre de douleur, ce n'était pas dans ses intérêts. Et puis au fond elle savait que la réalité serait bien plus immonde que son simple petit fantasme d'orgueil.
Sarika répliqua à sa dernière remarque, ne prenant pas son propos comme un compliment, enchainant dessus avec hargne. Là encore la louve ne se laissa pas démonter, encaissant une nouvelle fois ses propos sans ciller. Elle continuait de l'observer, comprenant que cela ne menait à rien. Des paroles, des paroles.... La louve ne prenait aucun plaisir à cet échange ou seul les plaintes tombaient. L'une comme l'autre, aucunes ne voulaient écouter ou comprendre. Elles se retranchaient, se feuler dessus à la manière de deux chats en colère. Alors la louve lança la première pierre.
Elle savait que sous cette peau neuve qu'elle arborait fièrement, vivait encore cette mouflonne qu'elle avait détruite sous les ordres de Vladimir. Un regard, un ton et tout explosa. Sarika bondit sur elle, la saisissant au col, levant le poing pour l'abattre sur son visage mais la louve se lança au contact, esquivant le coup en poussant un grondement animal. Sa tête alla à l'assaut de sa gorge découverte alors que ses bras tentaient d'immobiliser les possibles coups de son adversaire. Elle n'entendit pas le cri et les mots de Sarika, son instinct la poussant à agir en priorité. Elle balança tout son maigre poids sur la mouflonne dans le but de l'envoyer au sol dans un chaos de bras et de jambes, essayant de saisir sa gorge pour l’étouffer, lui lançant de joyeux coups de pieds à l'aveuglette dans cette étreinte particulière.
Un coup la força à lâcher sa prise lui arrachant un grognement de douleur et elle repoussa l'hybride, reprenant de la distance pour reprendre son souffle, les dents découvertes, adoptant une posture accroupie, se tenant prête à esquiver ou à passer à l'attaque. Elle avait l'air d'un animal, les pupilles rétrécies, oreilles plaquées contre son crâne alors qu'un grondement d'avertissement résonnait dans sa poitrine, sourd. Sa veste était à moitié déchirée et elle l'ôta prestement, restant en sweat au risque que ce dernier se soulève et dévoile les traces de morsures qu'elle s'était infligée autant que les cicatrices diverses et variées offertes par Vladimir en guise de punition. Au fond son corps la répugnait bien plus pour ce qu'il inspirait aux autres que pour ce que ça lui rappelait. D'ailleurs un des coups de Sarika avait touché un de ses morsure à la cuisse, rouvrant la plaie qui commençait déjà à teinter de sang le jogging qu'elle portait. La louve cracha et toisa la mouflonne en lançant. "Je croyais que tu voulais ma mort. Qu'est-ce que tu fous ? Allez viens."
Un sourire étira les lèvres sèches de la louve qui profitait de la provoquer pour prendre discrètement une poignée de sable, ajoutant de la même voix rauque, provocatrice.
"Soit une bonne fille, allez Sarika. Tu sais ce que tu dois faire."
Un nouveau jet pour lui rappeler ces moments odieux dans cette pièce exigüe. La pousser à attaquer pour lui balancer le sable en pleine tronche afin de la déstabiliser. La louve n'avait clairement pas l'avantage de la force ni même de l'endurance. Elle devait la fatiguer en évitant les coups car même si elle encaisser bien, la mort n'était pas dans ses désirs actuels. Sa priorité était son fils et pour le protéger elle allait avoir clairement besoin de sa vie. D'ailleurs c'était lui qui lui donnait l'envie de se battre, de survivre. S'accrocher pour le revoir, le protéger et le regarder grandir en sécurité. Il n'y avait que ça qui poussait la louve à se défendre avec hargne malgré son état, grondant, frappant, mordant tel un animal enragé. Son coeur battait à ses tempes, la douleur réveillait son être, la sonnant, attisant son désir de vivre. C'était excitant, addictif. Sentir les coups, y répondre. Plus de pensées, plus de souvenirs, juste l'instant présent et leurs souffle se mêlant quand elles se retrouvaient au corps à corps. La louve n'avait plus rien en tête que cela mais bientôt la fatigue lui fit commettre une erreur, donnant une ouverture à Sarika et sans parvenir à se défendre elle se retrouva au sol, bloquée et gronda de plus belle, se débattant de son mieux malgré l'épuisement. La louve souffla fort, repoussant la poussière de la place en laissant sa tête retomber au sol, comprenant sa défaite.
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Sarika
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Dim 19 Nov - 16:02
Sans réfléchir, Sarika s'était jetée sur Lorelaï. Pourtant, elle savait parfaitement qu'elle ne devrait pas. Mais elle en avait besoin. Un besoin vital. Extérioriser par les coups sa haine et sa souffrance, lui faire comprendre que tout était de sa faute. Oui, c'était nécessaire. Et cela lui faisait un grand bien.
Elle tentait de lui coller son poings dans la figure mais la louve réussit à l'éviter. Concentrée, elle vit venir les crocs vers sa gorge et n'hésita pas à lui donner un coup de genoux dans le ventre pour l'empêcher d'avancer plus. Au final, c'était un véritable capharnaüm, de bras et de jambes. Rien de bien contrôlés ou même visés, le but était juste de faire mal. Et même si elles roulaient dans le sable, chacune collait des coups à l'autre ou esquivaient comme elle le pouvait. Bien qu'elles pouvaient surtout parer. Sarika devait se libérer de cette étreinte, elle le savait, alors elle donna un grand coup de corne sur la main qui se tendait vers son visage.
Touchée. La louve se recula comme un animal acculé dans un coin de la scène. Elle l'observa longuement avant de laisser échapper un rire ironique, même si elle avait des traces de morsures et de griffures par endroit. Du sang un peu partout, le sien ou celui de la louve ? Aucune idée et elle ne s'en préoccupait pas. Elle était concentrée sur son adversaire.
- Regardes toi, Lorelaï ! Tu n'es qu'un animal ! Tu agis comme un chien ayant la rage !
Les mots et le ton provocateur. Elle aussi savait très bien le faire. Son ancienne amie n'avait pas le monopole là-dessus. Mais, il y en avait une qui avait plus d'armes que l'autre là-dessus...Et entendre à nouveau cette voix, ces mots la fit craquer à nouveau. Elle fonça droit sur Lorelaï, ayant une réelle envie de l'étrangler. - Je t'interdis de me dire ça ! Je vais te faire ravaler tes mots ! Espèce de...
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase. Alors que ses mains étaient tendus vers la gorge de son ennemie, elle lui jeta du sable dessus. La majorité lui arriva dans la bouche, la faisant se taire et tousser, une légère partie dans un œil qui se ferma aussitôt, et le reste se glissa dans ses vêtements. C'était tellement douloureux ! Son œil pleurait ! Elle tenta de reculer mais la louve lui fonça dessus, la renversant. Elle n'avait pas le temps de s'occuper de son œil, elle devait se défendre. Elle lui assénait alors des coups, tout en tentant de lui attraper les mains. Combien de morsures et de griffures allait-elle avoir par la suite ? Elle réussit à lui mettre un bon uppercut qui toucha le dessous de sa mâchoire, qui sembla la sonner un peu. Profitant aussitôt de l'occasion, Sarika saisit Lorelaï pour renverser la situation, se retrouvant dessus d'elle, à cheval, le souffle court, un œil fermé et pleurant, le visage crispé, et du sang par endroit qui n'était pas entièrement le sang.
Elle s'installa sur le bassin et en partie les cuisses de son adversaire, pour tenter de lui bloquer les jambes et lui plaquait les poignets au sol. On n'était jamais assez prudent avec ce genre de chien enragé...bien que la louve semblait à bout. Et maintenant qu'elle avait le dessus, qu'elle pourrait lui porter le coup fatal...Elle n'en fit rien. Elle observait Lorelaï.
- Je ne vais pas te tuer, Lorelaï. Regardes-moi. Ce ne sera pas pour aujourd'hui, ni même demain. Néanmoins, si tu te mets sur ma route, notamment quand je voudrais tuer Vladimir, je n'aurais aucun remord à t'éliminer par la même occasion, suis-je bien claire ? Tu n'es rien pour moi, qu'un bourreau de mon passé que je dois m'efforcer de l'y laisser.
Elle grimaça, son œil lui faisait atrocement mal, mais elle devait d'abord régler cette situation. Les soins attendront bien plus tard. - Tu sais quoi ? Évitons de se parler à l'avenir. Mais si tu me lances tes charmantes...piques, je vais faire comme si tu n'existais pas, mais il ne faudra pas m'en vouloir si je t'envoie mon poing dans la tronche si tu insistes...
Dans ses mots, on sentait sa volonté de tourner la page, de se tourner pleinement vers son avenir. Mais elle le savait qu'elle avait encore des souffrances, des cicatrices bien présentes qui lui faisaient parfois mal, et Lorelaï avait le don pour les raviver. Alors, même si elle essayait, elle ne pouvait pas être tout le temps parfaite donc oui, c'était un genre de menace pour la prévenir. Alors qu'elle s'apprêtait à lui relâcher les poignets, elle sentit quelque chose sous sa main gauche. Elle ne lui laissa pas le choix et lui remonta alors la manche. A quoi s'attendait-elle ? Elle-même était couverte de cicatrice, sa corne était la plus visible, mais tout son corps en était recouvert et son propre haut ne cachait plus vraiment celles sur ses bras...Mais elle n'en avait pas honte après tout. Même si elle apprenait encore à vivre avec et à s'accepter pleinement, elle ne se cachait plus.
Néanmoins, n'étais-ce pas une morsure récente celle-ci ? Et Sarika ne mordait pas. Elle soupira et se releva alors, lui tendant la main pour l'aider à se relever, surement qu'elle avait un peu pitié de la louve et de son état. - Jolies cicatrices...Je ne sais pas d'où viennent les plus récentes mais tu devrais te soigner. Notamment au niveau de ta cuisse. Ce serait dommage d'attraper une infection alors que tu t'es battue pour sauver ta vie...
Elle porta sa main libre à son œil gonflé, elle avait de plus en plus mal, et vraiment, cette soirée était du grand n'importe quoi. Mais étrangement, avoir mis des coups à Lorelaï lui avait fait un bien fou. Elle se sentait libéré d'un poids, bien qu'elle savait qu'il y en avait encore beaucoup d'autres.
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Dim 19 Nov - 17:09
Un chien... Sa réplique lui arracha un sourire narquois. Oui sans doute. Un chien maltraité, apeuré, battu qui se défend pourtant encore et encore, qui s'accroche faute de ne pas vouloir mourir. Même tranché une tête de loup peut encore mordre, elle espérait que ce soit vrai car alors, même morte elle pourrait encore tuer.
La mêlée se poursuivit, la louve se recevant des coups dont de nombreux aux flancs mais le pire fut surement l'uppercut qui la mit à terre, permettant à Sarika de prendre le dessus en l'immobilisant, mettant fin à la querelle. La louve tenta de se débattre mais ses forces l'abandonnaient. Elle se figea alors, posant son regard dans celui de son amie, vaincue avant qu'elle ne détourne la tête en soufflant, sa poitrine se soulevant rapidement alors qu'elle se calmait, le corps tremblant sous l'effort. Ses yeux se fermèrent, laissant le silence tomber. Ses pensées allèrent naturellement à son enfant, son garçon qu'elle chérissait tant. Le seul fils qu'elle aurait jamais et sa poitrine se serra. Elle déglutit et une larme lui échappa, bien malgré elle. La voix de Sarika retentit et la louve rouvrit lentement les yeux aux sons de ses paroles, tournant alors le visage vers elle, épuisée.
Tout ce chemin, toutes ses provocations et elle se débinait. La louve n'aurait su dire si elle était heureuse ou triste de ce dénouement. La mouflonne la privait de sa rédemption, de son échappatoire ultime et la sauvait en même temps de du déshonneur de ne pas accomplir ce pour quoi elle se battait. Loralaï n'avait pas d'autre choix que vivre, encore. Elle ne résistait pas à sa prise, l'écoutant en silence, son regard posé sur elle, usé par ses efforts, ses guerres incessantes. Personne ne savait et personne sans doute ne saurait. Son coeur se serra et elle referma les yeux, répliquant d'une voix faible. "Je me fous de ce que tu veux Sarika. Un seul être compte et je le protégerais quitte à en mourir. Tu n'es pas la seule à avoir des choses à régler avec lui."
La louve ravala sa salive, reprenant son souffle, ses côtes la lançant douloureusement. Elle serra les dents un instant, grimaçant et remuant la nuque en rouvrant les yeux, les posant sur l'hybride alors que la louve se laissait retomber mollement au sol, encaissant ses membres endoloris et sentant le sang glisser le long de plusieurs de ses plaies qui s'étaient rouvertes lors de leur bagarre, souillant ses vêtements. Pourtant elle essayait au mieux d'effacer toute trace de douleur, préférant laisser sa fatigue se voir alors qu'elle encaissait à nouveau les paroles de la mouflonne et cela lui arracha un sourire qui ressemblait bien plus à un rictus.
"Comme si cela ne t'avait pas démangé.... Admet-le, me casser la gueule te brûlait les entrailles... Si je ne t'avais pas provoqué, jamais tu aurais céder à cet appel...."
La louve sentait peu à peu la douleur se répandre à mesure que l'adrénaline disparaissait mais qu'importe, elle aimait cela. Elle avait besoin de ça. Sa douleur. Elle referma les yeux, savourant cela en entrouvrant la bouche mais Sarika l'arracha à son moment de plénitude en tirant sur sa manche, arrachant un grognement à l'hybride qui profita de son geste pour ramener son bras à elle, repoussant par la même occasion la mouflonne, le regard se faisant plus vif, menaçant, alors que sa congénère se relevait en soupirant. La louve détourna la tête et se redressa à son tour avec pas mal de difficultés, acceptant à contrecoeur cette main, sachant qu'elle n'aurait peut être pas la force d'y parvenir seule. Elle tenta de se stabiliser sur ses jambes tremblantes, souriant devant son allure ridicule et émit un léger rire devant l'absurdité de tout cela puis épousseta ses vêtements en écoutant Sarika. Elle posa sur elle son regard las avant de le dévier vers l'entrée du chapiteau, regardant le ciel un instant et répondit.
"Ce ne sont pas des cicatrices aussi récentes soient-elles qui me tueront ne t'en fais pas. Et je n'ai pas l'intention de mourir vu que tu ne sembles pas encore le vouloir."
La louve se redressa de son mieux, grimaçant, portant une main à son flancs, soulevant le sweat pour poser son bras sur son ventre, portant son regard sur Sarika, un regard lourd de chagrin et de regret, peut être le premier qu'elle pouvait voir. Elle aurait voulu lui dire pardon mais c'était juste impossible. Il y avait trop de chose à se faire pardonner et qu'elle regrettait, de choix qu'elle avait dû faire et que la mouflonne avait payé. Pourtant la louve aussi portait les marques de sa propre déchéance ne serait-ce que sur son corps. Les cicatrices pour la plupart encore fraiches, dû à la rage de Vladimir le soir où elle avait tenté de le tuer. Les séances de torture et de chair arraché avec soin. Rien n'était comparable à la souffrance mental. Rien n'était comparable à la marque qu'il avait posé sur son âme. Seule ceux qui en sortaient vivant savaient. Elles le savaient toutes les deux. La louve détourna les yeux de ceux de sa congénère et ses doigts se serrèrent sur son ventre et la plaie à son flanc. "Finalement tu as encore du chemin à faire mais tu débrouilles pas trop mal pour une herbivore."
Un sourire apparut sur ses lèvres. De l'humour en cet instant sonnait tellement étrange.... La louve soupira, faisant disparaitre son sourire et commença à s'avancer vers l'entrée du chapiteau en clopinant, se rattrapant à l'une des poutres en reprenant doucement sur un ton plus doux où perçait cette bienveillance passée.
"Allez va te faire soigner avant de perdre un oeil. T'aura besoin de les deux si tu veux le buter...."
Elle quitta alors le chapiteau, se dirigeant vers sa roulotte, satisfaite. La louve souriait malgré la douleur, malgré le chagrin pour la simple et bonne raison que son amie semblait désormais prête à avancer. Si rancune il y avait encore, cela ne l'handicaperait plus... Enfin le pensait-elle. Car si la louve était l’origine de nombreuses de ses plaies, son commanditaire n'était autre que Vladimir et pour l'abattre lui, Sarika aurait besoin de bien plus que ces petits bras et sa hargne....
Hybride F - DW Fou
Sarika
Age : 31
Multi-Compte : Eileen L. Allannah, Kioko, Juna Kavanez, Isako Towika, Hisae, Sarah et Camille Cimedroite
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Dim 19 Nov - 20:41
Ce tête à tête avec Lorelaï avait fait un bien fou à Sarika, même si là, sur le coup, elle avait mal de partout, et tout particulièrement à son œil. Elle avait un besoin urgent de le nettoyer, même si elle savait que là, elle avait gardé les paupières gonflée et l’œil rouge jusqu'au lendemain et peut-être un peu plus. Néanmoins, elle se concentrait sur la louve qui disait vouloir protéger quelqu'un. Elle se demandait de qui il s'agissait, mais elle avait peu de chance d'obtenir une réponse, alors elle laissa tomber. Pour l'instant. A la remarque suivante, elle ne put s'empêcher de rire un peu, très légèrement.
- Effectivement. J'en avais terriblement envie et ça m'a fait un bien fou. Essaie de te remettre sur pieds, si tu veux avoir l'espoir un jour d'avoir le dessus !
Elle provoquait son ancienne amie, pour voir si celle-ci était capable de se battre contre l'état dans lequel elle était. Contre ce que Vladimir Gribov avait fait d'elle. Tout comme Sétith l'avait poussé à se battre contre ce qu'elle était devenue. Et elle savait que le chemin serait long et très difficile. Mais le résultat en valait le coup ! Une fois toutes deux debout, elle la regarda tituber, encore une fois Lorelaï ne se confiait pas, voulait faire la forte. Et pour le moment de toute façon, Sarika ne voulait pas l'écouter. Elle préférait l'ignorer, ce serait bien plus simple ! Mais soudainement, elle la vit lui lancer un regard bien différent de tout ce qu'elle avait pu voir jusque là. Du chagrin...peut-être du regret ? Non, elle devait rêver...Ce n'était pas possible ! Et pourtant...Ce regard était bien là. Et dans le silence soudain, elle avait l'impression de subir un coup de poignard.
Était-ce la vérité ? Lorelaï regrettait-elle réellement ? Elle ignora la blague lancée en plein milieu de cet étrange moment, alors qu'elle la fixait...choquée. Elle la regarda partir, sans un mot. De nouvelles questions lui venait alors. Mais la voix pleine de bienveillance de la louve la sortit de ses pensées. Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas entendu cette voix. - Lorelaï. Je reviendrais te voir...tu me dois des réponses !
Ce n'était pas le moment, toutes deux avaient besoin de soigner le résultat de ce petit combat. Néanmoins, c'était un mal pour un bien puisqu'il semblerait que la carapace de Lorelaï se soit brisé et que Sarika soit prête à tourner la page et à entendre les réponses à ses questions. Elle quitta à son tour le chapiteau, se tenant l’œil, qui se rappelait à elle. Elle retourna alors à la roulotte qu'elle partageait avec Sétith qui fut assez...surpris de son état. Il se montra aux petits soins, nettoyant son œil en premier lieux puis soigna ses diverses plaies alors qu'elle lui expliquait en détail ce qui venait de se passer...mais aussi ses nouvelles interrogations et ses nouveaux doutes. Mais une nouvelle détermination venait d'apparaitre, elle voulait des réponses, et elle les aurait !
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