La liberté bien qu'éphémère reste liberté.[Pv Kisui Midoriko]

Je me prépare à recevoir un quelconque reproche, au lieu de ça, une main se tend vers moi et une voix emplie d'une douce et légère inquiétude s'adresse à moi. Je relève la tête et fixe la personne que j'ai percutée et le détail de bas en haut. Sa tenue, sa façon de se tenir puis je m'arrête au niveau de son visage. Bien sûr, ce qui attire le plus mon attention est la couleur de ses cheveux, ce bleu est assez peu commun pour un être qui semble humaine, à moins que… Assez discrètement, je me concentre sur les odeurs environnantes, humant l'air avec attention. Beaucoup d'odeur perturbe mes sens et je ne suis pas capable de dire avec certitude s'il est humain ou non.

Je me rends compte de mon oublie d'être poli et m'incline respectueusement face à cet homme. Je dois faire plus attention à ce genre de choses.

- Non, c'est moi, je vous pris de m'excuser, vraiment, je n'ai pas fait attention.

Je me redresse doucement et lui offre un léger sourire. Après tout, il ne m'a pas crié dessus et ne s'est pas montrer impatient. Je joins mes mains de mon dos et continu de sourire.

- Je n'ai rien, merci de vous en souciez, et vous ? Vous n'avez rien ? Demandais-je en faisais disparaître mon sourire, un peu honteuse.

Je n'aime pas beaucoup ce genre de situation, certes, j'ai une excuse, mais je n'apprécie pas de m'en servir pour attirer la pitié d'autrui. Et puis avec un peu de chance, la mèche tombant et couvrant la partie droite de mon visage cache le masque suffisamment pour ne pas trop indiquer à cette personne mon handicap, cela m'arrangerait. Apparemment, je n'ai pas besoin de me soucier de ce détail, je me détends donc un peu, tout va bien.

Je ne m'attendais pas à ce qu'il me fasse une telle proposition, mais j'avoue que je suis assez contente qu'il le fasse, cela me ferait un bien fou, j'incline légèrement la tête, mon panache fouettant légèrement l'air montrant un peu ma joie et mon soulagement.

- J'accepte avec joie, enfin, si cela ne vous dérange vraiment pas.

Je ne voudrais pas qu'il se sente obliger de m'offrir de quoi me désaltérer, cependant, c'est exactement ce qu'il me fallait. Et puis je ne pense pas que l'on puisse me retrouver si facilement, la ville est grande, j'estime avoir suffisamment de temps devant moi pour me poser et souffler. Je suis encore une peu haletante et essaie de ne pas trop l'afficher, néanmoins, c'est peut-être la raison pour laquelle il me fait cette offre. Je ne peux que me montrer reconnaissante.

Avant de se mettre en route, j'entrouvre la bouche, un peu hésitante, prête à parler quand mon estomac me coupe en grondant férocement, je pose immédiatement mes mains l'une sur l'autre, au niveau de mon ventre. La honte… Je rougis tellement que je sens mes joues chauffer, je me suis sauvée ce matin avant le petit-déjeuner, j'aurais peut-être dû attendre un peu, je n'ai pas réfléchi, je le paie maintenant... J'ai faim… J'espère sincèrement qu'il n'a pas entendu, c'est vraiment trop gênant.

J'ose le regarder, lui offrant un petit sourire gêné, j'allais me présenter à lui, je ne pensais pas que ça arriverait précisément à cet instant. J'inspire profondément.

- Je me nomme Ayane, enchantée, dis-je en souriant, les rougeurs au niveau de mes joues, toujours présentant.

Quelle joie de pouvoir enfin converser avec autrui. C'est bien différent de l'animalerie, les gens vont et viennent là-bas, ils achètent et partent avec l'hybride acquis, il ne s'agit que d'un commerce dont j'espère bientôt ne plus faire partie. Ce lieu ne m'inspire pas la sécurité et le bien-être que m'apportait la demeure familiale. Ah ! Je devrais cesser de penser au passé, je sens que je suis dans une étape cruciale de ma vie, il faut que je reste focalisée sur le présent. Donc, à cet instant précis, je me trouve en compagnie d'un jeune homme charmant et poli qui m'a gentiment proposé de choisir ce qui me plairait pour me désaltérer. Quelle impolitesse de ma part de laisser mon esprit flotter ainsi, c'est irrespectueux.

- Est-il possible d'obtenir une boisson à la saveur exotique, s'il vous plaît Kisui ?

Je l'ai suivi jusqu'à maintenant sans toutefois observer où me menait mes pas et ceux de mon interlocuteur. Cela aurait pu être n'importe où, je me rends bien compte à quel point cette mauvaise habitude de rêvasser pourrait finir par me mettre dans des situations plus que délicate. Heureusement, mon accompagnateur semble être quelqu'un ne possédant pas la mal comme caractéristique prédominante, c'est un tel soulagement. J'observe le petit stand où nous attendons notre tour derrière les premiers venu, ça m'a l'air tellement amusant, c'est la première fois que je fais ça. Je ne peux m'empêcher de me tortiller, voulant voir devant moi, je me place tantôt sur la droite, tantôt sur la gauche étant trop petite pour surplomber les personnes en file indienne, attendant patiemment leur tour.

Je devins plus calme et stoppai mon agitation lorsque le jeune homme reprit la parole. Tournant mon attention vers lui, je ne pue m'empêcher de laisser ma panache, fouettant doucement l'air, exprimer la joie que je ressentais en entendant que je pouvais choisir aussi de quoi apaisé ma faim. Un grand sourire illumina mon visage, ou tout du moins, la partie visible et joignit mes mains l'une contre l'autre devant moi.

- Merci, c'est tellement généreux de votre part, je ne sais comment vous remercier.

Après tout même s'il voulait se faire pardonner en m’offrant de quoi boire et manger, rien ne l'obligeait à en faire autant, nous ne nous connaissions que depuis une dizaine de minutes, et encore, je connaissais que son prénom et lui le mien. Tien d'ailleurs, je viens de me rendre compte d'une chose, dans ses dernières paroles, il m'a tutoyé, que devrais-je faire ? L’imiter où rester au vouvoiement, se sont des règles de vie que j'ai encore du mal à comprendre. Cette notion est complexe, comment savoir lorsque l'on peut se permettre de tutoyer quelqu'un ? Commençant à jouer avec une mèche de cheveux de ma couette droite, je le regarde et m'apprête à faire une demande qui pourrait paraître un peu bête.

- Qu'est-ce que vous me conseilleriez de prendre comme nourriture ?

Je voulais son avis, je ne connaissais pas le monde extérieur autant que lui, ni les douceurs et les bons plats dont on pouvait jouir. Le cuisinier de Père faisait son travail à merveille et je n'ai jamais eu de mauvais repas même au petit-déjeuner, mais j'ignore tout de ce qu'un petit stand peut offrir. Mon ventre se remet à crier famine, sous le regard étonné ou même parfois souriant de certains humains devant moi. Le feu dans mes joues recommence à chauffer et mes doigts se remettent à jouer nerveusement avec mes mèches de cheveux.

Tutoyer est une chose que je ne fais pas souvent, il s'agit de respect. Je ne le connais pas donc je le vouvoie, mais étant donné qu'il m'a donné la permission alors je peux peut-être le faire. C'est amusant, le tutoiement laisse pensée qu'un lien se forme entre deux individus. D'un côté, ce n'est pas totalement faux, après tout, il m'a offert de quoi me rassasier et m'abreuver. Je lui suis reconnaissante de tant de gentillesse.

- C'est d'accord, je vais te tutoyer, lui confirmais-je en souriant.

Il m'avoue ne jamais avoir acheté quoi que se soit dans ce petit stand, nous découvrons donc tous deux, ce qu'il propose. La file d'attente se réduit et je suis enfin capable de lire ce qu'il y a de proposer. Je connais certain nom de gourmandises, mais en ignore d'autre. Cela me tente bien de découvrir de nouvelles saveurs, j'aime le changement parfois et goûter à d'autre mets satisfait ma curiosité, ainsi que mes papilles gustatives.

- Je penche que je vais plutôt opter pour quelque chose de sucrer.

C'est en quelque sorte mon péché mignon, je l'avoue sans difficulté, d'autant plus que ma constitution me permet de manger sans craindre les kilogrammes de trop. Je ne suis pas maigre, néanmoins, je ne suis pas épaisse non plus. Je dirais que je me situe tout juste entre les deux, c'est assez acceptable, bien que je pense avoir un peu maigrie depuis mon arrivé à l'animalerie. La nourriture n'est certes pas trop mauvaise, cependant, elle est loin d'égaler la qualité du cuisinier embauché par Père pour préparer ma nourriture. Je dois avoir trop l'habitude de manger de bonnes choses et non des repas de qualité moyenne.

Je l'écoute et il a raison, manger dans une position confortable et surtout assise. Il me semble avoir lu dans une revue de Père que la posture assise permettait à l'estomac d'être plus détendue et ainsi permettre aux organes de mieux fonctionner. Si je me souviens bien, il était précisé que la posture la plus adaptée était de s'installer le dos bien droit, les genoux au même niveau que le bassin et les pieds à plat sur le sol. Chose que je faisais systématiquement depuis cette lecture instructive.

- Oui, vous… Enfin, tu as raison et puis, manger debout est mauvais pour la santé.

Je commençais donc à satisfaire cette faim qui me tenaillait que je manque de m'étouffer à cause de sa question. Je ne veux pas mentir et si je dis la vérité alors je me ferai sûrement gronder et il risque de soit me dénoncer, soit me ramener directement. Je ne peux pas prendre ce risque, pourtant, je n'apprécie pas du tout la malhonnêteté, que dois-je donc faire ? Rester évasive et dire la vérité me paraît être un choix acceptable. Bien qu'il risque de se poser des questions, de m’interroger et cela reviendrait certainement au même. Tant pis pour moi, dans tous les cas, il faudra bien que je retourna là-bas, j'espérais juste profiter un peu plus de mal liberté.

- Et bien ... Pour être honnête avec toi, je ne peux pas te le dire, je serais obligée de mentir et c'est une chose que je ne supporte pas. Je suis désolée.

Je baisse un peu la tête et déguste mon smoothie aux fruits exotiques, qui est, soit dit en passant, vraiment délicieux. Je ne peux pas rester sur cette réponse, je veux profiter au maximum de cette journée, ou des quelques heures qu'il me reste.

- Tu viens souvent dans ce parc ? Il est vraiment superbe.