Une présence, un remède (Feat. Noïd)

Un peu de chaleur. Un rien. Juste assez pour au moins pouvoir poser son regard quelque part, se dire qu'elle n'était plus dans des eaux glacées dont les ténèbres l'enveloppaient de plus en plus. Elle se laissait guidée, telle une poupée, se laissait faire car encore incapable de faire ce qu'il faut par elle-même, de réfléchir. [i ] "C'est terminé, Emiko. Je suis là, maintenant... C'est terminé, tu as fais un mauvais rêve...[/i ]. Ces mots résonnaient dans son esprit. Vraiment. Parce que l'hybride les répétaient, pas seulement, mais parce que son esprit le faisait également. Il analysait la situation. Doucement, elle commençait à s'apaiser, à retrouver une respiration normale. Entre temps, elle se laissait bercer telle une enfant en besoin de réconfort. Et sur le moment, c'était loin de lui déplaire. Parce qu'elle en avait bien besoin. Parce qu'elle sent que son calme lui revient plus vite qu'il ne l'aurait fait si elle avait été seule. Ses tremblements cessent peu à peu, son esprit est revenu à la réalité. Seul son corps reste encore froid, mettant plus de temps à s'adapter lui, d'autant plus que cette nuit n'était pas des plus chaudes. Alors elle restait là, à profiter de la chaleur que lui offrait l'hybride. Elle ne disait rien mais il était clairement possible de sentir qu'elle avait repri son calme... Plus ou moins. Une part d'elle reste confuse. Mais elle parvient à plus ou moins maîtriser cette confusion.

« Ça faisait longtemps... »

Sa voix venait de percer le silence. Douce, basse.

«... Ça faisait longtemps que je ne m'étais plus retrouvée dans un tel état. »

Elle prit une grande inspiration. Tout semblait clair. Plus ou moins. D'habitude, c'était Akimoto qui intervenait.. Sauf sur le d'habitude datait. Cela devait faire plusieurs années qu'elle n'avait plus fait de tels cauchemars, des cauchemars qui la mettent dans un tel état. Ce genre d'enfer qui vous prend auw tripes, que vous ressentez comme si tout était réel. Ce genre de cauchemars qu'on n'oublie pas et ce peut importe nos efforts. On y pense dès que quelque chose nous le rappel. Mais cette fois, ce n'était pas Akimoto qui était là mais Noïd. Sans doute le premier avait-il développé un sommeil plus profond depuis la dernière fois que ce genre de chose était arrivée. Sans doute était-il épuisé de sa journée. Mais cela ne dérangeait pas Emiko qui savait que son frère avait besoin de repos, pas de toujours s'occuper d'elle.

« Ça fait longtemps que je suis comme ça ? J'espère que je ne t'ai pas réveillé ? »

Même si elle ne regardait pas l'hybride, on devinait aisément à sa voix qu'elle était désolée, désolée de déranger. Enfin, elle ne savait pas depuis combien de temps son ami était rentré donc à ses yeux, tout était possible en guise de réponse. Elle relâcha alors doucement l'emprise qu'elle avait sur la main du jeune homme. Elle le serait fort et venait à peine de s'en rendre compte.

Lentement, l'hybride sentait son amie s'apaiser. Les tremblements qui secouaient la demoiselle se calmaient progressivement, de même que sa respiration. Les deux étaient restés pendant quelques minutes étreints, suffisamment longtemps pour que la gêne initiale de l'hybride a l'idée du contact disparaisse, et qu'il se concentre pleinement sur sa tâche, rassurer Emiko. Mais malgré tout ce temps, son corps restait désespérément froid. Noïd commençait à se demander ce qu'il pouvait faire pour réchauffer la demoiselle. Lui ra jouter une couette ?
Soudain, sa voix retentit dans la tranquillité de la pièce. Cela rassura un peu Noïd. Elle était suffisamment revenue à elle pour qu'elle réussisse à parler.

«... Ça faisait longtemps que je ne m'étais plus retrouvée dans un tel état. »

L'hybride fronça légèrement les sourcils. Parce que ça lui était déjà arrivé avant ? Il n'aimait pas savoir qu'un incident comme celui-ci pouvait arriver plusieurs fois. Voir Emiko dans un état pareil était désagréable pour lui, mais c'était avant tout pour elle qu'il s'inquiétait. Les précédentes minutes, elle était complètement paniquée, complètement perdue.
Jamais elle ne lui avait paru être aussi seule que quand il l'avait réveillée, et il avait fallu plusieurs minutes d'un contact renforcé pour qu'elle émerge, et qu'elle réussisse à se calmer. Mais maintenant qu'elle avait repris ses esprits, la voix de l'apprentie vétérinaire était douce. Bien qu'il ait l'impression que des traces de la peur précédente subsiste, Emiko semblait aller nettement mieux. Si on exceptait son corps glacé. Elle reprit la parole, le questionnant cette fois :

« Ça fait longtemps que je suis comme ça ? J'espère que je ne t'ai pas réveillé ? »

Noïd esquissa un pauvre sourire. Elle venait de lui lâcher la main, qu'elle serrait avec énergie. Elle semblait véritablement désolée pour lui.

- « J'hallucine... Même dans ton état, tu te soucies des autres. Penses un peu à toi, Emi. », dit doucement l'hybride en frottant la tête de sa maîtresse, dans un geste qui se voulait rassurant et affectueux. Elle n'allait pas se plaindre qu'il la décoiffe un peu en pleine nuit, après tout. « Mais pour te répondre, non, tu ne m'as pas réveillé. »

Maintenant que la crise était passée, il avait recommencé à l’appeler par son surnom. Par instinct, il avait préféré ne pas l'employer pendant qu'il la cajolait pour la rassurer. Il avait eu la vague sensation qu'entendre son prénom complet l'aiderait à se calmer.

- « J'avais combat ce soir, et je viens a peine de rentrer. », commença-t-il, avant de se rappeler que la nouvelle risquait probablement de l'inquiéter. « Pas de soucis, je n'ai rien de sérieux. Des petits bobos, rien de plus. Bref, je t'ai entendu gémir en rentrant, et j'ai préféré ne pas te laisser dans cet état. Ça pris plusieurs minutes pour que réussir à te réveiller en douceur, mais je peux pas te donner plus d'indications sur combien de temps ça a duré. Mais ne t'inquiètes pas, tu ne m'as pas dérangé, et tu ne me dérangeras jamais, d'accord ? »

Il s'interrompit une nouvelle fois, et la regarda d'un air boudeur. Il s'était vraiment inquiété, et n'avait pas envie qu'elle croit le déranger.

- « Penses à toi, d'accord ? Je serais aussi la si ça se reproduit, alors ne pense pas que ça me gêne. T'as aussi le droit de compter sur les autres. Mais dis... Ça t'es déjà arrivé avant, du coup ? J'peux faire un truc pour t'aider ? »

L'hybride chouette passa brièvement sa main sur la joue de la belle jeune femme, et fit la grimace en constatant qu'elle ne s'était toujours pas réchauffé.

- « BON ! On va lancer une opération réchauffage de p'tite Emi. », fit Noïd. Il passa rapidement dans sa chambre, et revint avec une couette supplémentaire, qu'il disposa sur le lit. « Tu m'avais demandé un jour si je serais gentil si t'avais besoin de moi. T'as la réponse. Tu veux boire un truc chaud ? Genre une infusion ? Un thé ça serait pas idéal si tu dois dormir après... »

Le geste était tendre. Bienveillant. Les mots l'étaient également, exprimant clairement l'inquiétude qui avait prit possession de l'hybride pendant un moment. Mais sa maîtresse. Elle restait juste là contre lui parce ça lui faisait du bien, parce qu'elle en avait besoin. S'occuper d'elle, elle le faisait mais il est vrai que Noïd n'avait pas encore pu voir ce petit côté d'Emiko, à part quand ils faisaient les magasins et encore.

Elle ne l'avait pas réveillé. Tant mieux. Elle s'en serait voulu surtout qu'une bonne nuit de repos ne fait jamais de mal à personne, c'est même bénéfique. Alors, elle était rassurée sur ce point, pouvait se concentrer sur ce que lui disait l'hybride. Oui le combat, elle s'en souvenait. Mais la jeune femme était rentrée tard de l'université et s'était enfermée dans sa chambre après le repas afin de pouvoir travailler sur ses cours théoriques. Elle n'avait pas vraiment eut l'occasion de voir son ami partir et dans un sens, c'était peut-être mieux ainsi. Elle s'en serait davantage inquiétée tandis qu'avec ses cours en tête, elle pensait à autre chose. À croire que son cauchemars avait été là uniquement pour lui faire sa frayeur du jour. Plus qu'elle ne l'imaginait à en juger par ce que lui racontait l'hybride.

La demoiselle hocha la tête en guise de réponse à la remarque de la chouette, un petit sourire étirant discrètement ses lèvres. Écartant sa tête de l'épaule du jeune homme, son regard s'était plongé dans le vide. Ces cauchemars... À quel point elle en faisait. C'était à la fois si simple et difficile à dire pour elle.

« Oui, quelques fois mais la dernière fois semble remonter à une éternité. Enfin, c'est rare quand ça m'arrive mais je ne sais pas d'où ça vient et ce qu'on pourrait faire pour que ça n'arrive plus. Je supposer que ça peut arriver à n'importe qui... »

Sentant la main de l'hybride se poser sur son visage, la jeune Yokohama tourna la tête vers son interlocuteur. Elle n'exprimait ni surprise, ni peur, ni joie. Non elle semblait juste... Un peu perturbée mais satisfaite. Tout simplement.

« Je t'en prie » était-elle parvenue à dire dans un petit sourire amusé quand elle vit Noïd revenir avec une couverture. « Toi alors !» s'exclame-t-elle alors sur un ton un peu amusé. « Une infusion c'est bien oui... Dans une petite tasse, pas besoin de beaucoup. »

Pendant que son ami était parti lui préparer sa tasse, Emiko était retournée sous ses draps tout en restant assise. Elle avait veillé à bien tout remettre en place, son agitation durant son sommeil ayant fait son œuvre. Son corps s'était déjà en partie réchauffé tandis que tout semblait être redevenu normale. Malgré un certain choc qui perdurait, elle était bien plus sereine.

C'est donc avec un sourire aux lèvres qu'elle accueilli l'hybride qui était de retour. Une gorgée. Deux gorgées. Trois gorgées. Gardant la tasse entre ses mains afin de les réchauffer, l'apprentie vétérinaire leva les yeux vers sa compagnie de nuit, finissant par lâcher un petit rire. Pas un rire moqueur, non, c'était autre chose. Il était des plus tendres et sincères.

« Pour un hybride bagarreur, tu es plus attentionné et doux avec moi que n'importe quel homme que j'ai pu rencontrer.»

C'est vrai qu'elle avait rencontré de nombreuses personnes au cours de sa courte vie mais personne ne lui avait jamais semblé aussi sincère et attaché à elle que Noïd, avec son frère et leur grand ami bien-entendu.

Emiko fini sa tasse qu'elle dépose sur sa table de nuit , hésite un instant puis finit par planter ses yeux violets dans ceux de son interlocuteur.

« Noïd. Reste avec moi cette nuit.»

Ça ressemblait plus à un ordre qu'autre chose mais sa façon de dire ce qu'elle veut. Alors, elle fit une place à Noïd à côté d'elle sur son lit tout en se couchant sous la couverture, attendant que son hybride se décide à la rejoindre. Elle n'avait aucune arrière pensée...Juste envie d'avoir un présence près d'elle.

Ce n'était pas arrivé depuis longtemps ? Étonnant. A l'animalerie, les hybrides qui avaient des cauchemars étaient légion, et étaient par la suite bourré de sédatifs. Il avait finit par se dire que  les cauchemars étaient lié à l'état d'esprit de la personne au moment où ils dormaient... Lui-même en avait fait bon nombre par le passé. Ça s'était quand même bien calmé au fur et à mesure des années, lorsqu'il avait commencé à glaner des libertés.

- « Pas d'idée sur ce qui aurait pu te rendre anxieuse ? »

Noïd se demanda brièvement ce qui avait pu perturber Emiko. Le plus gros changement dans la vie de la demoiselle récemment... C'était incontestablement lui. Et elle avait eu ce cauchemar le soir ou il était allé combattre. Était-ce une coïncidence ? C'était possible. En attendant, elle souriait en le voyant essayer de la réchauffer, et acceptait volontiers sa proposition de l'infusion. Noïd, toujours avec sa mine boudeuse accrochée au visage, se leva pour se diriger vers la cuisine.
C'était rangé où déjà, bordel ? Il attrapa la bouilloire et mit un fond d'eau à chauffer, et se tritura les méninges pendant quelques secondes, avant de trouver l'endroit ou elle était rangée. Il ne s'était pas encore complètement habitué à la vie chez les Yokoyama, mais ça venait petit à petit. Une fois l'eau chaude, Noïd prépara l'infusion avec précaution. Il faisait attention à ne pas faire trop de bruit, car il avait la vague impression qu'Emiko ne serait pas super contente s'il réveillait Akimoto.
Surtout si c'était en préparant une infusion pour elle. L'infusion prête, il rangea ce qu'il avait sorti et retourna vers la chambre. Il fronça les sourcils en constatant qu'elle avait remis les draps en place.

- « Dis donc, les personnes dont on s'occupe sont censées rester tranquille et ne rien faire. T'es pas malade, mais pour l'instant c'est moi qui m'occupe de tout, sinon je boude. »

Après la plus impressionnante des menaces au monde (il en avait pas des masses d'autres à disposition), Noïd s'autorisa un petit sourire et tendit sa tasse à la demoiselle, et la contempla l’œil critique, alors qu'elle buvait sa tasse à petite gorgée. C'était probablement complètement con, mais il avait l'impression de rembourser une partie de l'énorme dette qu'il avait envers elle, et s'occuper d'elle lui faisait plaisir.

« Pour un hybride bagarreur, tu es plus attentionné et doux avec moi que n'importe quel homme que j'ai pu rencontrer.»

La chouette fit la moue. Elle avait pas du rencontrer des masses d'hommes qui valaient le coup si il était si bien placé dans le classement. Cependant, le compliment lui faisait plaisir, même s'il ne le montrait pas.

- « Je suis bagarreur et impulsif, pas insensible. Mais va pas ravoir un cauchemar pour que je te dorlote d'autre fois, hein. », lâcha tranquillement l'hybride, sourire aux lèvres.

Alors qu'Emiko déposait sa tasse sur la table de nuit, Noïd était prêt à aller la ranger tout de suite. Emiko n'allait probablement pas tarder à vouloir se rendormir. Il allait sans doute rester d'elle un peu plus longtemps. Il était content de voir qu'elle semblait s'être calmée, elle recommençait à agir de façon naturelle, même si une tension résiduelle restait palpable.

« Noïd. Reste avec moi cette nuit.»

Visiblement, elle n'avait pas envie de rester seule. Malgré la formulation qui ressemblait à un ordre, Noïd ne broncha pas, il avait bien compris qu'il s'agissait là d'un souhait de la demoiselle. Et de toute façon, il avait déjà décidé de rester là le temps nécessaire. Il allait être épuisé le lendemain, mais bon.

- « D'accord. », dit Noïd en se redressant. Il attrapa une chaise et la positionna à côté du lit. Il resterait à côté d'elle toute la nuit, si elle en avait besoin. Il était sur le point de s'asseoir lorsqu'il constata qu'elle lui avait fait une place, et réalisa brusquement sa connerie. « Ah, mais tu veux dire dans le lit ? »

Pour le coup, il n'était pas préparé à ça. Non pas que lui aussi se fasse de fausses idées, mais il n'avait pas pensé que c'était ce qu'elle voulait. Du réconfort aussi marqué d'un hybride tel que lui. Pourtant, ça ne le dérangeait pas. Noïd se redressa, et ôta son pull et son T-shirt, qu'il plia et déposa soigneusement près du lit.

- « Je dors comme ça. », dit-il pour s'expliquer. Il avait cependant gardé son pantalon, bien qu'il dorme habituellement sans.

Il agita brièvement ses ailes pour les dégourdir, et s'approcha du lit, après avoir enlevé chaussettes et chaussures. Les plumes de ses ailes et de son dos allaient devenir un doudou pour Emiko cette nuit, apparemment. Ce n'était pas plus mal. Il était temps qu'il accepte d'être touché, du moins par elle.

- « Pour infos, les plumes de mes ailes, et mon dos et de mes poignets sont douces, il paraît. On va dire que pour cette nuit, t'as le droit d'en profiter. »

Cela dit, il rejoignit Emiko sans la moindre trace d'hésitation, et se glissa sous la couette à ses côtés. La chaleur qui régnait sous cette couette le convainquit instantanément. Emi s'était réchauffée, apparemment. On était bien au chaud, sous la double épaisseur de couette. L'hybride s'installa confortablement, et cala par instinct la tête de l'apprentie vétérinaire contre son torse.

- « J'espère que tu seras aussi prévenante si c'est à mon tour de faire un cauchemar. », fit-il, un léger sourire aux lèvres.

Mais alors qu'il était installé contre elle, la douce chaleur de la demoiselle ainsi que son odeur commencèrent à l'envahir. C'était officiel, il était trop bien installé. Il ne pensait pas que dormir avec quelqu'un pouvait être aussi agréable. C'était clairement une chose à laquelle il n'était pas habitué. Un de ses mains retrouva sa position favorite, contre la tête d'Emiko, qu'il commença à frotter doucement. Il se demandait presque lequel des deux profitait le plus de la situation.

- « ...C'est qu'on y prendrait vite goût. »

Il déposa un petit baiser sur le front de la demoiselle. Il se sentait étrangement bien. La présence d'Emiko, réconfortante, l'apaisait. C'était pourtant lui qui était censé l'apaiser à la base. Mais bon, si ça ne convenait pas à la demoiselle, elle le lui dirait.

Ce qui avait pu la rendre anxieuse ? C'était là une bonne question. Bien-sûr elle n'aimait pas trop savoir son hybride en plein combat au milieu de la nuit.Bien sûr elle prenait de l'avance dans ses études. Bien sûr elle tenait d'apaiser son frère qui pour le moment croulait sous le boulot. Mais cela était-il suffisant pour expliquer un tel cauchemar ? Difficile à dire. Mais elle ne voyait pas ce qui aurait pu l'inquiéter hors de cela. Absolument rien. Alors, la jeune femme se contenta d'hausser les épaules, marquant sa propre incompréhension. Et en admettant que ces petits évènements soient à l'origine de son sommeil agité, elle estimait qu'il n'était pas nécessaire de le partager. Tout simplement parce qu'elle aurait l'impression de le reprocher et qu'elle ne veut faire culpabiliser personne dans cette histoire. C'était à elle de gérer ses états d'âmes. Mais cette nuit, elle acceptait que son ami l'y aide, ne refusant pas son aide si précieuse en cet instant. Il se montrait avenant, pensait à ce qu'il pouvait faire. Emiko le regardait et l'écoutait, le tout avec une grande douceur dans les yeux. Se faire dorloter, c'est bien de temps en temps. Elle se sentait à la fois femme et enfant. C'était compliqué à expliquer. Et elle ne souhaitait pas que ce moment s'interrompt. Seule le sommeil allait pouvoir l'en privé. C'est ce qu'elle avait décidé. Et puis elle en a grand besoin et Noïd était la seule personne disponible cette fois.

« Je ne vais pas te manger, relax ! » dit-elle doucement sur un ton taquin.

Elle avait fermé les yeux en disant cela. Non pas par besoin immédiat de dormir ni par gêne, ayant déjà vu son torse plus d'une fois, mais par simple besoin de reposer ses yeux quelques secondes. Elle avait hoché la tête, montrant ainsi que la situation ne la dérangeait pas. Elle avait déjà vu son frère et leur amis en boxer et... Ben disons qu'elle avait tout de même vingt année derrière elle... Et que ce n'était pas une none.

Elle rouvrit les yeux lorsque Noïd reprit la parole, affichant un petit sourire.

«Ah, nous allons avoir ça ! »

La tête posée contre le torse de l'hybride, la jeune femme profitait de cette chaleur pour laisser ses dernières craintes s'envoler. C'était pourtant rien. C'était simple. Mais ce genre de comportement avait son effet. Elle se souviendra toujours des fois où son frère s'était occupé d'elle après d'autres cauchemar de la sorte : il était d'une grande douceur, la serrait contre elle jusqu'à ce qu'elle se rendorme, la couvrait de tout l'amour qu'un grand frère pouvait avoir pour sa petite sœur.

« C'est évident. Merci Noïd. »

Elle sentait son corps se réchauffer davantage au contact de celui de la chouette. Elle était bien là, vraiment bien. En sécurité. Elle décrocha même petit sourire amusé, sachant parfaitement que son ami avait raison.

« Avoue que c'est même déjà fait...»

Et alors que l'hybride avait déposé un baiser sur son front, la jeune Yokoyama posa délicatement sa main sur le plumage de l'individu aux cheveux blancs, profitant ainsi de la douceur de ses plumes. C'était un geste doux, peu appuyé.

«Ça me rappel mon ourse en peluche, quand j'étais plus jeune. C'est... si doux.»

Elle se rapprocha davantage de l'hybride, les yeux fermer, afin de profiter davantage de la chaleur qui se dégageait du corps de son ami.

«Comment ça c'est passé ce soir ? Au combat...? »

Vu ce qu'elle disait, les plumes avaient piqué l'intérêt de la demoiselle. Noïd se surprit à sourire, en imaginant Emiko papouiller ses plumes d'un air béat. Apparemment, il n'était pas le seul à apprécier de partager le lit. La douce chaleur qui l'envahissait était donc également présente chez elle. D'un certain côté, ça lui faisait plaisir.

- « T'as raison j'crois. J'y ai déjà pris goût, et ça n'a pas l'air de t'attrister des masses non plus. »

Il allait faire la gueule pour se lever demain, c'était sûr. Il avait déjà eu un peu de mal au réveil depuis qu'il habitait ici, rapport au confort du lot auquel il n'était pas habitué... Mais ça allait pas être le même degré demain. Si Emi et lui restaient aussi bien accrochés, il doutait d'avoir envie de la lâcher au réveil. Mais bon, ils verraient bien demain matin. Noïd frémit quand, après l'avoir embrassé sur le front, il sentit les mains de la demoiselle toucher ses plumes. Apparemment, elle les appréciait.

«Ça me rappel mon ourse en peluche, quand j'étais plus jeune. C'est... si doux.»

Elle lui frottait doucement les plumes, comme on pouvait peloter une peluche, mais toute en restant très douce dans sa façon de faire. Après s'être fait toucher, Noïd découvrait ce que ça faisait de ressentir un geste de tendresse d'une autre personne. C'était chaleureux, agréable... Et ça faisait oublier tous les tracas du quotidien. L'hybride sentit toute la tension qui restait en lui s'évaporer, et il se détendit doucement.

- « Ton ours en peluche devait avoir un sacré caractère, alors, si je te fais penser à lui. »

Il la taquinait un peu, ayant envie de partager un peu plus avec elle. Mais il n'en eut pas le temps, en la sentant se blottir encore davantage contre lui. Noïd arrêta de lui frotter la tête, et la couvrit de son bras. Il avait l'impression d'être son chevalier protecteur ce soir. Autant assumer le rôle jusqu'au bout.

«Comment ça c'est passé ce soir ? Au combat...? »

L'interrogation d'Emiko le ramena à la réalité. Il était étonné qu'elle s'y intéresse. Après tout, c'était un milieu dont elle avait horreur, et il n'aurait pas été étonnant qu'elle ne veuille même pas en entendre parler, excepté pour soigner ses blessures. Encore un point sur lequel elle l'étonnait. La voix de Noïd était calme quand il lui répondit :

- « Plutôt bien. Mon combat était en fin de soirée, donc j'ai pas mal attendu. Il y avait une de mes connaissances qui a combattu là-bas, donc j'ai pu regarder son combat en attendant. »

Il fit une bref pause en songeant à Vika. Une combattante très douée, avec qui il avait déjà échangé quelques mots. Assez sympathique au demeurant, et très douée de ses poings. La voir combattre était toujours un plaisir.

- « J'étais un peu claqué quand j'ai été appelé, mais Anodé m'avait filé du café pour que je tienne le coup. Et quand j'ai attaqué, ça m'a filé un bon coup de fouet. J'ai affronté un hybride taureau. Il avait une sacré paire de cornes, et il a passé le combat a essayer de charger avec. Il allait très vite, et essayait de me donner des sacrés coups de cornes et de poings. »

Pris dans son récit, Noïd mimait avec ses mains le combat, en restant lent pour ne pas secouer la demoiselle blottie contre lui. Il en parlait avec le sourire, comme d'un souvenir agréable. Car ça l'était pour lui, et ce n'était pas lié à la victoire.

- « J'ai réussi à lui coller quelques mandales en esquivant, et je l'ai fini sur un direct du droit. Il était très résistant, le combat a bien du durer vingt minutes... Il m'aurait touché une seule fois, je pense que j'aurais eu très mal. Bref, j'ai gagné, mais je pense que j'ai eu pas mal de chances. Mais du coup, j'ai évité les plus grands bobos. »

Il n'avait pas voulu être trop long dans son récit, alors il avait résumé la fin. Il n'avait pas envie d'abreuver Emiko d'histoire de violences. Cependant, l'attention l'avait touché. Elle avait essayé de comprendre un peu son univers, et ce geste comptait beaucoup pour lui. Dans un élan d'affection, il la serra encore davantage contre lui. A cette seconde, il était juste content d'être avec elle. Il avait bien conscience que ce qui rendait ce moment précieux, c'était avec qui il le partageait. Aussi il maintint pendant quelques temps son étreinte, plus à l'aise pour s'exprimer par des actes que par des mots. Pourtant, il réussit à dire :

- « ...Bon, c'est officiel, j'te lâche plus. »

Il affichait une mine butée en disant ça. Pour Noïd, montrer son affection de cette façon n'était vraiment pas quelque chose de courant. C'était même la première fois de sa vie qu'il le faisait. Pendant une brève seconde, il se demanda si elle comprendrait les sentiments qu'il mettait dans cette étreinte. Comment, en une si brève période, avait-elle réussi à devenir aussi importante dans sa vie ? Encore une foutue question à laquelle il ne serait probablement jamais capable de répondre. Mais c'était tout aussi bien comme ça. Il déposa un autre baiser, sur sa joue cette fois. Peut-être qu'il était juste emporté par le moment présent. En tout cas, il ne regrettait absolument rien.
Noïd contempla pendant quelques secondes la belle femme en face de lui, son regard rouge vif s'étant adouci en la regardant.

- « Merci, Emiko. De m'avoir sauvé de l'animalerie. De m'avoir accepté comme je suis. Et surtout... D'être toi. »

Il n'était vraiment pas à l'aise avec les mots. Mais toujours était qu'il lui devait de les prononcer. Et puis merde, il avait aussi envie de la remercier. D'être présent pour elle. Et de passer d'autres moments comme celui-ci.

Pourquoi partager son lit l'aurait attristé ? C'était elle qui avait invité l'hybride à la rejoindre, ayant besoin d'une présence à ses côtés pour oublier ce terrible début de nuit et comme Akimoto devait être fatigué et profondément endormi, Noïd était finalement la seule personne à pouvoir faire apte de présence. Et puis, il fallait avouer qu'il était... Calme. Emiko lui avait déjà dis, qu'il était attentionné pour un hybride au sale caractère mais se rendait-il compte à quel point il était serein... Du moins, par rapport au premier jour alors que cela faisait peu de temps qu'il était arrivé dans la demeure des Yokoyama.

« Rah si tu savais. Cette sale bête faisait exprès de disparaître parfois pour que je cherche après comme une désespérée et quand il boudait il refusait de m'adresser la parole. »

Parler de combats n'était un sujet qui attirait Emiko. Elle était... Loin de tout ça. Vraiment loin. Pourtant, elle venait de prendre la peine de poser la question à Noïd, afin de savoir comment son combat à lui s'était déroulé. Et elle l'écoutait. Même blottie tranquillement contre le torse chaud de l'hybride, même en sentant la fatigue s'emparer  d'elle à vive allure , elle se concentrait sur ce que son "protecteur" de la soirée lui racontait. Ce n'est pas qu'elle se sent prête à accepter tout ça, elle n'est pas encore prête pour ça, mais c'était la moindre des chose que de poser la question quand on sait ce que le jeune homme a déjà fait pour elle. Alors même si elle n'avait rien répondu, on pouvait deviner qu'elle était assez heureuse d'entendre qu'il n'était pas gravement blessé. Et puis, ça fait toujours plaisir d'entendre quelqu'un parler avec autant de passion de quelque chose. Dommage que cette chose tourne autour de la violence.

Petit rire. Visiblement, la jeune femme avait un don pour s'attirer l'affection de L'hybride. Pourtant, elle ne faisait pas grand chose pour ça, pas à ses yeux. C'est pourquoi elle le regarda d'un air si surpris lorsqu'il la remercia après l'avoir embrassé sur la joue. Bien qu'elle s'était plutôt bien déjà faite à la gentillesse dont la chouette faisait preuve avec elle, elle ne pouvait s'empêcher d'être étonnée par ce qu'il venait de faire, d'autant plus qu'il semblait tout à fait détendu.

«De rien» avait-elle dit doucement dans un sourire des plus attendris.

Puis elle ferma les yeux, sombrant peu à peu  dans les bras de Morphée.

Ce début de nuit touchait à sa fin. L'hybride aux cheveux blancs sentait la fatigue gagner la jeune femme qu'il tenait dans les bras, et si lui aurait pu rester comme ça pendant des heures, l'objectif premier était quand même de permettre à Emiko de s'endormir. D'une certaine façon, il avait accompli sa mission. La demoiselle elle-même semblait plus détendue maintenant. Ce cauchemar n'était plus qu'un mauvais souvenir, et elle semblait pouvoir faire un gros dodo maintenant. Noïd desserra un peu son étreinte, pour lui laisser de la marge. Il en avait peut-être un peu trop fait.

- « Dors bien, Emiko. Je ne vais pas bouger. »

Maintenant, lui-même sentait le sommeil le gagner. Comme quoi, il n'était peut-être pas si résistant qu'il le pensait. Pendant une brève seconde, Noïd se demanda si elle allait encore être la à son réveil. Certainement. Ça promettait un réveil de bonne humeur. La demoiselle qui n'aimait pas la violence, mais qui l'écoutait malgré tout parler de ses combats. L'apprentie vétérinaire qui était venu l'arracher à son quotidien de lutte pour lui donner un endroit ou se poser. Et maintenant, sa précieuse amie, qu'il prenait plaisir à venir réconforter. Il avait du mal à se dire que ça ne faisait que quelques jours qu'ils se connaissaient tellement sa présence paraissait évidente pour lui maintenant. Pour vu que ces jours paisibles durent.

Noïd s'installa confortablement dans le lit, et ferma les yeux lui aussi. Le bruit de la respiration d'Emiko se faisait plus léger, elle s'endormait. Elle était choupi comme ça quand même. Alors qu'il s'abandonnait aux assauts du marchand de sable, la dernière pensée consciente de l'hybride fut qu'Akimoto allait sûrement faire une drôle de tête si il entrait dans la chambre de sa sœur le lendemain matin. Mais bon, ce n'était pas très grave.

--------------------------FIN DU RP--------------------------------