Tu es comme moi : Tu as des ailes, mais tu n'es pas libre .... [PV Vika]

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		Mer 28 Mar - 10:43

Un matin tout ce qu'il y a de plus banal. Tendis que je me lève du lit dans lequel je me trouvais, j'entendais le chant des oiseaux qui se trouvais à l'extérieur. Je ne les aimer pas ceux-là ! Ils étaient idiots ! Ils avaient la chance de pouvoir voler, d'être libre, mais ne s'en rendaient même pas compte... Bien sûr, je n'étais pas non plus la plus malheureuse qui soit. Alexandre était gentil avec moi et je pouvais même considérer Louann comme mon amie. J'avais le droit de sortir et d'aller ou je voulais. Mais je savais très bien que ce n'était qu'une liberté fictive... Car je n'avais toujours pas mon propre nom de famille, ma propre maison...
La seule chance pour moi d'être réellement libre, était de devenir sauvage. Et encore, même les rebelles n'étaient pas dans une vraie liberté. De toute façon, dans ce monde, plus personnes n'étaient réellement libre.

Ce lever, faire son lit, trouver les vêtements de la journée et faire ma toilette... Ma routine était tout ce qu'il y avait de plus morne et ennuyeux ! Préparer le petit-déjeuner, histoire d'être sûr que mon "maître" mange correctement... La seule chose qui était optimiste dans cette journée, était que j'avais mon cours de tire. Finalement, Alex avait était d'accord pour que j'en fasse, même si au final, je n'y voyais plus vraiment d'intérêt. Après lui avoir dit au revoir, je partit donc , prenant soin de prendre un parapluie, le temps était gris, et cela ne m'aurais pas étonné qu'une averse me tombe dessus. Même si mes plumes et mes cheveux étaient imperméables dus à mon hybridation, je ne voulait tout de même pas trempé mes vêtements ! Surtout, qu'il s'agissait d'une petite robe blanche ! Tout le monde sait très bien ce que fait le blanc une fois mouiller.

Je marché d'un pas rapide et sur dans la rue, connaissant à présent par cœur le chemin qui menait au stand de tir. Je ne m'attardais pas, que ce soit pour regarder les fleurs, ou profiter de l'air. De toute façon, étant en ville, l'air était forcément pollué ! J'allais sûrement arrêter le tir, passez à une autre occupation... Je n'aimais pas rester toujours au même endroit et faire les mêmes choses en permanence ! J'avais besoin de changer d'air ! Pourquoi pas de la natation ? De la dance ? Avec la grâce que j'avais, la dance serait plutôt facile pour moi ... Et puis, cela correspondait bien au personnage snob et insupportable que j'étais. Le pauvre Alex en voyait d'ailleurs des vertes et des pas mûrs avec moi. Mais je m'en fichais. Tant qu'il ne décidait pas de me renvoyer à l'animalerie...

À force de marcher aussi vite, j'arrivais bien vite au stand. Mes deux heures de tire passées à une vitesse folle, surtout maintenant que j'avais trouvé une arme qui n'avais pas trop de recul pour mes ailes. En sortant, je me rendis compte que j'avais bien fait de prendre un parapluie, la route était inondé et il pleuvait des torrents. Entrangement, ce genre de temps ne me déranger pas, bien au contraire, j'aimais entendre la pluis tomber . C'était un son très relaxant à mon goût ! J'ouvris le parapluie noir avec précaution, me demandant vaguement si Alex avait pensé à en prendre un aussi. Voilà que je me mettais à m'inquiéter pour lui, n'importe quoi moi ! Si ça continuer, j'allais devenir une docile petite hybride, ce n'était pas possible ça ! Je pris le chemin de la maison rapidement, ne prêtant pas attention au monde qui m'entourer, me demandant depuis quand j'étais devenue si gentille !

Peut-être était-ce à cause du parapluie, qui me cacher la moitie de la vue, ou alors mon manque d'attention ... Mais je rentrai tout de même dans quelqu'un , manquant de peu de perdre mon équilibre , me rattrapant de justesse au mur à côté de moi, le parapluie tombant sur le sol. Je me stabilisai du mieux que je pus avant de regarder la personne percutée. Une jeune femme, aux belles ailes noire et au cheveux tout aussi noir. Je la regardai quelques secondes en clignant des yeux. Un autre hybride oiseaux ? C'était plutôt rare ! Elle avait l'air plutôt douce, mais bon, moi aussi, à première vue, j'avais l'air douce, donc il ne fallait pas se fiait aux apparences ! Je lui tendis la main pour l'aider à se redresser correctement, mais sans trop de spontanéité non plus, je n'aimais pas vraiment rendre service. Mais entre oiseaux, c'était différent ....

Cependant, il ne fallait pas attendre de moi que je m'excuse ou autres choses dans ce style la, après tout, elle aurait pu faire attention elle aussi ! Je la regardai de mes yeux violet et froid, attendant de voir qu'elle aller être sa réaction, me demandant vaguement quel type d'oiseau elle pouvais être. Je n'avais pas croisé d'hybride depuis que j'étais sortie de l'animalerie, aussi, cela me fessait drôle d'en voir une devant mes yeux. Et je dois avouer que la demoiselle était très agréable à regarder...

Dernière édition par Leila le Mer 23 Mai - 16:15, édité 1 fois

Hybride F - Sentinelle	Vika	Age : 31

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			Jeu 29 Mar - 16:45

Waiting in the rain.

Les premières gouttes de pluie résonnèrent sur les tuiles du toit, plongeant l’entrainement dans une douce rythmique naturelle. Vika pesta intérieurement, elle aimait bien la pluie, quand elle était à la maison. Elle espérait donc que celle-ci se tarisse bien vite, car elle, n’avait pas pensé à prendre un parapluie. L’idée de devoir sécher ses ailes si la pluie restait aussi violente ne l’enchantait guère.

Elle se reconcentra sur l’entrainement, continuant de porter un coup de poing haut au signal du maître. Le karaté lui permettait de se vider la tête et d’être plus performante lors de ses combats. C’était l’une des nombreuses disciplines de ce genre qu’elle pratiquait, mixant les styles asiatiques comme européen. Elle entretenait aussi son corps pour continuer à ravir son maitre et le satisfaire comme il se devait. Et puis, elle s’y amusait bien, et c’était l’essentiel. Alors, il y avait bien quelques problèmes, à cause de ses origines, mais tous les gérants ou maître qui l’avaient accepté n’avaient aucune objection à enseigner à des hybrides, dès lors que le propriétaire était d’accord. Les seuls déboires étaient donc pendant les combats « amicaux » qui pouvaient parfois dégénérer si son adversaire était moins… tolérant. Et elle avait une façon bien à elle de leur faire payer leurs mots ou leurs actes. Pas trop fort, tout de même.

Malheureusement, la pluie était toujours là quand elle sortit du dojo, mais elle accepta avec joie les gouttes froides qui s’écrasèrent sur son visage alors qu’elle quittait l’abri offert par l’avancée du toit du bâtiment. Faute d’avoir un parapluie, elle se couvrit d’une aile, ne profitant pas plus de l’étreinte humide du ciel. C’était le meilleur moyen de tomber malade après le sport. Elle rabattit l’autre contre son dos pour la préserver un maximum de l’eau, avant qu’elle ne prenne le relais de la première. Ainsi plantée sur le trottoir, elle n’eut pas l’occasion d’éviter celle qui lui fonçait dessus sans vergogne.

La demoiselle en question marchait vite car le choc suffit à la faire tomber à la renverse en lâchant un petit cri de stupeur, les fesses dans une flaque en formation. Elle allait aussi devoir laver son manteau en rentrant… Un peu abasourdie et surprise, Vika se relèva en s’aidant de la main tendue de son agresseuse, attrapant le parapluie tombé au sol. Qui était une jolie hybride au ramage d’un blanc immaculé, comme ses vêtements. Si Vika avait obtenu le petit surnom d’ange noir, celle qui venait de la bousculer en était le penchant lumineux.

Venant de dépenser son trop plein d’énergie et de violence dans l’entrainement, la demoiselle corbeau ne se formalisa pas et évita la confrontation. Elle ne releva pas l’absence d’excuse, mais n’en fit pas plus, s’inquiétant plutôt de l’état général de la demoiselle.

« Rien de cassé ? »

Elle lui tendit son parapluie pour le lui rendre, essayant d’évacuer un peu l’eau de l’arrière de sa veste avant qu’elle ne soit plus trempée encore. Elle détailla un peu plus son interlocutrice. Vêtue d’une petite robe blanche sous son manteau ouvert (enfin, sauf si tu veux attraper froid :p), elle devait aller à cette allure pour éviter de tomber malade, justement, et caché sous son parapluie, n’avait pas vu la demoiselle corbeau. A la couleur de ses ailes, elle pouvait y voir tellement d’oiseau différent qu’elle n’essaya pas de deviner. Canard, colombe, cygne, grue ou même chouette ou mouette. Après tout, il en allait de même pour elle, les oiseaux aux plumes noires faisant légion. Et puis les hybrides ailés étaient assez rares, donc d’autant plus spécifique. Tout dépendait des goûts de celui qui l’avait commandé. Même si elle ne doutait pas qu’il s’agissait sans doute d’un animal dit « noble ».

« Doucement, tout de même. Je ne bougeais même pas»lacha-t-elle en plaisantant.

Au moins, on ne pourrait pas dire qu’elle ne prenait pas la chose avec philosophie.

Chocolate rain.

Bien. Le conflit potentiel était mort dans l’œuf. Si on occultait ses fesses dans l’eau, c’était une rencontre banale entre deux hybrides ailés. La demoiselle récupère son parapluie et lui en offre également sa protection, ce qui était apprécié. Elle ramena donc sa seconde aile le plus possible contre son dos. Son interlocutrice devait être un oiseau d’eau, puisqu’elle ne craignait pas de voir ses plumes exposées à trop d’eau. Enfin, rien n’était sûr, même pour elle, simple corbeau, elle pouvait rester longtemps sous la pluie, et le défaut de ses plumes ne se voyait vraiment que si elle les immergeait complètement dans l’eau d’un bain par exemple.

«Ce sont des choses qui arrivent. Heureusement que je n’étais pas une humaine, elles ont le chic pour se formaliser de ce genre de chose.»

Et quand c’était la faute d’une hybride, ça pouvait aller loin, et en général, c’est l’hybride qui regrettait. Voyant l’embarras dans lequel elle l’avait mise, la demoiselle angélique lui tendit un mouchoir en tissu que Vika refusa sobrement en agitant la tête. Autant ne pas salir plus de choses, maintenant.

«Ne vous embêtez pas, ce n’est que de l’eau, et ma veste est assez épaisse pour ça. Je m’en voudrais d’abimer ce mouchoir.»

Elle accepta cependant l’invitation à boire quelque chose. Elle avait sa journée de libre, et n’avait à être présente que pour le repas, pour aujourd’hui. Et le combat de ce soir, bien entendu, mais ça, c’était un secret… Et puis Vika refusait rarement un cadeau, et encore moins une rencontre avec un autre hybride, ailé ou non. C’était l’occasion pour elle d’obtenir quelques informations sur les maitres de cette île. C’était rarement pertinent, mais parfois, cela pouvait intéresser la résistance. Tout du moins, elle le pensait, en tout cas.

« Avec plaisir ma foi, on ne dit jamais non à un bon chocolat, mon maitre ne m’attends pas avant plusieurs heures. Je vous suis. »

Vika ne savait trop que penser de la demoiselle, et c’était pour ça qu’elle voulait plus encore discuter avec elle. Petit corbeau lui emboita donc le pas, ignorant si elle avait un établissement en tête ou si elle allait en trouver un dans le coin.

« On m’a nommée Vika, et si vous vous posiez la question, mes ailes viennent des corbeaux. Ce n’est pas le plus noble des oiseaux, mais ils ont leur charme. Et vous ?»

Elle se garda bien d’émettre la moindre hypothèse, ne voulant pas vexer celle qui la guidait dans la rue, en quête d’un café accueillant. En général, les hybrides étaient assez fiers de leurs penchants animaux, en tout cas entre eux, et présumer d’une espèce pouvait parfois être à l’origine de conflit. C’était aussi un bon moyen d’énerver son adversaire sur le ring, et Vika ne le savait que trop bien. Au détour d’une rue, demoiselle corbeau pointa du doigt un café qu’elle connaissait, et qui pourrait faire l’affaire.

« Je connais bien celui-ci. Et ils acceptent les hybrides sans leur maître s’ils payent d’avance. Si ça vous convient…»

Cosy café.

La pluie ne semblait pas vouloir se calmer, et Vika était au final bien heureuse de s’être fait rentrer dedans plutôt que d’avoir à attendre une accalmie pour rentrer. Au moins, elle allait passer un moment un peu plus agréable. Ce serait aussi l’occasion pour elle d’en apprendre peut-être plus sur quelque chose qui pourrait intéresser la résistance. Oh, elle n’espérait pas avoir un scoop, mais parfois, il suffisait d’un rien. Alors, même si ce serait surement peu fructueux, cela valait toujours le coup d’essayer.

Elle nota donc son nom, son animal et son origine. Leila était une rareté. Contrairement à Vika, elle était issue d’une véritable conception, entre deux hybrides vivants. Par conséquent, ceux-ci avaient surement vu le jour à l’âge adulte. La demoiselle corbeau frissonna, tentant d’imaginer l’effort mental d’une naissance dans un corps entièrement formé. L’apprentissage de l’enfance et de l’adolescence complétement écarté. Elle n’en avait jamais croisé, mais ces hybrides-là ne devaient pas briller par leur intelligence. Au moins, pour la corbeau, on avait eu la décence de la créer telle qu’elle aurait dû être en sortant du ventre d’une mère. Et son interlocutrice n’avait pas eu à s’inquiéter de ça, de toute façon, si elle avait eu des parents.

Sa proposition d’établissement accueillie par une affirmation, les deux hybrides entrèrent dans le petit café. Elle secoua son plumage avant de passer la porte, pour s’éviter les foudres du tenancier en mettant de l’eau partout. Leila choisit une table et Vika s’assit en face d’elle. Une serveuse ne tarda pas, bien qu’apparemment peu motivée, et demoiselle corbeau demanda un chocolat, et celle qui l’accompagnait un thé. L’employée leur indiqua combien elles devraient préparer pour payer avant d’aller lancer la commande.

« Alors, que faisait une ravissante cygne dehors par ce temps ? »

Elle relança la conversation par une simple question, qu’elle enchaina avec une affirmation un peu moins anodine.

« Il est rare de voir une hybride aussi précieuse se balader seule, après tout.»

Cela en disait long sur son propriétaire, cependant. Elle était surement une privilégiée, tout comme elle. A moins qu’elle ne se soit enfuie pour la journée en espérant ne pas se faire contrôler par un rabatteur de passage. C’était possible mais peu probable.

La serveuse revint et les servit, encaissant immédiatement ensuite. Vika laissa la demoiselle cygne payer, comme elle l’avait promis, mais elle avait de quoi le faire, au cas où. Les mains autour de la tasse chaude, elle se laissa réchauffer par les extrémités, profitant de la boisson sans même la porter à ses lèvres.

«Et encore merci pour l’invitation.»

Prospection chocolatée.

Rien ne valait un bon chocolat par ce temps. La jeune cygne tint sa promesse et paya pour la commande, avant de répondre à ses questions en remuant son thé. Intéressant, les leçons de tir. Cela aurait pu lui servir, à elle aussi, d’apprendre à tirer, mais elle voyait mal comment elle pourrait convaincre son maître de lui laisser en faire. Il n’y verrait aucun intérêt et trouverait même cela étrange. Car cela l’était, de laisser son hybride se servir d’une arme à feu. Ce n’était plus de la simple confiance, s’en était presque de l’inconscience. Ou alors c’était un maitre qui n’en était pas vraiment un. Il y en avait après tout, des humains qui possédaient des hybrides et les laisser vivre normalement, comme si leur hybridation n’impliquait aucune discrimination.

« Oh, sans parler de fuite, une dangereuse alternative à la vie à Togi, il y a des gens peu scrupuleux qui s’en prennent aux hybrides isolés. Une disparition est vite arrivée.»

En tout cas, c’est ce qu’elle avait entendu dire, et les rares fois où elle rentrait tard, elle évitait certains chemin et prenait bien garde à rester à proximité des zones encore fréquentées. Dans le pire des cas, elle pouvait toujours appeler son maître qui enverrait quelqu’un la chercher. Elle attaqua le chocolat avant de répondre, touillant distraitement le breuvage pour s’occuper les mains.

« J’avais mon cours de karaté au dojo. Mon maître tient à ce que ses hybrides restent en forme. Ce sport-là, en plus de maintenir les capacités physiques qui lui rapportent ou qu’il apprécie, offre l’avantage de me donner de quoi me défendre contre, justement, les gens peu scrupuleux. Dans une certaine mesure. »

Elle était assez satisfaite de la façon dont elle avait tourné ça, car elle n’avait pas menti. C’était sa capacité à se battre qui lui rapportait le plus, mais pas seulement, et il ne fallait pas sortir de Saint-Cyr pour comprendre à quoi elle avait fait allusion. Vika aimait bien choquer en parlant de cela aussi ouvertement. Elle heurtait les bonnes mœurs de certaines personnes, mais l’esclavage des hybrides étaient un fait admis, alors elle parlait de ça de la même manière. Cela faisait, parfois, réfléchir certaines personnes.

« Pour le temps libre dont je profite maintenant, c’est une récompense de mes bons services. Contrairement à beaucoup de maître, un mauvais comportement de la part d’un de ses hybrides n’entraine qu’une perte d’avantage et de privilège obtenu par le mérite. C’est une confiance que j’ai gagnée et que je peux perdre à la moindre incartade. »

Johan avait une certaine expérience dans le management de ses propriétés. Peut-être que le maitre de Leila était juste naïf, ou il connaissait bien son hybride. Après tout, elle jouissait d’une grande liberté parce qu’elle avait eu l’occasion de fuir et de ne jamais revenir, et elle avait préféré rentrer. C’était une belle preuve de loyauté. Mais Johan gardait certains hybrides à l’œil et nombreux étaient ceux qui ne pouvaient pas sortir sans surveillance.

« Tu es sa seule hybride ? Ou il y en a d’autres ? »

Prospection chocolatée.

Son interlocutrice ne releva pas ses allusions. Soit elle s’en doutait et savait que c’était quelque chose de normal, soit elle n’avait pas fait attention. Tant pis. Au moins, elle répondait à ses questions sans réticence. Elle était la seule hybride de sa maisonnée. Dommage, Vika aurait été contente de savoir qu’elle avait des congénères, et surtout, qu’il y en avait plusieurs dans sa situation plutôt avantageuse sur Togi. Elle trouvait cependant étrange que son maître ait été forcé de l’acheter ou de la recueillir. S’il avait voulu s’en débarrasser immédiatement, il aurait facilement pu retrouver un acheteur. Elle n’insista pas plus cependant, elle n’avait pas vraiment terminé sa phrase et Vika n’était pas certaine de la raison, mais si Leila avait voulu lui en dire plus, elle l’aurait surement fait. C’était rare qu’un humain qui ne portait pas d’affection pour un hybride en possède un, s’il ne s’en sert pas pour faire du profit, bien entendu. Vika sortit de ses réflexions, car la demoiselle cygne changea un peu l’orientation de la conversation.

«Un peu plus de vingt-cinq ans, et à peu près autant chez mon Maître. Tout du moins, j’ai vécu dans la maisonnée dès qu’il a été possible de me sortir du laboratoire. Je n’ai même pas connu les « joies » de l’animalerie. Néanmoins, c’est au fils de mon premier propriétaire que j’appartiens désormais. Du coup, cela fait à peine trois ou quatre ans que je suis réellement à lui. Mais je lui obéissais déjà avant, bien entendu.»

Et c’était bien plus agréable, maintenant. Elle ricana intérieurement en y pensant. Outre une gestion un peu plus conciliante, il y avait bien d’autres avantages.

« Et toi ? J’imagine que tu as eu un autre maître avant, si tu es née de vrais parents et que tu es seule hybride chez toi maintenant. Ce n’est pas trop dur de devoir ainsi changer ?»

Sauf si justement, elle faisait référence à sa naissance en disant « forcée de me prendre », mais la tournure aurait alors été bien trop ambigüe. Vika se déplaçait souvent entre les différentes maisonnées, puisqu’elle était un trophée comme un autre. Une recompense pour certains combattants ou simplement une hybride avec qui passait la nuit pour qui saurait y mettre le prix. Mais elle gardait la certitude d’avoir la protection de Johan. C’était différent quand le propriétaire changeait.

Prospection chocolatée.

Vika constata, sans surprise cependant, que l’évocation de l’animalerie faisait ressortir des souvenirs, probablement difficiles. C’était récurrent. Ce simple mot pouvait provoquer des frissons chez la majorité des hybrides. Encore quelque chose qu’elle était bien contente d’avoir évité. Cela ne l’empêchait pas de compatir. Le soupir que Leila poussa confirma ses soupçons, et elle résuma bien l’idéal de sa cause.

Quatre. Pas très facile, surtout à leur âge. S’adapter à un maitre pouvait parfois être compliqué. Devoir changer régulièrement n’aidait pas, les comportements attendus par l’un n’étant pas toujours les mêmes que ceux voulu par un autre. La cohabitation forcée avec d’autres hybrides n’était pas non plus toujours souhaitable. Vika le savait bien, tous ne l’appréciait pas dans maisonnée, et elle n’appréciait pas non plus tous ses congénères. Elle avait cependant l’avantage d’être une, si ce n’est la, mieux vue de leur maitre, et son opiniâtreté en combat dissuadait les plus téméraires de lui chercher des noises à l’entrainement ou de manière générale.

Elle jeta un œil aux alentours, Leila commençant à prononcer des paroles plus que dangereuse. Pour peu qu’un rabatteur ne traîne dans le coin et veuille faire du zèle, énoncer à haute voix une sympathie révolutionnaire était risqué. Vika se pencha instinctivement en avant, espérant que Leila y voit une invitation à baisser un peu la voix, ce qu’elle-même fit en répondant. Elle resta néanmoins courtoise sur sa mise en garde, même si elle n’en pensait pas moins. La demoiselle corbeau jouait souvent sa vie sur ce genre de détail, elle n’aimait pas les négliger, et Leila faisait preuve d’un manque élémentaire de prudence.

« Il est… dangereux d’affirmer ce genre de chose haut et fort. Quand bien même je partage une certaine sympathie pour l’idée. J’aurai pu être une rabatteuse en civil. »

Elle se garda bien d’ajouter qu’il pouvait en être de même pour elle et qu’elle cherchait à la piéger. Vika n’en avait qu’une légère suspicion, alors elle allait garder ses doutes pour elle.

« Tu pourrais toujours tenter de fuir pour rejoindre les hybrides déjà dehors. Mais la vie doit surement y être moins facile. Ou attendre que les choses changent pour nous, mais comme la traite des esclaves dans le nouveau monde, cela se fera dans la violence. Je préfère rester auprès de mon maitre, même si cela implique de n’être qu’un objet. Cela demande un peu d’effort, mais on y trouve son compte. »

Si on cherchait à lui faire dire des choses, cela suffirait à donner le change. Sinon, c’était aussi le bon moyen de voir à quel point la jeune cygne rejetait l’autorité humaine.

« Pour ce qui est des ailes qui sont juste là pour faire joli, je doute qu’un hybride puisse un jour voler. Je me suis souvent posé la question, et j’ai fait quelques recherches, un être de forme humaine ne pourra jamais s’élever dans les cieux avec une simple paire d’aile. Les oiseaux le peuvent car leur masse est plus facile à élever. Mais ça reste triste à porter. »

Enfin, elle les aimait bien malgré tout. C’était gracieux, doux et aérien. Un atout de charme, et aussi un avantage, bien que très léger par rapport à d’autres hybrides, qu’elle avait su exploiter.

Fin d'enquête.

La tension de Vika descendit d’un cran après un rapide coup d’œil aux alentours, et quelques secondes sans que rien de facheux n’arrive. De toute façon, elle, elle n’avait rien dit, et la conversation s’éloigna de ce sujet épineux. Vika était cependant satisfaite, bien qu’elle n’ait pas eu toutes les réponses qu’elle esperait.

Si elle n’avait pas affirmé sa sympathie pour la cause, Leila avait au moins montré signe de rejet de l’autorité. Et c’était toujours la première étape vers une conversion réussie et le gain d’un nouvel allié. Ce n’était de toute façon pas à elle de juger de cela pour le moment, mais à la Resistance, qui lui donnerait peut-être par la suite d’autres instructions au sujet de Leila.

Néanmoins, la demoiselle cygne coupa court à la conversation, la pluie s’étant terminée et leurs boissons également. Tant pis, Vika ne pourrait confirmer plus que cela, l’impolitesse ne faisant pas partie de son éducation, d’autant que son charmant sourire ne semblait pas feint.

« Encore merci pour l’invitation. Si ce n’est pas dans tes habitudes, cela n’en restait pas moins très agréable. Au plaisir de te revoir peut-être ! »

Elle se leva, prenant bien garde à ne pas déployer ses ailes, salua une dernière fois son homologue aviaire, ainsi que le personnel, et passa le seuil de l’établissement, étirant ses deux grands appendices noirs une fois dehors. Elle prit le chemin de sa maison, repetant dans sa tête les informations qu’elle avait récolté au cours de la discussion, pour en faire un rapport précis lors de son projet dépôt de données. Ce ne serait pas son meilleur rapport, mais c’était déjà mieux que rien, hein ?