Changement radical ? [PV: Luka Milosevic]

Il avait continuellement la boule au ventre en lui adressant la parole. Mais le pire, c'était le soir. C'était tellement violent que parfois, ça lui donnait la nausée. Alors, imaginer bien que le petit chaton en chiffon aurait voulu le voir partir cette journée-là que de le voir s'approcher de lui. Il se retenait de faire un mouvement de recul, restant droit comme un piquet. Il le laissa caresser tendrement ses cheveux, sans aucun apaisement apparent. Il connaissait bien les méthodes de son maître pour le rassurer, lui faire croire que tout va bien... Il n'aimait pas sa pitié, il n'aimait pas la pitié de Meiko, il n'aimait pas ce genre d'attentions qui avaient pour but de le rendre plus doux et moins automatique. Pourtant, c'était Luka qui l'avait transformé ainsi. Il ne demandait jamais rien, on lui demandait jamais ce qu'il voulait, tout était ainsi. Il était l'esclave de la maison, une simple poupée de chiffon robotique qui ne fait d'obéir aux ordres et laisser son maître user de lui.

Mais... Cette fois... Une petite lueur de surprise apparut dans son regard aux paroles du dresseur. Pardon ? Il avait le droit de s'exprimer ? D'être fatigué ? La dernière fois qu'il s'était exprimé, il avait fini par être torturé dans un coin de la maison. Alors, bon... Et puis laisser tout à Meiko parce qu'il était fatigué ? Oh la... Déjà qu'il avait réussi à s'entendre avec elle, ce n'était pas pour tout détruire en la laissant faire les tâches ménagères. Elle n'était pas douée pour ça, surtout après l'incident de la tasse que monsieur Milosevic n'avait pas encore découvert... Encore heureux. Mais... La vraie surprise fut le fait de lui demander quelque chose. Cela faisait des lustres qu'il ne lui avait dit ce genre de choses. Sauf que... Il ne pouvait pas refuser, du moins... Il allait essayer quand il le vit sortir les mugs. Il soupira intérieurement avant de le rejoindre.

-D'accord...

Un léger sourire se dessina sur son visage en le voyant sortir le lait et le chocolat... Un chocolat chaud ? Il en avait de très mauvais souvenir avec cette boisson. Loin de là qu'il la déteste, cela lui rappelait les froids hivers de Russie, mais ici il avait un goût amer. Mais, il ne fit aucun commentaire là-dessus, car, malgré tout, il adorait ça. Mais ça le dérangeait de savoir que le bourreau connaissait aussi bien ses goûts... Ce petit sourire disparaissait à la question posée puisqu'il avait trois choix possible comme réponse. Soit mentir, soit dire la vérité, soit faire les deux dans une réponse assez vague.

Il allait répondre avant de se faire couper une nouvelle fois par l'humain. Il lui disait qu'il devait s'exprimer, mais il fallait déjà qu'il puisse. Il fit un simple soupire intérieur, restant le plus neutre possible. Le canapé ? Plus jamais, pas à ses côtés avec ses mains baladeuses. Et encore cette main venant lui caresser les cheveux tel un petit toutou... Il détestait ça, comme l'appeler Dim d'ailleurs. Mais il ne disait rien, le laissant faire d'un regard aussi neutre que d'habitude. Ne pas le manger ? Non, le fouetter ou le violer à la limite. Il effaça cette mauvaise foi en lui avant d'aller s'asseoir sur une chaise, celle en face de Luka, posant les tasses sur la table en ayant préalablement retiré sa main de ses cheveux avec un mouvement de tête fluide.

Il regarda la tasse devant lui avant de reposer son regard sur le blond. Il se demandait bien pourquoi il avait envie de faire le point d'un coup. Mais commençons par le commencement...

-Elle est cassée, la tasse.

Voilà, il disait la vérité sur cette pauvre petite tasse sans pour autant dire qui l'avait bien cassé. Ça pouvait être Meiko ou lui, mais ça, monsieur Milosevic ne le saura jamais sauf si la chatte se décide à cracher le morceau. Puis, comme pour d'évier le sujet que voulait aborder son maître, il détourna le regard pour observer le soleil dehors avant de dire aussi calmement.

-Vous ne travaillez pas aujourd'hui ?

Même s'il se doutait de la réponse, mais aux moins il évitait le sujet principal. Il avait la boule au ventre ? Énormément. Il ne toucherait pas à sa tasse avant bon moment. Il allait sûrement reparler de son comportement, lui disant d'arrêter d'être aussi automatique, d'être plus spontané voir joyeux... Comment pouvait-il l'être, hein ? Il attendait avec une énorme appréhension les futures paroles qui allaient sortir de sa bouche.

Gardant le visage le plus neutre possible, il fut tout de même surpris de voir me chocolat, les chamallow et le lait posé séparent sur un plateau lui-même sur cette fameuse table. Est-ce que Luka avait compris que Dimitry était totalement devenu parano ? La boule dans son ventre augmenta encore plus à cette pensée qui était sûrement vraie. Bon, au moins, il s'était sûr qu'il n'allait pas essayer de le droguer vu que lui aussi prenant du lait...

Il regarda la tasse avant de reporter son regard sur le magnifique temps à l'extérieur. Ce n'est pas la tasse qui le fit tiquer, mais le ''aujourd'hui je ne travail pas''. Il s'était préparé mentalement à ce genre de jour où il le verrait une journée toute entière. Mais bizarrement, toute sa préparation venait de partir en éclat... Et cette fichue boule au ventre qui ne faisait qu'augmenter ! Pas de nausée... Pitié... Trop tard. Et pitié, pas ce ton doux... Il n'était pas idiot bordel.

Oh, non. Pas de chocolat pour l'instant, il allait le dégurgiter s'il avalait ne serait ce qu'une goutte... Mais il n'avait pas le choix. Il attrapa le lait chaud pour le verser, ajoutant les chamallow tout en déglutissant défilement. Il n'aimait pas cette situation... Pas du tout. Même s'il essayait d'être le plus neutre possible, il était dessus aussi pale qu'un mort. Il écoutait le bourreau... Avant de ne pas pouvoir retenir un léger sourire amer. Améliorer son quotidien ? Peut-être le laisser redevenir humain et le laisser repartir en Russie ? Ah, mais non, ce n'était pas possible voyons. Sur qui le méchant Luka allait pouvoir se défouler et assouvir son plaisir, hm ? Oui, Dimitry l'avait mal avalé cette pseudo-aide venant de son maître.

-Améliorer mon quotidien, hein ?...

Sa voix était remplie d'ironie. Oui, on ne pouvait pas améliorer son quotidien aussi facilement. Il laissa un silence entre eux deux pour lui laisser le temps de manger les chamallow et avaler d'une traite le chocolat chaud après l'avoir bien mélangé. Mon dieu... Ce n'était pas du tout un bon mélange à faire.

-Laissez-moi. Tout simplement.

Sur ses mots, il se leva pour poser la tasse dans levier pour la laver. Il avait beau réagir comme ça, la boule dans son ventre était légèrement remontée dans sa gorge. Il n'arrivait pas à se comprendre lui-même en ce moment. Il était perdu... Il n'arrivait pas à agir correctement... Il était heureux de voir que Luka voulait prendre soin de lui, mais il avait toujours s'être grande haine en lui... Mais il était aussi très heureux et... Triste et... En colère et... Il s'en foutait aussi parfois... Cette putain de boule !

Il s'arrêta de laver la tasse, passant une main au niveau de ses yeux. Enfin, il craquait. Jusqu'à présent, il n'avait jamais extériorisé tout cela et... Cette fois, il ne pouvait plus. Des larmes commençaient à couler le long de ses joues avant qu'il prenne la parole d'une voix légèrement tremblante.

-Je... Je n'y arrive plus...

Monsieur Milosevic n'allait peut-être pas comprendre. Après tout, jusqu'à maintenant Dimitry restait très secret. Il n'aimait pas la présence de son maître, mais il l'aimait quand même parfois. Le soir, être seul dans son lit était un soulagement... Parfois c'était tout le contraire. Il pouvait ressentir de la joie et cinq minutes plus tard de la haine. Il était fatigué, c'était une certitude. Mais, il y avait autre chose... Autre chose qu'il cachait au plus profond de lui dont il avait tellement honte... Et il ne le supportait plus. Et il ne comprenait pas pourquoi il pleurer à cet instant… Cela avait le don d’augmenter sa respiration et il commençait presque à avoir du mal à respirer…

Monsieur Milosevic avait l'air surpris de sa demande. Il n'avait pas remarqué que Dimitry se débattait toujours avant de passer à l'acte ? Qu'il simulait ? Bon, simuler non, même si au fond de lui il disait que c'était cela et non pas du plaisir qu'il ressentait. Mais, il voulait qu'on le laisse un peu tranquille quelques fois... Vraiment... Tout ça le fatiguait énormément. Mais en même temps... N'avait-il pas besoin de quelqu'un pour être réconforté ? Recevoir un peu d'amour et de tendresse ? Même s'il refusait l'admettre, comme toujours.

Mais voilà qu'il éclata en sanglots, sans vraiment savoir pourquoi... Il avait lâché le mug pour essayer de cacher son visage dans ses mains. Ne rien montrer à Luka était la seule chose qui s'imposait et voilà qu'il avait fini par se trahir lui-même. Il ne savait pas comment allait réagir son maître, mais au plus profond de lui il espérait qu'il vienne lui caresser les cheveux comme il le faisait toujours... Qu'il le prenne dans ses bras... Qu'il le réconforte, le rassure... Même s'il avait beau le haïr, il ne pouvait compter que sur lui en cet instant. Il n'avait que lui et Meiko, personne d'autre...

Il posa doucement son regard sur l'homme à ses côtés, écoutant ce qu'il disait et essayant de ne pas se jeter dans ses bras pour se serrer contre lui, demander encore plus d'affection que ce simple geste délicat. Il faillit répondre du tac au tac à ses paroles, mais le geste de sa main retira toute la colère qui venait de faire un bond dans son coeur. Il comprenait enfin ? Est-ce que son bourreau comprenait enfin se ressentit ? Cela ne fit qu'empirer les sanglots du blond qui en perdait son souffle. Et enfin, seulement enfin son désir fut rassasié.
Contre Luka, il s'abandonna totalement. Il l'écoutait tout en laissant ses larmes couler encore et encore... Pourquoi il le croyait quand il lui disait qu'il l'écouterait ? Parce qu'il avait envie, à cet instant, d'y croire. Il passa ses mains dans le dos de son maître pour agripper son haut et reprendre de plus belle ses sanglots. L'entendre dire qu'il avait fauté le rassurait un peu plus tout en accélérant encore ses larmes. Il avait beaucoup de mal à s'arrêter... Il avouait son erreur... Cela voulait-il dire qu'il pouvait lui faire confiance maintenant ? Dimitry ne savait pas, il ne savait rien à vrai dire...

Il se calma petit à petit, relâchant doucement le haut de son maître, sans pour autant retirer ses mains de son dos. Il voulait rester contre lui... Oui, c'était très contradictoire par apport à ce qu'il avait dit juste avant. Mais, il ne savait pas vraiment ce qu'il voulait vraiment de toute façon. Il resta simplement là, dans les bras du blond, les yeux fermés... Savourant ce moment de douceur et de calme... Il avait la tête comme un ballon, la gorge sèche et les yeux qui lui faisaient terriblement mal. Il articula calmement, totalement apaisé.

-Je suis fatigué maître... Mais j'ai tellement de choses à vous dire... Tellement de choses à faire... Tellement de...

Il s'arrêta, sachant que c'était inutile de continuer ce discours. Il releva la tête vers Luka tout en ouvrant les yeux pour le regarder et il avoua, presque timidement.

-Je ne veux pas que vous me laissiez... J'ai tellement peur de tout maintenant...

Et pour une fois, ça ne lui écorchait pas la gorge de dire ça. Pour une fois, il laissait parler son coeur. Pour une fois, il était totalement sincère.

Dimitry était tellement submergé par ses émotions qu'il n'avait pas senties son maître surprit de sa réaction ou même qu'il ne savait pas comment réagir. Pour le blond, à cet instant, il voulait simplement se libérer de tout ce qu'il avait en lui et pouvoir sentir un peu d'affection, de compréhension peut-être aussi... Les caresses que faisait monsieur Milosevic étaient tout ce qu'il voulait... De la douceur et de la tendresse tout cela dans un demi-silence, puisque le russe ne pouvait pas s'empêcher de sangloter.

Une fois calmé, il essaya d'exprimer ses sentiments, ce qu'il aimerait lui dire... Mais tellement de choses lui passaient par la tête qu'il n'arrivait pas à savoir par où commencer. Il y avait tant à dire... À force de jouer au muet, ou bien de n'avoir personne à qui parler de tout et de rien, il avait beaucoup trop de choses à exprimer. Mais le plus étonnant fut sa petite révélation contradictoire à sa colère précédente. Il lui avoua qu'il ne voulait pas rester seul, en quelque sorte. Ne pas le laisser, ne pas l'abandonner. Cette expérience d'asservi l'avait rendu aussi sensible ? Non, une grande partie de la fatigue jouait un rôle et aussi le fait de se taire et de jouer le parfait esclave de maison. Mais bizarrement... Bizarrement à la réponse du blond... Il fit un léger sourire presque de soulagement.

Il se décala doucement de son maître pour se diriger vers le canapé avant de s'y asseoir tout en s'enfonçant le plus possible dans les coussins. Il aurait voulu rester dans les bras rassurant de Luka, mais il se disait que ce n'était pas une bonne idée. Il reprenait petit à petit ses esprits et il comprenait que le bourreau ne savait pas comment réagir dans cette situation. Par contre... Les propositions qu'il lui proposa ne le firent pas réagir toute suite. Il avait vraiment l'impression qu'il ne savait pas comment réagir et que, finalement, peut-être qu'il devrait lui dire qu'il préférait aller dormir. Au moins, tout redeviendrait comme avant le lendemain...

La rectification de sa proposition juste avant fit hausser les sourcils du russe. Il lui laissa le choix de faire ce qu'il voulait ? Alors, il commençait à comprendre comment agir avec lui ? Où était-ce une ruse pour mieux l'amadoué ? À vrai dire, Dimitry n'avait pas ce genre de pensées en tête, il n'était pas totalement remis de toutes ses émotions. Mais, il voulait profiter de cet instant pour discuter tous les deux.

-J'aimerais discuter... Discuter avec vous...

Il attrapa le plaide à ses côtés pour s'emmitoufler dedans, comme pour être dans un cocon, une protection, quelque chose de rassurant. Au fond de lui, il avait peur d'aborder ce genre de conversation avec lui, mais il sentait que c'était le moment ou jamais. Il n'osa pourtant pas regarder son maître en face, préférant regarder les petites choses à grignoter non loin.

-Pourquoi vous faites tout cela avec moi ? Pourquoi... Vous m'avez choisi, moi ? J'aimerais tellement comprendre... Vous savez, le patinage et la boxe me manque... L'informatique aussi... J'étais très fort à l'université vous savez... J'aimerais bien faire un tour au cirque...

Le blond enchaînait les petits détails comme ça, sans vraiment se rendre compte que son discours n'avait rien de normal et qu'il partait un peu partout et dans tous les sens, sans même laisser le temps à Luka de répondre. Mais, il s'arrêta pour le regarder droit dans les yeux, serrant le plaid entre ses mains.

-Je voudrais retourner en Russie maître...

Pourquoi il avait dit ça ? Mais quel idiot ! Il pensait vraiment qu'il allait lui accorder ce vœu ? Bien sûr que non ! Il allait ce foutre de lui ou bien le punir pour avoir osé dire ça... Surtout que juste avant il lui avait dit qu'il ne voulait pas qu'il le laisse... Serait-ce une invitation à aller en Russie tous les deux ? Bien sûr que non ! Quoi que... Non ! Le petit idiot détourna vite le regard en se rendant compte de son dernier souhait, s'attendant à la punition ou la remarque qui ne lui plairait sûrement pas.

Il était bien dans son plaid, il y faisait chaud serte, mais c'était une chaleur réconfortante. Il ne voulait plus que ce soit Luka qui le réconforte, il voulait le faire lui-même. Il ne voulait plus être faible comme maintenant. Il voulait redevenir LE Dimitiry Azarov ! Le jeune homme russe qui se battait pour sa vie et pour les autres. Celui qui ne se laisse pas faire et qui n'a peur de personne, même pas de son bourreau. Mais... Peut-être était-ce un rêve utopique de croire qu'il allait pouvoir redevenir ainsi... En tout cas, être emmitouflé ainsi le faisait se sentir bien et plus confiant pour parler avec le blond à ses côtés. Même si... L'envie de plonger dans les bras de son maître le rongeait.

Il avait prit l'habitude de sentir la cigarette et ce n'était plus devenu une gêne que quelqu'un fume à côté de lui. Même s'il aurait préféré qu'il le fasse dehors ou à la fenêtre. Mais on ne peut pas tout demander, n'est-ce pas ? En tout cas, il attendait les réponses du dresseur et... Comment vous dire qu'aucune ne lui convenait. Finalement, il aurait dû se taire et aller se coucher ou bien regarder un film comme il l'avait proposé juste avant. Pourtant, il ne disait rien et il le laissait parler, faire ses gestes affectueux et rassurants. Mais au fond de lui, c'était peine perdue.

Dire ''non'' pour le russe n'était pas acceptable. Parce que le jour où il ne le dira pas, c'est qu'il sera consentant. Et... Il refusait ça. Il n'avait jamais été consentant, jamais. Vraiment ? Alors, pourquoi parfois quand il était seul il aurait voulu avoir Luka dans ses bras ? Son esprit et son coeur s'emmêlaient souvent ses derniers temps et il était difficile pour lui de réfléchir correctement. Quoi qu'il en soit, il était pris pour un objet ou un simple animal de compagnie d'après les paroles de son bourreau. Enfin, c'était comme ça que Dimitry le comprenait. Il avait été acheté par simple plaisir et il devait obligatoirement dire ''non'' pour refuser quelque chose. On l'autorisait à avoir des activités et un travail à condition d'obéir. Le fait de comprendre ça faisait reprendre ses esprits au russe et surtout la réponse pour retourner en Russie.

Non, il n'était pas bien à Togi. La preuve était devant ses yeux avec ce craquage du blond. Celui-ci observait son maître, droit dans les yeux. Son air complètement perdu et triste avait disparu pour laisser place à son éternel air détaché voir blasé. Il fit un grand soupire avant de retirer la main de Luka de sous son menton et de retirer le plaid puis parla tout en le pliant.

-Comment voulez-vous que je prenne un travail avec tout ce que j'ai à faire ici ? Ce serait m'épuiser encore plus. Je ne suis pas bien ici, non. Je suis la preuve vue comment j'ai réagi tout à l'heure, vous ne pensez pas ?

Il se leva pour poser le plaid au niveau d'où il était assis, puis prendre un petit biscuit pour le grignoter avant de reprendre.

-Je préfère vous appeler maître. Je ne suis que votre esclave après tout, c'est à ça que sert un asservi. Et quelle occupation me plairait le mieux ?...

Il marqua une nouvelle pause, réfléchissant à cela. Il ne lui en demandait pas plusieurs, mais une. Comment choisir entre le patinage artistique, la boxe, s'amuser à pirater, aller faire la fête jusqu'à cinq heures du matin, dormir dans les amphithéâtres, aller dans des concerts en Russie... Il se rendait compte que sa vie en Russie, finalement, était énormément plus agréable qu'à Togi et cela accentuait le fait qu'il ne se sentait pas à sa place ici. Et pourtant... Pourtant il allait devoir le supporter jusqu'à sa mort ou, peut-être avec un peu de chance... Jusqu'à l'élection d'un nouveau maire qui arrêtera tout ça.

-Je voudrais un ordinateur. Vous pourrez surveiller ce que je fais dessus, ne vous inquiétez pas. Mais au moins ça ne me fera pas perdre de temps comme un job. Et une activité... Une activité sportive comme la boxe ou le patinage. Au moins ça me ferait sortir une heure ou deux d'ici sans perturber le reste de ma journée déjà chargé. À vous de voir...

Dimitry adressa un sourire à Luka, un sourire faux et il ne savait pas si celui qui le recevait allait voir qu'il jouait la comédie. Après tout... Le blond était plutôt doué jusqu'à présent pour cacher ses sentiments ! Même si là... Là il avait encore envie de pleurer. Il était devenu trop fragile ses derniers temps... Et rester à parler avec son bourreau n'était pas pour arranger les choses. Il ne devait pas craquer, même s'il sentait mal. La seule solution dans cette situation : la fuite.

-Je vais aller prendre une douche. À plus tard.

Un nouveau faux sourire avant d'essayer de se diriger le plus calmement dans la salle de bain. Ne pas courir, ne pas montrer ses larmes maintenant. Mais pourquoi il ressentait ce vide en lui lorsqu'il s'éloignait de son maître ? Cette sensation terrible... Non, le blond ne voulait pas la ressentir et ne voulait pas y croire... Il ne voulait pas tomber dans son piège... Il ne voulait pas être dépendant de lui... Bordel, ses émotions étaient vraiment contradictoires ! Il était déchiré en deux et lui-même ne savait pas quoi faire !

Plus que quelques pas pour être dans la salle de bain... Encore un petit effort de self-control et sa fuite seraient un succès. Pensait-il vraiment qu'il aurait pu y arriver avec Luka derrière lui qui n'était pas dupe ? Oui. L'espoir était la seule chose qui le faisait vivre dans cette vie de merde. Mais, il se rendit bien compte de son erreur. Il aurait dû lui parler un peu plus puis fuir dans la salle de bain, pas simplement fuir après une discutions si vague.

Il fut surpris de ce qu'il se passait en quelques secondes. Son bras attrapé et pouf, plaqué contre le mur. Il n'aimait pas ça... Vraiment pas... La boule qu'il avait au ventre au tout début de leurs échanges, était revenue et lui faisait un mal de chien. Là, il avait peur. Peur de la colère de son bourreau. Il ne montra rien, simplement un petit sourire nerveux suivi d'une déglutissions difficile en croissant son regard. Son murmure lui fit froid dans le dos. Pourquoi avait-il toujours cette impression d'être en danger quand il prenait le dessus ?

Il le laissa totalement faire, n'osant pas protester ni parler par peur de faire ou dire une connerie. Cette proximité ne lui permettait pas, il pouvait le punir très rapidement puisqu'ils étaient en face. Mais cette main dans ses cheveux l'apaisait... Bordel, pourquoi ? Pourquoi ses gentilles attentions l'affectaient autant ? Il l'écoutait toujours et ça lui faisait chaud au coeur de s'avoir qu'il n'était pas qu'un simple asservi pour monsieur Milosevic. Mais pourquoi ça lui faisait plaisir ?! Bien sûr qu'il n'était pas un simple asservi ! Il fallait qu'il fuie... Même si cette fois il avait en tête de frapper son maître, quitte à être puni, rien que pour s'enfuir. Enfin... Il oublia cette idée aux paroles du blond.

Que faire ? Lui dire la vérité ? Laisser son coeur parler ? Non... Non... Surtout pas... Il se moquerait de lui ou en profiterait pour encore mieux le manipuler. Il l'avait déjà bien fait, non ? Il avait réussi à le rendre docile et lui faire un peu sortir les vers du nez. Il ferma les yeux un instant pour ne plus croisés ceux de son bourreau, soupirant un grand coup et laissant un long silence entre eux. S'il restait muet, peut-être qu'il le laisserait ? Avant, c'était ce qu'il faisait et il avait la paix. Pourquoi ça ne marcherait plus maintenant ? Parce que Luka voulait savoir et il ne le lâcherait pas tant qu'il n'aura pas ses réponses. Il rouvrit les yeux avant de commencer.

-Vous avez détruit ma vie. Vous et cette île maudite.

Il essaya de se calmer, serrant les poings et fermant les yeux. Encore un long soupire s'échappa de ses lèvres. L'émotion montait de plus en plus en lui. Mais il devait se contrôler pour éviter de dire des mots déplacer qui se finirait en punition.

-À vous croire bon et droit dans vos bottes... Comme si vous n'aviez rien à vous reprocher... Faire croire que le monde est parfait et que c'est nous le problème. Nous manipuler ou nous exterminer...

Là... Il ne disait pas ''vous'' en parlant que de monsieur Milosevic. Il parlait de tous ceux qu'il avait connus d'ici jusqu'en Russie. Ses parents d'abord, puis les riches, les véreux, les connards en tout genre... Et le ''nous'' étaient tous ceux qui voulaient que le monde soit meilleur. Aider le plus démuni, faire respecter une vraie justice... Il rouvrit les yeux pour regarder droit dans les yeux son maître avec cet ancien regard... Un regard à moitié haineux.

-Je veux retourner en Russie ! Je ne veux pas croupir dans cette maison, avec vous tous, dans cette ville ou même l’île complète ! Non, je ne suis pas bien ici ! Je ne suis pas heureux, je passe ma vie à faire des courses, à nettoyer pour m'occuper l'esprit sinon je deviendrais complètement dingue dans cette putain de baraque ! Je répète les mêmes gestes tous les jours pour éviter de cogiter ou de tourner en rond sans but !

Il commençait à craquer, enfin. Son langage était la preuve de son craquage ainsi que son haussement de ton. Les larmes commençaient à monter petit à petit et il serait les poings aussi fort que possible.

-J'ai besoin de sortir d'ici ! C'est pas ma place Luka ! Est-ce que tu comprends putain ?! J'en ai marre ! Marre !

Il s'était mis à le tutoyer, là. Il était au maximum de son craquage et les larmes commençaient à coulées petit à petit. Mais, il allait faire une révélation qu'il n'aurait jamais faite avec son esprit totalement sain.

-Mais... J'ai l'impression que si je pars ou que je m'éloigne de toi, je risque quelque chose ou que tu me manques... Je... J'ai besoin de toi et je ne sais plus comment vivre sans toi... Je sais pas pourquoi ça me fait ça... C'est bizarre et ça me perturbe... Quand tu es près de moi je suis heureux... Mais parfois non ! Quand je suis dans tes bras le soir, je suis malheureux... Parfois je suis le plus heureux des hommes... Et... Si jamais je vois quelqu'un qui t'intéresse plus que moi, je suis un comme... Jaloux...

Il marqua une pause, n'arrivant plus à parler à cause des larmes. Finalement... N'était-il pas amoureux de son bourreau ? Ou, ne ressentait-il pas quelques sentiments envers lui ? Même Dimitry ne savait pas ce que tout ça voulait dire pour lui. Il n'a jamais été amoureux ou même ressentit ce genre de choses pour quelqu'un. Surtout que parfois, ses sentiments étaient très contradictoires ! Et puis, peut-être qu'il avait juste besoin d'un peu d'attention ? Peut-être que oui, peut-être que non. Il se calmait un peu pour réussir à articuler et essuya les joues pour faire croire qu'il ne pleurait pas. La fierté, je vous jure. Surtout que là, il fallait être con pour ne pas voir qu'il pleurait.

-Et je sais que tu en profites de tout ça... Et je déteste ça...

Il ne savait pas quoi dire de plus, il avait vidé son sac. Et encore, il restait sans doute des choses à dire, mais sur le coup... C'étaient les coups de gueule qui lui venait en premier. Il ne savait pas comment allait réagir Luka, mais il s'en foutait finalement parce qu'il savait que le résultat allait être le même. Soit il allait être puni pour son langage, soit allait lui faire croire que tout allait mieux ou soit de la situation, comme d'habitude...

Déçu... C'était le seul sentiment et le seul mot qui lui venait en tête. Déçu de ce que lui répondait Luka, déçu de son comportement envers lui à cet instant. Il esquivait tous les sujets auxquels il s'était totalement ouvert pour lui montrer ce qu'il ressentait. Et déçu du fait qu'il ne prêt attention à qu'un seul détail de ce qu'il ressentait au fond de lui. Pourtant, il savait... Il savait ce qu'il allait se passer juste après ces révélations, mais, il était tout de même déçu. Il aurait dû se taire finalement, ne rien dire et se laisser mourir. Peut-être que cela aurait été la meilleure solution finalement.

Il devait tirer un trait sur la Russie, pourtant... Pourtant il ne pourrait jamais le faire. Il a vécu là-bas toute sa vie et il comptait y retourner, du moins... S'il ne perdait pas la force de se battre pour y retourner. Il laissa son bourreau faire tout en réfléchissant, du moins, il essayait. Parce que, bizarrement, la marque d'affection qu'il recevait le faisait ce déconnecté de tout ça. Putain, il détestait ses sentiments.

Le blond regardait son maître avec surprise tellement sa proposition l'étonnait. Il acceptait de le faire travailler ? Il acceptait que le chaton cherche un emploi, en trouve un et travaille ? Là... Il était sûr le cul ! Travailler au centre était hors de question. Il ne voulait pas sortir de la maison de monsieur Milosevic pour passer une journée en sa présence et en plus dans un endroit qui lui rappelait de mauvais souvenirs ! Jamais de la vie ! Mais alors, où ?... Il allait postuler partout et essayer partout, quitte à se prendre que des non, au moins il aurait essayé. Par contre, donné vingt pour-cent de ce qu'il allait gagner à Luka le dérangeait. S'il n'avait qu'un petit emploi qui payait mal, ce qui allait sûrement être le cas, il n'allait presque rien lui laisser. Et savoir tous ses faits et gestes... Bordel. Mais il n'avait pas le choix. De toute façon s'il lui mentait, il pouvait le voir avec ses systèmes de géolocalisation, il en était sûr. Il soupira longuement avant d'essayer de partir de cette proximité entre eux.

-D'accord. J'irais chercher un travail dès demain.

Rien de plus ? Aucune remarque. Non, Dimitry s'était remis à garder tout pour lui. Ça n'avait que durer qu'un temps de dévoiler tout ce qu'il avait sur le coeur. Dommage. Une fois qu'il fut libre de ses mouvements, il se frotta un peu les yeux avant de soupirer une nouvelle fois.

-Je vais faire une sieste, je suis fatigué.

Et il essaya d'aller dans sa chambre, si bien sûr monsieur Milosevic le laissait y aller.

Oui, le fait d'avoir pleuré l'avait fatigué. Mais pas au point de vouloir retourner dormir, oh non. C'était encore une de ses excuses habituelles pour fuir la conversation et fuir, par la même occasion, son bourreau. Pensant que cela allait marcher, n'avait-il pas compris que le blond avait compris ce petit stratagème ? Eh bien, non, malheureusement...

Il commençait à faire quelques pas totalement serin et confiant... Avant... De sentir une main puissante lui attraper le bras et le tirer. Une boule au ventre était de nouveau apparu dans le corps du russe, il sentait bien que Luka se maîtrisait du mieux qu'il pouvait pour garder son calme... Il comprenait qu'il avait trop joué sur ses nerfs et qu'il fallait arrêter de fuir... Ou au moins de dire des mensonges pour fuir. Mais ne pas fuir physiquement... Il s'attendait à recevoir une punition... Il n'avait pas eu le temps de bien se redresser que voilà monsieur Milosevic au-dessus de lui, lui attrapant le menton et de l'autre main dans ses cheveux... Pourquoi il utilisait ce ton sérieux et dominant tout en utilisant des gestes... D'affection ? M'ouai, en quelque sorte.

Il écouta sans dire un mot, simplement un simple geste de défense qui avait été de serrer les poings pour se défendre en cas de coup. On ne savait jamais avec Luka... Il avait peut-être comme projet de lui donner une leçon... Il avait beau lui caresser les lèvres, avoir un ton rempli de compassion, lui donner toute l'affection du monde... Il n'arrivait pas à se détendre là, maintenant. Du moins... Avant qu'il ait ses paroles particulièrement douces à son oreille... Pourquoi il avait cette emprise sur lui ? C'était horrible...

Il détendit ses poings, soupira longuement en évitant le regard de son maître tout en marquant un long silence. Comme un silence de réflexion ou un simple silence dont Dimitry avait besoin en cet instant. Il réfléchissait, se disait que Luka devait vraiment tenir à lui s'il était prêt à payer des séances chez le psychologue pour lui... Mais... Ce serait jeté l'argent par les fenêtres puisque, s'il refusait de se confier au dresseur, il refuserait encore plus à se confier à un médecin totalement inconnu. Et puis, il n'avait pas besoin de psychologue. Mais dans un sens... Peut-être que le psychologue lui ferait du bien en quelque sorte ? Rha...

Il soupira une nouvelle fois avant de tirer la main de son bourreau, la regarder un instant puis plonger son regard dans le sien. Et, presque comme si c'était une souffrance de dire ses mots, il commençait enfin à parler.

-Je sais que Meiko n'a pas tous ses privilèges et je suis bien triste pour elle. On devrait être à un pied d'égalité au niveau des privilèges. Vous ne réagissez même pas à ce que je vous dis... Vous vous contentez simplement de trouver des ''solutions'' qui pourrait me convenir définitivement ou partiellement.

Il marqua une nouvelle pause. Il parlait de ses sentiments qu'il n'avait pas relevés, du fait qu'il avait envie de faire une sortie avec lui au cirque... Une sortie avec lui ! Non, mais rendez-vous compte quand même ! Dimitry qui voulait passer du temps avec son maître, c'était presque inimaginable quelques mois de cela ! Et la solution partielle ou définitive était bien sûr le fait de travailler, mais il ne voulait pas que Luka le comprenne comme un reproche. C'était un privilège énorme qui lui donnait, mais il voulait simplement relever le fait qu'il ne parlait que de ce qui l'intéressait et pas ce qui intéressait le blond.
Tenant toujours la main du dresseur, il reposa son regard dessus pour caresser du bout de ses doigts la paume de sa main. Elle était douce... Il venait à se demander comment des mains si douces pouvaient faire autant de mal aux autres... Il reprit avec un ton très calme toujours en gardant sa main.

-Vous savez très bien que me faire aller chez un psy serait jeter l'argent par la fenêtre. Mais si vous voulez, faite le. Mais... Je n'ai rien d'autre à vous dire aujourd'hui Luka...

Oui, il en avait assez dit. Sûrement trop dit et puis il en avait marre de parler pour rien dire. Alors, à quoi bon continuer de parler ?