Un vol ? Je ne vois pas de quoi tu parles...

C'est la grosse poisse. Moi qui comptais juste manger, piquer de la bouffe et me tirer ni vue, ni connue, voilà que ce plan tombe à l'eau. Après un rangement express, je fais un potin d'enfer sous le coup de la panique. Je ne m'attendais pas à ce qu'il se réveille alors fatalement, j'ai été surprise. Je tente une fuite qui se solde par un échec. Le type est déjà présent dans le salon avec une arme à la main. Je ne sais pas trop quoi faire. Un sprint ou rester immobile ? Je l'observe attentivement tandis qu'il range son arme, restant tout de même méfiante à son sujet. Si je bouge, ce ne sera pas difficile pour lui de reprendre son joujou et de me tirer dessus. J'ai bien vu à quoi sert ces trucs et j'ai aussi vu à quel point ça peut faire mal. Je tente alors de trouver une excuse l'air de rien, sans que ce soit réellement un mensonge. Ca ne suffit pas à le convaincre mais je m'en tape et entame un début de fuite vers le balcon. Je me stoppe toutefois lorsque la lumière s'allume. Trop éblouissante pour mes yeux habitués à l'obscurité. Je me remets alors face à lui en ronchonnant.

- Je ne vois pas de quoi tu parles...

Je nie les faits. J'ai juste estimé qu'il n'avait pas besoin de brosse à cheveux, ni de sweat comme il l'appelle. Et puis merde, il a de l'argent, il n'aura qu'à s'en racheter. Alors non, je ne compte pas rendre ce que j'ai volé. C'est mon butin. Pareil pour la nourriture qu'il me réclame. C'est mon butin, il peut s'en racheter, je le garde. Mes oreilles restent basses alors que je recule d'un pas vers le balcon pour lui faire comprendre silencieusement que je ne vais pas obéir. Je ne suis pas soumise contrairement à certains. Je ne vois donc aucune raison d'accepter de faire ce qu'il me demande. Ce qui me dérange toutefois plus que le fait qu'il me donne des ordres, c'est qu'il me suit. Si je tente de vraiment m'enfuir, il risque donc bel et bien de me sauter dessus.

- Peu importe où je vis. D'ailleurs qui te dit que je n'ai pas de maître ? Peut-être que c'est lui qui m'a demandé de faire ça.

Une tentative de feinte. J'essaie de lui mettre le doute même si ce n'est pas mon point fort. Il n'a pas besoin de savoir que je vis dans la forêt et que le vol me permet entre-autre de donner une partie à mon père quand je vais le voir. Pour des raisons pratiques, on a décidé de ne plus vivre dans la même grotte mais nos logements ne sont pas très loin l'un de l'autre.

- Pourquoi tu m'aiderais alors que j'te vole ?

C'est vrai, il me surprend pas mal sur ce coup-là. Je lui pique des trucs et pourtant il me propose indirectement de m'aider. Ce n'est pas logique à mon sens.

- Laisse tomber finalement. J'ai ce que j'étais venue chercher, j'peux repartir.

Ou pas. À peine ai-je eu le temps de lui tourner le dos et de commencer ma fuite, que je sens quelque chose m'agripper le bras. Je tire un peu pour me dégager mais rien à faire, il me tient bien. Je ne réfléchis pas longtemps à quoi faire pour me libérer. Du moins pour espérer le faire. Je me tourne à nouveau face à lui et lui griffe le bras avec ma main libre en espérant qu'il lâche prise. On ne se connaît pas, je ne tolère pas qu'il me retienne de cette façon et je compte bien le lui faire comprendre d'une manière ou d'une autre.

Okay, je lui ai volé quelques trucs mais ce n'est pas la mer à boire. Pas la peine qu'il devienne rustre avec moi alors que je ne me suis pas spécialement montrée agressive avec lui. Il s'est certes calmé par après mais je ne baisse pas ma garde pour autant. Savoir qu'un type peut changer d'humeur en un clin d'oeil, c'est tout sauf rassurant. Au final, cet humain me donne une raison supplémentaire de me méfier d'eux. Il me fait mal – même si ce n'est que légèrement – en me retenant alors que je ne voulais pas m'éterniser chez lui. Aucune douceur celui-là. Me sentant menacée, je me défends et fatalement c'est sur lui que je me défoule. Logique. C'est lui qui me fout les jetons, normal que ce soit lui qui se prenne mon coup de griffes. Malheureusement mon attaque ne suffit pas à lui faire lâcher prise. Il continue de me retenir et me jette même sur son canapé. Il se met ensuite devant moi, prêt à m'empêcher de fuir si je tente de prendre la poudre d'escampette pendant qu'il me parle.

- Pour que je reste calme, fallait pas te montrer brutal !

C'est vrai ça ! J'étais parfaitement calme – paniquée mais calme, sacré paradoxe – avant qu'il ne se montre plus rustre. C'est entièrement de sa faute si je dois me montrer plus agressive. Puis l'air de rien, il me laisse finalement le choix entre filer ou rester chez lui pour la nuit. Evidemment dans le premier cas il y met une condition que je ne suivrai pas. Je ne laisse personne me dire ce que je dois faire. Si j'obéis, c'est que je l'aurai décidé ainsi et non parce que quelqu'un l'aura voulu. Dans la situation actuelle, l'humain ne veut pas que je revienne mais je ne compte pas aller selon ses envies. Donc je reviendrai.

Je ne dis rien et le regarde partir dans sa chambre, les oreilles toujours basses. Il est bizarre. D'abord il veut m'aider. Ensuite, il me dit qu'il ne me laissera pas partir tant que je ne suis pas calmée mais il se tire dans une autre pièce. Il se rend compte que calmée ou non, je peux filer sans souci maintenant qu'il est parti ? J'ai vraiment du mal à comprendre sa logique. En tout cas, je ne vais pas cracher sur l'occasion qu'il vient de me laisser. Je prends mon sac et file vers ma liberté, alias le balcon. Cependant une fois dessus, je me stoppe. J'hésite. Certes il ne s'est pas montré super gentil mais en même temps j'ai connu pire au niveau de la violence. Lui il s'est juste contenté de me tenir avec un peu trop de force et de me pousser sur son canapé. Il n'a rien fait de plus pour le moment.

L'hésitation dure un petit moment tandis que je reste plantée sur le balcon. Mon instinct me dit de filer mais ma curiosité me dit de rester. Pourquoi me propose-t-il de m'aider ? Je veux le savoir. Et puis j'admets que prendre une douche chaude ne serait pas de refus. Je me baigne habituellement dans la rivière pour laver un peu mais pouvoir le faire dans de l'eau tempérée n'est pas plus mal. C'est rare que je puisse profiter d'en prendre une quand je me rends dans les habitations que je compte cambrioler. Et puis il me propose aussi de manger et dormir ici. Ce n'est pas rien. Certes, je ne compte pas lui rendre mon butin et encore moins dormir l'esprit tranquille mais ça me donnerait une occasion supplémentaire d'assouvir ma curiosité. Alors lorsque j'entends sa voix ainsi que sa question, je fais demi-tour et je reviens dans l'appartement.

- Je reste ici ce soir mais demain je file avec mon butin quand même.

Merde quoi ! J'en ai besoin pour survivre, je ne vis pas dans le même confort que lui. Il peut bien faire un effort. Je m'approche prudemment de lui et file m'asseoir sur le canapé tout en tenant précieusement mon sac contenant mon butin. Je fixe attentivement l'humain d'un air méfiant.

- Pourquoi tu m'aides ?

Cash. Sans aucun tact. Je ne tourne pas autour du pot durant une décennie. Je veux savoir la raison alors je le demande directement.

Note pour plus tard : Avec ce type les coups de griffes sont inutiles. Ca le fait autant réagir qu'une piqûre de moustique. Alors au final c'est assise sur le canapé que je me retrouve tandis qu'il me fait la morale. Et lorsqu'il quitte la pièce, je m'apprête à prendre la fuite mais je laisse l'occasion me passer à côté. C'est peut-être la plus grosse erreur que je ferai, je ne sais pas. Je verrai bien. Je fais donc part de ma décision à l'humain tout en venant me réinstaller sur le canapé avec mon trésor. Rien à foutre de ce qu'il veut ou ce qu'il pense. J'ai certes laissé passer l'occasion de filer en douce mais je ne laisserai pas mon butin. Et j'écoute aussi la réponse à ma question. Un policier. Ca c'est la meilleure. Pas très fut-fut le policier puisque j'ai pu chaparder dans son appartement à plusieurs reprises sans qu'il ne s'aperçoive de rien jusqu'à ce soir.

Pendant qu'il réchauffe un plat, j'en profite qu'il ait le dos tourné pour cacher mon sac sous le canapé. Je ne veux pas qu'il me le pique pendant que je ne l'ai pas à l'oeil. Je me réinstalle sur le meuble confortable tout en sentant l'odeur qui se dégage de la cuisine. Mon ventre crie encore famine malgré le grignotage que j'ai fait il y a quelques minutes. J'observe un peu le logement jusqu'à ce qu'un son me fasse dresser une oreille. Puis le son de la voix résonne à nouveau pour m'inciter à venir m'installer à table. Voilà une expérience qui va être marrante. Je n'ai jamais su rester à table. En même temps, ce n'est pas en forêt qu'il y a le plus de mobilier à part pour ceux qui se construisent leur abri avec le confort. Dans mon cas, je suis dans une simple grotte alors ce n'est pas là-bas qu'on peut réellement installer tout ça. Je peux au moins me faire un feu pour cuire ma nourriture et me réchauffer, c'est déjà pas si mal.

Je m'assieds sur la chaise et regarde l'assiette ainsi que les couverts. Je comprends bien à quoi c'est censé servir mais le hic, c'est que je n'en ai jamais utilisé. Alors l'idée qui me vient à l'esprit, c'est évidemment de manger avec les doigts. Je commence déjà par renifler l'assiette et son contenu pour vérifier qu'il n'y ait pas de poison. Rien ne semble être suspect. Je commence donc à manger et la première fois, je me brûle parce que c'est chaud. Alors je souffle dessus. Ma deuxième tentative se passe mieux et je peux enfin manger sans risquer de me cramer les doigts et la langue. Tout en remplissant mon estomac, j'écoute les paroles de l'humain.

- Je sais pas ce que ça veut dire « prostituer les hybrides » mais de toute façon si quelqu'un tente de m'attraper, je me défends. T'en as fait les frais à l'instant j'te rappelle. Même si ça n'a pas vraiment eu l'effet escompté.

Il reprend la parole et là, chose à laquelle je ne m'attendais pas, il s'excuse. Je ne m'attendais pas à en avoir de sa part. Je continue d'engloutir le plat tout en haussant les épaules.

- Pas grave. T'es ni le premier, ni le dernier à me faire ce genre de coup alors je commence à en avoir l'habitude de devoir griffer et mordre pour me dégager. Par contre t'es le premier qui s'excuse pour ça. C'est étonnant vu que habituellement ils essaient plutôt de me rattraper pour se venger de mes attaques.

Personne n'apprécie vraiment le fait de se faire griffer et mordre. Même si ce n'est qu'un acte de défense. En principe, ils essaient de rattraper le ou la coupable pour lui faire passer un sale quart d'heure. Je parle par expérience. Certains n'ont pas réussi à me choper, d'autres oui et ceux-là n'avaient pas été des plus doux pour leur vengeance. J'ai gardé quelques bleus et des égratignures encore frais de ma dernière altercation avec un humain. Il n'avait pas du tout apprécié mon vol de sandwich. Il m'a donné une bonne leçon avant de me foutre la paix. Et parfois c'est pareil mais avec des hybrides et là, les raisons sont aussi diverses qu'avec un humain.

Je me nourris encore une fois – j'aurais tort de ne pas en profiter – et n'utilise aucunement les couverts fournis avec l'assiette. On s'en fiche après tout, l'important c'est la destination finale de la nourriture. Tant que tout finit dans mon estomac, peu importe que je me serve des couverts ou de mes doigts pour manger. Je jette de temps à autre un coup d'oeil vers lui pour surveiller ce qu'il fait et surtout parce que j'écoute quand même ce qu'il peut bien me raconter. Je ne comprends pas toujours le sens mais il ne pourrait pas ronchonner comme quoi je n'ai rien suivi.

Je lui fais part aussi de ce que je pense au sujet des kidnappeurs d'hybrides. Je m'en fiche d'eux. Il en a fait les frais peu de temps avant, si quelqu'un tente quoi que ce soit contre moi il subira le même sort que cet humain, voire pire. Il me surprend alors en présentant ses excuses pour sa réaction quelque peu brutale mais surtout douloureuse. Et puis après il m'étonne encore un peu, mais moins que pour les excuses quand même, en faisant les présentations. Que son nom soit un vrai ou non, je m'en moque. Au moins je sais maintenant comment l'appeler.

- Asuka...

Il a l'air moins faux-jeton que certains mais je ne vais pas baisser ma garde pour si peu. Toutefois je suis l'exemple pour lui prouver que moi aussi je peux être civilisée quand je le veux, même si ma façon de me présenter laisse un peu à désirer.

Lorsqu'il se lève, mon premier réflexe est de presque m'étaler sur l'assiette pour protéger mon repas tout en baissant les oreilles. C'est l'instinct de survie qui prend le dessus et non la peur. Contrairement à lui je n'ai pas juste à me rendre dans une cuisine pour avoir de la nourriture. Je dois chasser, pêcher, voler et ces trois manières ne me permettent pas d'avoir de la nourriture à ne plus savoir quoi en faire. Il arrive que parfois je doive jeuner durant une bonne partie de la journée. Alors quand j'ai l'occasion d'avoir de la nourriture, il est normal que je la protège. Voyant qu'Archer n'en a rien à carrer de mon assiette, je me remets rapidement à manger tout en écoutant ce qu'il me demande.

- Un quoi ? Enfin peu importe, ouais j'veux bien ce truc que t'appelles « compote ».

Quand on vit dans la nature, on ne cherche pas à connaître le nom de ce qu'on mange. On espère juste que ce soit bon ou au moins que ça nous remplisse l'estomac. Alors peut-être que j'ai déjà mangé de la compote sans le savoir, peut-être pas. Je verrai bien bien après avoir fini mon repas, chose que je fais assez vite. Il ne restait déjà presque plus rien au moment de protéger mon assiette alors le reste est rapidement terminé.

Peu après, Archer revient avec le dessert  et là, je découvre un truc que je n'ai encore jamais goûté. J'essaie d'attraper avec mes doigts mais me rends bien vite compte que j'allais devoir trouver une autre solution. Ca coule. Ca a au moins l'avantage de me permettre de goûter un peu en léchant ce qui est resté sur mes doigts. Mes oreilles se redressent soudainement en découvrant la compote. C'est bon ce truc. C'est même délicieux. Bien meilleur que les gâteaux. Malheureusement ça ne règle pas mon problème pour manger. J'ai assez d'éducation pour ne pas laper comme le ferait un véritable chat mais pas pour comprendre le reste. Papa, maman je vous aime mais vous auriez pu m'apprendre à manger de la compote.

Je décide finalement de prendre le récipient et le porte à ma bouche pour boire la compote comme je boirais de l'eau ou une soupe. Je me fais toutefois avoir et m'en mets un peu sur le visage. Moi qui voulais boire proprement, c'est un tantinet raté. Tout en dégustant mon dessert, j'observe l'humain s'agiter dans tous les sens pour installer mon coin pour la nuit. Après avoir terminé ses allers-retours, il revient vers moi et m'explique ce qu'il vient de faire en plus de préparer mon coin pour la nuit. Il venait de préparer une tenue pour que je puisse me changer avant de dormir. Et il me confirme à nouveau le fait que je peux quitter les lieux quand je veux.

- J'ai dis que je resterais pour la nuit donc tant que tu ne comptes pas me faire quoi que ce soit, je n'ai pas vraiment de raison de fuir. Et puis si je le fais, je ne pourrai pas assouvir ma curiosité à ton égard.

Je l'admets ouvertement, ce type me rend curieuse. Ses actions, sa façon de se comporter, de parler, tout m'intrigue chez lui. Je termine de boire la compote et passe un petit peu de temps à me toiletter pour enlever ce qui m'avait atterri sur la tronche. Je m'essuie avec les mains avant de lécher celles-ci pour ne rien gaspiller.

- T'as eu quoi à ton bras au fait ?

S'il croyait ou espérait que je n'avais pas fait attention à son bras remplacé par un faux, il se trompait lourdement. Ce n'est pas parce que j'ai été effrayée que je n'ai pas eu l'occasion de faire attention à certains détails. De plus mon franc parlé m'empêche de tourner autour du pot durant des heures. Je dis les choses comme ça me vient.

Je finis par me lever et me rends à la salle de bain pour prendre le vêtement qu'il me prête pour la nuit. C'est long, ça me fera le même effet qu'une robe donc ça ne gênera pas ma queue, c'est parfait. Je me déshabille sans même songer à fermer la porte ou à me cacher. J'entre ensuite dans la douche et allume le jet. J'ai déjà vu les humain faire fonctionner ces trucs dans les bain publics. Malheureusement j'étais tombée sur un groupe d'hommes ce jour-là et ce n'était pas beau à voir.

J'emploie son produit de douche pour me laver. Cependant j'en mets dix fois trop et je me retrouve à ronchonner sous la douche parce que ça me pique les yeux.  Et au final je déambule dans l'appartement à la recherche de l'humain, complètement nue et encore pleine de shampoing sur le corps.

- Hé l'humain, ça pique ton truc ! J'arrive pas le faire partir !

Forcément au lieu de rester tranquille sous le jet pour permettre à l'eau de faire partir le produit en douceur, moi je suis sortie de la douche, je me frotte les yeux et fais les pires choses à faire dans ce genre de situation. Je sais qu'il risquerait d'en profiter mais je ne pense pas qu'il le fera. Il a vu ce que ça donne si l'on tente quoi que ce soit avec moi et que je n'aime pas. Je ne pense pas qu'il veuille renouveler l'expérience.

Okay, je pourrais faire des efforts au niveau de mon amabilité. Il en fait bien avec moi. Cependant l'instinct est plus fort et les mots sortent tout seul sur un ton un peu froid. Je déguste alors mon dessert de la manière la plus simple que j'ai trouvé. Boire comme une soupe. Je déguste la compote tout en laissant ma queue onduler dans mon dos, signe que le dessert me plaît. Evidemment je surveille un peu Archer pendant qu'il s'agite dans tous les sens, curieuse de voir ce qu'il fout. Un simple coin pour dormir. Il se fout un peu de ma gueule pour je ne sais quelle raison avant de me rappeler que je suis libre de partir quand je veux. Pour le coup j'ai presque l'impression qu'il n'attend que ça. Qu'il n'attend que le fait que je prenne mes cliques et mes claques et ne plus jamais me revoir. Ce serait logique. Dans ce cas, pourquoi m'a-t-il invitée à dormir chez lui et aussi donné à manger ?

Je ne me soucie pas plus de ça et commence plutôt un petit interrogatoire. En fait j'ai juste envie d'assouvir ma curiosité quant à son bras manquant. Je me doute bien que s'il a un faux à la place, c'est que le vrai a dû subir de gros dégâts. Cependant c'est la raison qui m'intrigue vraiment. Un simple accident ? Une bagarre qui a mal tourné ? Autre chose ? Peu m'importe, je veux juste le savoir. Il m'explique donc ce qu'il lui est arrivé et il en profite pour me préciser le sens d'un mot. Heureusement parce que je n'avais jamais entendu parler d'amputation jusqu'à maintenant.

- Non j'le savais pas effectivement. Merci pour l'explication...

Je sais être reconnaissante même si ça m'embête d'avoir dû avouer mon ignorance. Dès que le dessert est terminé, l'heure de me laver arrive. Je finis donc sous la douche avant de ressortir complètement nue mais surtout en détresse et les yeux en feu. Recevoir du produit dans les yeux n'est clairement pas agréable et c'est pire lorsque l'on n'arrive pas à le faire partir. Et lorsque je vois à quoi il pense en premier, je mets bien évidemment à ronchonner.

- On s'en fiche de ton sol, ton produit me brûle !

Je savais bien qu'on ne pouvait pas faire confiance aux autres. Lui il s'inquiète bien plus pour son sol mouillé plutôt que pour moi qui suis en train de souffrir. Je pourrais perdre la vue que lui, il s'en ficherait tant que son sol reste en bon état. Il doit revoir le sens de ses priorités. Quand il essaie de m'essuyer les yeux, fatalement je ne tient pas en place. J'ai trop mal. Et lui il râle encore. Je reste alors la plus tranquille possible pendant qu'il me nettoie les yeux puis lorsque je peux enfin retrouver la vue, je retourne à la salle de bain en sa compagnie. Je termine alors ma douche, toute seule puisque Archer s'est juste contenté de me ramener.

Après m'être bien lavée et d'avoir bien profité de l'eau chaude, je stoppe le jet, m'essuie puis me rhabille avec mes sous-vêtements ainsi que le t-shirt prêté par l'humain. Je ressors ensuite de la salle de bain avec mes propres habits dans les mains et les pose sur le canapé avant de jeter un oeil dessous pour vérifier que mon butin s'y trouve toujours. Tout semble okay. Je m'installe ensuite sur le canapé transformé en lit, testant un peu le confort de celui-ci. Mouais. C'est pas mal mais pour quelqu'un qui a l'habitude de dormir sur le sol, dans l'herbe, de la paille, des feuilles ou tout ce qui peut servir de lit, le confort d'un canapé devient bizarre.

Je me mets ensuite à « jouer » un peu avec la couverture. Je me glisse dessous, repère les odeurs avant de repointer le bout de mon nez pour regarder Archer.

- Au fait, merci pour....pour les yeux. Même si ton sens des priorités est très étrange et que t'as été aussi aimable qu'un pépé aigri. D'ailleurs tu l'es ? C'est pour ça que tu ronchonnes tout le temps ?

Un homme aigri. Ca expliquerait – à mes yeux – pourquoi il a un sens des priorités bizarre et qu'il râle comme un ours. Mes oreilles se dressent soudainement avant de retourner à la salle de bain au pas de course. Je reviens peu après avec la brosse dans les mains et tente de me coiffer, assise sur le canapé-lit. Je déteste le faire. C'est pénible de devoir éviter les oreilles. Ca fait mal si je ne fais pas attention.

- Dis... J'ai senti plusieurs odeurs, dont la plupart est féminine. Tu vis vraiment seul ?

J'ai de quoi me poser des questions. Plusieurs odeurs de femelles mais aucune à l'horizon. J'espère qu'il ne vit vraiment pas avec quelqu'un. J'ai déjà du mal à avoir l'esprit tranquille avec lui tout seul alors si en plus une personne se rajoute, je préfère le savoir tout de suite. Je ne veux pas être mêlée à une histoire de jalousie ou je ne sais quoi d'autre alors qu'il ne se passe rien entre lui et moi. Maintenant que j'y pense, il n'a toujours rien tenté avec moi depuis qu'il m'a grillée. Rien de déplaisant en tout cas. Je suis un peu étonnée mais en même temps, j'en suis aussi contente. Il fait remonter les gens dans mon estime et plus particulièrement les humains.

Stupide humain qui n'est pas fichu d'avoir un bon sens des priorités. Mes yeux flambent et lui il ne pense qu'à son sol à la con. Je peux devenir aveugle mais lui, il s'en fiche. C'est son sol adoré qui passe avant. Sauf que moi je m'en bats les steaks de son truc. Ce n'est que de l'eau, ça ne va pas lui faire de mal de temps en temps. Enfin il m'aide quand même à essuyer mes yeux et je peux terminer ma douche. À mon retour, je teste un peu le canapé-lit tout en jouant un petit peu sous la couverture. J'y découvre plusieurs odeurs, la plupart étant féminines et celles-ci m'intriguent. Je ne pose toutefois aucune question à l'humain. Du moins pas tout de suite, je les garde pour plus tard.

Je remercie alors Archer pour l'aide qu'il m'a donnée pour mes yeux et essaie d'en savoir un peu plus sur lui. J'en profite au passage pour lui faire remarquer que son sens des priorités est à revoir. L'homme n'est pas aigri contrairement à ce que je pensais. Juste claqué d'après ses dires. Je ne suis pas très au courant de tous les termes utilisés pour une seule définition mais j'imagine que celui qu'il a employé veut dire qu'il est fatigué. Ce serait logique en sachant qu'on est en pleine nuit et qu'il dormait.

- Je vois. Désolée que tu sois réveillé à cause de moi...je suppose.

Dans ce cas, je suis bien curieuse de voir comment il est quand il n'est pas fatigué. Peut-être que je devrais venir l'espionner en plein jour. Sauf que je ne sais pas où il est la journée. Si je fais de l'observation sur son cas, il faudra que je me ramène ici la nuit et que je veille jusqu'au matin. Je verrai comment je m'y prendrai.

Je refais un petit tour à la salle de bain avant de revenir vers l'humain tout en essayant de démêler mes cheveux sans massacrer mes oreilles. Et je lui pose enfin la question qui me trotte en tête. Vit-il tout seul ou a-t-il une compagne ? Ou plusieurs peut-être puisque j'ai senti plusieurs odeurs. Mais non. Il vit tout seul. Je ne risque donc pas de subir les foudre d'une femelle jalouse. Et puis il me parle des femelles mais sur le ton employé, je sens bien qu'il fait de l'humour. D'un autre côté, s'il avait été sérieux, cela ne m'aurait pas surprise. De ce que j'ai pu observer jusqu'à maintenant, il y a beaucoup d'humaines qui sont difficiles à comprendre. Parmi les hybrides femelles, c'est aussi le cas mais les humaines sont pires.

- Sur ce point, je ne peux pas trop te contredire. J'ai souvent du mal à comprendre les humaines. Elles sont compliquées.

Je continue de démêler les cheveux à l'aide de la brosse en faisant un maximum attention à mes attributs félins. Tout en se faisant, j'écoute la question d'Archer. Vivre avec un mâle ou une femelle ? Est-ce que vivre de temps en temps avec mon père ça compte ?

- C'est difficile à dire en fait. Des fois je vais chez mon père donc je sais pas si ça compte comme « vivre avec un mâle ». Mais la plupart du temps j'suis seule sauf que ce n'est pas vraiment par envie.

Au contraire, je déteste la solitude. Malgré la méfiance que je peux avoir envers le monde, je suis pourtant toujours en train de rôder là où il y a des gens. Et puis ce n'est pas impossible d'acquérir ma confiance. Je suis juste comme un animal sauvage. Il faut m'apprivoiser. Parfois ma confiance est donnée rapidement, parfois non. Tout dépend si je sens que ça vaut la peine de prendre le risque ou non. Je termine de me brosser les cheveux et pose la brosse sur la table du salon avant de regarder à nouveau Archer dans les yeux.

- Bon...j'imagine que tu dois retourner dormir, non ?

Je ne sais pas si c'est le cas pour lui ou non mais d'après ce que j'ai pu observer, les humains vivent en travaillant tous les jours. Ou du moins une bonne partie de la semaine. Si c'est le cas, j'imagine qu'il doit bien se reposer un peu avant. Enfin il fait ce qu'il veut, au final moi je m'en fiche ça ne change rien à ma vie.

- Enfin sauf si contrairement aux autres humains, tu n'as pas de travail. Et si c'est l'éventualité d'un vol supplémentaire qui te turlupine, promis je ne te piquerai rien durant ton sommeil.