Voilà déjà quatre jours que Constantine était parti. Quatre jours durant lesquels j'étais très en colère contre lui. Encore un fois, il me laissait seule ici. Il savait que j'avais horreur de le voir partir si loin, si longtemps. Et surtout, pour quoi ? L'enterrement de Nikolaus ? Il n'avait même pas besoin d'y aller, il haïssait son père plus que tout au monde . Et le pire dans tout ça, il était parti avec sa demi-sœur. Il savait aussi que mon plus grand rêve, c'était de quitter Togi pour visiter un pays d'Europe et, surtout, voir la France. Elle était juste à coté de l'Allemagne, on aurait pu y aller. Jiji m'avait dit que c'était facile de partir clandestiner dans un bateau, de voyager en cachette. Bref, j'étais très en colère. Si j'avais bien compris, il serait de retour ce soir. Il me manquait terriblement, je voulais tant le revoir, mais d'un autre coté, je voulais pas. Avec sa tête de con, genre à me regarder en ne sachant pas quoi dire ni quoi faire pour être pardonné. Ca m'énervait rien que d'y penser. Et puis j'étais bien là, Lyne était gentille avec moi, elle me faisait que des choses que j'aimais à manger, j'avais le droit de la suivre à l'Arène pour regarder un tas de combats trop cool. Et Alan, son chéri à elle, il était aussi gentil avec moi. Lyne me disait qu'il était trop fan de moi et que du coup il était drôlement content que je passais un peu de temps chez eux. On s'entraînait même ensemble. Bon, il savait bien moins se battre que moi, mais il était tout heureux de pouvoir le faire. Certains hybrides qui allaient souvent à l'Arène avaient des fan, des gens qui les soutenaient, tout ça. J'en avais aussi un peu. Depuis le temps que j'y allais, j'étais un peu connue là bas. Bref, nous étions le matin, très tôt. Alan me faisait ma promenade. Je l'avais tellement emmerdé le premier jour qu'il avait tout de suite compris à quel point c'était important, ma promenade du matin. Sinon j'étais chiante très longtemps. Installés à table, plus tard, nous prenions notre petit déjeuné.
"Meyer reviens ce soir, t'es contente ?"Demanda Lyne.
Silence. Je ne lui répondis rien. Je voulais juste manger mon omelette.
"Tu vas pas pouvoir rester fâchée contre lui comme ça, tu sais ?"Insista-t-elle.
Mêle-toi de ton gros cul, grognasse. C'était mes affaires, pas les siennes. Mais bon, j'étais censée être une hybride obéissante.
"Si. J'suis contente."dis-je, neutre.
"Tu lui as surement beaucoup manqué, en tout cas."
J'hochai la tête une seule fois, puis je terminai de manger. Alan s'occupa de débarrasser la table. En réalité, c'était un homme qui avait l'air honnête, même s'il travaillait comme gardien de sécurité à l'Arène. Je quittai la table pour aller dans la chambre afin de m'habiller. Une fois prête, je ressortis pour m'installer dans le salon et commençai mes exercices et mes étirements en regardant mes dessins animés. Alan n'aimait pas trop ça, mais il avait quand même accepté de me laisser regarder pendant tout le temps où j'étais chez eux. Enfin, il me regardait davantage moi plutôt que la télévision.
"Hé, Sofia. Ca te dit, un entraînement, après ?"
J'hochai la tête, une seule fois. J'étais toujours partante pour avoir un partenaire d'entraînement. Alan semblait ravi, il partit aussitôt dans sa chambre pour enfiler une tenue plus appropriée. De son coté, Lyne partit étendre le linge sur le balcon. Nous échangeâmes quelques coups, sans chercher à atteindre l'autre, évidemment. Il leva ensuite les mains en l'ait en me demandant de les atteindre avec mes pieds. Oh, c'était le genre d'exercice que je faisais avec Constantine. Alan leva la main très haut, hors de ma portée. Je pris donc appui sur le sol, avec ma main, avant de l'élancer. Je touchai sa main du bout du pied avant de retomber sur le sol, gracieusement. Bon, si on omettait le fait qu'il avait clairement regardé ma culotte, il avait l'air plutôt satisfait par ce mouvement.
"Tu préfères que j'enlève ton collier, pour t'entraîner ?"Demanda-t-il.
Il était carrément inconscient, lui.
"Master il a dit qu'tu dois pas retirer le collier. Il faut l'écouter. T'sais que c'est dang'reux, non ?"
Déçu, il hocha la tête. Il voulait vraiment que je le combatte sans collier ? Je le regardai, perplexe. Puis il s'absenta un instant en me demandant d'attendre. Docile et obéissante, j'attendis là où j'étais, sans bouger d'un centimètre. Il revint rapidement avec plusieurs planches en bois de différentes épaisseurs. Curieuse, je le regardai faire en penchant légèrement la tête sur le coté.
"Des fois je te vois frapper avec tes jambes tellement fort. T'as appris le Muay-thaï c'est ça ?"
J'hochai la tête, une seule fois.
"Et genre t'arriverais à briser les planches avec ton pied ?"
Je niai de la tête, une seule fois. Il regarda à nouveau ses planches, l'air perplexe, puis il me regarda à nouveau.
"Pourquoi ?"Demanda-t-il.
"Parc'que faut frapper avec le tibia."répondis-je simplement.
"Ah... Et tu penses y arriver du coup ?"
Je regardai les planches, un court instant, puis j'hochai la tête une fois. Kenichi m'avait forcé à frapper, jour après jour, pendant treize ans, avec mon tibia. Dans des sacs de sables, des poteaux avec de la corde tressée, des troncs de bananier... Bref. Lyne avait entendu la conversation. Elle gueula sur Alan, lui disant que je n'étais pas un jouet. Mais bon, il avait tellement envie de me voir faire qu'elle céda à une condition : Sortir pour s'entraîner. Alan me conduisit donc à l'extérieur, Lyne nous accompagna. Il commença par la planche la plus fine. Je parvins à la briser sans aucun souci. Mais plus elle devenait épaisse, plus je devais frapper fort, au point d'en pousser des cris afin de pouvoir libérer davantage de puissance. C'était trop rigolo, ce mec était comme un enfant, tout content de me voir casser le bois avec mes jambes. Une fois toutes les planches brisées, nous profitâmes du soleil pour rester un peu dehors et passer le temps. Le soir, Lyne avait commandé des plats asiatiques, elle avait la flemme de cuisiner. Bon, c'était bien aussi. Une fois le repas terminé, son téléphone sonna. C'était Constantine qui lui disait qu'il allait bientôt arriver. Aussitôt, je me levai pour m'enfermer dans ma chambre.
"Ah non !Fit Lyne.On va encore avoir du mal à la faire sortir... Vas-y, Alan."
"Euh... Nan. J'ai pas trop envie de finir comme les planches en bois, hein. C'est son esclave, il se débrouille avec."Répondit-il.
Et il avait entièrement raison. C'était à Constantine d'arranger ça. Surtout que ma patience était très limitée, à présent. Plus tard, j'entendis la sonnette de la porte. Il était de retour de son voyage.
Il était presque minuit quand Jana et moi souhaitâmes une bonne nuit à Aumérine. J’étais un poil énervé.
« Un poil ? Putain j’ai envie de buter des gens là ! »s’écria Meyer hors de lui.
Durant tout le trajet en bateau, nous avions dû supporter une bande de gros débiles fêtards imbibés d’alcool qui ne pouvaient pas parler sans hurler et bousculer les gens. La pauvre Jana n’avait même pas pu dormir un peu. Et comme ils étaient au moins huit, je ne pouvais pas me permettre de me battre avec eux pour les calmer.
« Tu parles, moi j’leur aurait réglé leur compte à tous ! »
Peut-être mais nous n’étions pas seuls, il y avait plein de gens autour. Je n’avais pas envie qu’on me prenne encore pour le taré de service, surtout si tu dérapais et en tuais quelques-uns.
« Ça leur aurait fait le cul à ces connards ! »
Du coup, j’avais pris sur moi, difficilement, en essayant de consoler Jana qui pleurnichait parce qu’elle était fatiguée, et de rassurer Aumérine qui regardait le groupe de jeunes d’un air inquiet.
« Heureusement qu’elles étaient là, sinon j’te jure que j’aurais vraiment vrillé. »
Et on serait allés en taule ! Pas fameux comme retour… Bref. Maintenant, il fallait récupérer Sofia chez L…
« Manquerait plus qu’elle fasse chier elle aussi et c’est la soirée de la loose ! »
Mais ferme ta gueule ! Tout en me retenant de serrer les poings parce que je tenais la main de Jana, je me mordis la lèvre inférieure et respirai un bon coup pour me calmer. Il allait finir par me faire péter un plomb.
- Ça va Meyer ?s’enquit Jana en levant le visage vers moi.T’es tout rouge. - J’ai chaud,mentis-je en essayant de paraître naturel.
Elle ne dit rien, serra contre elle le paquet de Taiyaki que nous étions allés acheter avant d’embarquer sur le bateau. Je soupirai, fatigué mentalement. Nous devions donc récupérer Sofia chez Lyne. A cette heure-ci, il n’y avait plus un bus mais heureusement, la demoiselle n’habitait pas très loin. Jana, qui avait retrouvé un peu d’énergie, était toute excitée de retrouver ma compagne. A mon avis, elle allait être déçue. Lyne et Alan – son compagnon – nous accueillirent chaleureusement. Ils demandèrent si nous avions fait bon voyage. Je répondis par l’affirmative – inutile de s’attarder sur les détails pour l’instant. Je regardai ensuite autour de nous. Se doutant que je cherchais Sofia, Lyne grimaça et se racla la gorge, embarrassée.
- Quand elle a su que vous arriviez, elle s’est enfermée dans sa chambre.
« ... »
Je pris le paquet de Taiyaki des mains de Jana de manière un peu brusque. En voyant ma tête, Lyne entraîna rapidement la petite fille dans la cuisine en prétextant faire un chocolat chaud. Je me tournai vers Alan.
- Désolé pour la porte.
Il fronça les sourcils.
- Hein ?
Je me dirigeai vers la chambre.
- Mais quelle po…
Je défonçai la porte d’un coup de pied. Elle s’ouvrit à la volée. Sofia qui boudait accroupie dans un coin sursauta. Deux grands pas dans sa direction et j’étais déjà en train de l’attraper par le col de sa robe pour la mettre debout… et l’embrasser. Oui, j’étais énervé. Mais non, je n’allais pas lui faire de mal. En la revoyant après quatre jours, les derniers événements semblèrent tout à coup disparaître de mon esprit. J’avais juste une envie : l’embrasser très fort.
Humaine - Asservie
Sofia Ashley
Age : 33
Profil : MP : Email :
Dim 28 Avr - 22:50
" Reise, Reise"
Feat. Constantine
Lyne, ou Alan, ouvrit la porte. C'était bien Constantine qui était de retour de Berlin. J'entendis mon petit parasite aussi. Jana m'avait terriblement manquée. Mon chéri aussi... Beaucoup même. Il ne se passait plus une minute sans penser à lui. Je l'aimais tellement et c'était quand il était loin de moi que je réalisais à quel point il était ma vie. Mais j'étais toujours en colère. Il m'avait encore abandonné. D'ici, dans mon coin, je pouvais bien les entendre. Lyne demanda s'ils avaient fait un bon voyage mais Constantine ne semblait pas d'humeur à faire la conversation. Il répondit simplement par un oui puis il y eut un léger silence.
"Quand elle a su que vous arriviez, elle s’est enfermée dans sa chambre."Déclara Lyne.
Bon... C'était le moment où mon compagnon allait venir frapper à la porte pour essayer de me faire sortir en négociant. Il avait même, surement, des taiyaki avec lui. J'espérai, au moins, que c'était ceux aux haricots rouges. J'entendis soudainement Lyne dire à Jana de la suivre dans la cuisine pour faire un chocolat chaud. Puis des bruits de pas, en direction de la chambre.
" Désolé pour la porte."Fit Meyer.
La porte ? Comment ça ? Je relevai la tête pour regarder en direction de celle ci.
"Hein ? Mais quelle po…"
Un bruit sourd retentit, la porta vola en éclat, les gonds avaient sautés sous la puissance du coup de Constantine. Je sursautai, apeurée. En à peine deux grands pas, il arriva à ma hauteur et me souleva par le col de ma robe. Il allait me taper ! Je levai alors aussitôt les mains devant mon visage en fermant fort les yeux. Les jambes toutes tremblantes, je bafouillai des excuses à peine audibles. Une seconde après, je sentis ses lèvres contre les miennes. Je ne savais plus comment réagir. Je le laissai m'embrasser un instant, sans y répondre, avant de le repousser avec ma main. Il venait de me faire terriblement peur. Encore secouée, je reculai en le regardant avec angoisse. Qui est-ce que j'avais en face de moi ? Meyer ou Constantine ? J'aurais dit Meyer, c'était clairement sa façon de faire. Mais seul Constantine m'aurait embrassé comme ça, lui n'osait pas. Je tenais à peine debout, dans mon coin, mes genoux étaient tout tremblant et je me triturai les doigts, mes deux mains pressées contre ma poitrine. Et maintenant ? Qu'est-ce que je devais dire, ou faire ? De leur coté, Lyne et Alan n'osaient même pas venir... Malgré la porte défoncée, ils devaient préférer nous laisser tranquille, Constantine et moi.
"Bi... Bienv'nue à la m-maison... Scha-Sch... Schatzi."Bégayai-je...
Je ne savais même pas pourquoi je lui disais ça, surtout qu'on était même pas chez nous à la maison. Mon regard fut ensuite attiré par le paquet qu'il tenait en main. Oh... C'était des taiyaki. Et pas n'importe lesquels, ils étaient rares ceux là, j'en trouvais jamais dans le magasin où on allait. Hésitante, je fis un petit pas en avant et je tendis la main pour récupérer le paquet de taiyaki. Je reculai à nouveau en l'ouvrant pour prendre un des gâteaux et le manger.
"Tu m'as manqué... Beaucoup."déclarai-je en terminant mon gâteaux.
Je reniflai un instant, la gorge nouée. Je fis des petits pas vers lui avant d'ouvrir mes bras et de me jeter dans les siens. Oui, je n'avais plus peur. Il m'avait donné des taiyaki, ça voulait dire qu'il n'était pas fâché contre moi. Je le serrai contre tout, de toutes mes forces. Je sentis les larmes me monter aux yeux, tant j'étais contente de le revoir.
"J'veux plus qu'tu m'laisses... J'veux plus être séparée de toi..."Dis-je à voix basse, le ton un peu cassé.
Je fermai les yeux en frottant ma tête contre son torse pour profiter de son odeur et de sa chaleur.
Bien trop surprise et apeurée par mon comportement, elle ne réagit pas et commença à trembler de tous ses membres. Elle me fit même lâcher prise sur sa robe et recula de quelques pas, avant de se mettre à bégayer une phrase de bienvenue. Bordel, je l’avais effrayée à cause de tes conneries !
« Oui ben désolé, j’arrive pas à me calmer ! »
Il allait falloir parce que là, la femme que j’aimais semblait me craindre comme le pire fléau. Pourtant, quand elle vit le paquet de Taiyaki que je tenais toujours, elle revint vers moi d’un pas hésitant. Elle tendit la main, je le lui donnai. Elle recula une nouvelle fois et ouvrit le paquet pour se servir un gâteau.
- Tu m'as manqué... Beaucoup,dit-elle d’une petite voix après avoir littéralement gobé le Taiyaki.
Je la regardai, soupirai, à la fois soulagé et triste. Je savais que c’était difficile mais je n’avais pas eu le choix. Si je retournais à Berlin, c’était à chaque fois pour une bonne raison et elle le savait, même si elle avait du mal à l’accepter. Moi aussi je préférais largement rester ici avec elle. J’allais m’approcher pour la serrer contre moi. Mais elle fut plus rapide et se jeta dans mes bras. Mon cœur fit un grand bond. Je l’entourai tout entière et fermai les yeux, content de pouvoir sentir sa chaleur et son parfum. Ils étaient comme une drogue, je ne pouvais pas m’en passer. Ces quatre jours sans elle m’avaient fait prendre davantage conscience que je ne pouvais définitivement pas perdre Sofia. Je l’aimais trop, avec ses qualités et ses défauts.
- J'veux plus qu'tu m'laisses… J'veux plus être séparée de toi…
Elle frotta son visage contre ma poitrine, je levai une main pour caresser sa tête. Puis je rouvris les paupières et m’assis au bord du lit, entraînant la jeune femme pour l’asseoir à califourchon sur mes cuisses, face à moi. Le sachet de Taiyaki se frictionna un peu entre nous mais elle ne semblait pas vouloir le lâcher. Peu importait. D’abord, j’entrepris de soulever légèrement son bandeau pour pouvoir voir ses yeux. D’un geste du pouce, j’en essuyai le coin humide de larmes et remis le bandeau à sa place. Puis je collai mon front contre le sien.
- Tu m’as beaucoup manqué aussi,murmurai-je.
Mes deux mains sur ses joues, je l’embrassai à nouveau, plus tendrement cette fois.
- Sofia !cria la voix aiguë de Jana au loin dans la cuisine.
Des pas accoururent.
- Sofiaaaaa !
Dans la seconde qui suivit, Jana se jeta sur le lit, rebondit sur le matelas et nous atterrit dessus.
Humaine - Asservie
Sofia Ashley
Age : 33
Profil : MP : Email :
Mer 1 Mai - 19:09
" Reise, Reise"
Feat. Constantine
Il posa sa main sur ma tête, comme il le faisait toujours pour me rassurer quand j'avais peur de quelque chose. Il m'entraîna ensuite sur le lit, avec lui, me faisait m'asseoir à califourchon sur ses genoux. Toute proche de lui, le sachet de taiyaki était un peu compressé, mais je voulais pas le lâcher, c'était à moi. C'est mes taiyaki à moi. Les miens. Constantine souleva ensuite mon bandeau, avec délicatesse. Au moins, il semblait s'être calmé. Meyer avait dû encore l'énerver. J'allais devoir le gronder ! Mais bon, lui au moins.... Il aurait eu le courage de... Mon homme regarda mes yeux, un instant, avant de les essuyer avec son pouce. Lentement, il colla son front contre le mien. C'était rigolo, on aurait dit qu'il n'avait plus qu'un œil maintenant. Comme les six clopes.
"Tu m’as beaucoup manqué aussi"Murmura-t-il.
Ses deux mains encadrèrent mon visage. Il m'embrassa à nouveau, mais de manière bien plus douce cette fois-ci. J'y répondis volontiers, allant même jusqu'à l'embrasser plus passionnément.
"Sofia !"Cria Jana, de sa petite voix aiguë.
Il ne fallut que quelques secondes pour la voir débarquer à toute vitesse dans la chambre. Je me décollai aussitôt de Constantine, ne voulant pas être surprise par la gamine, en train de l'embrasser.
"Sofiaaaaa !"
Elle se jeta sur le lit, rebondit une fois sur le matelas avant de finir sur nous. Elle avait l'air drôlement contente de me voir... J'ignorai qu'elle m'appréciait aussi. Enfin... Pas autant, au point de lui avoir manqué. Je la serrais contre moi un instant, contente de la revoir aussi. Constantine annonça ensuite que, comme il était tard, il était temps de rentrer. J'hochai la tête en soulevant Jana pour la garder contre moi. J'étais étonnée de la voir autant en forme, d'ailleurs. De retour dans le salon, Constantine remercia encore une fois Lyne et Alan pour m'avoir gardé. Et vu leurs têtes, ils étaient encore un peu choqué d'avoir vu la porte de la chambre voler en éclat. Bref, après les avoir salué, nous quittâmes l'appartement pour rentrer chez nous. Malheureusement, nous étions à pieds. Lyne sortit pour nous proposer de nous ramener en voiture. Jana était presque endormi contre moi, je la tenais toujours. Elle semblait soudainement fatiguée. Mon compagnon accepta. Dans la voiture, elle parlait avec Constantine, elle voulait savoir comment c'était passé le séjour à Berlin. De mon coté, je restai silencieuse. Une fois arrivés, Lyne nous souhaita une bonne nuit. On pouvait enfin rentrer chez nous, il était temps. Pendant que mon chéri coucha la petite, j'allai dans la salle de bain pour mettre un des T-shirt de Constantine, sans rien d'autre, pour aller dormir. Il faisait déjà chaud la nuit. Je me brossai aussi les crocs, puis je sortis de la salle de bain pour aller dans la chambre. Je me mis à quatre pattes pour aller chercher mon Katana sous le lit. Je dégainai pour vérifier l'état de la lame. Il avait légèrement pris la poussière, entre si peu de temps. j'ouvris le tiroir de la table basse de mon coté du lit pour prendre le kit de nettoyage. Je pris soin de bien nettoyer mon arme, jusqu'à ce que Constantine me rejoigne. Je rangeai tout, retirai mon bandeau puis je me couchai dans le lit en lui tournant le dos. Oui, j'étais encore fâchée.
"J'ai entendu qu'on pouvait quitter Togi en clandestinant... Meyer, lui, il aurait eu le courage de m'emmener avec lui."
Sofia la serra contre elle, Jana en profita pour jouer avec ses cheveux. Je ne savais pas pourquoi elle aimait tant les cheveux de ma compagne alors que les siens étaient aussi jolis. Enfin… Il était tard, nous devions rentrer à la maison. Sofia et Jana restèrent collées l’une à l’autre quand nous rejoignîmes Lyne et Alan au salon. Je les remerciai d’avoir gardé Sofia pendant notre absence, m’excusai encore pour la porte et assurai que je payerais les réparations dès demain. Nous quittâmes l’appartement, nous retrouvâmes en bas dans la rue. Il faisait sombre. L’instant d’après, Lyne nous rattrapa et proposa de nous ramener en voiture. Nous n’habitions pas très loin mais Jana semblait avoir un coup de mou après toutes ces émotions. Alors j’acceptai. Sur le trajet, j’échangeai quelques mots avec la jeune interprète à propos du voyage. Je ne m’attardai pas sur les détails et lui contai l’essentiel. Elle fut surprise de constater qu’Eckhard gérait aussi bien sans Nikolaus mais m’assura que je pouvais avoir confiance en lui. Tant mieux. Arrivés à la maison, nous nous souhaitâmes bonne nuit et nous séparâmes. En franchissant la porte d’entrée, je soupirai. Ça faisait du bien de retrouver son chez soi. Comme demain, nous étions samedi, je laissai Jana aller se coucher directement. Elle aurait le temps de faire la douche demain en se levant. Le temps de lui dire bonne nuit, Sofia avait enfilé un de mes tee-shirts pour la nuit et m’attendait dans la chambre. Elle nettoyait la lame de son katana, silencieuse et concentrée. Elle se coucha en même temps que moi mais, bizarrement, elle ne me grimpa pas dessus et préféra me tourner le dos. Bon, visiblement, elle m’en voulait encore...
- J'ai entendu qu'on pouvait quitter Togi en clandestinant…dit-elle.
Je tournai la tête vers elle, surpris. La lampe de chevet donnait des éclats orangés à ses cheveux, comme s’ils étaient en flamme. Quitter l’île comme une clandestine ? Qui lui avait raconté ça ?
- Meyer, lui, il aurait eu le courage de m'emmener avec lui.
Mon cœur fit un bond. Vraiment ? C’était ce qu’elle pensait ? Je me mordis l’intérieur de la lèvre, irrité. D’habitude, Meyer n’avait pas un semblant d’importance quand il s’agissait d’avoir son avis et là, elle se servait de son soi-disant courage pour me faire culpabiliser. Ça me foutait la haine. Comment osait-elle me faire ça ? Je lui avais pourtant déjà expliqué des millions de fois que les voyages à Berlin étaient importants, qu’il s’agissait de quelques jours seulement et que c’était à peine une à deux fois dans l’année. Une à deux fois, c’est tout ! Je me frottai le visage, exaspéré. Je ne voulais pas m’engueuler avec elle mais j’en avais marre de cet entêtement. J’allais prendre la parole mais une idée me vint.
- Tu sais quoi ? Meyer va te dire ce qu’il en pense.
J’attendis un peu. Comme l’intéressé ne répondait pas, je fermai les yeux. Quand je les rouvris, je ne perdis pas de temps et me redressai. Posant ma main sur l’épaule de Sofia, je l’obligeai à se tourner sur le dos et m’assis à califourchon sur ses hanches. Je ne savais pas pourquoi Constantine avait autant confiance en mon opinion et c’était pas très sympa de me laisser sortir pour me taper la dispute à sa place. Mais s’il le fallait, alors autant faire ça bien. De toute façon, je n’étais pas à une querelle près.
- Süße…commençai-je doucement.
Je me penchai en appuyant mes mains de chaque côté de sa tête, le regard planté dans le sien puisqu’elle ne portait plus son bandeau.
- Nein,dis-je fermement cette fois.
Je vis l’étonnement dans ses yeux, bien que son visage reste neutre.
- Ça t’surprend ?m’enquis-je sans pouvoir cacher mon mécontentement.Tu t’attendais à ce que je dise que t’as raison, que Constantine devrait porter ses couilles et prendre autant de risques juste parce que mademoiselle peut pas s’empêcher de rester tranquille trois jours sans lui ? Ben non. Désolé pour toi ma grande, mais j’suis d’accord avec lui. Te faire sortir d’ici, c’est juste de la folie. J’comprends que t’aies envie d’aller voir ailleurs parce que tu connais Togi par cœur. Mais si tu fais tout ce foin juste parce que t’as peur à chaque fois qu’il t’abandonne, tu ferais mieux de te calmer parce que d’un, ça m’soule et de deux, tu sais très bien qu’il ferait jamais ça. Et moi non plus. Klar ?
Je ne lui laissai pas le temps de répondre, poursuivis.
- Quitter l’île clandestinement, c’est trop risqué. A l’époque, je l’aurais sûrement pris, ce risque, parce que ça m’aurait fait marrer de voir ton cher et tendre se faire arrêter et jeter en taule. Et j’en aurais rien eu à foutre de te voir retourner en animalerie ou chez cet fils de pute de Kenichi. Et ça n’aurait pas été du courage mais juste de la putain d’inconscience.
Je soupirai, détournai un instant le regard pour réfléchir et éviter de monter trop haut en tension. Je devenais trop vulgaire là.
- Tu t’rends pas compte à quel point c’est dangereux. Et de c’que tu dis aussi. On veut juste te protéger et te rendre heureuse, et toi, tu fais un caprice à la con en faisant passer Constantine pour un lâche et en te servant de moi.
C’était surtout ça qui m’énervait en fait. Je me penchai davantage, les poings serrés pour essayer de me contenir et éviter de faire une connerie.
- C’est bizarre, d’habitude j’sers pas à grand-chose.
Et je trouvais aussi bizarre que Constantine reste muet, qu’il ne dise rien sur mon comportement menaçant. Si la situation dégénérait, ce serait de sa faute, pas de la mienne.
- Tu m’prends pour qui, au juste ? Ou pour quoi ?
Je la saisis par le col du tee-shirt et l’attirai vers moi pour rapprocher son visage du mien.
- Tu crois que tu peux m’utiliser comme tu veux pour assouvir tes besoins égoïstes ?demandai-je d’une voix qui pointait de plus en plus vers l’accablement.J… j’existe pas... alors tu peux… tu peux dire c’que tu veux de moi, c’est ça ?
Je ne parvenais même plus à parler correctement. Car non, je n’étais pas seulement en rogne mais terriblement peiné. Je me disais que tous mes efforts demeuraient vains. J’avais le désagréable sentiment que Sofia me prenait seulement pour celui des deux qui cédait à ses caprices, qui pouvait tout laisser passer et être présent seulement pour éviter de se faire réprimander par Constantine. Ça me rendait tellement triste… Je pensais valoir mieux que ça.
- Tu croyais que… que ça allait être aussi facile parce que je t… parce que je t’aime ?
Mes doigts se resserrèrent sur le tee-shirt, à tel point que tout mon bras tremblait.
Humaine - Asservie
Sofia Ashley
Age : 33
Profil : MP : Email :
Jeu 2 Mai - 18:36
" Reise, Reise"
Feat. Constantine
Ca... C'était dit. Mais je le regrettai aussitôt. Il y eut un silence... Je venais de le blesser, c'était certain. Depuis que vous étions ensemble, avec Meyer, nous nous étions jamais disputé sérieusement. Mais là... J'étais certaine que nous n'allions pas y échapper. Car il ne comprenait pas. Car il ne savait pas ce que c'était, de se sentir si à l'étroit, si enchaîné. Je voulais voir à quoi ressemblait le monde, à l'extérieur. Loin de mes soucis. Je voulais, au moins une fois dans ma vie avant de mourir, voir comment c'était ailleurs. Voir comment les gens vivaient sans les hybrides. Voir comme je voyais à la télé, mais en vrai. Voir les autres me regarder comme si j'étais quelqu'un de normale. Pas un monstre. Pas une assassin, une tueuse. Pas une chienne. Juste une humaine. Comme eux. Ce désire là, Constantine ne pouvait pas le comprendre. Là, il était encore parti, mais avec sa demi-sœur. Aussi instable que lui, dangereuse. Et pour quoi ? Aller à l'enterrement de Nikolaus ? M'envoyer chez Lyne était, en plus, une mauvaise idée. Si Kenichi l'apprenait, il allait probablement s'en prendre à elle. Il voulait la main mise sur ma vie, me contrôler. Il ne voulait pas que je puisse trouver refuge ailleurs que chez lui. Voilà pourquoi Kenichi était l'homme le plus dangereux et, à la fois, le plus sûr pour moi. Pourquoi mon propre Amour ne comprenait-il pas ça ? Pourquoi ne comprenait-il pas que l'on m'avait volé ma vie. Alors, pour une fois. Pour une seule fois, je désirais réellement quelque chose.
"Tu sais quoi ? Meyer va te dire ce qu’il en pense."lança-t-il, las.
Très bien. Ca m'était égal de tout façon. Après un court instant, je sentis sa main sur poser sur mon épaule, pour me forcer à me mettre sur le dos et le regarder. Il s'installa sur mes hanches
"Süße…"Commença-t-il, doucement.
Il se pencha en avant, prenant appuis avec ses mains sur le matelas, de chaque coté de ma tête. Il me fixait dans les yeux. Je le regardai aussi, l'expression toujours aussi neutre.
"Nein"Fit-il, le ton très ferme.
Je n'exprimai toujours rien, mais une lueur d'étonnement apparut dans mon regard.
" Ça t’surprend ?"Demanda-t-il, l'air pas contente...
Pas vraiment. Je ne savais pas trop quoi penser, pour le moment.
"Tu t’attendais à ce que je dise que t’as raison, que Constantine devrait porter ses couilles et prendre autant de risques juste parce que mademoiselle peut pas s’empêcher de rester tranquille trois jours sans lui ? Ben non. Désolé pour toi ma grande, mais j’suis d’accord avec lui."
Il ajouta que me faire sortir de Togi c'était de la folie. Qu'il comprenait mon désir de voir quelque chose de nouveau. Vraiment ? Il ne le montrait pas, en tout cas. Il enchaîna aussitôt en me disant que je devais me calmer car je lui cassais les couilles à toujours avoir peur de l'abandon. Décidément, il ne comprenait pas.
"Tu sais très bien qu’il ferait jamais ça. Et moi non plus. Klar ?"
Pourtant... Il l'avait déjà fait. Ca m'avait coûté une semaine interminable de torture, de douleur, de souffrance. Et c'était Meyer qui m'avait sauvé. Meyer...
"Quitter l’île clandestinement, c’est trop risqué. A l’époque, je l’aurais sûrement pris, ce risque, parce que ça m’aurait fait marrer de voir ton cher et tendre se faire arrêter et jeter en taule. Et j’en aurais rien eu à foutre de te voir retourner en animalerie ou chez cet fils de pute de Kenichi. Et ça n’aurait pas été du courage mais juste de la putain d’inconscience."
La colère montait en lui. Ca se voyait, ça s'entendait. Il détourna le regard un instant.
"Tu t’rends pas compte à quel point c’est dangereux. Et de c’que tu dis aussi. On veut juste te protéger et te rendre heureuse, et toi, tu fais un caprice à la con en faisant passer Constantine pour un lâche et en te servant de moi."
Un caprice... ? Un "caprice" !? Je n'en croyais pas mes oreilles. Il voyait, dans mon seul rêve que j'avais, un caprice ? Et il pensait que j'étais assez fourbe pour me servir de lui pour parvenir à mes fins ? Il venait de me faire passer pour la plus grosse des salopes. Les larmes montèrent aussitôt. Je pouvais très bien retourner ce qu'il venait de dire contre lui. Car j'aurais préférée qu'il me frappe plutôt que d'entendre ça de lui. Il se pencha davantage, l'air de retenir sa colère. Il serra les poings sur les draps. Mais je n'avais pas peur. Car je préférais qu'il me frappe que d'en entendre davantage.
"C’est bizarre, d’habitude j’sers pas à grand-chose.Déclara-t-il."Tu m’prends pour qui, au juste ? Ou pour quoi ?"
Je pouvais lui retourner la question, moi aussi. Je n'étais qu'une salope opportuniste, à ses yeux. Quelqu'un prête à se servir des autres. Comme si moi j'étais comme ça. Il attrapa le col de mon T-shirt pour me soulever et approcher mon visage du sien, l'air menaçant. Mais je n'avais pas peur. J'étais bien trop triste pour ça.
"Tu crois que tu peux m’utiliser comme tu veux pour assouvir tes besoins égoïstes ?"
Un coup de poignard en plein cœur. Je ne pus retenir mes larmes. Elles coulaient, abondamment.
"J… j’existe pas... alors tu peux… tu peux dire c’que tu veux de moi, c’est ça ?"
Et un autre. A ses yeux, c'était comme si je n'avais pas le droit, pour une fois dans ma vie, de désirer quelque chose plus que tout au monde. Car il y avait une chose qu'il ne comprenait. Une chose qu'il ne voyait pas mais qui, dans mon cœur de femme amoureuse était bel et bien là.
"Tu croyais que… que ça allait être aussi facile parce que je t… parce que je t’aime ?"
Sur le coup, je ne relevai même pas sa déclaration. Car... J'en avais rien à faire. Mon cœur saignait beaucoup trop pour qu'il puisse battre de joie à ses mots. Au lieu de ça, chacun de ses battements me faisait souffrir. Et je pleurais. Et je pleurais. Jamais des mots ne m'avaient fait aussi mal. Je posai ma main sur son poignet avant de serrer fort, au point d'en enfoncer mes ongles, taillés en griffes. Il lâcha prise, visiblement prêt à quitter la pièce. Mais au lieu de ça, ce fus moi qui me leva du lit en récupérant mon coussin. Ce soir, je refusai de dormir dans le même lit que lui.
"Reste ici !"Hurlai-je à plein poumon de colère et de peine.
Mon visage vira au rouge, de même que mes yeux. Ma voix était totalement brisée et les larmes coulaient tant que je ne voyais plus rien, les gouttes tombaient une à une sur le sol.
"T'as rien compris ! Rien ! RIEN ! T-t- ! T-sais pas toi ! Tu sais rien ! Rien, tu m'entends !?"
Mon corps se mit à trembler, alors je serrai fort le coussin contre moi, les jambes arquées.
"C'est mon rêve, Meyer ! Mon rêve ! A moi ! Le mien ! Et c'est le seul que j'ai, le seul que j'ai jamais eu dans ma vie ! Car il y en a un que j'ai déjà réussi à avoir. Et c'est toi ! Alors, maint'nant, je veux juste partager ça avec toi ! Je veux juste voyager avec toi, avant de mourir ! Car si ça s'trouve, j'suis même plus vivante bientôt ! Tu crois quoi ? Qu'mon corps il va tenir longtemps, comme ça !? Tu l'as vu non ?! T'as vu dans quel état j'suis! Tu crois vraiment que j'peux rester en vie assez longtemps, à force de me battre !? Je veux juste voir, une fois dans ma vie, le monde, ailleurs, avec l'homme que j'aime !
Je n'arrivais plus à me calmer, mon visage était totalement déformé par la tristesse. Je pleurais encore, mon nez coulait, je n’arrivais pas à contenir mes sanglots. J'avais si mal...
"C'pas un caprice, Meyer !Lançai-je à nouveau en hurlantTu m'fais passer pour quoi !? Une salope prête à utiliser quelqu'un pour arriver à mes fins !? C'EST CA !?"
J'éclatais à nouveau en sanglot, frottant à la hâte mon visage avec ma main pour chasser les larmes qui revenaient aux galops.
"A chaque fois qu'tu pars, ça m'fait mal. Car j'me dis que j'pourrais être avec toi ! Et là, t'es parti avec qui !? Ta demi-soeur !? Et pourquoi ? L'enterrement de Nikolaus !? Et après ça t'oses me dire que c'pour une bonne raison ?!"
Sans attendre de réponse de sa part, je sortis de la chambre en claquant la porte si violemment que les murs en tremblèrent. Jana s'était réveillée, évidemment. Elle était là, sur le pas de sa porte de la chambre, l'air inquiète.
"Soso, pourquoi tu te fâches avec Meyer ?"Demanda-t-elle avec toute l'innocence du monde.
"Es ist nichts, mein Spatz. Geh Schlafen."
Obéissante, elle retourna dans sa chambre. Je la suivis, d'ailleurs. Je me cachai sous le billard, me roulant en boule le plus loin possible, camouflant mes sanglots dans mon coussin.
Bien sûr, elle se mit à pleurer. Et bien sûr, sa première réaction fut de se défendre physiquement. Attrapant mon poignet, elle y enfonça ses ongles pour me faire lâcher prise. Ça aurait eu moins d’effet si ce n’était pas à l’endroit même où je portais ces quelques cicatrices parallèles. Mais peu importait. Si elle le prenait comme ça, je préférais la laisser là à ruminer ses pensées, cachée sous le lit ou que sais-je encore… J’esquissai donc un geste pour sortir de la chambre. Mais Sofia se leva à la vitesse de l’éclair en prenant son coussin.
- Reste ici !cria-t-elle en colère. T'as rien compris ! Rien ! RIEN ! T… t… t’sais pas toi ! Tu sais rien ! Rien, tu m'entends ?
Ben voyons ! Toujours au second plan alors j’étais l’ignorant de service ? Un simple fragment de personnalité incapable de comprendre ? Qui avait insisté pour qu’elle retourne se battre à l’arène parce que ça lui manquait ? Qui avait défoncé la gueule de Bear pour la ramener à la maison ? Qui avait le plus confiance en sa force physique et de caractère ?
- C'est mon rêve, Meyer ! Mon rêve ! A moi ! Le mien !insista-t-elle sanglotante.Et c'est le seul que j'ai, le seul que j'ai jamais eu dans ma vie ! Car il y en a un que j'ai déjà réussi à avoir. Et c'est toi ! Alors, maint'nant, je veux juste partager ça avec toi ! Je veux juste voyager avec toi, avant de mourir ! Car si ça s'trouve, j'suis même plus vivante bientôt ! Tu crois quoi ? Qu'mon corps il va tenir longtemps, comme ça ? Tu l'as vu non ? T'as vu dans quel état j'suis ! Tu crois vraiment que j'peux rester en vie assez longtemps, à force de me battre ? Je veux juste voir, une fois dans ma vie, le monde, ailleurs, avec l'homme que j'aime !
C’était peut-être son rêve mais pour le coup, je ne pouvais rien y faire. Le seul fautif, c’était Kenichi. C’était lui qui l’obligeait à combattre. Moi, j’essayais de faire en sorte qu’elle puisse profiter des petits moments de bonheur en dehors de toute la pression qu’il lui mettait. Je ne pouvais rien contre lui, absolument rien.
- C'pas un caprice, Meyer ! Tu m'fais passer pour quoi ? Une salope prête à utiliser quelqu'un pour arriver à mes fins ? C’EST ÇA ?
Une salope… Elle allait un peu loin. Mais oui, elle avait clairement dit que le « courage » dont je pouvais parfois faire preuve et dont Constantine semblait manquer allait l’aider à sortir de Togi. Si ce n’était pas jouer sur sa fierté et se servir de mes sentiments, alors elle s’y était très mal prise. Désemparée, Sofia se frotta le visage, déclara qu’à chaque fois que je partais, ça lui faisait mal car elle se disait qu’elle pouvait être avec moi. Je la croyais puisque je ressentais la même chose. Combien de fois le lui avais-je répété ?
- Et là, t'es parti avec qui ? Ta demi-sœur ? Et pourquoi ? L'enterrement de Nikolaus ? Et après ça, t'oses me dire que c'pour une bonne raison ?
Bien sûr que oui ! Bordel mais elle ne comprenait pas ! Sa jalousie envers Aumérine me fatiguait. Autant que son indifférence face à l’importance que représentait la disparition de mon père, quoi qu’il ait pu être. Mais pour ça, elle ne connaissait pas tous les détails, ce que j’avais appris à Berlin. Je me demandais si elle parviendrait tout de même à saisir tout ça… Cette femme était tellement têtue et immature que je me disais parfois que c’était peine perdue. Mais j’essayais, à chaque fois. Il le fallait bien. Il fallait parler. Si personne ne disait jamais rien, nous nous disputerions tout le temps et aucun des deux ne comprendrait le point de vue de l’autre. J’imaginais que c’était ça, vivre en couple. C’était chiant ! Furieuse, Sofia sortit de la chambre et claqua la porte derrière elle, si fort que les murs tremblèrent.
- Soso, pourquoi tu te fâches avec Meyer ?fit une petite voix endormie.
Merde, Jana. Je l’avais complètement oubliée. Et les voisins devaient râler aussi avec tout ce bruit. J’allais encore me faire engueuler par le vieux du dessous et l’autre dinde d’à côté… Épuisé, je me laissai tomber assis sur le lit et enfouis mon visage dans mes mains. J’entendis Sofia rassurer Jana et lui dire d’aller se recoucher. L’instant d’après, je perçus ses pleurs derrière le mur. Elle devait s’être roulée en boule quelque part dans la chambre de la petite fille pour exprimer son chagrin. Je décidai de ne pas aller la voir. Ça ne servirait à rien d’essayer de discuter maintenant. Nous étions tous les deux trop énervés l’un contre l’autre pour nous résonner mutuellement. En plus, Jana devait se reposer.
« Désolé. »
Je soupirai. A mon avis, il n’aurait pas mieux fait. D’ailleurs, pourquoi avait-il préféré que je parle à Sofia ? Ne craignait-il pas que j’accède à la demande de la demoiselle ?
« J’avais un léger doute mais je vois que je peux te faire confiance. Tu progresses. »
Je progressais parce que nous nous ressemblions de plus en plus ?
« C’est un peu ça, oui. »
Mais ça ne plaisait pas à Sofia. Comme si, au final, ça lui allait très bien que nous soyons différents. Comme avant.
« Dis pas de conneries. Elle détestait le toi d’avant. »
Et là elle me déteste parce que je ne veux pas la faire sortir d’ici. En fait, j’avais l’impression que, quoi que je fasse, dise ou pense, c’était pareil. Il ne répondit pas. Il savait très bien que j’avais raison.
« De toute façon, c’est pas ça le problème là. »
Oui, le problème, c’était qu’elle ne voulait pas comprendre à quel point la faire sortir d’ici était dangereux. Même une seule fois. Il suffisait d’une erreur et c’était fini pour nous. Je voulais bien faire tous les efforts du monde pour l’aider à réaliser son rêve mais il y avait trop d’enjeux. Si nous nous faisions prendre, Kenichi serait furieux et me l’enlèverait pour de bon. Quant à moi, j’irais en prison et Jana serait forcée d’aller en famille d’accueil. Tout le monde serait perdant dans l’histoire et je refusais que ça arrive. Sofia n’y survivrait pas. Moi… je n’étais pas sûr d’arriver à tenir sans elle. Je replongerais et redeviendrais invivable pour Constantine qui mettrait sûrement fin à ses jours à un moment. Jana s’en sortirait le mieux mais elle en serait traumatisée, comme Aumérine. Nouveau soupir. Nous étions face à un mur impossible à franchir, contourner ou casser. J’avais beau réfléchir, je ne voyais pas comment faire. Je commençais à avoir mal au crâne… Il fallait que je prenne l’air. Alors je m’habillai. Dehors, la pluie commençait à tomber par petites gouttes qui s’écrasaient contre la fenêtre. Je sortis de la chambre, enfilai une veste et des chaussures. Un coup d’œil au meuble de l’entrée me poussa à ouvrir le tiroir pour y extirper le paquet de cigarettes que je gardais « en cas d’urgence ». Constantine ne se manifesta pas donc je le rangeai dans ma poche. En sortant dans le couloir, je verrouillai la porte derrière moi. Il y avait toujours un double des clés dans ce même meuble si jamais Sofia voulait parfois sortir sans moi. En silence, je descendis au rez-de-chaussée, me retrouvai dehors. Il faisait un peu frais à cause de la pluie mais c’était supportable. Même si j’avais fermé à clé, je voulais éviter de trop m’éloigner si jamais Jana avait besoin de moi. Je restai donc à proximité du bâtiment, m’assis à même le sol goudronneux sur le bord du trottoir, à l’écart de la lumière des lampadaires qui m’agressait les yeux. Après avoir allumé une cigarette qui me fit tousser dès la première bouffée, je regardai longuement en face de moi, le regard perdu entre un banc et une poubelle débordante de déchets. J’étais trop fatigué, je n’arrivais plus à réfléchir.
Humaine - Asservie
Sofia Ashley
Age : 33
Profil : MP : Email :
Lun 6 Mai - 9:51
" Reise, Reise"
Feat. Constantine
Je pensais que, comme toujours, il allait venir me voir, en étant plus doux, pour essayer de me consoler. De parler avec moi, de m'expliquer, de me faire comprendre pourquoi c'était comme ça. Les oreilles à l'affût, j'écoutai ce qu'il se passait dans le couloir. Constantine venait de sortir de l'appartement. Et le son du tiroir que j'entendis me fit comprendre qu'il était vraiment en colère. Je savais qu'il cachait toujours un paquet de cigarettes ici, je l'avais déjà vu plusieurs voir. Il ouvrit la porte avant de sortir. Il verrouilla aussi la porte. Et maintenant, le silence. J'ignorai si Jana s'était déjà rendormie. Moi, j'étais fatiguée, à force de pleurer. Alors je restai là, sous le billard, en boule bien blotti contre mon coussin. Je somnolai. Je voulais dormir aussi, j'avais sommeil, mais je n'arrivais même pas à fermer les yeux. Le regard fixé sur un point. Un mèche de cheveux glissa lentement sur mon visage, jusqu'à barrer mes yeux. Est-ce que je devais aller le chercher ? Et s'il faisait une bêtise à cause de Meyer ? S'il s'en prenait à quelqu'un ? Une image me traversa aussitôt l'esprit. Une forêt, une colline et la barre d'armature. Ce jour là, il m'avait ordonné de ne pas bouger. Encore une fois, j'avais désobéi. Il m'avait frappé avant de me jeter du haut de la colline. Et cette barre de fer qui m'avait transpercé... En y repensant, j'avais très mal à ma cicatrice. En réalité... J'avais souvent mal ici. Comme si mon corps refusait de se soigner entièrement. Qu'est-ce que je devais faire, dans ce cas... ? Si j'y allais, je risquai d'empirer la situation, encore...Il allait me reprocher de laisser la petite toute seule. Je pouvais pas laisser Jana sans surveillance. D'ailleurs, en parlant d'elle... Des petits pieds s'approchèrent du billard. Elle avait sa couverture dans les mains. Elle la balança au dessus du billard, pour comme faire une cachette encore plus cachée. Elle se glissa ensuite sous la couverture pour me rejoindre.
"Soso, tu dors ?"Fit-elle en me secouant doucement par l'épaule.
Je relevai le regard vers elle. Je me demandai bien d'où elle pouvait tirer autant d'énergie, celle là. Elle rentrait tout juste d'un long voyage. Elle devait être trop inquiète pour nous, elle n'arrivait pas à dormir alors.
"T'as vu ? C'est mon château ici ! Comme ça, tu peux venir te cacher"
Lentement, je la pris dans mes bras en lui donnant mon coussin pour qu'elle puisse se coucher dessus. Moi, j'avais l'habitude de dormir par terre. Je gardai Jana contre moi. Elle avait un côté reposant, agréable. Grâce à cette couverture, j'étais beaucoup plus à l'aise. Un endroit isolé, sombre.
"Vous vous êtes fâché, avec Meyer ?"Demanda-t-elle, inquiète.
Entendre notre dispute lui avait surement fait peur. Elle devait peut-être avoir de mauvais souvenirs avec ses parents à elle.
"Non... J'suis juste triste parc'qu'il veut pas m'emmener à Berlin."
"Pourquoi ?"
"Il dit que c'est dang'reux"
"Pourquoi ?"
"Parc'que les hybrides ils peuvent pas quitter Togi"
"Pourquoi ?"
"Parc'qu-.."Je m'interrompis.
Je la regardai, suspicieuse. Elle avait un petit sourire taquin collé sur les lèvres. Elle adorait m'embêter comme ça. Je lui souris, amusée, avant de l'embrasser sur le front.
"Je vais t'aider à voyager, Soso !"
Aussitôt, elle s'extirpa de son château de fortune pour aller fouiller dans ses affaires. Elle revint avec une petite lampe en forme de panda, c'était un genre de veilleuse. Elle avait également un livre dans ses mains. Mais je ne savais pas ce que c'était. La petite s'installa à coté de moi, assise en tailleur, puis l'ouvrit. Il y avait des images, des images de choses que je ne connaissais pas.
"Y'a plein de châteaux à Berlin, r'garde."
Elle me montra une image avec son tout petit doigt.
"Ca c'est le Berliner Dom"Annonça-t-elle comme si elle me récitait une leçon.
Jana me montra un tas d'images et essaya de m'expliquer tant bien que mal ce que c'était. Château de Charlottenburg, Colonne de la Victoire, la Porte de Brandebourg, le Mur de Berlin... Je me laissai perdre dans ses explications, mes yeux ne pouvant plus quitter les images du livre qu'elle me montrait. J'avais une boule dans le ventre et mes yeux devinrent à nouveau humide. Mais pas parce que j'étais triste. Non. Je réalisai juste ce que la petite essayait de faire. Et c'était si gentil de sa part... Elle était si intelligente. Soudain, j'entendis quelqu'un frapper à la porte. Doucement, je me levai en disant à Jana de ne pas bouger. Comme c'était verrouillé, je récupérai le double des clefs pour ouvrir. C'était la voisine, qui n'avait pas l'air franchement contente.
"Ah...C'est toi.Fit-elle, visiblement déçue.Il est où ton Maître ? J'aimerais bien lui dit deux ou trois mots ! Il y en qui ess-...."
Je refermai la porte puis je verrouillai à nouveau. Je n'oubliai pas de retirer la clef de la serrure, sinon Constantine n'allait plus pouvoir rentrer. Je retournai dans la chambre puis me glissai sous la cachette improvisée. La veilleuse était encore allumée, le livre ouvert au sol. Jana, elle semblait se rendormir lentement, sur mon coussin. Je décidai donc de rester avec elle, la prenant dans mes bras. Elle enfouit aussitôt sa tête dans ma poitrine, puis trouva rapidement le sommeil. A mon tour, je fermai les yeux, bien trop épuisée après avoir autant pleuré.
En terminant ma cigarette, je me dis que malgré le voyage éprouvant, j’avais besoin de marcher. Je mis paresseusement debout, levai un regard hésitant vers le balcon de mon appartement. De toute façon, j’avais fermé à clé, les filles ne craignaient rien. Et je n’en aurais pas pour très longtemps… peut-être. Fourrant les mains dans les poches de ma veste, je pris la direction du centre-ville sans prendre garde à la pluie qui tombait toujours. Il était tard mais il y avait encore pas mal de mouvements, comme chaque début de week-end. D’ailleurs, demain soir, il fallait nous rendre à l’arène. Pour une fois, je n’en avais pas envie. Si c’était encore tendu entre Sofia et moi, j’aurais du mal à profiter de la soirée. D’autant plus qu’elle me reprochait de ne pas l’aider à réaliser son rêve avant que son corps finisse pas lâcher à cause des combats… Si Kenichi n’y était pas pour quelque chose dans cette histoire, j’aurais essayé de trouver une solution. Mais là, je n’avais pas la moindre motivation parce que je ne voyais pas comment contourner ses ordres. Encore une fois, ce serait risqué.
- Scheiße…marmonnai-je en traversant la rue.
Tout ça devenait bien trop compliqué. Et cette dispute ne m’aidait pas du tout à y voir plus clair.
« C’est pas ici qu’on y verra plus clair… »fit Constantine démoralisé.
Je m’arrêtai. Mes pas m’avaient menés devant le bar d’Akira. En effet, ce n’était pas le meilleur endroit pour établir des stratégies. Mais j’avais bien envie d’une petite bière en fait. Elle me ferait du bien. En plus, le bar était encore ouvert. J’entrai, la clochette au-dessus de la porte annonça mon arrivée. Dans leur coin habituel, deux vieux habitués dormaient à moitié sur leur table devant un jeu de carte. Le barman, lui, nettoyait soigneusement le comptoir.
- Salut Meyer, ça fait un bail !lança-t-il joyeusement tandis que je le rejoignais.
Difficile de passer par ici maintenant que je m’occupais de Jana.
- Tu tires une de ces tronches,remarqua-t-il soudain inquiet.
Je m’assis sur mon tabouret favori. Sans même me demander, il me servit de la bière.
- Si je peux faire quelque chose…tenta-t-il devant mon silence.
J’attrapai la bouteille, bus quelques gorgées. En temps normal, je l’aurais rembarré en lui disant de s’occuper de ses affaires. Mais là, je devais avouer que ça n’avait franchement plus d’importance. Alors je lui donnai de maigres explications, à savoir que Sofia voulait quitter clandestinement Togi parce qu’elle voulait être avec moi quand j’allais à Berlin. Je n’ajoutai rien de plus. Si je commençais à détailler, je n’en finirais pas et risquais de dire une bêtise. Akira était barman. Les nouvelles allaient vite quand elles partaient d’un endroit comme celui-ci.
- Ça m’étonnerait pas que certains l’aient déjà fait,déclara-t-il en se servant quelque chose à boire.Mais bon, c’est hyper dangereux.
Au moins un qui était d’accord avec moi.
- Pour un hybride seul, je comprends que le risque soit minime. Mais là… c’est différent. Ça implique d’autres personnes, et une gamine dans le lot. C’est délicat. Tu l’as expliqué à Sofia ? - Pas eu le temps…maugréai-je.
Je terminai ma bière, lui en demandai une autre. Il me servit sans rechigner. En repensant à cette dispute, je me dis que je n’aurais pas dû être aussi dur avec Sofia. Je m’étais senti tellement blessé par ses paroles que je n’avais pas pu m’empêcher de me braquer en lui balançant des méchancetés. Pour le coup, j’aurais préféré rester en retrait et laisser Constantine gérer. Lui, il n’aurait pas dénigré le rêve de la jeune femme en la traitant d’égoïste capricieuse. Ou en tout cas, il aurait trouvé un moyen plus délicat de lui faire comprendre que malgré l’importance de ce rêve, il n’allait pas pouvoir accéder à sa demande.
« J’sais pas trop… j’étais énervé moi aussi. »
Je soupirai. Akira me conseilla gentiment de rentrer me coucher et de parler à Sofia demain car « la nuit portait conseil ». Je connaissais le proverbe mais il ne fonctionnait pas toujours. Quoi qu’il en soit, je terminai ma bière et me levai.
- Laisse, c’est pour moi,dit le barman en me voyant fouiller dans mes poches à la recherche de monnaie.
Je le remerciai, secrètement soulagé car je n’avais pas du tout de quoi payer en vérité. Il me souhaita bonne chance, appela les deux autres vieux pour leur dire de quitter le bar car il allait fermer. Je me retrouvai dehors pas plus avancé qu’avant d’y entrer, à part que je regrettais ma réaction et voulais me réconcilier avec Sofia au plus vite. Encore fallait-il qu’elle m’écoute… Sur le chemin du retour, j’essayai de trouver les mots justes pour éviter de me retrouver encore une fois face à une demoiselle triste et en colère. Mais impossible de ne pas m’imaginer le visage déçu de Sofia à chaque argument. En arrivant à l’appartement, je laissai tomber. Ça ne servait à rien de me forcer à réfléchir, ça m’embrouillait encore plus l’esprit. Alors après un bref passage à la salle de bain pour me brosser les dents, je me rendis dans la chambre et m’étalai sur le lit sans prendre le temps de me déshabiller. Je me réveillai tôt le lendemain… et toujours aux commandes. Étonnant mais après tout, c’était à moi de présenter mes excuses à Sofia, pas à Constantine. Dans les vapes, j’allai au salon. Tout était calme. Sur le coup, j’eus peur que ma compagne soit partie dans la nuit. Alors j’entrai dans la chambre de Jana pour vérifier. Le petit lit était vide. Par contre, la couverture était étendue sur une partie du billard et faisait office de cabane sous laquelle Sofia et la petite fille dormaient profondément, l’une contre l’autre. La première fois que je les avais vues dormir ensemble, c’était après m’être battu contre la jeune femme parce que j’avais failli faire du mal à Jana. Mon cœur se serra en me rappelant ce souvenir et je tournai les talons. Mais mon regard fut attiré par le livre ouvert au sol à côté de la blondinette. La veilleuse allumée me permit de voir qu’il s’agissait d’un livre d’images sur Berlin. Je l’avais acheté à Jana le matin de l’enterrement, lors de notre promenade avec Aumérine. J’étais sûr que la gamine avait montré ce livre à Sofia pour la réconforter. Tellement gentille et généreuse… En silence, j’éteignis la veilleuse et ressortis de la chambre en refermant doucement la porte derrière moi. Le paquet de Taiyaki était posé sur la table de la cuisine. Je le laissai là et me préparai un café. La machine ronronna, me servit une mixture trop serrée à mon goût. Mais je la bus quand même, non sans grimacer. Je mis ensuite la tasse dans l’évier et allai faire un tour sur le balcon. Le soleil montait dans le ciel. Il ne devait pas avoir plu longtemps cette nuit car le sol était sec. Je m’assis, frissonnai au contact du carrelage froid, et contemplai Togi. D’ici, on ne voyait pas la ville entière mais la vue était plutôt sympa. Il se passa une dizaine de minutes avant que Jana vienne à ma rencontre en se frottant les yeux. Un vague bonjour suivi d’un bisou et d’un câlin… et elle resta dans mes bras.
- Tu vas attraper froid,dis-je en voyant qu’elle était encore en pyjama.
Mais elle se blottit un peu plus. Alors j’enlevai mon sweat et l’aidai à l’enfiler, avant de la faire asseoir sur mes jambes croisées en tailleur.
- Sofia est triste parce qu’elle peut pas aller à Berlin,déclara-t-elle au bout de quelques secondes.Parce que c’est dangereux.
Mon estomac se noua.
- Pourquoi c’est dangereux ?
Je baissai les yeux, rencontrai son regard curieux.
- Parce que c’est interdit,répondis-je.Si on se fait attraper, on va avoir de gros ennuis.
Je n’ajoutai rien de plus, ne voulant pas lui faire peur en lui parlant de prison. D’ailleurs, avant qu’elle insiste davantage, je lui ébouriffai les cheveux et repris la parole.
- Va prendre ta douche et tu mangeras ton p’tit dej après avec Sofia.
Elle hocha la tête et se mit debout. Je l’imitai, nous rentrâmes dans le salon.
- Je peux me laver les cheveux ?demanda-t-elle en se dirigeant vers la salle de bain.
Maintenant qu’elle savait se débrouiller seule, je n’allais pas refuser. En plus, elle n’aurait pas le temps ce soir étant donné qu’elle serait chez Yoshikazu pendant que Sofia et moi irions à l’arène. Je lui donnai donc l’autorisation en précisant bien qu’elle devait toujours faire attention à ne pas consommer trop d’eau. Elle me rendit le sweat et alla chercher des habits dans sa chambre. Quand elle en sortit, elle annonça que Sofia était réveillée, et fila à la salle de bain. Je restai planté où j’étais pendant un long moment, partagé entre l’idée de rejoindre la jeune femme ou attendre qu’elle sorte. D’abord, j’allai dans notre chambre pour récupérer son bandeau. Puis je me rendis dans celle d’à côté dont la porte était restée ouverte. Sofia s’extirpait de sous le billard, l’air un peu rouillé, comme si elle avait dormi dans une mauvaise position. En me voyant, elle eut un léger tressaillement et m’accorda un regard rempli de doute, les paupières à demi closes à cause de la lumière qui venait du salon. Je m’approchai doucement, m’agenouillai devant elle, lui tendis le bandeau. Elle le prit, l’attacha devant ses yeux sans rien dire. Un long silence pesant s’abattit sur nous. Tout ce que j’avais essayé de cogiter hier s’emmêlait dans ma tête, je n’arrivais pas à sortir un mot. « La nuit porte conseil » tu parles ! C’est au moment où Sofia ouvrit à demi la bouche que je fus forcé d’agir. C’était à moi de faire le premier pas. Mon seul réflexe fut de la prendre dans mes bras et de la serrer fort contre moi. Le fait de sentir son parfum à la pomme et la chaleur de son corps contre le mien me réconforta beaucoup, me donna la force de parler enfin.
- Pardon.
Pas plus. Bon, c’était déjà pas mal mais je pouvais mieux faire.
Humaine - Asservie
Sofia Ashley
Age : 33
Profil : MP : Email :
Mar 7 Mai - 11:53
" Reise, Reise"
Feat. Meyer
Une nuit noire. Sans rêves. Sans cauchemars. Je n'avais pas bien dormi. Je m'étais réveillée plusieurs fois, dans la nuit. Jana, elle, dormait paisiblement sur mon coussin, contre moi. J'avais alterné cette nuit entre phase de réveil et phase de sommeil. Comme si quelque chose me perturbait trop pour dormir. Meyer était rentré tard cette nuit, il se coucha directement au lit. Le lendemain, j'entendis Jana se lever, il était encore tôt. Pour ma part, même si c'était extrêmement rare, je voulais rester encore un peu cachée. J'avais peur un peu de revoir Constantine après la dispute d'hier. Et s'il m'en voulait encore ? Et s'il avait fait une bêtise hier en sortant ? D'ailleurs, je ne savais même pas si c'était Constantine était revenu. Lui aussi il devait être en colère après moi. Je récupérai le coussin pour me rouler en boule en le plaçant entre mes jambes et contre mon torse. D'ailleurs, maintenant que j'y pensais, je n'avais pas très envie d'aller à l'arène ce soir. Si j'étais perturbée, dans ma tête, c'était trop dangereux, je ne pourrais pas me concentrer. Mais si je n'y allais pas, on allait devoir donner des explications à Kenichi... Bon, de toute façon, il était temps de se lever. A cette heure, je devais m'entraîner, normalement. Mais mon corps ne bougea pas, je n'osais pas sortir de ma cachette. J'entendis du mouvement dans le salon. Des bruits de petits pas, c'était la petite qui s'approchait.
" Je peux me laver les cheveux ?"Demanda-t-elle.
L'instant d'après, elle rentra dans la chambre pour récupérer ses vêtements. Avant de sortir, elle souleva la couverture pour regarder sous le billard. Je levai mon regard vers elle, puis elle s'approcha de moi pour me dire bonjour. Un bisou, un câlin, puis elle s'en alla à nouveau dans le salon en prévenant Constantine que j'étais réveillée. Je soupirai, enfouissant ma tête dans le coussin. Je ne pouvais pas rester ici la journée entière, de toute façon. Doucement, je m'extirpai de sous le billard, la tête encore dans le brouillard. Je restai assise par terre un instant, sur mes talons. En relevant la tête, j'aperçus Constantine. Je sursautai légèrement, serrant doucement les poings sur le tissu de mon t-shirt. Je le regardai, douteuse, tirant la grimace à cause de la lumière. Il avait pensé à prendre mon bandeau avec lui. Il s'approcha de moi et s'accroupit pour me le rendre. Aussitôt, je le plaçai devant mes yeux pour y voir plus clair. Un long silence retentit, pesant. Il ne disait rien et moi non plus. Comme si chacun attendait le premier pas de l'autre. Connaissant Constantine, il ne savait pas quoi dire. Moi non plus d'ailleurs... Mais il fallait briser la glace. J'ouvris la bouche pour prononcer les premiers mots, mais il me coupa net. Il me prit dans ses bras et me serra contre lui. Là, ce fut comme un immense soulagement. Comme si un brouillard épais venait de se dissiper. Je me blotti également contre lui, enfouissant mon visage dans le creux de son épaule pour profiter de son odeur et de sa chaleur. Ca me faisait un bien fou... J'eus le sentiment, à cet instant, que nous n'avions pas besoin de parler pour nous réconcilier. Mais d'un autre coté, je voulais des explications. De pourquoi il pensait que mon rêve était idiot et que j'étais capricieuse à cause de ça. Parce que moi, je comprenais pas. A la télé ils avaient dit que c'était bien d'avoir un rêve et qu'il fallait s'y accrocher.
"Pardon"Dit-il simplement.
Bon... C'était mieux que rien. Je me collai davantage contre lui en le serrant plus fort avant de frotter mon visage contre son cou. J'y déposai un baisé, mais il recula, par réflexe. Mais je ne me posai pas de question puisque mon estomac réclama aussitôt quelque chose à bouffer. Il gargouilla fort. Je me levai donc, sans rien dire, pour me diriger dans la cuisine. Je m'installai à table, il y avait des taiyaki et de la tisane. Je commençai à manger puis Jana me rejoignit. Nous mangeâmes en silence, j'étais trop préoccupée pour discuter avec elle. Une fois le petit déjeuné terminé, je me levai pour rejoindre Constantine.
"On va prendre la douche... ?"Demandai-je, hésitante.
A son regard surpris, je compris alors que c'était toujours Meyer que j'avais en face de moi. D'ailleurs, il me l'avoua. Il était très honnête, ce qui me fit vraiment plaisir. Il aurait simplement pu en profiter, mais il ne le fit pas.
"Vient... C'est bon."Dis-je doucement.
Un rapide tour dans la chambre pour récupérer ma robe noire et mes sous-vêtements, je me dirigeai dans la salle de bain. Je retirai le t-shirt et le bandeau et j'entrai dans la baignoire, accompagnée de Meyer. Je passai la tête sous l'eau en frottant mon visage avec mes mains. Meyer me proposa de me laver le dos. J'acceptai volontiers, me tournant.
"J'veux plus qu'on se fâche comme ça...Annonçai-je timidement, d'une toute petite voix.Pardon si j'ai dis des choses méchantes hier... C'est juste que... C'est très important pour moi, de pouvoir sortir au moins une fois dans ma vie de Togi. Et je le veux juste avec toi. Alors ça me rend triste..."
Il fallait en parler, plus calmement. Et là, la situation s'y prêtait. Nous étions calmés, lui et moi. Plus de colère, de venin dans les mots. Je sentais ses mains passer sur mon dos, ses doigts glissants sur chacune de mes cicatrices.
A mon plus grand soulagement, Sofia me serra à son tour dans ses bras. Apparemment elle aussi contente de me retrouver, elle frotta son visage contre mon cou. J’en eus des frissons, surtout quand elle y déposa ses lèvres toutes douces. Attends, stop ! Je reculai à demi, gêné. Elle croyait que j’étais Constantine. J’allais lui dire qu’elle se trompait mais son ventre se manifesta avec de grands gargouillements. Affamée, la demoiselle se mit debout et sortit de la chambre. Je restai un moment assis par terre à ne rien faire. J’aurais pu être en train de réfléchir mais c’était comme si ma tête s’était soudainement vidée. Je devais trouver un moyen de discuter avec Sofia à l’abri de la curiosité de Jana. Cette dernière se joignit à ma compagne pour le petit déjeuner au moment où je décidai de sortir de la chambre. Elles mangèrent en silence, j’en profitai pour aller aérer les chambres et faire un peu de rangement. J’espérais que ça m’aide à me remettre les idées en place mais l’effet ne fut pas très efficace. Agacé, je me tapotai plusieurs fois le front du plat de la main, comme si ça allait améliorer les choses. Dans un soupir, je retournai à la cuisine pour voir si les filles avaient fini de manger. Chacune débarrassait ses affaires, je pris l’éponge pour nettoyer la table.
- On va prendre la douche ?
Je me tournai vers Sofia, fus surpris de la trouver juste derrière moi. La douche, elle et moi ? Non, Constantine et elle. Un peu déçu, je lui dis que son cher et tendre était toujours en retrait. Mais s’il fallait céder ma place, je le ferais. Après tout, c’était à elle de décider.
- Viens… c’est bon,dit-elle finalement.
Je la regardai s’éloigner vers la chambre, encore plus étonné. En était-elle certaine ? Je ne voulais pas qu’elle se force à me côtoyer si elle n’en avait pas envie, surtout pour faire la douche ensemble. Nous avions déjà pris un bain tous les deux mais il s’était passé pas mal de choses depuis. Des choses… pas forcément bien à cause de moi. D’un pas hésitant, je me dirigeai vers la salle de bain après avoir récupéré moi aussi des vêtements propres. Quand j’entrai dans la baignoire, Sofia se mouillait déjà la tête. Le plus frustrant pour moi, c’était de la voir nue sans être autorisé à la toucher. Je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même… Si je me comportais plus gentiment avec elle, j’aurais les mêmes droits que Constantine. Je tentai quand même une proposition, celle de lui frotter le dos. Elle accepta volontiers, se retourna.
- J’veux plus qu’on se fâche comme ça…souffla-t-elle tandis que je mettais du gel douche au creux de ma main.
Malheureusement, les disputes étaient inévitables dans un couple. Je ne voulais pas non plus lui parler à nouveau comme je l’avais fait. Pourtant, je demeurais certain que je ne pourrais pas m’en empêcher un jour ou l’autre. Constantine serait peut-être plus tolérant et délicat dans ses mots. C’est pourquoi je préférais rester en arrière la prochaine fois. C’était avenant de sa part de m’avoir laissé le choix de m’exprimer. Cependant, vu le résultat, j’avais trop peur de casser encore quelque chose s’il recommençait.
- Pardon si j’ai dit des choses méchantes hier,poursuivit Sofia d’un air penaud.C’est juste que… C’est très important pour moi, de pouvoir sortir au moins une fois dans ma vie de Togi. Et je le veux juste avec toi. Alors ça me rend triste…
Passant mes mains dans son dos, frôlant la moindre de ses cicatrices, je restai silencieux un moment, m’imprégnant de ses paroles pour y répondre au mieux.
- Je sais tout ça,commençai-je nerveux.J’ai bien compris à quel point ça te tient à cœur. Et j’aimerais beaucoup que ça puisse se faire. Seulement… le risque est trop grand.
Je remontai mes mains sur ses épaules et frottai doucement ses bras.
- S’il s’agissait juste de nous faire engueuler pour avoir enfreint la loi, je m’en ficherais. Mais c’est pas aussi facile.
Je réfléchis un instant. S’il fallait utiliser des termes simples pour qu’elle comprenne, alors j’avais ce qu’il fallait.
- Si Jana ne respecte pas les règles à l’école, elle sera punie avec du travail supplémentaire à faire. Si c’est plus grave, elle se fera renvoyer et il faudra chercher une autre école qui voudra bien l’accepter. Sauf que c’est l’école et Jana est encore une enfant alors ça peut pas être plus grave… même si ce serait déjà très chiant.
Je pris une bouteille de shampoing et lui en mis un peu sur la tête avant de lui masser lentement les cheveux.
- Nous, on est adultes. Le seul fait d’insulter quelqu’un dans la rue peut attirer des ennuis selon à qui on s’adresse. Sortir de Togi alors que c’est strictement interdit depuis toujours…
J’hésitai. Néanmoins, je devais utiliser des mots forts pour que Sofia ait pleinement conscience du problème.
- Ça peut détruire nos vies.
Je la sentis se tendre d’anxiété mais je poursuivis.
- Si on se fait attraper, et on se fera attraper,insistai-je avant qu’elle m’interrompt,pour toi, c’est retour chez Kenichi. S’il décide de ne pas te tuer…
Non là, j’allais trop loin.
- ... tu sais ce qu’il te fera,dis-je simplement.
Je déglutis difficilement en pensant à ce jour où j’appris ce qu’elle avait vécu avec ce connard de Bear.
- Tu te doutes bien que tu ne reverras plus jamais Constantine… si Kenichi le laisse en vie, lui aussi. Si c’est le cas, il ira en prison. Pour combien de temps, j’en sais rien mais c’est qui est sûr, c’est qu’en sortant, il aura perdu son travail et aura du mal à en trouver un nouveau. Et Jana devra aller vivre ailleurs. Et…
Je me tus, incapable de continuer. Sans m’en rendre compte, j’avais arrêté de laver les cheveux de Sofia. Mon bras droit se trouvait le long de mon corps, l’autre à demi levé pour laisser mon regard se perdre entre les quelques cicatrices qui s’alignaient à l’intérieur du poignet. Ce qu’éprouverait Constantine en perdant la femme qu’il aimait, peu importait la manière, serait trop insupportable pour trouver la force de se reconstruire après ça. Depuis qu’il avait pris conscience de son amour pour elle, il ne vivait que pour elle. Il n’avait rien ni personne d’autre à qui se raccrocher. Malheureusement pour Jana, elle n’était pas sa fille biologique. Aumérine, elle, était entrée dans sa vie trop récemment pour qu’il y accorde autant d’importance, bien qu’ils soient du même sang. Non, c’était juste Sofia. Même si les conséquences d’une sortie clandestine de Togi toucheraient du monde autour d’eux, ce qui effrayait le plus mon hôte, c’était de perdre sa Sofia. Un peu tremblant, je n’ajoutai rien de plus. Inutile de parler de mon propre ressenti. Finalement, il était similaire à celui de Constantine. Et même s’il avait été différent, on s’en fichait. Je me sentais blessé à chaque fois qu’on me donnait l’impression et la preuve de ne servir à rien. Pourtant, c’était la vérité. Au fond de moi, je savais que je n’existais pas concrètement, que jamais je ne serais réellement quelqu’un, même si je le souhaitais très fort.
Humaine - Asservie
Sofia Ashley
Age : 33
Profil : MP : Email :
Mer 8 Mai - 19:01
" Reise, Reise"
Feat. Meyer
Je fermai les yeux pour mieux profiter de l'eau chaude qui coulait le long de mon corps. Jana ne prenait pas sa douche le matin et comme Meyer la prenait avec moi, nous n'avions pas besoin de faire attention à ne pas utiliser toute l'eau chaude. On pouvait se détendre, lui et moi, car nous en avions besoin. Ses mains, toujours aussi rugueuses, glissaient sur mon dos
"Je sais tout ça. J’ai bien compris à quel point ça te tient à cœur. Et j’aimerais beaucoup que ça puisse se faire. Seulement… le risque est trop grand.Répondit-il.
Pourtant, en écoutant Jilian, ça avait l'air simple. D'après elle, des gens le faisaient dans jamais se faire attraper. Lentement, il remonta ses mains jusqu'à masser mes épaules puis mes bras.
"S’il s’agissait juste de nous faire engueuler pour avoir enfreint la loi, je m’en ficherais. Mais c’est pas aussi facile."
J'étais souple et légère, je pouvais me cacher facilement. Surtout dans un bateau. Je comprenais même pas pourquoi les hybrides ne pouvaient pas quitter Togi, en plus.
"Si Jana ne respecte pas les règles à l’école, elle sera punie avec du travail supplémentaire à faire.Déclara-t-il après un silence de réflexion. Si c’est plus grave, elle se fera renvoyer et il faudra chercher une autre école qui voudra bien l’accepter. "
Il expliqua ensuite que comme là il ne s'agissait que d'une enfant, ça ne pourrait pas être plus grave. Les conséquences seraient pas si dramatiques. Meyer récupéra le shampoing pour me laver les cheveux.
"Nous, on est adultes. Le seul fait d’insulter quelqu’un dans la rue peut attirer des ennuis selon à qui on s’adresse. Sortir de Togi alors que c’est strictement interdit depuis toujours…"
J'avais fait des choses bien plus graves déjà. J'avais déjà mutilé, torturé, tué des gens. Pourtant, j'étais toujours là, personne ne m'avait jamais attrapé.
"Ça peut détruire nos vies."Annonça-t-il.
J'inspirai, pas très à l'aise. Cette conservation ne me plaisait pas.
"Si on se fait attraper..."
J'ouvris la bouche pour contester. Lui dire que malgré les années, ça n'était jamais arrivé.
"Et on se fera attraperInsista-t-il avant que je puisse parler. pour toi, c’est retour chez Kenichi. S’il décide de ne pas te tuer…
Je pinçai mes lèvres, un peu triste.
"...Tu sais ce qu’il te fera."
Il allait me torturer de façon encore plus cruelle que la dernière fois. Et j'allais surement repasser un bon nombre de fois dans le lit de Bear... Et cette fois, il ne me vendra plus jamais. J'allais sûrement vivre à vie avec lui, dans l'entrepôt. Et je servirais de vide-couilles. Je déglutis, serrant les doigts.
"Tu te doutes bien que tu ne reverras plus jamais Constantine… si Kenichi le laisse en vie, lui aussi. Si c’est le cas, il ira en prison."
J'hochai doucement la tête, plusieurs fois. Résignée.
"Pour combien de temps, j’en sais rien mais c’est qui est sûr, c’est qu’en sortant, il aura perdu son travail et aura du mal à en trouver un nouveau. Et Jana devra aller vivre ailleurs. Et…"
Le silence. L'eau qui tombait dans la baignoire résonnait dans ma tête. Le temps s'était comme figé. C'était injuste. Je n'avais rien demandé moi. Je n'avais jamais demandé qu'on me vole ma vie. Constantine n'avait jamais demandé d'être mêlé à des affaires de mafieux. Jana n'avait jamais demandé de vivre avec nous. C'était injuste. Je ne savais pas quoi répondre à tout ça. Meyer avait surement raison. Mais j'étais contente de voir qu'il avait réussi à m'expliquer quelque chose avec autant de douceur et de délicatesse. Je me tournai vers lui en me blottissant dans ses bras.
"Ok..."Dis-je simplement.
J'enfoui ma tête contre son torse en grattant doucement son dos avec le bout de mes ongles. Ca ne servait à rien d'insister pour quitter Togi. Un jour, peut-être, les hybrides pourront voyager, eux aussi. Je devais juste être patiente et prendre sur moi quand Constantine devra s'absenter pour aller à Berlin. Ma main remonta lentement le long de son dos jusqu'à atteindre sa nuque. Là, je me mis sur la pointe des pieds pour l'attirer vers moi en fermant les yeux. Puis je l'embrassai... Sur la joue.
"Merci d'm'avoir expliqué. J'ai compris.Dis-je, à voix basse sur un ton douxJ'suis vraiment contente de voir à quel point tu fais des progrès. Alors pour te remercier... J'suis d'accord si tu veux t'battre à l'arène, ce soir.
Je remontai ma jambe contre la sienne, venant ensuite caresser l'arrière de sa cuisse de son mollet avec mon pied. Je le serrai davantage contre moi, sentant une étrange chaleur monter en moi.
"Excuse moi de t'demander ça Meyer mais... Tu pourrais m'rendre Constantine un instant ? J'te laisse rev'nir juste après, si tu veux..."Demandai-je toujours en murmurant.
J'ignorai pourquoi j'avais envie là, maintenant et, surtout, inutile de lui dire pourquoi je voulais récupérer Constantine quelques minutes.
Tout ce que je pouvais faire, c’était profiter de ce que j’avais tout en restant au second plan. C’était déjà bien, même si je me plaignais parfois de ne pas en avoir assez. Je n’aurais jamais imaginé en arriver là malgré mon statut de deuxième personnalité irascible. Je croyais détester Sofia et finalement, ce sentiment s’était transformé. Malheureusement pour moi, elle ne l’acceptait pas aussi facilement mais c’était compréhensible. Je lui avais fait du mal. Beaucoup trop de mal. J’essayais de faire les efforts nécessaires pour me racheter, tout en pensant parfois que ça ne servait à rien. Quand je les voyais si heureux, Constantine et elle, je reprenais espoir. Quand ils se disputaient, je le perdais. Je n’aimais pas du tout cette sensation, moi qui étais surtout fait pour accumuler le négatif. Un peu de positif et tout partait en vrille… Mon cœur fit un bond dans ma poitrine et je sortis de mes pensées quand Sofia se retourna pour me serrer contre elle. Si elle n’était pas complètement nue, j’aurais répondu à son étreinte mais là, c’était un peu soudain et je ne savais pas comment réagir. Je n’osais pas, trop craintif à l’idée d’aller trop loin.
- OK…murmura-t-elle.
Bon, elle avait au moins compris tout ce que je lui avais dit. Il fallait maintenant lui expliquer pourquoi les voyages à Berlin étaient si importants. Sauf que la demoiselle m’arrêta complètement dans mon élan en commençant à me grattouiller le dos avec ses ongles, remontant doucement vers ma nuque. Je frissonnai si fort que j’en eus un léger sursaut. Quand elle s’agrippa pour me serrer plus fort contre elle et m’embrasser sur la joue, je priai intérieurement pour qu’elle me laisse tranquille. Surprenant oui mais si elle continuait, j’allais finir par lui sauter dessus et…
- Merci d’m’avoir expliqué, j’ai compris.
Je baissai les yeux sur ses cheveux mousseux.
- J’suis vraiment contente de voir à quel point tu fais des progrès.
D’accord mais frotter son corps tout mouillé contre moi ne m’aidait pas vraiment à me contenir…
- Alors pour te remercier… j’suis d’accord si tu veux t’battre à l’arène, ce soir.
QUOI ? Me battre ? Moi ? A l’arène ? Je n’en croyais pas mes oreilles ! Ce soir ? Pour de vrai ? Sérieusement ? Elle plaisantait… non ? Sidéré, j’oubliai complètement la situation actuelle, m’imaginant déjà casser la gueule à plein de types.
- Excuse-moi de te demander ça, Meyer, mais… Tu pourrais m’rendre Constantine un instant ?
Je secouai la tête, croisai son regard chargé de sous entendu.
- J’te laisse rev’nir juste après si tu veux…assura-t-elle tout bas.
Pas besoin de me le dire deux fois, j’étais bien trop content d’avoir l’autorisation de me battre. Ce soir en plus ! Dans quelques heures ! Prenant son visage entre mes mains, je lui fis un grand sourire et dis :
- On s’voit ce soir.
Je l’embrassai sur le front et la serrai dans mes bras en fermant les yeux. Quand je les rouvris, je maudis Meyer de ne pas avoir pensé à prendre appui quelque part avant de me laisser revenir. Ma seconde d’absence faillit me faire chuter sur Sofia. Je me rattrapai à temps au mur derrière elle et la tins fermement pour ne pas qu’elle tombe. Ce qu’elle venait de promettre me faisait un peu peur. J’avais confiance en Meyer et en sa force, en sa maîtrise du combat supérieure à la mienne, bien que je me sois beaucoup entraîné. Lorsqu’il avait évoqué le sujet au restaurant, Sofia aussi avait confié sa crainte vis-à-vis des combats de maîtres à l’arène. C’était dangereux. Cependant, en repensant aux paroles de ma compagne concernant ses propres combats, le fait que son corps ne tiendrait pas longtemps à force de le solliciter, je me dis que monter sur le ring aussi lui permettrait peut-être de se reposer un peu. Si ça pouvait l’aider à se ménager, alors j’étais prêt à prendre le risque. Pour le moment, le seul risque était de glisser dans la baignoire quand je fondis sur elle pour la plaquer contre le mur carrelé et l’embrasser. Gémissant à la fois de surprise et de plaisir, elle s’accrocha à moi en tortillant le bassin avec impatience. J’aurais volontiers pris mon temps pour profiter d’elle mais l’un comme l’autre demeurait tellement excité que ce fut plus sauvage et plus rapide que d’habitude. Et nous finîmes la douche à l’eau froide. J’étais en train d’enfiler un pantalon quand la sonnette de l’entrée retentit. Qui cela pouvait-il être un samedi matin ? Je mis un tee-shirt, me passai un rapide coup de peigne dans les cheveux et allai ouvrir. Je fis face à la voisine mécontente, les bras croisés et les sourcils froncés. Ah oui… elle venait sûrement se plaindre pour la dispute de cette nuit.
- Désolé,fis-je simplement.
Et je refermai la porte. A peine eus-je le temps de tourner les talons qu’elle sonna à nouveau. Je levai les yeux au ciel, ouvris.
- Was ?
Elle semblait beaucoup moins en colère, et même gênée.
- R… rien, je ne m’attendais pas à de simples excuses,répondit-elle sans oser me regarder en face.
A croire que ma réputation de fou furieux enragé tenait toujours dans cet immeuble. Je haussai les épaules.
- Ben… j’suis de bonne humeur. T’as d’la chance.
Un silence.
- Meyer !
Jana arriva en courant, sa serviette de bain sur la tête et une brosse dans les mains. Elle salua timidement la voisine et se tourna vers moi.
- Tu peux me sécher les cheveux s’il te plaît ?demanda-t-elle en me tendant la brosse.Sofia peut pas, elle s’entraîne.
Je ne pouvais pas y échapper. Je regardai la voisine, lui fis un signe de la main avec un demi sourire.
- Faut qu’j’y aille. A plus.
Je fermai la porte avant même d’avoir une réponse. Je réalisai alors que la voisine voyait Jana pour la première fois. Nous ne nous croisions pas beaucoup dans le couloir et, en général, la petite fille n’était pas là parce qu’elle se trouvait à l’école. Bref, c’était qu’un détail. Toute contente, Jana sauta sur le canapé et s’assit en travers pour me laisser la place derrière elle. Je m’installai paresseusement, frictionnai un peu ses cheveux avec la serviette et commençai à la coiffer. Près de nous, Sofia faisait des étirements.
- Aïe,fit Jana alors que j’essayais de démêler sa tignasse blonde. - Pardon. Mais… ils sont vachement longs, tu veux pas les couper ? - Non, je veux qu’ils poussent encore.
Je soupirai, désespéré. Comment faisait-elle pour s’en sortir avec des mèches qui lui arrivaient jusqu’aux fesses ? Quand elle les laissait détachés, ils la gênaient. Les filles et les cheveux longs… Je ne comprenais pas vraiment. Sûrement parce que ça faisait « princesse »… Quand je fus sûr d’avoir bien démêlé et séché toute sa tête, je proposai aux filles d’aller au parc. Elles acceptèrent. Quelques minutes plus tard, Jana jouait avec les autres enfants et Sofia et moi nous entraînions à proximité. Si Meyer devait se battre ce soir, autant revoir une dernière fois quelques techniques utiles.
Humaine - Asservie
Sofia Ashley
Age : 33
Profil : MP : Email :
Jeu 9 Mai - 21:52
" Reise, Reise"
Feat. Meyer
Il avait l'air vraiment content, ça se voyait à sa tête. Son visage était passé de "totalement blasé" à "un peu moins blasé". Du coup, il était content. L'air dans ses pensées, il secoua doucement la tête avant de croiser mon regard qui n'exprimait qu'une seule chose : L'envie de lui. Heureusement, il ne se fit pas prier. Lentement, il prit mon visage entre ses deux mains et embrassa mon front.
"On s’voit ce soir"Déclara-t-il.
Il me serra dans ses bras. Je répondis à son étreinte en le serrant à mon tour contre moi. Une seconde plus tard, Constantine revint à lui mais faillit chuter. Heureusement, il se rattrapa au mur derrière moi. Pour m'éviter de tomber, il me tint plus fermement contre lui. Il me plaqua ensuite contre le carrelage en m'embrassant. Je ne pouvais plus lui résister. Je remuai le bassin, trop impatiente d'exprimer tout l'amour que je lui portais en ne faisant qu'un avec lui. Visiblement, lui aussi avait très envie, ce fus rapide, comme la petite était là, on ne pouvait pas la laisser seule trop longtemps. Rapide, mais intense et sauvage. Comblée, je restai un peu plus longtemps sous la douche pour me laver à nouveau. L'eau était froide à présent, mais ça ne me dérangeait pas. Lui non plus d'ailleurs. Il sortit de la baignoire pour enfiler un pantalon, quand quelqu'un sonna à la porte. Mon homme enfila un t-shirt, passa un rapide coup de peigne dans ses cheveux puis il sortit de la salle de bain pour aller ouvrir. De mon coté, je sortis également avant de me sécher rapidement pour mettre une petite robe de sport. C'était idéal pour traîner à la maison. Je me dirigeai vers le salon en me frottant doucement la tête avec une serviette. Constantine était avec la voisine, que j'ignorai.
"Ben… j’suis de bonne humeur. T’as d’la chance"Déclara-t-il.
Un petit sourire coquin se dessina sur mes lèvres. On se demandait bien pourquoi il l'était. Je me plaçai derrière le canapé, me préparant pour faire quelques exercices. Jana me demanda, à voix basse, si je pouvais m'occuper de ses cheveux, mais comme j'étais occupée, je l'envoyai vers Constantine. Et puis comme ça, il allait pouvoir fermer la porte et arrêter de parler avec cette femme au foyer qui avait rien à faire de ses journées à part fantasmer sur mon mec.
"Meyer !Fit-elle en courant vers lui.Tu peux me sécher les cheveux s’il te plaît ? Sofia peut pas, elle s’entraîne."
Brave petite. Constantine salua la voisine en lui souriant à demi.
"Faut qu’j’y aille. A plus."
Puis il ferma la porte sans même attendre de réponse. Jana sauta sur le canapé, toute contente, avant d'être rejoint par Constantine, un peu moins enthousiaste.
"Aïe
Pardon. Mais… ils sont vachement longs, tu veux pas les couper ?
Non, je veux qu’ils poussent encore."
Je lançai un rapide coup d’œil vers les deux. Je devais avouer que ses cheveux étaient vraiment longs... C'était vraiment pas pratique du tout. Je préférais les garder court, pour ma part. C'était mieux en combat. Maintenant que la gamine était prête, mon compagnon nous proposa une sortie au parc. Je regardai rapidement dehors, il faisait beau, autant en profiter. Une fois au parc, notre petit parasite alla rapidement jouer avec les autres enfants. Ca nous laissa l'occasion, à Constantine et moi, de nous entraîner avant les combats de ce soir. Pour commencer, je lui demandai de me montrer les bases, à savoir comment donner un coup de poing, comment bouger, rester en mouvement. Tout ça, nous l'avions déjà vu et il s'en sortait très bien.
"Tu s'ras dans une cage, ce soir. D'habitude, dans un combat, tu peux t'servir de l'environnement à ton avantage. Mais là, t'as rien, juste un ring rond, une cage."
Je demandai à mon homme de se placer devant moi, droit et de ne pas bouger. Je n'étais peut-être pas la femme la plus intelligente, mais je connaissais très bien le corps humain, là où il fallait frapper pour faire mal et, même, pour tuer.
"C'que je vais te montrer, Schatzi, c'est pour tuer.Déclarai-je, très sérieusement.Avec ta force physique, un seul coup bien placé ça suffit."
J'approchai lentement mes doigts de son cou, puis j'appuyai très délicatement sur sa pomme d'Adam. Il recula le visage aussitôt. Même léger, un coup ici faisait horriblement mal.
"Si tu frappes ici, fort, même une fois, ça tue."
Je me mis ensuite en position de combat et frappai directement du plat de la main au niveau de son oreille. Evidemment, je m'arrêtai juste avant.
"Une grosse claque au niveau des oreilles peut provoquer un évanouissement. Tu peux percer le tympan, le mec sera foutu."
Je repris place face à lui puis je mimai un autre coup, avec le sabre de la main, juste sous son nez.
"Juste ici, sous le nez. Tu frappes fort, comme ça. Ca tue aussi. Le cartilage du nez remonte au cerveau."
A nouveau, je me remis face à lui et je frappai, le poing en marteau, en direction de sa tempe.
"Si tu frappes en marteau, juste ici, avec assez de puissance, tu peux enfoncer la tempe. Ca tue aussi."
Une dernière fois, je me remis en position avant de décrocher un crochet du droit en direction de la pointe de son menton.
"Et là, c'est le K.O. Si tu frappes sur le coté, tu brises la mâchoire. Mais ça tue pas."
Je marquai une courte pause, le regardant, toujours aussi sérieuse.
"J't'ai pas tout montré, il existe d'autres points sensibles au visage et ailleurs. Tout c'que je viens de te dire, c'est pas un jeu. C'est donner la mort à quelqu'un, c'est pas rien. Tout dépend du contrôle de ta propre force. Si tu frappes fort, tu tues."
Même à mains nues, j'étais une tueuse. Une assassin. On m'avait appris, pendant des années, à frapper avec une précision chirurgical chacun de ses points. A l'Arène, je devais faire du spectacle, pas tuer en un coup. Mais je préférais quand même montrer à mon homme comment s'y prendre. Car face à lui il aura des gens qui voudront, probablement, le tuer.
Ma compagne préféra d’abord reprendre les bases : donner des coups de poing, parer, esquiver, me caler sur mes appuis pour garder l’équilibre, rester en mouvement… Ça, je maîtrisais, ce qui permit de passer rapidement à la suite.
- Tu s’ras dans une cage, ce soir,déclara-t-elle.D’habitude, dans un combat, tu peux t’servir de l’environnement à ton avantage. Mais là, t’as rien, juste un ring rond, une cage.
Je hochai la tête. Même sans y être entré – à part une fois pour récupérer Sofia très mal en point – je connaissais bien la cage. Elle n’était pas très grande et ne permettait pas forcément d’effectuer de très grands déplacements. Ici, nous avions tout l’espace que nous voulions. Je devais savoir progresser dans un lieu plus restreint. Très professionnelle, ma compagne me demanda de me tenir droit devant elle et de ne pas bouger, afin d’illustrer quelques techniques qu’elle connaissait bien.
- C’que je vais te montrer, Schatzi, c’est pour tuer.
Je ne dis rien, sachant parfaitement que j’avais vraiment besoin de son enseignement si je voulais sortir de l’arène en vie.
- Avec ta force physique, un seul coup bien placé, ça suffit.
Jusque là, ça tombait sous le sens. Elle s’approcha et, doucement, avança sa main vers mon cou pour appuyer ses doigts contre ma pomme d’Adam. Je reculai à demi, gêné par la sensation que ce contact procurait. Sofia expliqua qu’en frappant fort à cet endroit, même une fois, je pouvais être sûr de tuer mon adversaire. Je le savais et pour cause, je l’avais vue faire. Enfin… Meyer l’avait vue. C’était la première fois qu’il l’emmenait dans une arène après la bataille dans le bar d’Akira contre les militaires ivres. Sofia mima ensuite un coup du plat de la main directement vers mon oreille qu’elle frôla seulement.
- Une grosse claque au niveau des oreilles peut provoquer un évanouissement. Tu peux percer le tympan, le mec sera foutu.
C’était enregistré. Elle expliqua ensuite le coup sous le nez : en frappant de cette manière, le cartilage remontait au cerveau. Le fait d’écraser la tempe de l’adversaire avec le poing pouvait la lui enfoncer et le tuer également.
- Et là, c’est le KO,dit-elle en illustrant un crochet du droit à la pointe du menton.Si tu frappes sur le côté, tu brises la mâchoire. Mais ça tue pas.
Elle marqua une courte pause durant laquelle je me remémorai tout ce qu’elle venait de dire. Je connaissais certaines techniques pour les avoir vues à l’arène ou à la télévision, en découvrais d’autres que j’espérais pouvoir éviter de subir. Si je les maîtrisais moi-même, c’était déjà pas mal.
- J’t’ai pas tout montré, il existe d’autres points sensibles au visage et ailleurs.
J’imaginais bien. Je ferais quelques recherches sur Internet en complément des entraînements.
- Tout c’que je viens de te dire, c’est pas un jeu,ajouta-t-elle très sérieuse.C’est donner la mort à quelqu’un, c’est pas rien.
J’en étais conscient. Cependant, je savais pourquoi elle me le rappelait malgré tout. La seule fois où j’avais ôté des vies de mes propres mains, c’était chez Kenichi. Et en vérité, ce n’était pas moi mais Meyer. De son point de vue, frapper pour assommer ou pour tuer revenait au même, du moment qu’il se défoulait assez pour libérer toute sa frustration. Pas de remise en question, de regret, de compassion… Pas de conscience, en fait. Comme une machine réglée pour le combat et rien d’autre. Comme si on m’enlevait un collier, à moi aussi. C’est pourquoi il valait mieux que ce soit lui qui soit dans la cage. Personnellement, je ne me sentais pas capable de me battre à mort si ce n’était pas nécessaire. Mais il fallait que je reste motivé pour donner tous les avantages à Meyer.
- Tout dépend du contrôle de ta propre force. Si tu frappes fort, tu tues,conclut Sofia.
Nouveau hochement de tête.
- Compris,répondis-je simplement.
Pour mémoriser plus facilement toutes les techniques dont elle venait de parler, je les imitai à mon tour, comme elle l’avait fait. Après plusieurs essais, j’estimai être capable de les reproduire réellement en cas de besoin. Meyer ne disait rien mais si ça se trouvait, il savait déjà faire. Après une bonne heure d’entraînement, nous allâmes nous abreuver à la fontaine d’eau potable et nous installer sur un banc devant l’aire de jeux. Jana s’amusait bien, elle faisait à peine attention à nous. Les autres parents, par contre, nous dévisageaient toujours de manière peu amène. Nous nous entraînions pourtant à l’abri des regards de leurs enfants et de toute façon, ce parc n’était pas plus à eux qu’à nous alors nous avions le droit de faire ce que nous voulions. Passant mon bras sur le dossier du banc par attirer Sofia vers moi, je regardai Jana aider un garçon plus jeune monter sur le toboggan. Il restait encore un peu de temps avant de nous rendre chez Yoshikazu. Mais j’avais déjà un peu faim, n’ayant pas petit déjeuné tout à l’heure.
- Süße.
Sofia leva les yeux vers moi, attentive. Puisque notre dispute était encore récente, mieux valait éclaircir les choses maintenant et ne pas les laisser s’étaler.
- Hier, Meyer t’a expliqué pourquoi c’est dangereux de sortir clandestinement de Togi,dis-je à voix basse pour éviter les oreilles indiscrètes.
Elle hocha la tête une fois. Je pris sa main dans la mienne et me rembrunis soudain, le cœur serré.
- J’suis désolé de ne pas pouvoir t’aider à réaliser ton rêve. J’en suis incapable…
Je soupirai. Si j’étais doué pour falsifier les informations et lui créer de faux papiers d’identité, ce serait plus facile. Mais je n’y connaissais rien du tout.
- Je sais que ça te plaît pas quand je pars à Berlin mais c’est important, vraiment. Sauf quand je suis allé récupérer l’héritage de ma mère la première fois,avouai-je déconfit.J’aurais dû laisser mon père le récupérer au lieu de le devancer juste pour le faire chier. J’ai joué au con.
Si j’avais su que Nikolaus allait se faire exécuter quelques mois après, je n’aurais pas pris la peine de me rendre à Berlin et aurais tout récupéré au dernier voyage. Je poursuivis, évoquai le deuxième aller-retour nécessaire pour me donner un alibi pendant que Sofia exécutait mon père. En y pensant, si je n’avais pas croisé Jana et Hisano la première fois, j’aurais eu plus de mal à trouver une excuse pour m’innocenter. Mais ça ne justifiait pas ce qu’avait subi ma compagne chez Kenichi pendant mon absence. J’aurais trouvé un autre moyen. Au pire, je serais quand même retourné à Berlin pour une autre raison. Quand j’en vins au dernier voyage, je me raclai la gorge, embarrassé. Je savais que ce qui avait surtout attristé Sofia, c’était que je parte sans elle, avec Aumérine qu’elle n’appréciait pas du tout, pour l’enterrement d’un père que je haïssais.
- Les histoires de famille, c’est compliqué,déclarai-je en jetant un coup d’œil à Jana.Même quand on veut s’en éloigner, elles finissent toujours par nous rattraper à un moment.
Je reportai mon attention sur Sofia qui restait silencieuse, l’oreille tendue pour ne pas louper une miette de ce que je racontais.
- Si je suis allé à cet enterrement, c’est pas pour mon père. J’ai demandé à Aumérine si elle voulait venir parce qu’il est notre père en commun et que ça n’aurait pas été correct de ne pas lui proposer.
Je réalisai alors que je ne lui avais peut-être jamais dit qu’il possédait une grosse entreprise. Jusqu’à maintenant, ça n’avait pas été très important pour elle de le savoir. Mais là, je lui devais des explications. Je les lui donnai en usant de mots simples pour qu’elle comprenne rapidement.
- Comme il n’a désigné personne pour lui succéder à la tête de son entreprise, elle me revient. Je devais m’y rendre pour finaliser la succession… et désigner quelqu’un d’autre pour s’en occuper.
J’eus droit à un air interrogateur.
- On m’a proposé de rester là-bas. J’ai dit non parce que ma vie, c’est ici.
Je déposai un baiser sur son front et lui accordai un petit sourire.
- Alors j’ai laissé la direction à Eckhard. Il est ce qui se rapproche le plus du chef d’entreprise.
Je lui décrivis rapidement le personnage.
- Il va tout gérer à Berlin. Mais je reste le propriétaire de l’entreprise. Ça veut dire qu’il doit me tenir au courant en cas de problème ou de changement… et que je vais percevoir un salaire.
Ma main toujours dans la sienne, j’utilisai l’autre pour lui grattouiller le haut du crâne. Même si Kenichi me réclamait une partie de ce salaire, mon nouveau statut de chef d’entreprise m’offrait une garantie si je voulais faire un crédit pour de grosses dépenses.
- Ça te dit de vivre dans une maison plus grande avec un jardin ?demandai-je plus légèrement.
Humaine - Asservie
Sofia Ashley
Age : 33
Profil : MP : Email :
Mar 14 Mai - 1:25
" Reise, Reise"
Feat. Meyer
Il avait tout mémorisé. Il connaissait très bien les bases à présent. Il savait très bien bouger, rester en mouvement. C'était très bien, j'étais contente et fière de lui. Il écouta mes explications avec la plus grande attention. Le connaissant, il allait vite assimiler ce que je lui montrais. Constantine était naturellement doué pour ça. A la fin de mes explications, il hocha simplement la tête.
"Compris."répondit-il.
Pour mieux comprendre, il décida de reproduire les différents mouvements. En soit, ces techniques n'étaient pas difficiles à réaliser. C'était même surprenant de voir à quel point un seul coup pouvait suffire à tuer un Homme. Non, le plus difficile c'était d'être assez précis pour réussir à placer le coup fatal et ce, dans l'action, dans le combat, en l'espace d'une fraction de seconde. Je surveillai de près chacun des mouvements de Constantine. Après plusieurs essais, le résultat semblait prometteur. Il parvenait à placer les coups avec suffisamment de précision pour les rendre efficace. Plus tard, nous nous dirigeâmes vers la fontaine pour boire avant d'aller nous installer sur le banc. Constantine passa son bras au dessus du dossier pour m'attirer vers lui. Je m'approchai donc, me blottissant contre son torse.
"Süße"
Je levai les yeux vers lui, curieuse. Généralement, quand il m'appelait comme ça, c'était qu'il voulait m'expliquer des trucs.
"Hier, Meyer t’a expliqué pourquoi c’est dangereux de sortir clandestinement de Togi"Déclara-t-il.
J'hochai la tête une fois. J'avais bien compris oui... Ca pouvait attirer des ennuis aux autres. Pourquoi vouloir reparler de ça ? Il prit ma main dans la sienne avant de s'assombrir légèrement.
"J’suis désolé de ne pas pouvoir t’aider à réaliser ton rêve. J’en suis incapable…"Avoua-t-il.
Ca aussi, j'avais compris que quitter Togi, ça n'allait pas être pour tout de suite... Où voulait-il en venir, dans ce cas ? Il soupira, comme résigné, lui aussi.
"Je sais que ça te plaît pas quand je pars à Berlin mais c’est important, vraiment."
Je voulais bien le croire, mais ce n'était pas le cas. Je comprenais toujours pas pourquoi il devait absolument aller là bas... Surtout quand ça concernait sa famille de taré.
" Sauf quand je suis allé récupérer l’héritage de ma mère la première fois"
Je pinçai doucement mes lèvres. Cette semaine fut la plus horrible que j'avais vécue dans ma vie. A l'image de ma marque au fer jour, ces quelques jours étaient à présent gravés dans ma tête et ma peau. A jamais.
"J’aurais dû laisser mon père le récupérer au lieu de le devancer juste pour le faire chier. J’ai joué au con."
De toute façon, c'était fait et on ne pouvait plus revenir en arrière. Inutile de reparler de ça et je n'avais pas envie du tout, d'ailleurs. Il finit par se racler la gorge, l'air très embarrassé.
"Si je suis allé à cet enterrement, c’est pas pour mon père. J’ai demandé à Aumérine si elle voulait venir parce qu’il est notre père en commun et que ça n’aurait pas été correct de ne pas lui proposer."
Pas très convaincue, je penchai légèrement la tête sur le coté. Je ne comprenais pas du tout. Si ce n'était pas pour son père, c'était pour quoi alors ? Il m'expliqua que Nikolaus possédait une entreprise, à Berlin.
"Comme il n’a désigné personne pour lui succéder à la tête de son entreprise, elle me revient. Je devais m’y rendre pour finaliser la succession… et désigner quelqu’un d’autre pour s’en occuper."
Donc l'entreprise n'était plus Constantine ? C'était compliqué, les histoires des humains. Je le regardai, toujours aussi intriguée par ce qu'il me disait.
"On m’a proposé de rester là-bas. J’ai dit non parce que ma vie, c’est ici."Annonça-t-il.
De toute façon, s'il était resté à Berlin, j'aurais tout fait pour aller le rejoindre. Car pour moi, ma vie était là où lui se trouvait. Il me sourit doucement, après m'avoir embrassé sur le front. Apaisée, je lui rendis le sourire, caressant sa main avec mon pouce.
"Alors j’ai laissé la direction à Eckhard. Il est ce qui se rapproche le plus du chef d’entreprise."
Il me décrivit rapidement ce type. Dans les faits, ça ne m'intéressait pas vraiment, de toute façon j'avais presque rien compris...
"Il va tout gérer à Berlin. Mais je reste le propriétaire de l’entreprise. Ça veut dire qu’il doit me tenir au courant en cas de problème ou de changement… et que je vais percevoir un salaire."
Mon homme était donc directeur d'une entreprise ? Cette idée ne me plaisait pas vraiment... Ca voulait dire qu'il pouvait encore partir, plus souvent... Pourtant, l'argent, je m'en fichais pas mal. Ma vie actuelle me convenait très bien, j'avais tout ce qu'il me fallait pour être heureuse. Lui, et rien d'autre. J'avais juste besoin de lui. Lentement, il leva sa main pour ma grattouiller le haut de la tête. Je me laissai choir contre lui, venant poser ma tête sur son torse en fermant les yeux.
"Ça te dit de vivre dans une maison plus grande avec un jardin ?"Demanda-t-il avec légèreté.
Il voulait quitter notre appartement ? Pourtant, je l'aimais moi... Je restai silencieuse, un instant.
"J'aime là où on habite... C'est là où on a passé notre première nuit ensemble, où on a pris notre premier bain ensemble, où on a fait l'amour pour la première fois. Mais c'toi qui décide... Si tu veux changer de maison, ben d'accord."
J'imaginai un jardin rien qu'à nous, où je pouvais m'entraîner et me dépenser librement. Une pièce plus grande avec de quoi m'entraîner à l'intérieur.
"J'aurais de la place pour mes exercices ? Comme une salle d'entraînement ? Hein, oui ? Super.
Je serrai davantage sa main dans la mienne, venant la presser contre ma poitrine, comme pour mieux la garder contre moi.
"Tout c'que je veux, c'est garder ma vie comme elle est. Avec toi, Jana, Meyer. J'ai jamais été aussi heureuse. Donc j'te suivrai, là où tu iras.
Je rouvris les yeux pour le regarder, un sourire comblé sur le visage. Mon autre main glissa sur sa joue. Je l'attirai vers moi, avec délicatesse, pour l'embrasser amoureusement et longuement.
Je m’en doutais. Sofia avait beaucoup de mal avec le changement. Mais ce serait un changement positif. En plus, nous pourrions trouver un endroit plus tranquille, sans voisins proches pour nous juger à chaque fois que nous mettrions le pied dehors. Avec nostalgie, ma compagne rappela que l’appartement était l’endroit où nous avions passé notre première nuit ensemble, où nous avions fait notre premier bain, l’amour aussi… J’eus un agréable frisson en pensant à tous ces bons souvenirs.
- Mais c'toi qui décide…finit-elle par dire d’un ton neutre.Si tu veux changer de maison, ben d'accord.
Pour ma part, quand il m’arrivait de m’y retrouver seul, d’autres souvenirs, moins attrayants, refaisaient surface. Je me revoyais deux ans et demi en arrière, lors de mon arrivée, fraîchement enfui d’Europe pour éviter mon père, et perdu dans ce nouveau monde peuplé d’hybrides. Ikko qui avait perdu la vie à cause de mes conneries. Même si j’avais bien nettoyé le couteau avec lequel je l’avais sauvagement poignardée, je l’avais jeté immédiatement, incapable de m’en servir pour cuisiner. Je revoyais Roy, souriant et riant avec moi dans la chambre actuelle de Jana, en train d’attendre son tour pour jouer au billard. Enfin, le carrelage de la salle de bain dont quelques jointures portaient encore des traces de mon propre sang.
- J'aurais de la place pour mes exercices ?demanda Sofia, me faisant sortir de mes sombres pensées.Comme une salle d'entraînement ? Hein, oui ? Super.
Je souris, toujours amusé par sa façon de répondre elle-même à ses questions comme si j’avais déjà donné mon accord. Serrant ma main dans la sienne, elle la colla contre sa poitrine et je crus percevoir les battements de son cœur.
- Tout c'que je veux, c'est garder ma vie comme elle est,déclara-t-elle.Avec toi, Jana, Meyer. J'ai jamais été aussi heureuse. Donc j'te suivrai là où tu iras.
Elle se pressa soudain contre moi et m’embrassa. Je répondis à son baiser, un peu surpris. D’habitude, nous évitions de nous embrasser en public. Si un sbire de Kenichi traînait par là, il ne manquerait pas d’informer au mafieux que Sofia et moi étions plus proches que ce qu’il pensait, et il en jouerait contre nous.
- Je t'aime,murmura Sofia en se blottissant dans mes bras.
Je la serrai contre moi.
- Je t’aime aussi, Liebes,répondis-je sur le même ton.
Je caressai ses cheveux, desserrai un peu mon étreinte pour me rasseoir plus confortablement.
- Mais tu sais, c’est pas parce que je suis patron d’une entreprise en Allemagne que je vais forcément devoir m’y rendre souvent,la rassurai-je pour être certain qu’elle n’était toujours pas en train d’angoisser vis-à-vis du sujet.Comme je te l’ai dit, c’est Eckhard qui gère. Normalement, il ne devrait pas avoir besoin de moi. Sinon, on a de quoi se contacter en direct.
Je m’attardai un moment sur l’utilité du téléphone et des appels vidéo, lui expliquai tout ça le plus simplement possible, comme d’habitude.
- S’il faut vraiment aller à Berlin, ça devrait être une fois par an, peut-être. Je m’arrangerai pour qu’Eckhard se déplace ici aussi.
Au moins, il visiterait Togi vu qu’il ne connaissait pas. Accourant vers nous avec un sourire scotché aux lèvres, Jana nous vanta le fait qu’elle venait d’apprendre à faire des roues et des cabrioles avec ses petits camarades. Elle retourna jouer en sautillant de joie, parcourut toute l’aire de jeu en grimpant partout où elle pouvait. Un vrai singe. Étais-je aussi énergique à son âge ? Content que la petite fille soit si joyeuse, j’invitai Sofia à reprendre l’entraînement. Nous retournâmes dans notre coin habituel et nous fîmes face.
- Ça fait un petit moment que je cherche une maison,dis-je en m’échauffant un peu.Quand on aura un moment, tu veux bien qu’on regarde ensemble ?
Humaine - Asservie
Sofia Ashley
Age : 33
Profil : MP : Email :
Dim 19 Mai - 23:05
" Reise, Reise"
Feat. Meyer
Il me serra doucement contre lui.
"Je t’aime aussi, Liebes"Répondit-il sur un ton très doux.
Il caressa mes cheveux, je me sentis aussitôt plus à l'aise, rassurée, comme protégée. Constantine avait toujours cet effet sur moi. Même si je savais que je savais me défendre seule, j'avais toujours ce sentiment de sécurité quand il était si proche de moi. Il desserra son étreinte pour se rasseoir correctement sur le banc.
Mais tu sais, c’est pas parce que je suis patron d’une entreprise en Allemagne que je vais forcément devoir m’y rendre souvent.Déclara-t-il, comme pour me rassurer.
Il semblait lire dans mes pensées. J'avais, en effet, très peur qu'à cause de ça, il allait devoir partir plus souvent. Il le savait peut-être, que c'était dans mon dressage. Enfin... Mon éducation. Même si ça ressemblait davantage à du dressage. Je ne supportais pas d'être éloignée de mon "maître". Je devais toujours être proche de lui.
"Comme je te l’ai dit, c’est Eckhard qui gère. Normalement, il ne devrait pas avoir besoin de moi. Sinon, on a de quoi se contacter en direct."Expliqua-t-il.
J'hochai la tête une fois, pour lui montrer que j'avais bien compris maintenant. Il s'attarda un moment sur l'utilité des appels avec les caméras. J'en avais entendu parler, vaguement, quand Roy et Kenichi devaient discuter des affaires. Il me demandait toujours de quitter la pièce quand Kenichi l'appelait.
"S’il faut vraiment aller à Berlin, ça devrait être une fois par an, peut-être. Je m’arrangerai pour qu’Eckhard se déplace ici aussi."
Souvent, les gens qui venaient à Togi pour la première fois avaient rarement envie de repartir. Cette île était si exotique et paradisiaque que les gens voulaient s'y installer. Surtout avec les hybrides. Il y en avait de si jolies et serviles que les hommes voulaient s'en procurer une pour les servir -voir plus- des années durant. Un confort de vie qu'on ne pouvait trouver nul part ailleurs dans le monde. Toute contente, Jana arriva vers nous en courant, fière d'avoir appris à faire des roues avec ses copains de jeu. Elle retourna jouer avec eux, sautillant et grimpant partout. Constantine me proposa de reprendre l'entraînement. Chose que j'acceptai sans hésiter. Nous retournâmes à notre endroit habituel puis nous nous fîmes face.
"Ça fait un petit moment que je cherche une maison. Quand on aura un moment, tu veux bien qu’on regarde ensemble ?"
Tout comme lui, je m'échauffai, mais je m'arrêtai dès sa question posée. Il cherchait donc un autre endroit à vivre depuis longtemps, mais il ne m'en avait jamais parlé. Regarder ensemble ? J'ignorai tout de ça, je ne savais pas faire... On choisissait toujours pour moi. Alors une maison... J'y connaissais vraiment rien. Mais peut-être qu'il voulait simplement mon avis. Après tout, les couples prenaient ce genre de décision ensemble. Et comme lui et moi étions un couple... Bah c'était normal. Contente, j'hochai la tête une fois, avec un petit sourire, discret, au visage.
"D'acc, mon Schatzi, on pourra r'garder ensemble la maison. Mais t'sais... Moi j' connais pas grand chose aux maisons, ni ce qu'il faut regarder pour savoir si elle est bien."
Un peu penaude, je le regardai dans les yeux avant de me remettre en position. Moi qui avait l'habitude de vivre au jour le jour, ça me faisait bizarre de, soudainement, me projeter comme ça. Bref, pour l'heure, la priorité à mes yeux c'était notre sortie de ce soir. Les combats à l'Arène de Meyer. Il fallait nous préparer, rudement. Il savait ce que c'était, les combats en arène. Du moins, juste avec les yeux, il n'avait jamais combattu dans ce genre de situation. Alors, pour bien lui faire comprendre ce qui allait l'attendre ce soir, je devais lui montrer moi-même. Evidemment, à cause de mon collier, je n'arrivais pas à frapper très fort, ni même à combattre correctement. Mais c'était néanmoins suffisant pour lui donner un aperçu. Sans prévenir, je frappai violemment au niveau du flanc. L'impact fut rude, surtout que j'avais les tibias solides. Je frappai à nouveau, silencieuse, avec le même visage que je montrai face à mes adversaires lorsque j'étais dans la cage. Car, ce soir, Meyer allait voir les mêmes. Frapper pour tuer. Frapper pour s'en sortir vivant. Frapper pour survivre. Le but c'était de ressortir de la cage en vie. A présent que j'étais proche de Wilson et des Révolutionnaires, j'essayais de ne plus tuer mes opposants, de faire en sortir de les mettre hors combat, tout simplement, pour aller les chercher chez eux et les libérer s'ils le voulaient. Là, on parlait de Meyer. Lui, il s'en fichait pas mal de tuer. Au fond, je savais qu'il était déjà prêt. Pour lui, tuer c'était aussi facile que pour moi. Mais maintenant qu'il avait changé, pour moi... Etait-ce toujours le cas ?
- D'acc, mon Schatzi, on pourra r'garder ensemble la maison,répondit-elle.Mais t'sais… Moi j'connais pas grand chose aux maisons, ni ce qu'il faut regarder pour savoir si elle est bien.
Je le savais mais ce n’était pas pour cette raison que je voulais avoir son avis. Je lui expliquai donc que j’aimerais choisir avec elle parce que nous étions tout naturellement un couple. Et un couple devait décider ensemble de l’endroit où il allait vivre. Et si elle ne comprenait pas certains termes, je les lui détaillerais au moment de la recherche. De simples photos pouvaient déjà lui donner un aperçu. Si je tenais absolument à l’inclure dans ces démarches, c’était aussi parce que je m’en voulais de ne pas avoir pensé à elle au moment de prendre la décision de devenir le tuteur de Jana. Finalement, elles s’entendaient très bien aujourd’hui mais les débuts n’avaient pas été très aisés à gérer. Alors maintenant que j’y pensais, autant lui en faire part. Même si elle n’y connaissait pas grand-chose, elle semblait contente de pouvoir donner son avis. Et ça me faisait plaisir. Sofia se remit en position, je fis de même. La suite de l’entraînement demeura plus éprouvante mais je tins bon. Si les combats avaient été dans plusieurs jours, nous aurions pris le temps de nous exercer. Mais là, il fallait que je sois prêt pour ce soir. Alors ma compagne accéléra la cadence et ne lésina pas sur le dosage de ses coups. Ça me convenait, j’avais besoin de me dépenser. Une bonne demi heure plus tard, nous fîmes une nouvelle pause. Il était temps d’aller déjeuner, d’autant plus que je mourrais de faim et c’était apparemment le cas de Sofia et Jana. Après avoir autant bougé, la petite fille ne refuserait pas une sieste, j’en demeurais certain. Comme à son habitude, Yoshikazu nous accueillit chaleureusement. Je l'informai de ce qui allait se passer ce soir. Il ne fut pas rassuré donc je dus user de mes meilleurs arguments pour le tranquilliser. J'ajoutai également que, selon comment allait se dérouler la soirée, nous risquions de récupérer Jana plus tard que d’habitude. Cela ne lui posa pas de problème. En rentrant à l’appartement, Jana fila tout de suite se coucher. Sofia et moi en profitâmes pour reprendre une douche mouvementée et nous reposer devant la télévision en attendant l’heure d’aller à l’arène.