Le marteau et l'enclume [PV Shirogane]

Comme chaque matin, après avoir préparé le petit-déjeuner et laissé la part de Erina sur la table de la cuisine, ainsi que son panier-repas, tu avais quitté la maison discrètement. Aujourd'hui, pas de classe, tout comme chez les humains, tu laissais deux jours consécutifs de liberté à tes élèves et aussi parce que souvent, ils devaient aider leur parents dans leurs taches quotidiennes. Tu aimais bien cette façon de vivre, ça te rappelait ce que tu avais pu lire dans certains livres. Ici, pas de technologie humaine, juste la simplicité et la vie en société.

Inlassablement, tu traversais le petit sous-bois derrière votre maison à ta grande-sœur et toi. Tu te dirigeais toujours vers une petite clairière d'où tu pouvais admirer le ciel avec envie. Tu avais toujours en toi, cette petite lueur d'espoir qu'un jour, oui un jour, tu pourras voler de nouveau comme tu le faisais avant. C'est donc par habitude que tu déployas tes ailes noires avant de décoller légèrement du sol. Tu venais de provoquer un petit tourbillon dans les feuilles mortes qui tapissaient le sol terreux. Tu t'élevas ainsi avant de sentir de nouveau cette faiblesse que tu ne t'expliquait pas, mais qui provoquait des douleurs et une grande fatigue. Tu ne retombas pas lourdement sur le sol, comme ça t'arrivait encore quelques semaines auparavant. Tes pieds retrouvèrent le sol, même si tu trébuchas un peu avant de reprendre ton équilibre sur tes deux jambes. Voilà pourquoi tu voulais garder ce mince espoir ...

Après avoir jeté un regard sur ce ciel ensoleillé malgré le froid qui s'installait peu à peu avec la saison, tu te dirigeas vers le centre du village. Ta main s'était glissée dans la poche de ton polaire pour y rencontrer un morceau de papier. Ce dernier contenait une liste donc certains composants avait été barrés par tes soins. Peu à peu, ces derniers mois, tu avais réussi à rendre ta salle de classe plus agréable. a commencé par les tables et les bancs, à présent, chacun avait un vrai siège, plus aucun de tes élèves n'était obligé de s’asseoir à même le sol. C'était déjà une bonne chose, mais il manquait encore certaines choses essentielles. Une plus que les autres au vu des températures qui ne cessaient de diminuer.

A présent, Erina devait être levée et bientôt parti pour courir les bois à la recherche de plantes médicinales. Tu n'avais pas encore mis en place les ateliers pour que les plus jeunes apprennent et apprécie les différents métiers nécessaire au fonctionnement du village. Une façon pour eux de découvrir, puis de choisir par la suite. Tu prévoyais donc de séparer ton temps en deux temps. Le matin consacré aux calculs et à l'écriture, puis l'après-midi à emmener tes élèves auprès d'un artisan. Le premier serait pour le charpentier et le travail du bois, autant dire quelque chose d'important en ce lieu. Mais tu devais en parler à d'autres, pour voir si ils voudraient bien se prêter à ces "sorties éducatives".

Tout en traversant la place, tu croisais quelques habitants que tu commençais doucement mais sûrement à connaître. Le fait d'instruire les enfants du village n'était pas négligeable. Tu étais heureuse dans un sens, même si tu ne le laissais pas paraître. Tout comme Erina, tu commençais à t'intégrer, plus discrètement qu'elle, tu étais surtout rester trop longtemps alitée. Alors que tu percevais nettement les cliquetis du marteau sur l'enclume, juste devant la forge, un de tes élèves t'accosta.

- Lena ! Regardes !
- Tu pourrais dire "bonjour" avant quand même, s'insurgea a mère du petit bovidé.
- Bonjour Phil.
- Bonjour Lena, pardon. Regardes !

L'enfant brun te tendit un petit animal qu'il avait taillé dans du bois. C'était un travail encore hésitant, mais tu avais reconnu sans peine que c'était un cheval. Il manquait encore des détails, mais cela viendrait avec le temps et la pratique.

- Bravo Phil ! Tu as bien travaillé. Tu as aimé le fabriquer ?
- Oui, très ! Je vais en faire d'autres, tous les animaux !
- C'est bien ça, tu me les montreras dans ce cas.

Tu avais hâte de voir les progrès qu'il pourrait faire et surtout si travailler le bois continuerait de lui plaire. Sachant que bientôt vous alliez rencontrer tous ensemble le charpentier, ce serait l'idéal pour cet enfant. Une fois le garçon et la mère reparti dans la direction opposée à la tienne, tu t'approchas de l'entrée de la forge. Le bruit était vraiment plus important une fois à l'intérieur, presque assourdissant. Tu te demandais comment les forgerons faisaient pour supporter cela, ou peut-être tes oreilles étaient-elles trop sensibles. effectuer une écholocalisation dans ce lieu serait sûrement une tâche ardue. Tu cherchas du regard, puis tes yeux bleus se posèrent sur un individu que tu avais croisé à l'occasion mais que tu ne connaissais pas spécialement. Il était jeune et avait une apparence de canidé. Il te semblait faire à peu près la même taille que toi, bien qu'en réalité, tu étais légèrement plus grande. Il avait un aspect plutôt agréable, mais cela n'avait pas beaucoup d'importance à tes yeux. Il semblait absorbé par son travail et n'avait peut-être pas entendu ta venue.

- Bonjour ! Tu avais tenter de parler suffisamment fort pour qu'il t'entende à travers le bruit de métal qu'on entrechoque violemment.