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 Et les ennuis continuent...

Humain - Neutre
Humain - Neutre
Constantine Meyer
Age : 31
Localisation : Au cimetière
Emploi/loisirs : Fossoyeur
Multi-Compte : Nein !
Profil : MP : Email :
Et les ennuis continuent... EmptyMar 20 Nov - 21:07
Constantine Meyer
L’automne suivait son cours, le temps se rafraîchissait peu à peu. Les couleurs changeaient, l’ambiance aussi. J’aimais bien cette période de l’année où il faisait un peu frais le matin et le soir, mais bon dans la journée. Ça donnait envie de profiter de l’extérieur et ça motivait plus à travailler. Enfin… pour mon cas. Les étudiants, eux, râlaient parce que l’été finissait déjà, et les personnes âgées se plaignaient du froid alors que les températures ne descendaient pas encore à zéro degré. Jamais contents…
Bref.
Je finissais de travailler au cimetière, Sofia m’avait rejoint après son service du midi. Sagement assise sur la tombe de Roy comme à son habitude, elle lui racontait sa journée. Quand j’eus rangé le matériel et ramassé mes affaires, je la laissai un moment pour aller prendre ma douche et me changer. A mon retour, je la trouvai devant la porte d’entrée du Centre, silencieuse. Une caresse sur la joue, un sourire complice et nous prîmes la route de l’appartement. Jana finissait l’école dans plus d’une heure, ça nous laissait largement le temps de passer ce temps-là tranquilles.


« Dans la chambre, par exemple ? »

Ben… oui.

« ... »

Jaloux ?

« Ja... »

Je ne pouvais pas faire autrement, Sofia avait encore du mal avec toi, et c’était compréhensible.

« Je sais, je sais ! »

Agacé, il resta muet jusqu’au moment de partir chercher Jana. Devant l’école, je l’entendis pester contre tout et n’importe quoi, menacer le gamin qui embêtait la petite fille la dernière fois. Mais apparemment, ça avait l’air d’aller mieux, Jana ne m’en parlait pas et elle avait toujours le sourire. La journée se termina paisiblement, comme les suivantes. Nous avions trouvé une solution pour aller à l’arène : Yoshikazu. Le cuisinier avait accepté de garder Jana, le temps que Sofia puisse faire quelques combats. Comme il travaillait assez tard le samedi soir, nous pouvions la lui laisser sans souci après le repas que nous passions ensemble au restaurant.

- Sérieusement, tu gères une gamine de sept ans ?

Quand je racontai les dernières nouvelles à Lyne durant la pause de ma compagne à l’arène, elle parut ne pas en croire ses oreilles. Je haussai simplement les épaules et elle se mit à rire.

- Ça fait bizarre de savoir que tu joues le papa modèle.
- Oula doucement, j’suis pas son père…
- Je sais, j’te taquine.


Je ne sus pourquoi à cet instant, l’envie de me confier à ce propos me traversa. Je lui racontai le dernier voyage à Berlin et le fait que Jana m’ait demandé d’être son père parce que le sien ne s’occupait pas d’elle, ainsi que les détails concernant ma décision d’être son tuteur. Lyne écouta attentivement, sans me couper. Cela faisait maintenant un mois que la petite fille vivait avec nous. Ça se passait plutôt bien, il n’y avait aucun incident à signaler. Mais combien de temps cela allait-il durer ? Je faisais de mon mieux pour aider Jana, lui offrir une vie normale. Mais j’avais l’impression de ne pas être à la hauteur, de lui gâcher son enfance.

- Certainement pas ! s’indigna la demoiselle en tapant du plat de la main sur la table qui nous séparait. Elle est heureuse, non ? Elle pleure ?

Je haussai les épaules.

- Elle fait encore des cauchemars la nuit.
- C’est rien… Ça finira par passer.


Je fis la grimace.

- Ouais enfin… elle rêve souvent que son propre père m’assassine et qu’elle se retrouve perdue dans son école avec des monstres qui veulent la bouffer. J’vois pas trop quoi faire pour l’empêcher d’imaginer des trucs pareils dans son sommeil…

Lyne leva les yeux au ciel.

- Fais juste en sorte qu’elle se plaise dans sa nouvelle vie. Ça prendra du temps mais ça peut le faire ! Aies confiance !

Elle avait raison. Je devais me montrer positif, surtout devant Jana.

- Allez, je t’offre une bière, décida-t-elle avec entrain.
- Juste une.

Elle fit de grands yeux et éclata de rire.

- Mais que vois-je, serais-tu devenu raisonnable ? railla-t-elle en m’attrapant le menton avec deux doigts vernis.

Je me dégageai gentiment avec un léger ricanement.


- J’ai des responsabilités, madame.
- Mademoiselle, s’il te plaît !


Ça faisait plaisir de voir que, depuis le meurtre organisé de Nikolaus, Lyne reprenait une vie normale. Je savais que les hommes de Kenichi l’avaient laissée partir et qu’elle n’avait eu aucune visite de la police. Tant mieux. Peut-être même que personne ne s’était encore rendu compte de sa disparition.
Les jours suivants, je me mis à cogiter sur la meilleure façon de rendre les nuits de Jana plus tranquilles. Internet ne m’aidait pas beaucoup. Je n’avais vraiment pas envie de l’assommer de calmants, et lui faire boire une tisane aux plantes avant de se coucher ne changeait rien. Ah si, j’oubliais… Je dus laver les draps trois fois dans la semaine parce qu’elle avait fait pipi au lit, trop craintive à l’idée d’aller seule aux toilettes pendant la nuit. Même le fait de jouer avec elle juste avant de dormir ne faisait aucun effet.


« Putain mais qu’est-ce qu’il a fait à cette gamine pour la rendre aussi fragile ? » s’énervait Meyer à propos du père de Jana.

Je n’en savais rien mais en y pensant, j’étais content d’avoir sorti la petite fille de chez lui. Perturbée comme elle était, je n’osais même pas imaginer ce qu’elle aurait pu devenir en restant là-bas.


« Quelqu’un comme toi ? »

… Possible.
Nous rendions souvent visite à Hisano, toujours heureuse de nous retrouver. Elle aimait bien Sofia et ne manquait jamais de lui donner de nouvelles astuces en cuisine. Ma compagne faisait plus attention à Jana, même si elle semblait parfois agacée. Je ne lui en voulais pas, je comprenais qu’elle ait toujours du mal avec la petite fille. Leur relation s’améliorerait entre elles, j’étais confiant. A part les cauchemars de Jana, tout se passait plutôt bien. Les seuls moments que je n’appréciais pas vraiment, c’était ceux durant lesquels je devais appeler le père de la gamine pour qu’il puisse échanger quelques mots avec elle. Je me doutais bien que, malgré le comportement de son paternel, Jana ait envie de lui parler. Il restait son père. Mais je peinais à supporter son attitude. Il était tellement mielleux avec elle que ça me foutait la gerbe. Pourquoi voulait-il absolument la récupérer ? Il la délaisserait encore et la pauvre enfant serait une nouvelle fois perdue.


« La jalousie, dit simplement Meyer un soir de week-end, alors que Jana communiquait justement avec son père. Ça doit le rendre fou de savoir que sa propre mère préfère voir la p’tite chez un parfait inconnu plutôt que chez lui. Et puis… il voit bien qu’elle vit mieux ici. »

J’étais d’accord mais ça restait tordu !

« Comme quoi, t’es pas le pire. »

Mouais...

- Et après, Meyer et Sofia, ils ont fait des hamburgers maison, ils étaient énormes et c’était trop bon ! racontait Jana à son père qui devait fulminer à l’autre bout du fil.

Devais-je m’attendre à ce qu’il me mette des bâtons dans les roues à cause de sa jalousie ? Oui… mais pas au point de m’envoyer les services sociaux sans prévenir avec pour excuse le fait que je devais obligatoirement passer par là, et que je cachais sûrement quelque chose. Je dus me retenir de ne pas me jeter sur la vieille chouette qui s’invita à l’appartement deux jours après, et lui prouver que j’étais parfaitement capable de m’occuper de Jana, qu’elle mangeait bien, que Sofia n’était pas dangereuse, etc. Heureusement, la petite fille était à l’école mais je me doutais bien que l’assistante sociale reviendrait quand elle serait présente. Elle demanderait à lui parler seule à seule…


« Catastrophe ! paniqua Meyer. Si jamais elle dit un seul truc qui va pas... »

Misère… Mais… tout allait bien, non ?

- Bien sûr que tout va bien ! me rassura Lyne le samedi soir suivant, au bar de l’arène. Tiens ma belle.

Elle servit un jus de pomme à Sofia et me donna une bouteille de bière.

- Tu l’as déjà entendue dire à son père qu’un truc clochait ?
- Non mais…
- Alors elle n’en dira pas plus à l’assistante sociale. Ne te fais pas de souci. Eh ! Je peux témoigner aussi si tu veux !


Vu sa situation, ce n’était peut-être pas une bonne idée… La parole d’une étrangère serveuse dans une arène ne vaudrait pas grand-chose, surtout qu’Hisano n’avait jamais entendu parler d’elle.

- C’est gentil mais j’vais m’débrouiller.

Elle me tapota l’épaule avec un sourire amical.

- Viel Glück !

Nous quittâmes l’arène et allâmes récupérer Jana chez Yoshikazu.

- A mon avis, vous devriez éviter de dire que vous allez à l’arène, conseilla le cuisinier qui montrait à la petite fille comment fabriquer des origamis. Ça leur évitera de se poser trop de questions.

Il avait raison. Mais à un moment, ça finirait par se savoir. Il suffisait qu’un type, un seul, connaisse notre situation et soit en relation avec l’assistante sociale, et c’était fini. Bon, honnêtement, il y avait peu de chances mais j’avais quand même peur. Comme je le craignais, l’assistante revint nous rendre visite un soir de semaine, en présence de Jana. D’abord, nous discutâmes ensemble puis elle demanda à rester seule avec la petite. Elle alla « jouer » avec elle dans sa chambre tandis que Sofia et moi restions assis à la table de la cuisine. Je stressais tellement que mes mains tremblaient. Ma compagne le remarqua et les prit entre les siennes dans un signe d’encouragement. Je ne savais pas si elle était consciente de la situation, de tout ce que ça impliquait. Peut-être préférait-elle que Jana dise une bêtise et qu’elle retourne auprès de son père. Nous en avions déjà parlé, elle m’assurait qu’elle s’habituait peu à peu à la petite fille, et je voyais les efforts qu’elle faisait depuis le début. J’essayais également d’être présent autant pour l’une que pour l’autre et je m’en sortais plutôt bien. Non, vraiment, tout se passait bien. Jusqu’à…

- C’est quoi ça ? demandai-je à l’assistante sociale qui revenait pour la énième fois.

Comme d’habitude, nous étions assis dans la cuisine. Sofia jouait avec Jana dans sa chambre. Mon interlocutrice se racla la gorge et poussa le dossier vers moi.


- Nous avons été informés à propos de ce qu’il s’est passé l’an dernier.

Hein ? Je baissai les yeux sur la première page tamponnée du logo de l’hôpital de Togi.

« Oh non... »

Mon cœur rata un battement. Surtout, ne pas m’énerver comme face aux policiers de l’autre soir… Mon avant-bras gauche me démangea à cette pensée et je fis tout pour ne pas me gratter, garder un visage neutre.

- Et ? fis-je le plus innocemment du monde.
- Et alors, c’est à prendre en compte. Laisser une enfant aux mains de quelqu’un d’instable ne…
- J’suis pas instable, j’vais très bien,
coupai-je toujours calmement, mais bouillonnant de l’intérieur.

L’assistante me toisa. Je soutins son regard en m’imaginant lui plonger la tête dans la baignoire jusqu’à la noyer.


« Pas instable… » ricana Meyer.

A ce moment-là, je me dis que, finalement, j’avais bien fait de ne pas m’inscrire à l’hôpital pour les examens mentaux que m’avaient conseillé mon père, Sofia, et même Lyne. Si jamais il en était ressorti une mauvaise nouvelle, cela aurait été une preuve de plus en ma défaveur.


- Je peux savoir ce qui vous a poussé à faire ce geste ? demanda-t-elle d’un ton qu’elle souhaitait aimable mais qui transpirait l’hypocrisie.

Je voulus la remballer puis me dis que si j’allais un peu dans son sens, ça me permettrait peut-être d’avoir l’air plus crédible.


- J’ai enterré un ami. Ça m’a foutu un coup alors j’ai déconné. Ça peut arriver à n’importe qui. Après, j’me suis repris en main et aujourd’hui, ça va très bien.

« Ou presque. »


Tais-toi bon sang !

- Mh…

L’assistante sociale ne semblait pas convaincue. Et merde, comment allais-je me sortir de là, maintenant ? Pourtant, elle n’ajouta rien de plus et se leva. Elle en avait fini pour aujourd’hui. Tant mieux. Quand je refermai la porte d’entrée derrière elle, je lâchai un profond soupir de soulagement. Il fallait que je parle avec Jana. Je les rejoignis, Sofia et elle, dans la chambre. La discussion fut très courte. La petite fille m’assura qu’elle n’avait rien dit de mal sur moi, parce que j’étais « super gentil et Sofia aussi. » Elle avait répété à l’assistante qu’elle était mieux ici que chez son père et, à mon plus grand étonnement, avait insisté sur le fait qu’elle mangeait bien et se débrouillait mieux en japonais grâce à moi. Sur le coup, je fus tellement touché que les mots me manquèrent. Alors je la pris dans mes bras.
Malheureusement, le cauchemar ne s’arrêta pas là. J’eus carrément des menaces de la part du père de Jana, un après-midi après le travail. Cet espèce d’enfoiré m’attendait à l’entrée du cimetière, remonté comme jamais. Il me traita de tous les noms, m’affirma qu’il ferait tout pour foutre ma vie en l’air et envoyer sa fille en famille d’accueil en Allemagne. Pas très malin de sa part. Alors comme ça, il ne voulait même pas la récupérer. Intéressant. Le problème, je n’avais pas eu le réflexe d’enregistrer la conversation. Impossible de confirmer ses mots devant l’assistante sociale pour me défendre. En fait, ce type se fichait complètement de sa fille, il avait juste envie de m’emmerder parce qu’il était frustré.


« P’tain… j’ai envie de le buter. »

Certainement pas ! Là, on serait vraiment dans la merde.

« Je sais mais… fait chier là ! On peut pas être tranquilles à la fin ? »

Tu peux parler, c’est toi le principal élément perturbateur.

« Ça va, j’suis calme maintenant. »

Pour l’instant. Et comme si ça ne suffisait pas, le père de Jana commença à s’obstiner sur le fait que Sofia pouvait être dangereuse et qu’il refusait de voir sa fille sous le même toit qu’une « sale hybride susceptible de s’attaquer à elle ». Ma compagne fit preuve d’une conduite exemplaire et naturelle sous le regard suspicieux de l’assistante sociale. Elle eut même le soutien de Yoshikazu puisqu’elle travaillait pour lui. Évidemment, ça mit le père de Jana davantage en rogne et je le retrouvai cette fois carrément devant l’école au moment de récupérer sa fille. Mais il n’approcha pas. Il savait qu’il n’avait pas le droit d’être là. J’eus droit à un regard assassin, rien de plus. C’était largement suffisant. Le pire fut le moment où il débarqua à la maison de repos. Il fit un scandale à sa mère qui était très fatiguée, et qui m’avoua peu de temps après qu’elle se sentait de plus en plus mal avec toutes ces histoires. Je m’en voulus aussitôt de lui avoir tout raconté. Hisano avait besoin de repos et moi, je venais lui détailler l’enfer que nous vivions depuis quelques jours à cause de son propre fils.

« Ça me tend de plus en plus cette histoire, » ne cessait de grommeler Meyer chaque soir quand je me couchais.

J’en avais conscience mais il fallait tenir jusqu’à…


« Jusqu’à quoi ? Il arrêtera jamais ! Ce connard est encore plus déterminé que Nikolaus ! Faut s’en débarrasser ! »

Mais comment faire autrement qu’en l’assassinant ?

« J’en sais rien moi, il mériterait que ça c’trou d’balle... »

Ce n’était pas une solution.

« Et Nikolaus alors ? »

Ce n’était pas pareil, il s’agissait de mon propre père ! Là on parlait de celui d’une petite fille de sept ans ! Et de toute façon, s’il arrivait malheur à ce type, je serais le premier qu’on soupçonnerait. Je comprenais la réaction de Meyer, j’avais moi-même de plus en plus de mal à rester patient. Le père de Jana n’attendait que ça, un faux pas de ma part. Je devais tenir.

- Qu’est-ce qu’elle te trouve ? Hein ? s’écria-t-il un samedi matin à la sortie du bâtiment où nous habitions. Cette vieille folle ne sait pas ce qu’elle fait, elle ne devrait même pas avoir le droit de décider !

Contrairement à ce qu’il pensait, même si Hisano était âgée, elle avait encore toute sa tête, pas comme lui qui délirait complètement. Mais je me gardai de lui dire.

- Rends-moi ma fille, elle a rien à faire avec toi, connard !

Il m’insultait en sa présence… Derrière moi, j’entendis Sofia émettre un léger grognement. Je tournai la tête vers elle et lui fis comprendre d’un regard qu’il fallait absolument qu’elle se taise si nous voulions éviter de passer pour les mauvais de l’histoire. Elle se tut, baissa les yeux sur Jana qui tenait sa main et se cachait à demi derrière elle, l’air triste.

- Tu me le paieras, t’entends ? poursuivait mon interlocuteur de plus en plus fort, faisant s’arrêter les quelques piétons qui passaient non loin.
- Si tu savais t’occuper de ta gamine, on en serait pas là ! rétorquai-je de plus en plus agacé.

Son visage passa du rouge au vert… ou au bleu, je ne savais pas trop. Soudain, il craqua et se jeta sur moi. Enfin… voulut-il le faire mais Jana se retrouva brusquement entre nous.


- Arrête Papa ! s’écria-t-elle en tendant les deux bras vers lui.
- Pousse-toi de là ! Tu dois venir avec moi !
- Non ! J’veux pas !
- C’est pas à toi de décider, Jan...
- T’es méchant ! J’veux plus vivre avec toi !
hurla-t-elle de toute la force de sa petite voix. J’veux rester avec Meyer ! ALORS VA-T-EN !

Ça, ça faisait mal. Trop mal même. Car cette fois, ce ne fut pas sur moi que son père voulut défouler sa colère, mais sur elle. J’attrapai Jana et me mis devant elle. J’eus également le bon réflexe de garder la main tendue derrière moi pour inciter Sofia à rester à sa place car je la sentais prête à bondir. Ce n’était pas le moment de faire un massacre, surtout devant des témoins. J’avais vraiment envie de le défoncer mais je me contentai de bloquer son coup et de l’immobiliser au sol.

- L... lâche-moi ! gronda-t-il en tentant de se dégager, sans succès.
- Meyer ! sanglotait Jana que Sofia tenait à l’écart.
- Nicht näher ! lui priai-je sans lâcher l’assaillant.

Elle se tint sage.


- Tu ferais mieux de te barrer tout d’suite, dis-je à son père, à voix basse. T’aggraves ton cas là.

Sans vraiment savoir s’il s’était calmé, je le lâchai et reculai d’un pas. Il se releva, épousseta ses vêtements et me pointa d’un doigt menaçant. Il ouvrit la bouche, sûrement pour m’insulter encore. Mais rien n’en sortit et il s’en alla. Je me tournai vers Jana qui fit lâcher prise à Sofia et courut vers la porte d’entrée du bâtiment. Bon, pas de sortie au parc aujourd’hui… Elle resta enfermée dans sa chambre toute la matinée. Que faire ? Je ne voulais pas appeler Hisano au risque de l’inquiéter encore plus. Alors je fis venir Lyne. Peut-être saurait-elle trouver les mots. Quand j’ouvris la porte, je fus surpris de trouver la jeune femme habillée normalement et légèrement maquillée. Elle était beaucoup plus jolie comme ça.

- Hallo Meyer, hallo Sofia ! salua-t-elle avec entrain.

Elle enleva ses chaussures, déposa son sac sur le meuble. Je l’invitai à s’avancer dans le salon.


- Jana ! appelai-je. On a de la visite, viens dire bonjour !

Même si elle n’avait pas du tout répondu depuis l’altercation avec son père, la petite fille restait étonnamment polie. Elle sortit presque aussitôt, timidement, le visage rougi par les larmes.

- Coucou toi, dit Lyne en s’accroupissant face à elle pour prendre doucement sa main. Je m’appelle Lyne, je suis une amie de Meyer. Comment tu t’appelles ?
- Jana…
répondit la gamine entre deux reniflements.
- Sehr Erfreut, Jana.

La petite fille eut l’air surpris.

- Mais tu parles en allemagne… en allemand ? s’enquit-elle les yeux écarquillés.
- Bien sûr, je viens de Potsdam, c’est juste à côté de Berlin, tu connais ?

Jana fit non de la tête. Lyne lui sourit gentiment.

- On m’a dit qu’il y a une princesse en détresse à sauver ici.

La petite regarda autour d’elle et fronça les sourcils.

- Mais je suis pas une princesse. En plus j’ai pas de robe.
- Ah bon ?
fit Lyne faussement surprise. Oh mais attends, je crois que…

Elle se redressa, alla chercher son sac et fouilla dedans.

- Il me semble bien que tu en es une. Mais oui regarde, c’est à toi ça !

Elle sortit une petite robe bleu clair avec des paillettes sur les extrémités des manches et des papillons brodés sur la partie inférieure. C’était plutôt simple, je m’attendais à un truc tout droit sorti d’un dessin animé qu’elle pourrait seulement porter au carnaval. Jana ouvrit grand la bouche.

- Wouah ! Elle est trop jolie !

« Quoi ? Il suffisait juste… d’une robe ? »


Et d’une figure féminine expérimentée avec les enfants. En fait, je ne savais absolument pas si Lyne y connaissait quelque chose dans ce domaine mais j’avais estimé que ça ferait du bien à Jana de voir un nouveau visage avenant. J’avais confiance en Lyne désormais, et je misais sur l’instinct naturellement maternel qu’elle pouvait cacher, même sans avoir d’enfant. Visiblement, j’avais vu juste. Jana retrouvait peu à peu le sourire. Elle demanda à essayer la robe. Lyne alla l’aider dans sa chambre tandis que Sofia et moi réfléchissions à ce que nous allions préparer à manger pour midi.

- Et voilà la princesse ! annonça Lyne en revenant.

Jana sortit à sa suite avec un sourire à la fois gêné et ravi accroché aux lèvres.


- Alors ? demanda la jeune allemande en désignant la gamine d’un signe de tête fier.

Je ne savais pas quoi dire. Comment complimenter une enfant ?


- Euh…

Lyne me fit les gros yeux, l’air de dire « Allez, lance-toi ! » Un peu mal à l’aise, j’allai faire face à Jana et posai une main chaleureuse sur sa petite tête blonde.

- T’es plus belle que toutes les princesses des dessins animés.

Lyne retint un rire et Jana me fit un grand sourire, avant de se jeter dans mes bras. Elle alla aussi se blottir contre Sofia qui lui tapota juste un instant le haut du crâne. Lyne proposa de faire à manger avec Jana et Sofia. Je les laissai faire, me rendis rapidement à la supérette du coin pour acheter ce qu’il manquait pour le dessert. L’ambiance à l’appartement était conviviale, ça faisait du bien. Là, j’étais content mais je m’imaginais déjà aller consoler la petite cette nuit après un nouveau cauchemar… Je dormis moi-même très mal, ne cessant de repenser à la réaction de son père, prêt à la violenter pour la récupérer. Si ça continuait, il allait finir par faire une grosse connerie… Lyne resta après le repas. Finalement, Jana accepta d’aller au parc et nous nous y rendîmes tous les quatre. Lyne nous quitta un peu plus tard, promit à la petite fille de passer la voir de temps en temps. Nous rentrâmes à la maison. Comme je m’y attendais, Jana fit des cauchemars.
Le lendemain après-midi, je proposai une sortie à la plage. Il faisait trop froid pour se baigner mais l’air marin nous ferait certainement le plus grand bien. Et j’avais besoin d’un entraînement. Il fallait que je me défoule, que Meyer puisse se calmer un peu aussi. Sofia en fut enchantée. Jana avait hâte de jouer dans le sable. En sortant du bâtiment, je scrutai la rue, craignant de croiser à nouveau l’autre débile. Mais je ne vis personne. Nous montâmes dans la voiture et prîmes la direction de la côte. Ce n’était pas très loin, il n’y avait pas grand monde sur la route un dimanche. Arrivés à destination, Jana s’élança, contente, et se laissa tomber à genoux au sol pour commencer à faire des pâtés de sable. Sofia et moi restâmes tout près et nous échauffâmes. Nous étions complètement seuls, personne ne viendrait nous déranger, c’était parfait.
L’entraînement commença. Nous reprîmes les techniques de la dernière fois, ainsi que toutes celles que Sofia m’avait enseigné jusqu’à maintenant. Dans le sable, c’était encore plus compliqué que sur un sol stable. Je me sentais encore plus lourd mais au moins, ça m’aidait à progresser. Je n’arrivais pas à penser à autre chose qu’au père de Jana. Un bon coup de poing dans la gueule, voilà ce qu’il méritait ! En remarquant que je frappais bien trop fort, je m’excusai auprès de Sofia, pris le temps de respirer un peu pour me calmer, et repris les exercices. Cependant, durant la pause, mon téléphone portable sonna. C’était Lyne et ce qu’elle m’annonça me mit hors de moi. Un « type flippant » rodait devant le bâtiment. Ça ne pouvait être que lui.


« Je voulais passer vous voir en allant à l’arène mais j’ai vu qu’il n’y avait pas la voiture, expliquait Lyne à voix basse. Vous êtes sortis ? »

- Ouais, on est à la plage là, on prend l’air.


Je jetai un coup d’œil à Jana toujours occupée avec le sable, m’éloignai de quelques pas. Sofia me suivit, écoutant attentivement, l’oreille proche du téléphone.

- De quoi il a l’air ? demandai-je pour être certain que je ne me trompais pas.

« Euh… d’un type qui envie de tuer quelqu’un, répondit la demoiselle d’un ton pas rassuré du tout. Il a essayé de sonner à l’interphone mais je n’ai pas vu si c’était pour toi ou non. Oh, attends. »

J’entendis Lyne parler avec quelqu’un d’autre. Elle me reprit quelques secondes plus tard.

« Un gars vient de me dire qu’il l’a vu hier et qu’il a assisté à la scène entre lui et toi. C’est bien lui. »

Je jurai. Ce type était complètement cinglé. Je remerciai Lyne, lui demandai si elle pouvait signaler le comportement du père de Jana à ma place, en tant que passante lambda, histoire d’exagérer un peu la chose. Elle accepta volontiers de m’aider. Quand je raccrochai, j’avais la respiration haletante comme si je venais de faire un footing.

« Ce sale fils de p... »

Eh !

« Oui oui, pardon ! Mais c’en est trop ! s’emporta Meyer. Faut qu’ça s’arrête, j’en ai marre là ! »

Moi aussi j’en ai marre, et autant l’envie que toi de l’envoyer tout droit en enfer. Mais c’est pas possible !

« Dommage ! »

Inquiète, Sofia posa sa main sur mon bras. Je serrais les poings tellement fort que j’en tremblais. Il fallait que je me calme, tout de suite ! Peut-être qu’en reprenant l’entraînement, ça irait mieux. Ma compagne demanda si j’en étais sûr. Non mais il fallait bien tenter. Nous nous mîmes en position, je la laissai attaquer en premier.

« Il est frais et dispo en bas de chez toi, va le tabasser ! s’écria Meyer en colère. Ça lui ferait l’cul à c’connard ! »

Je ne pouvais pas !

« Donne-lui rendez-vous ici ! »

Et lui mettre une raclée devant sa fille ? Non ! En plus, je ne garantissais pas de le laisser vivant. Et quand bien même, il se servirait de ses blessures pour vraiment foutre ma vie en l’air.

« Envoie-lui Kenichi ! »

- Ça va pas non ?
m’étranglai-je en bloquant un coup de Sofia.

Elle fit une pause d’une demi seconde, l’air de se demander si j’allais vraiment bien.


- C’est Meyer… il fait chier, justifiai-je.

Je soupirai.


- C’est bon, j’suis prêt.

Nouveaux coups, j’esquivai, parai.

« Dans quoi tu t’es embarqué aussi ? Prendre Jana en charge, on savait que ça entraînerait forcément des emmerdes ! On en a pas déjà eu assez ? Regarde Sofia, elle en veut pas, elle préfère que vous restiez juste tous les deux ! »

Commence pas avec ça…

« T’as été trop vite avec cette histoire, et maintenant voilà où ça nous mène ! On est harcelés par un fou furieux alors qu’on a rien fait de mal ! »

Je voulais aider Hisano !

« Tu la connais à peine ! »

Mais c’était une bonne personne, et Jana avait besoin de vivre une vie meilleure loin de son père.

« Qu’est-ce que tu lui dois à cette gamine ? »

Rien ! Rien du tout, mais…

« Alors qu’est-ce qu’on en a à foutre ? »

C’est ma décision ! T’as pas ton mot à dire, putain !

« Bien sûr que si ! J’te rappelle que, sans moi, t’aurais peut-être pas réussi à faire sortir Sofia de chez Kenichi ! »

Sans toi, elle aurait pas failli mourir !

« Espèce de... »

Au moment de parer le prochain coup de Sofia, ce fut comme si Meyer m’empêchait de bouger. Comme au dernier entraînement, je pris son pied dans la tronche, beaucoup plus fort cette fois. Assez fort pour…

Ne plus pouvoir retenir Meyer.

Une seule seconde, c’était suffisant. Quand je levai les yeux vers Sofia, je la vis effrayée, s’en voulant sûrement de m’avoir frappé. Inutile de s’inquiéter, je n’avais quasiment rien senti. Elle s’approcha doucement, me prit par le bras pour m’aider. Je me dégageai de son emprise.


- Lâche-moi, ordonnai-je sèchement.

Mon regard tomba sur Jana.


- J’ai un truc à régler.

Je poussai Sofia et me dirigeai vers la petite fille d’un pas rageur. J’allais régler cette histoire moi-même, comme d’habitude. Il avait eu tort de se mêler de tout ça. Il aurait dû se concerter avec Sofia, l’écouter et continuer à vivre seulement pour elle, pas pour une gamine sortie de nulle part ! Elle l’avait prévenu, nous étions autant dangereux l’un que l’autre pour Jana. Aujourd’hui, il allait voir à quel point elle avait raison. Néanmoins, à peine fis-je trois mètres que ma compagne surgit devant moi, les bras tendus sur les côtés.

- Quoi ? Toi aussi tu la défends ? lâchai-je exaspéré. J’croyais qu’tu voulais pas d’elle !
Humaine - Asservie
Humaine - Asservie
Sofia Ashley
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Et les ennuis continuent... EmptyMer 21 Nov - 11:49
Sofia Ashley
ft. Sofia & Meyer/Constantine
"..."
Et les ennuis continuent...
Parfois, j'aimais bien aller voir Constantine au cimetière, pendant qu'il travaillait encore. Ca lui faisait une surprise avant de rentrer. Comme chaque jour de la semaine, je finissais vers quinze heure. Mon compagnon n'allait pas tarder à terminer son service lui aussi. J'eus le temps de passer au cimetière juste avant. Comme à mon habitude, je m'installai sur la tombe de Roy pour lui raconter un peu ma vie. Ce qui avait changé. Tout ça. Je lui demandai aussi conseil pour Jana, savoir ce que je devais faire, comment le faire. Roy... Lui, il aurait juste pris ça comme une fatalité de la vie et aurait juste fait avec. Il vivait l'instant présent, toujours. Moi c'était un peu différent. Je devais toujours essayer de voir un peu plus loin. Il en avait besoin, il avait besoin de quelqu'un pour veiller sur lui et essayer de réparer les conneries qu'il pouvait faire. Et quand je disais réparer... C'était souvent tuer un ou deux gêneurs. Quand j'eus fini de discuter avec lui, j'allais attendre Constantine à l'entrée du cimetière.  Une caresse sur la joue, un sourire entre lui et moi et nous primes la route vers l'appartement. Nous avions un peu de temps avant que Jana finissait l'école. Un peu de temps pour partager un moment entre amoureux, juste lui et moi. Hélas, ça passa trop vite et nous dûmes aller la récupérer. J'avais vaguement entendu qu'elle avait des soucis avec des garçons. Visiblement, ça allait un peu mieux. Dommage, j'aurais bien voulu la voir fracasser ces guignoles.

La fin de semaine arriva rapidement. Entre temps, nous avions trouvé, enfin, une solution pour les samedis : Yoshikazu. C'était juste sous nos nez, en fait. Nous n'avions même pas pensé à lui tout de suite. Il était évidemment d'accord, toujours prêt à nous rendre service. En plus son restaurant fermait tard le soir, c'était idéal pour y laisser Jana. On pouvait même en profiter pour manger juste avant de partir à l'arène. Ce soir là il n'y avait pas de grands combats à l'affiche. Une routine pour moi, en gros. Du coup ma cote était très basse, on gagnait pas beaucoup de fric sur moi. Pour remédier à ce problème, j'enchaînais simplement les combats. Encore une fois Lyne se tapait l'incruste, elle discutait avec Constantine. Je n'y prêtai pas plus attention que ça. En terminant un combat, je les rejoignis pour savoir quand même de quoi ils parlaient. J'ignorai que mon compagnon se confiait à elle. J'aimais pas trop ça. Pas du tout même. Il y avait assez d'intrus actuellement dans mon espace vital, inutile d'en rajouter une autre.


"Certainement pas ! Elle est heureuse, non ? Elle pleure ?" Lyne frappa du plat de sa main sur la table.

Pourquoi se montrait-elle autant impliquée, celle la ?


"Elle fait encore des cauchemars la nuit." Répondit-il.

Et alors ? J'en faisais toujours moi aussi. Toujours le même. C'était pas pour autant que j'en faisais des caisses et que j'emmerdais le monde.


"C’est rien… Ça finira par passer."

Pour une fois j'étais d'accord avec elle. Mais pas Constantine. Il raconta le genre de cauchemar que Jana faisait. Son père, assassiner Meyer ? Il faisait deux têtes de moins et avait l'air d'un gros fragile. C'était surement pas une baguette comme lui qui allait faire plier mon colosse à moi.

"Fais juste en sorte qu’elle se plaise dans sa nouvelle vie. Ça prendra du temps mais ça peut le faire ! Aies confiance !"

J'écoutai toujours sagement et discrètement. Faire en sorte qu'elle se plaise... ? Ca semblait tellement compter aux yeux de mon homme... Je n'imaginais pas que c'était à ce point. Elle lui proposa une bière, comme pour essayer de lui envoyer des ondes positives. Il accepta, mais juste une. C'était curieux ça, venant de lui. Lyne ne se gêna pas pour se foutre de sa gueule. A cet instant, on m'appela pour mon prochain combat. Constantine retira mon collier pour me laisser monter dans l'arène. Casser la gueule de mon adversaire n'était qu'une formalité. Je restai débout sur le ring pour attendre les suivants et puis, comme ça, ça laissait Constantine le temps de se détendre un peu. D'un coté, j'étais contente de le voir s'ouvrir plus facilement aux gens.  

Les jours suivants, il était bien plus préoccupé par Jana. Il cherchait visiblement comment faire pour lui faire passer des bons dodo. Bah... Lyne l'avait dit pourtant, il fallait juste laisser faire le temps. Et vu la tronche qu'il tirait quand il était sur son ordinateur, il devait pas trouver beaucoup d'aide. C'était rigolo de le voir chercher dessus, je restai parfois derrière lui pour regarder l'écran mais je comprenais rien, à part les images. La gamine était si mal qu'elle pissait encore au lit. Je savais pas trop si c'était normal encore à son age. Moi aussi je me pissais dessus quand je dormais quand j'étais gamine. Enfin... C'était peut être pas pareil, si ? Moi j'étais enchaînée à un mur. Constantine m'avait expliqué, du coup, qu'elle avait juste peur d'aller aux toilettes pendant la nuit. J'avais une idée du coup, pour l'aider. Je devais encore lui en parler, mais je pouvais faire l'effort de passer quelques nuits avec elle et l'accompagner aux chiottes jusqu'à ce qu'elle comprenait qu'il n'y avait pas de monstres ici. Enfin... Si, j'en étais un, Meyer aussi. Mais c'était pas pareil.  

Concernant Hisano -encore vivante, oui-, nous allions souvent la voir encore. Jana était toujours contente d'y aller. Je m'en fichais un peu de cette vieille, mais bon, elle était gentille. Elle essayait de me donner des conseils en cuisines. Sauf que j'oubliais toujours presque tout... Au final, c'était la routine. Pour une fois, même, je pouvais dire que nos vies étaient calmes, pour le moment. Enfin, "calmes"... Sauf quand Constantine devait appeler le père de Jana. Je le voyais bien que ça l'emmerdait. Je comprenais pas trop pourquoi, c'était juste un type paumé et il était pas là de toute façon. Je compris seulement quand il m'expliqua que le père voulait récupérer la gamine. Dans l'immédiat j'étais pas contre mais ça, je le gardais pour moi. J'avais bien compris maintenant que mon compagnon voulait garder la petite. Alors je faisais de mon mieux pour l'intégrer, essayer de suivre les conseils de Lyne, faire en sorte que Jana se sentait à la maison, avec Constantine et moi. C'était dur pour moi de devoir porter ça, très dur même. Et le plus difficile dans tout ça c'était de ne pas le montrer à mon compagnon, lui faire croire que ça allait.  

Quelque part, au fond de moi, je me disais qu'un jour ce type là allait venir nous emmerder. Après tout c'était trop calme dans nos vies et ça ne durait généralement pas longtemps avant que quelque chose venait nous faire chier. Une vieille toute moche sonna à la porte. C'était les "services spatiaux" ... Un truc du genre, pour surveiller si les gosses étaient bien traités. J'en avais vaguement entendu parler mais j'imaginais pas que ce vieux connard allait oser nous en envoyer une. Visiblement c'était comme un test où Constantine devait montrer à la vieille moche qu'il pouvait s'occuper de Jana et qu'il pouvait subvenir à ses besoins. Ah ça, pour la bouffe, on en avait ! Et pour lui prouver ça, je lui montrai même mes paquets de taiyaki. On avait plein à bouffer.  Bon, du coup, en me voyant, avec le collier, tout ça, elle posa des questions. Savoir si j'étais bien dressée, pas dangereuse. Mh, elle avait qu'à retirer mon collier et j'allais lui montrer que j'étais pas dangereuse du tout.

Le samedi suivant, Constantine raconta tout à Lyne, encore une fois. Bon hé.... Ca devait pas devenir une habitude là ! Ca voulait dire que moi je ne suffisais pas, que j'étais pas assez bien pour l'écouter ? J'avais du mal à me concentrer sur mes combats, à cause de ça. Heureusement qu'il y avait que des faibles, encore une fois. Face à un adversaire plus fort, j'aurais perdue depuis longtemps déjà, car je n'étais pas du tout concentrée. Le voir se rapprocher à ce point de cette nana ne me plaisait pas du tout. Je ne connaissais pas assez Lyne pour lui faire confiance, pour être certaine qu'elle n'avait pas une idée derrière la tête. Une fois mes combats terminés, nous allâmes chez Yoshi' pour récupérer la gmaine.


"A mon avis, vous devriez éviter de dire que vous allez à l’arène. Ça leur évitera de se poser trop de questions." Conseilla-t-il.

C'était évident ! D'après les lois de l'arène, on avait même pas le droit de dire qu'on y allait ! Effrayée, je regardai Constantine comme s'il venait d'une autre planète. J'espérai qu'il le savait, ça, sinon il allait s'attirer des ennuis bien plus importants. Je devais penser à le lui rappeler. Je lui avais déjà dis toutes les règles de l'arène mais ça remontait à longtemps déjà. L'assistante spatial revint nous rendre visite, comme elle l'avait si bien "promis". Elle voulait absolument voir Jana cette fois. Elle nous laissa seuls, mon compagnon et moi pendant qu'elle allait jouer avec la gamine dans la chambre. Oh, c'était gentille ça, de vouloir lui tenir compagnie pendant qu'elle jouait parce que moi j'aimais pas du tout. Je trouvais ça même débile de jouer avec une gosse. A faire semblant, en faisant bouger des poupées à la con, j'arrivais pas. En tout cas, mon homme, lui, il semblait terriblement nerveux. Il n'avait pas à s'en faire, il s'occupait tellement bien de Jana qu'on pourrait croire que c'était lui le père. Pour le rassurer, je pris ses mains tremblantes dans les miennes pour les serrer un peu. La vieille moche repartit. Comme quoi, elle s'était bien amusée avec Jana ! Il n'avait pas à s'en faire. Enfin, c'était ce que je croyais avant une autre visite. J'étais avec la gamine, dans la chambre et je la regardai jouer. La porte était entre-ouverte, comme toujours. Je ne fermais jamais les portes, toujours attentive à ce qu'il se passait autour de moi. J'entendis parler dans le salon.


"C’est quoi ça ?" Demanda Constantine.

Le ton de sa voix trahissait une certaine nervosité. Il n'était pas serein, quelque chose le dérangeait. Silencieuse, je m'approchai de la porte pour tendre l'oreille.


"Nous avons été informés à propos de ce qu’il s’est passé l’an dernier"

Impossible de savoir de quoi elle parlait, cette vieille conne. Il s'était passé tellement de chose en un an... Je ne devais pas intervenir, je devais rester à ma place. Pourtant, je sentais bien que quelque chose n'allait pas bien.

"Et ?" Fit-il.
"Et alors, c’est à prendre en compte. Laisser une enfant aux mains de quelqu’un d’instable ne…" Répondit-elle aussitôt avant d'être interrompue.
"J’suis pas instable, j’vais très bien"

J'étouffai un rire. Oh que si, justement, il était très instable. Mais il venait de le dire avec tellement de conviction que je pouvais moi même le croire. Un silence suivit. J'imaginais parfaitement l'assistante spatial regarder Constantine, à cet instant, comme pour le jauger du regard. Et je l'imaginais bien, lui, à la défier du regard avec sa tête de blasée... Non mais, franchement, difficile de convaincre quelqu'un avec une tête pareille.

"Je peux savoir ce qui vous a poussé à faire ce geste ?" Demanda-t-elle.

Je fronçai aussitôt les sourcils. Je savais maintenant de quoi elle parlait. Comment cette sale petite salope osait balancer ça sur le tapis comme ça ? Elle n'avait pas le droit ! Ca faisait partie de la vie privée de Constantine, un passage de sa vie qui ne le concernait que lui. Pourtant, ces ordures avaient quand même mis la main dessus.


"J’ai enterré un ami. Ça m’a foutu un coup alors j’ai déconné. Ça peut arriver à n’importe qui. Après, j’me suis repris en main et aujourd’hui, ça va très bien."

Roy... Je fus prise d'un léger pincement au cœur. Je voulais être présente pour lui, là, maintenant. Le soutenir car là, il était seul à devoir reparler de ça. J'étais si fière de lui, il expliquait calmement les raisons sans s'énerver. J'étais très fière de lui. Il y eu ensuite un silence et j'entendis la vieille saluer Constantine. Elle partait, tant mieux. Je retournai auprès de Jana  pour la regarder jouer. Il nous rejoignit pour parler avec la petite. Il voulait visiblement s'assurer qu'elle n'avait rien dit de mal sur nous. J'ignorais si elle était sincère ou non, mais elle avait même dit qu'elle préférait être ici plutôt que chez son père. Il fallait vraiment pas nous connaître pour sortir une connerie pareille. Ému, il la prit dans ses bras pour la serrer contre lui. C'était une brave petite.  

Plus le temps passait, moins la situation s'arrangeait. Le père de Jana semblait perdre patience, il voulait la récupérer à tout prix. Ca me rappelait un peu Kenichi quand il voulait me kidnapper. Constantine eut droit à la visite de ce type après le travail pour l'insulter et le menacer. A force... Si mon compagnon se sentait acculé, je craignais de plus en plus de le voir perdre patience et...  Surtout que le père commençait à m'accuser à mon tour d'être dangereuse, sous prétexte que j'étais une hybride Chienne-louve. Dans les faits je pouvais pas lui donner tord, il avait raison mais il ne réalisait pas à quel point. Constantine dut m'expliquer que je devais me montrer innocente et gentille devant l'assistante spatial. Yoshikazu accepta même de voir la vieille moche pour lui dire que j'étais pas dangereuse du tout, même que je pouvais travailler chez lui et qu'il n'avait jamais eu de soucis. Peut être que maintenant il allait nous laisser tranquille. Mais non, il venait même chez Hisano. Il devait envahissant, s'approchait trop de mon territoire. Une menace. Le pire fut un samedi matin.


"Qu’est-ce qu’elle te trouve ? Hein ? s’écria-t-il sous notre fenêtre. Cette vieille folle ne sait pas ce qu’elle fait, elle ne devrait même pas avoir le droit de décider !"

Alors là... ! Il osait venir jusqu’à chez nous ? Mon sang ne fit qu'un tour, le colère monta en moi rapidement. Je n'avais qu'une envie : Que Constantine retire mon collier pour aller lui éclater la gueule. Mais si je faisais ça, on allait lui donner raison.

"Rends-moi ma fille, elle a rien à faire avec toi, connard !"

J'étais d'accord avec lui, mais il n'avait pas besoin de gratifier mon homme d'un "connard". Agacée, je commençai à grogner. Mon homme me fit aussitôt signe de rester calme. Dernière moi, Jana se cachait en me tenant la main, l'air triste et apeurée. Elle ne voulait vraiment pas retourner avec lui.

"Tu me le paieras, t’entends ? " s'égosilla-t-il.

Les gens s'arrêtaient pour regarder. On se tapait grave l'affiche et le voisin ne devait pas manquer une miette du spectacle. Moi qui aimait vivre de façon discrète... J'étais servie là.


"Si tu savais t’occuper de ta gamine, on en serait pas là  !" répondit Constantine.

Il perdait patience, lui aussi. De plus en plus. Je savais que la venue de cette gamine allait nous causer des ennuis. On aurait du rester à deux pour vivre notre vie tranquille. C'était évident que ça allait arriver un jour ! La père s'emporta et se jeta sur lui, en pétard. Je m'apprêtai à foncer sur lui pour l'étaler au sol, mais Jana fut la plus rapide à réagir. C'était la première fois que le voyais comme ça. Peut être que pour elle aussi, c'était difficile à vivre. Comme c'était qu'une gamine, je m'étais jamais posé la question.


"Arrête Papa !" lança-t-elle en faisant barrage avec ses bras.
"Pousse-toi de là ! Tu dois venir avec moi !"
"Non ! J’veux pas !"
"C’est pas à toi de décider, Jan..."
"T’es méchant ! J’veux plus vivre avec toi ! J’veux rester avec Meyer ! ALORS VA-T-EN !"


C'était violent. Des mots qui pouvaient faire très mal. C'était comme si je disais pareil avec Yoshikazu. Ca lui ferait mal d'entendre ça. Sauf que là, ce con l'avait bien cherché. S'il s'était occupé de sa fille tout le monde serait tranquille. Aveuglé par le colère, le père de la gamine voulait s'en prendre à elle, maintenant. Constantine se mit aussitôt devant elle et garda sa main tendue vers moi comme pour m'inciter à rester où j'étais. Non, c'était à moi d'y aller. J'étais une hybride chienne aux yeux des gens, alors si je prenais la défense de mon maître et d'une enfant, on ne pourrait rien reprocher à Constantine ! Alors que si c'était lui qui cédait à la violence... J'espérai vraiment que Meyer n'allait pas bouger. Mon homme se contenta de bloquer le coup - comme je lui avais appris d'ailleurs, bravo ! - et l'immobilisa au sol. Bon, parfait, il se contrôlait bien, j'étais contente. Voyant qu'il avait la situation parfaitement en main, je fis reculer Jana qui était morte d'inquiétude. Finalement, après lui avoir dit quelque chose à voix basse, il le lâcha.

Lorsqu'il se releva, il pointa à nouveau, d'un doigt menaçant, Constantine. Mais rien ne sortit de sa bouche. Il s'en alla enfin, nous laissant tranquille. Jana me fit lâcher prise et elle courut vers la porte du bâtiment pour rentrer. Je la comprenais, elle n'avait plus envie de sortir après tout ça. Elle resta enfermée dans sa chambre toute la matinée. Constantine, lui, ne savait pas quoi faire. Et la seule décision qu'il prit... qu'il avait trouvé, c'était de faire venir Lyne chez nous. Sérieusement... Vraiment ? J'étais dépitée. Il impliquait de plus en plus de gens dans nos vies privées. J'en avais assez. Anxieuse à l'idée que cette pouffiasse allait mettre ses pieds chez moi, j'allais m'installer sur le canapé, la boule au ventre. Quelqu'un sonna à la porte, ça devait être elle. Je ne pris même pas la peine de me retourner. J'en avais rien à foutre de sa gueule, elle avait rien à faire ici.  


"Hallo Meyer, hallo Sofia ! " Lança-t-elle, toute joyeuse.

Elle pouvait aller se faire mettre.


"Jana ! On a de la visite, viens dire bonjour !" Demanda Constantine.

Elle sortit de la chambre pour aller saluer Lyne. Je me désintéressai totalement de leur conversation pour fixer l'écran de la télé, à regarder un dessin animé au hasard que je comprenais même pas. Plus les minutes passaient, plus je me sentais nerveuse, entourant mes bras autour de mes genoux. Ca parlait de princesse à sauver, de robe... N'importe quoi. Lyne et Jana filèrent dans la chambre pour se changer. Elle revinrent rapidement.


" Et voilà la princesse !" Fit-elle.

Parfait, si elle était si contente d'être avec Jana, elle pouvait la prendre avec à la maison. Je ne prêtai pas attention à leur manège ridicule, mon sang bouillonnait toujours et je n'avais pas le droit de me mettre en colère. C'était l'effet d'une cocote minute. Un jour je savais que j'allais craquer, que j'allais totalement exploser. Je n'arrivais pas à accepter tout ces changements car à chaque fois, cet idiot en rajoutait une couche. Faire venir Lyne, sérieusement !? Putain de merde... Et après, ça allait être quoi, encore ? Visiblement contente, la gamine se jeta dans les bras de Meyer. Elle fit de même avec moi, mais je restai distante, me contentant de lui tapoter le haut de la tête. Allez, elle pouvait se barrer maintenant. Sauf que non, évidemment que non. Constantine me proposa de faire la cuisine avec elles. Normalement, cette activité là, c'était entre lui et moi. C'était avec lui que je pouvais partager ce moment. J'avais pas envie, mais pas envie du tout. Pour lui faire plaisir, j'acceptai. Il s'absenta le temps d'aller acheter deux ou trois trucs à la boutique du coin, me laissant seule avec ces deux parasites. Lyne se tapait l'incruste même après le repas. Nous sortîmes au parc. Je voulais pas, j'en avais trop marre. L'allemande s'en alla enfin, après  avoir promis à Jana se venir la voir de temps en temps. Parfait, super. J'allai au lit avec l'impression de me ronger de l'intérieur. En plus de ça, on passa une nuit de merde car Jana fit encore des cauchemars.  

Le lendemain après midi, Constantine proposa une sortie à la plage. J'avais toujours cette boule au ventre, j'avais pas encore encaissé la journée d'hier, entre les menaces du père et la venue de Lyne qui allait s'immiscer pour de bon dans ma vie... Je laissai mon Katana à la maison, mais je pris tout de même mon brassard, mes gants et mes kunai. La plage était un bon endroit pour s'entraîner, j'étais contente de cette proposition. Je m'attendais moi aussi à voir le père de Jana nous harceler, encore. Mais heureusement, il n'était pas là. Installés dans la voiture, nous prîmes la direction de la mer. C'était très calme, ce dimanche. Il n'y avait personne à l'endroit où nous nous trouvions. La gamine courut dans le sable pour se laisser tomber à genoux et commença aussitôt à jouer. Légèrement à l'écart, nous nous mîmes en position pour reprendre les techniques que nous avions vu l'autre jour. Aussitôt, je parvins à me détendre, la boule dans mon ventre disparut petit à petit. En fait, il fallait venir ici plus souvent. Le sable rendait les entraînements plus difficiles comme c'était tout mou, c'était pas facile de garder l'équilibre, des appuis stables. Je venais ici quand Kenichi m'entraînait. Il me jetait aussi à l'eau et je devais courir dedans alors qu'elle était complètement gelée. C'était pour me muscler les jambes et ça fonctionnait plutôt bien.  Constantine semblait très concentré lui aussi... Peut être un peu trop. Son coup de poing était puissant, j'eus du mal à le bloquer et il me fit même reculer. Il s'excusa et nous reprîmes. A la pause, son téléphone sonna.


"Ouais, on est à la plage là, on prend l’air."

A qui parlait-il ? Il s'éloigna lentement. Je le suivis pour écouter la conversation, mon oreille collée au téléphone. Vraiment, on allait donc pas pouvoir être tranquille...

"De quoi il a l’air ? " Demanda Meyer.

« Euh… d’un type qui envie de tuer quelqu’un. Il a essayé de sonner à l’interphone mais je n’ai pas vu si c’était pour toi ou non. Oh, attends. »

Cette voix, c'était Lyne. Le père de Jana devait encore rôder par chez nous. Mais aussi... Elle, qu'est-ce qu'elle foutait là ? C'était Constantine qui lui avait demandé de surveiller ? Ca devenait n'importe quoi. Même si j'aimais pas la police du tout, là... Il fallait aller les voir pour leur dire qu'un type nous harcelait. Ca allait totalement pourrir son image et il risquait de perdre son travail. Comme c'était un japonais, c'était trop difficile à accepter pour lui, ça. Bref, Lyne semblait parler avec quelqu'un d'autre puis nous reprit.

« Un gars vient de me dire qu’il l’a vu hier et qu’il a assisté à la scène entre lui et toi. C’est bien lui. »

Parfait, on avait des témoins aussi, alors il n'y avait rien d'autre à faire que ça. Les flics allaient pouvoir régler ça et, surtout... Constantine et moi allions pouvoir gérer un souci de manière légale, sans tuer personne, sans faire appel à Kenichi. Aux yeux de l'assistante spatial on aurait l'air de gens normaux et le père, lui, serait le fou. Constantine demanda à Lyne de signaler le comportement du père, justement. ENFIN, bordel, enfin une bonne décision ! S'il m'en avait parlé à moi directement, on aurait pu aller voir la police, plutôt que faire appel à des gens, encore et encore. Au moment de raccrocher, je remarquai que mon compagnon n'allait pas très bien. C'était comme l'autre jour à la foret, quand Meyer avait pété un plomb. Il respirait fort et semblait nerveux... Je voulais rentrer à la maison.

"Chéri... T'es sûr de vouloir continuer ?"

Il ne répondit rien et se mit en position. Bon.. Je fis de même, alors. J'attaquai en premier, un coup relativement puissant, c'était la suite logique de notre entraînement : Savoir gérer la puissance en gardant la même solidité d'appuis.

"Ça va pas non ?" Fit-il en bloquant mon coup.

Mince.. Peut-être que j'avais frappée trop fort et qu'il était surpris ? Je reculai légèrement, le regard interrogateur.


"C’est Meyer… il fait chier" Déclara-t-il.

Il soupira avant de se remettre en position. Peu confiante, je me préparai à attaquer à nouveau.


"C’est bon, j’suis prêt"

Il paraît et esquivait très bien, exactement comme je lui avais appris. Parfait, il reprenait peut être le contrôle. Il devait surement se disputer avec Meyer, mais pour le moment ça allait. J'amorçai un coup de pied au niveau de la joue, un coup facile à bloquer pour lui. Cependant... Mon pied heurta violemment sa mâchoire, il était comme paralysé. Non ! Non !! Pas ça !! Je reculai, apeurée. C'était un coup puissant là, il avait mal, c'était obligé que je venais de lui faire mal... Je m'approchai doucement de lui pour l'aider à se relever.

"Lâche-moi." ordonna-t-il sèchement.

Il se dégagea violemment et se releva en fixant Jana comme s'il voulait la buter. Non.. non ! non ! C'était Meyer ! Je pouvais reconnaître ce regard de cinglé ! C'était Meyer !


"J’ai un truc à régler."

Il me poussa violemment sur le coté et se dirigea vers la gamine avec la ferme intention de lui faire du mal. C'était Meyer... Je tremblai, paralysée, je crus même me pisser dessus. Non, non ! Non ! S'il s'en prenait à elle, tout était foutu, Constantine allait avoir de gros ennuis. Non !

BOUGE ! BOUGE !! Connasse ! Relève toi et va vite la protéger !

Je me relevai rapidement pour me placer devant lui et l'empêcher d'aller plus loin. Je devais le protéger lui, protéger Meyer. Protéger Constantine. Protéger Jana.


"Quoi ? Toi aussi tu la défends ? J’croyais qu’tu voulais pas d’elle !" Rugit-il.

Quel sale con ! C'était pour nous que j'évitai qu'il fasse une connerie, encore !


"Soit pas con, putain ! T- ..."

Je n'eus même pas le temps de terminer ma phrase que sa main partit droit vers mon visage, d'un revers. La lèvre fendue, je m'écroulai au sol en le regardant se diriger vers la gamine. Il la ramassa comme si c'était un morceau de chiffon. Elle se mit à crier, choquée par ce traitement. Puis des pleures. Elle pleurait. Pourquoi est-ce que j'avais des images d'elle accroché au mur de chez Kenichi, à ma place ? Non... Pas ça ! Je ne voulais pas de Jana dans ma vie mais... Une petite si pure et innocente, elle n'avait pas le droit de souffrir, j'avais juré de tout faire pour préserver son enfance. Alors je me relevai et courut vers Meyer. Je sautai, pied en avant, pour heurter l'articulation de son genou. Il fléchit et chuta au sol. Je récupérai Jana sur mes épaules et balançai du sable dans les yeux de Meyer pour le retarder un peu. Je devais m'éloigner, éloigner Jana et... Calmer Meyer.



"Tout va bien, ok ?"

"Ma-..Mais tu saignes ! Et Meyer il ... Il.."

Elle était paniquée. Elle comprenait pas, c'était normal. Je devais trouver un truc, vite. Une princesse. Un méchant dragon. Un chevalier... C'était une gosse, merde ! Une gamine!

"C'est un jeu, ma grande, d'acc ? Meyer est devenu un méchant dragon et il voulait enlever la princesse... Et... Je suis là pour sauver la princesse, oui ?"

Elle hocha la tête, l'air d'y croire. Elle voulut regarder derrière moi mais je captai rapidement son attention.

"Moi je vais jouer le chevalier, d'acc ? Mais pour que je puisse affronter le dragon, tu dois faire ... Tu dois faire.. le rituel magique ! Il faut que tu retires mon collier et que tu dises : Attaque le méchant dragon mais faut pas le tuer ! D'acc ?"

J'étais totalement paniquée, moi aussi. Ma cicatrice au ventre me faisait mal, soudainement. Jana hocha la tête, de plus en plus convaincue par mon histoire.

"Pourquoi faut pas tuer le dragon s'il est méchant ?"

Je sentis les larmes monter, je reniflai.

"Parce que le méchant dragon peut redevenir gentil, ok ?"

J'avais préparé le terrain. Dans ma tête, c'était clair, le méchant dragon c'était Meyer, je ne devais pas le tuer. Elle retira mon collier.

...Mon coeur s'emballa. Les voix résonnaient dans ma tête. Mais je devais attendre celle de Jana. Vite, ma grande, vite. Donne moi l'ordre. C'était toi qui avait le collier, tu étais ma maîtresse pour le moment.

"Soso... Tu dois battre le méchant dragon mais le tue pas !"

Parfait... Parfait... ma grande... Puis, petit à petit, je me perdis...Mon esprit était embrumé. Dans le peu de lucidité qu'il me restait, j'ordonnai à Jana de s'éloigner le plus loin possible et de se cacher. Meyer approchait. Et... Je me relevai. Je retirai aussi vite que possible mes gantes, mes kunai et mon brassard pour les confier à la petite. Comme ça... Je ne risquai pas de le blesser. Je retirai ensuite mes cuissardes. Pieds nus, j'aurais davantage de stabilité dans le sable. Si la dernière fois, dans la forêt, je n'avais pas réussi à calmer Meyer sans me battre, alors...

Plus rien. Le noir. Si Constantine revenait... Il allait devoir très rapidement s'occuper de moi.

Elle se perdit à nouveau. La Chienne fit face à son adversaire. Les ordres étaient clair : neutraliser la cible mais ne pas la tuer. Elle grognait, elle grognait fort, menaçante. Mais son adversaire ne semblait pas du tout en avoir peur. Visiblement, il ne s'attendait pas à être attaqué. La Chienne parvint à lui coller un puissant coup de poing dans la joue. Il se défendait, la repoussait. Ils échangèrent des coups puissants et violents, chacun étaient fait pour neutraliser l'autre. Un combat qui ne devait pas durer. Elle frappa violemment au niveau de la cuisse, un point sensible pour faire perdre l'équilibre à son adversaire. Il fléchit. La Chienne en profita pour prendre appuis sur le sable. Elle pivota sur elle même pour coller un puissant coup de talon au niveau de la mâchoire. Cependant, contre toute attente, il encaissa le coup et bloqua la jambe de la jeune femme. En se relevant, il la souleva comme une poupée de chiffon avant de l'éclater au sol. La Chienne grogna de douleur avant de mordre violemment son adversaire au niveau du bras pour lui faire lâcher prise. Ses crocs plantés dans la chair, l'homme, quant à lui, répondit par de gros coups de poing au niveau de la tête. Elle devait lâcher et reculer, sinon elle risquait de perdre connaissance. Les deux combattants se relevèrent et se firent face. Peut être que son adversaire lui parlait, elle n'en savait rien. Elle ne pouvait plus rien écouter pour le moment, aveuglée, l'esprit plongée dans un brouillard noir et opaque. Elle s'élança à nouveau vers sa cible pour frapper. Il parvint à bloquer les coups de pieds, les coups de poings. La Chienne esquiva les contre-attaques. Après un autre échange sanglant, elle recula pour se remettre en position. Elle avait l'air terriblement sauvage, montrant ses crocs sanguinolents. Après quelques secondes, elle s'élança à nouveau...

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Constantine Meyer
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Et les ennuis continuent... EmptyMer 21 Nov - 14:33
Constantine Meyer
Oh et puis en fait, j’en avais rien à foutre de sa réponse.

- Sois pas con, putain ! commença-t-elle. T…

Je lui fonçai dessus, lui mis une bonne gifle qui la fit s’étaler par terre, et réduisis le peu de distance qu’il restait entre Jana et moi.

« Fais pas ça ! » cria Constantine.

Au diable son avis, j’en avais ma claque de tout ce bordel. Quand elle me vit approcher, Jana n’eut le temps ni de bouger ni de parler. Je l’attrapai violemment par le bras et la forçai à se relever. Ses cris ne m’atteignirent pas du tout, ses pleurs non plus. C’était comme si elle n’existait pas. J’allais la renvoyer chez son père immédiatement et on n’entendrait plus parler d’elle. Et finies les emmerdes ! Cependant, Sofia revint à la charge et me fit chuter avant de me balancer du sable dans les yeux. La sale petite…


« Arrête ! T’es encore en train de merder ! »

Rien à branler, il fallait régler le problème.

« Pas comme ça ! »

C’était comme je voulais, point barre !

« C’est moi qui décide ! hurla-t-il furieux. Toi t’es qu’une pauvre merde qui s’incruste et fout toujours tout en l’air ! »

- TU m’as créé !
objectai-je sur le même ton. C’est TA faute !

Je ne cessais de me frotter les yeux, incapable d’y voir correctement. Cette petite garce allait me le payer… Je pus la voir une demi seconde, plus loin, en train d’essayer de rassurer Jana. Comment pouvait-elle être aussi hypocrite, elle qui avait fait un scandale à Constantine parce que Madame avait besoin de son espace vital, de sa vie à deux ? Cette sale petite peste ne se rendait même pas compte à quel point elle était égoïste !

« Moi aussi je l’ai été ! On est tous en tort, admets-le ! »

Nein ! Elle te mène à la baguette et toi tu la suis parce que t’es aveuglé !

« Je croyais que tu l’aimais ! »

- J…


Mon cœur rata un battement et mon estomac se noua tellement que ça me fit mal. Je serrai les poings dans le sable, fermai les yeux très fort, comme si j’espérais que ça allait faire disparaître Constantine. Évidemment, c’était impossible. Mais cet instant me permit de me remettre debout et de pouvoir retrouver une vue correcte. Et heureusement car j’eus tout juste le temps de voir Jana retirer le collier de Sofia. Ah elle voulait jouer à ça…

« Oh non... »

Je m’élançai. La petite fille alla se réfugier plus loin derrière le poste de secours désert. Sofia, elle, retira tout son matériel de combat : gants, kunai, brassard, cuissardes… La lèvre fendue et l’air déterminé, elle me grogna dessus. Comme si j’allais reculer ! Cette fois, elle voulait se battre, c’était parfait ! Pas comme dans la forêt où elle s’était lâchement laissée malmener. Cette fois, j’allais peut-être m’amuser…

« C’est une mauvaise blague, c’est un cauchemar et j’vais me réveiller... » désespérait Constantine.

C’était bien réel et il avait intérêt à ne pas me gêner. Par contre, je ne m’attendais pas à ce que Sofia m’atteigne avec son poing. Elle était beaucoup plus rapide que moi… Je devais arranger ça. Parce que si Constantine galérait encore en combat, j’étais, pour ma part, bien meilleur que lui. La jeune femme pouvait courir et bouger dans tous les sens, je frapperais toujours plus fort qu’elle. D’ailleurs, je parvins à la déstabiliser plusieurs fois, jusqu’à ce qu’elle me mette au sol en m’affaiblissant au niveau de la cuisse. Je bloquai son prochain coup qui venait droit dans ma figure. Puis je me mis debout en la soulevant au-dessus de ma tête, et l’abattis au sol dans un nuage de sable. Elle grogna de douleur et ce fut comme un chant à mes oreilles. Elle me mordit au bras et ce fut… putain de douloureux ! Je la frappai à la tête pour la faire lâcher prise. Elle finit encore une fois par terre, se releva. Nous nous fîmes face.


« Ça suffit ! Ça va encore mal finir ! »

Dans tous les cas, ça allait mal finir.

« On peut rattraper le coup ! Je sais qu’on peut ! »

- Rattraper quoi ? Y a plus rien à rattraper !


Maintenant, il savait sûrement pourquoi je n’avais pas demandé à revenir depuis le week-end aux sources chaudes, pourquoi je me foutais complètement que Sofia meurt, la fois où elle avait failli y passer à l’arène. J’en avais plus rien à faire !

« C’est faux ! T’as réussi à prouver le contraire ! »

Plus maintenant ! Sofia et moi échangeâmes encore des coups. Jana ne comptait même plus, j’avais juste envie de frapper jusqu’à épuisement. Trop longtemps. Je restais trop longtemps à l’écart, je n’avais jamais le droit d’avoir mes moments de joie. Il arrivait toujours quelque chose ! Quelque chose qui faisait pencher la balance un peu plus vers le négatif et me forçait à sortir de mes gonds. Je ne voulais pas ça.

« Alors arrête ! »

- J’y arrive pas !
m’écriai-je en parant de justesse la prochaine attaque de la demoiselle.

De toute façon, je savais que c’était peine perdue. Sofia me détesterait toujours, peu importe le nombre d’efforts que chacun ferait. J’étais pas fait pour la vie normale, pour voir le bon côté des choses, aider, aimer… J’existais pour pourrir la vie de Constantine et de son entourage, et ça continuait même sans le vouloir. J’étais foutu et je le savais. Alors autant en finir tout de suite. Revenant à la charge, je pris Sofia par surprise en feintant un crochet du droit mais en enchaînant par un coup de pied. Constantine ne savait pas faire, moi oui. Elle s’effondra, sonné. Je me jetai sur elle et la ruai de coups.


« Arrête ! »

J’y arrive pas.

« Arrête, putain ! »

- Toi arrête !
vociférai-je en stoppant mon assaut. Sors de ma tête !

« Toi, sors de la mienne ! »


Je lâchai Sofia et reculai en plaquant mes mains sur mes tempes. Il me foutait la migraine !

« Laisse-la ! »

J’y arrivais pas !

« Ne la touche plus ! »

- Ferme ta gueule ! FERME-LA !


Je me laissai tomber à genoux devant Sofia, l’attrapai par le col de sa robe pour la relever à demi, m’apprêtai à lui donner un nouveau coup.

« TU VAS LA TUER ! »

J’allais la tuer.
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Sofia Ashley
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Et les ennuis continuent... EmptyMer 21 Nov - 18:17
Sofia Ashley
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"..."
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"Rattraper quoi ? Y a plus rien à rattraper ! "

Des échos, ce n’était rien de plus que des échos pour la Chienne. Pourtant, peut-être que, quelque part, elle avait entendu ces paroles. Tout résonnait, elle n’avait qu’un seul objectif : Mettre Meyer à terre. Au diable la douleur, plus rien ne comptait. Les coups pleuvaient, certains étaient percutants. Pourtant, les deux tenaient toujours debout. Un rapide coup d’œil derrière, Jana était là, elle était bien cachée derrière un vieux poste de secours abandonné. Pour le moment, elle était en sécurité là-bas, mais elle regardait le combat. Même si Sofia avait réussi à lui faire croire que tout ça n’était qu’un jeu, la violence de l’affrontement allait forcément la faire douter. Meyer parvint à la prendre par surprise en feintant un coup de poing, mais il se ravisa pour lui assener un puissant coup de pied qui mit la Chienne à terre, sonnée. Il en profita pour se jeter sur elle et la ruer de coups. Heureusement, c’était quelqu’un de très entraînée, elle parvint à se protéger, évitant de subir tous les coups. Il allait se fatiguer, même si c’était difficile à tout encaisser, il fallait le laisser se déchainer et contre-attaquer au bon moment. Elle ne parvint pas, cependant, à bloquer la totalité des coups, elle préférait éviter de se prendre les plus dangereux.

"Toi arrête !" lança-t-il, en colère, stoppant ainsi son attaque " Sors de ma tête !"

Il lâcha la Chienne qui en profita pour récupérer un peu et analyser la situation. C’était familier, ça lui rappelait quelque chose. Dans ce brouillard dense, son esprit essayait de recoller les morceaux. Pendant ce temps, Meyer se tenait la tête, comme s’il luttait avec quelque chose, quelqu’un.  Doucement, encore sonnée, la Chienne se redressa. Le sang perlait sur le sol, elle avait mal mais arrivait parfaitement à passer outre la douleur. Elle avait connu pire, bien pire. Des années de tortures pour s’habituer à la douleur. Alors ça, c’était des piqûres de moustiques, à côté. Cependant, elle était acculée. Et plus on acculait la Chienne, plus elle était prête à exploser. Elle ne s’attendait pas à devoir combattre un Meyer plus fort. Pourtant elle le savait, elle savait que Meyer se battait mieux que Constantine. Elle allait se montrer plus prudente à présent. Plus agressive.

" Ferme ta gueule ! FERME-LA" hurla-t-il, en pétard.

Il se laissa tomber à genoux devant la Chienne. Il l’attrapa par le col de sa robe et la souleva, visiblement prêt à la frapper encore. Il se leva entièrement, les pieds de la Chienne ne touchaient plus le sol. On pouvait le lire dans le regard de Meyer, on pouvait lire sa détermination à vouloir tuer. Parfait, alors si c’était comme ça… Elle dévia le coup avec son bras avant de coller un puissant coup de pied sous le menton de Meyer. La Chienne était très souple, c’était difficile de la coincer, elle pouvait se contorsionner pour se libérer facilement. Elle enchaîna aussitôt avec deux coups de pieds au niveau de la nuque avant de frapper sur l’articulation du coude avec son poing. Meyer lâcha prise. Mais Sofia toucha à peine le sol avec ses pieds qu’elle fut projeté en arrière, subissant de plein fouet un coup de genoux puissant. Elle décolla littéralement du sol pour s’écraser plus loin. Meyer voulut en profiter pour se jeter à nouveau sur elle, mais cette fois-ci, elle parvint à se dégager à temps et à se relever.  

Il fallait contre-attaquer maintenant. Rageuse, la colère au summum, elle bondit sur Meyer pour grimper sur lui et frapper à plusieurs reprises au niveau du visage. Véritable furie, elle poussait de puissants grognements, comme pour extérioriser le surplus de colère.  Agile, elle grimpa sur les épaules de son adversaire pour bondir dans son dos et le frapper au niveau des reins avec son genou. Plus elle frappait, plus elle subissait de coups et plus elle se montrait violente, rapide. Elle cognait toujours de plus en plus fort, jusqu’à atteindre un niveau de rage élevé. Meyer parvint à se dégager de sa mauvaise position et frappa violemment la Chienne avec son avant-bras. Elle parvint à se protéger à temps puis glissa agilement sur le sable pour se placer sur le côté.  Elle enchaîna aussitôt avec un puissant coup de talon retourné au niveau du ventre. Malgré la puissance et la vitesse du coup, elle se heurta aux bras de Meyer qui put parer. Ils échangèrent à nouveau une pluie de coups. Sofia parvint à bloquer le bras de Meyer sous le sien, mais la différence de force entre les deux était trop importante. Elle n’allait pas pouvoir le tenir longtemps, alors elle préféra mordre violemment dans la chair, dans l’unique but de faire mal et d’handicaper un maximum ses prochains mouvements.

… Doucement, c’est Meyer ! Il ne faut pas trop l’abimer.

Elle recula, la respiration haletante. Même si elle était endurante, l’intensité de ce combat était si grande que ça en devenait épuisant. La Chienne le fixa, venant essuyer le sang qui coulait le long de son menton avec le revers de sa manche. Dans cet océan de rage et de colère, persistait une petite leur de lucidité. Une lueur à laquelle elle essayait, maintenant, de se raccrocher. Et puis, au loin, elle entendit une petite voix crier. C’était Jana qui n’osait pas approcher… Avait-elle peur ?  En même temps, difficile de croire plus longtemps que c’était un jeu, tout ça, quand on voyait ce combat.


" Meyer, Sofia ! J’veux plus jouer … ! Je veux rentrer ! "

Elle avait entendu.  La Chienne avait parfaitement entendu mais elle ne pouvait pas tourner le dos à Meyer. Il avait toujours ce regard qui en disait long, il voulait toujours tuer. Elle se remit en position de combat mais cette fois, le brouillard se dissipa légèrement. Elle revint, petit à petit, repêchée par cette petite voix apeurée.

"J’bougerai pas d’ici, Meyer. Si tu veux me tuer pour passer, j’t’attends. Mais cette-fois tu devras pas m’louper comme dans la forêt. " annonçai-je, déterminée.

Il fallait en terminer maintenant, il fallait essayer de préserver Jana, sauver ce qui était possible de sauver. J’eus du mal à me contrôler, à ne pas perdre de vu cet objectif là… Sans ce foutu collier je pouvais céder à tout moment à nouveau, je devais profiter de cet instant pour faire comprendre à Meyer qu’il ne pouvait pas gagner. Et je savais aussi que là, quelque part, Constantine se battait aussi pour reprendre le contrôle de la situation. Cette fois-ci, Meyer ne pouvait pas gagner comme il l’avait fait dans la forêt.  


"Vient, si tu veux encore une fois tout gâcher. L’un de nous deux va mourir. Si c’est ça, c’que tu veux… Parfait. Tu vas encore tout gâcher."

J’ignorai combien de temps je pouvais tenir avant de céder à nouveau, la suite allait être déterminante, s’il attaquait, rien n’allait me retenir. Un mot de travers et je pouvais attaquer. Tout reposait sur lui maintenant. De mon coté, j’étais prête à en découdre. Je n’allais pas le laisser gagner, c’était impossible. Pour Constantine, je ne devais pas donner raison à Meyer.
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Constantine Meyer
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Et les ennuis continuent... EmptyMer 21 Nov - 23:38
Constantine Meyer
Mais elle dévia mon poing avec son bras et contre-attaqua par un coup de pied sous le menton. La douleur m’envoya en arrière mais je ne desserrai pas les doigts de sa robe. Je voulus la ramener vers moi. Toutefois, elle continua dans sa lancée, m’atteignit à la nuque et dans l’articulation du coude, me faisant, cette fois, lâcher prise. Si elle croyait qu’elle allait s’en sortir comme ça… Je lui répondis par un coup de genou bien dosé qui la projeta à deux mètres. Je me précipitai, elle se releva. Je pris à peine le temps de respirer ou de retrouver une position équilibrée. A vrai dire, je m’en fichais d’en prendre plein la gueule. Comme Sofia n’avait pas son collier, j’ignorais totalement si elle avait envie de me tuer ou simplement de me neutraliser. Pensait-elle à Constantine ou seulement à Meyer ? Ou aux deux ? Non, impossible. Elle ne m’aimait pas.
Poussant des grognements de colère, elle bondit sur moi, grimpa sur mes épaules et se retrouva dans mon dos. Elle frappa au niveau des reins avec son genou. Bordel, ça faisait vachement mal ! Mais je n’arrivais pas à l’attraper ! Je finis par me pencher en avant, réussissant enfin à la frapper avec l’avant bras. Elle se protégea, s’aplatit dans le sable et envoya le talon vers mon ventre. Je bloquai, enchaînai. Les coups plurent encore. Je n’avais plus de notion du temps, je ne savais même plus quel jour on était, ni si c’était le matin ou l’après-midi. Tout ce qui importait se passait ici, sur cette plage, et rien d’autre.
Je fatiguais, je le sentais. Sofia avait l’habitude de se battre, pas moi. Mais je n’allais pas abandonner. Parce que… parce que j’adorais ça, me battre. Et je réalisai peu à peu que, même si j’étais en train de taper sur Sofia et non sur un ennemi, même si je risquais de faire une grosse bêtise, je… je me sentais bien. Cet affrontement, peut-être que je le voulais, en fait. Peut-être que j’en avais besoin. Peut-être que je ne souhaitais pas la tuer, juste me défouler. Parce qu’elle était là et qu’elle était la seule personne qui pouvait m’arrêter.


« Qu’est-ce que tu racontes ? Elle t’a pas arrêté la dernière fois, t’as failli la tuer ! »

Elle était trop faible ! Et je la haïssais. Je répugnais son existence parce qu’elle perturbait trop la tienne, je refusais de l’accepter dans notre vie parce que, pour moi, elle n’était qu’une esclave, une bonne à rien, une petite chose remplaçable. Mais ça avait changé. J’avais changé. J’en demeurais certain. Si j’étais resté le même, je l’aurais déjà supprimée depuis longtemps. Je t’aurais laissé te faire maraver par Bear, et Kenichi aurait gardé Sofia pour lui. Il n’y aurait pas eu le week-end aux sources chaudes, les bons moments passés à l’arène, l’adoption de Jana… J’avais eu assez de bon sens, d’humanité, pour être à deux doigts de devenir le Meyer que Sofia voulait.

« Mais t’as encore merdé ! Et tu merdes encore maintenant ! »

Oui, je faisais une belle connerie. Tout ça à cause d’un pauvre con qui nous emmerdait parce que nous prenions mieux soin de sa fille que lui. Il m’en fallait peu. A chaque fois. Il suffisait de rien. Voilà pourquoi Constantine était dangereux à cause de moi, pourquoi Sofia avait tellement raison de vouloir protéger Jana du monstre que j’étais. Elle en enlevait même son collier pour être certaine de me vaincre. Alors, même quand la jeune femme me mordit encore au bras, je ne pus m’empêcher de sourire. J’avais une drôle de sensation au ventre. De l’excitation. J’étais content. C’était carrément bizarre mais je le ressentais vraiment.

« T’es complètement timbré ma parole... »

Ouais j’suis timbré ! Rien à branler ! La demoiselle et moi échangeâmes encore quelques coups.

- Meyer, Sofia ! appelait Jana au loin. J’veux plus jouer ! Je veux rentrer !

Mais qu’est-ce qu’elle racontait celle-là ? On ne jouait pas du tout… Sofia avait dû lui raconter n’importe quoi… Elle se remit en position face à moi. Je pensais qu’elle allait encore attaquer mais elle ouvrit la bouche.

- J’bougerai pas d’ici, Meyer. Si tu veux me tuer pour passer, j’t’attends. Mais cette-fois, tu devras pas m’louper comme dans la forêt.

Un frisson me parcourut tout entier, l’excitation s’envola direct. Ce soir-là, j’étais entré dans une telle colère que je n’étais plus arrivé à me contrôler. Comme aujourd’hui. Comme à chaque fois.

- Viens, si tu veux encore une fois tout gâcher.

Tout gâcher… Je reculai d’un pas.

- L’un de nous deux va mourir.

Mourir… Je me pris la tête dans les mains.

- Si c’est ça, c’que tu veux… Parfait. Tu vas encore tout gâcher.
- A… arrête…
fis-je en fermant les yeux.

Ses mots m’atteignaient comme des missiles en plein cœur. Sa voix, ce ton si… menaçant, cet air si déçu. Non, je ne voulais plus tout gâcher, je ne voulais pas mourir et je ne voulais pas tuer Sofia. Qu’est-ce que j’étais en train de faire ? La respiration haletante, je reculai encore, rouvris les yeux, regardai la jeune femme qui restait plantée dans le sable, prête à en découdre. Je n’osais pas l’avouer, ce combat m’avait fait du bien. Il m’avait fait du bien en faisant du mal à Sofia et Jana. Je n’étais qu’un pauvre abruti, un putain de monstre ingérable ! Il fallait toujours que je foute tout en l’air, je ne pouvais pas m’en empêcher !


« A quoi bon te prévenir... »

Je voulais continuer avec elle… et avec Jana. La pauvre gamine n’avait rien demandé, elle voyait en Constantine la figure du père idéal, se sentait bien à la maison, progressait grâce à son aide, à celle de Sofia, Yoshikazu, Lyne… Et moi, je lui gâchais tout ça. Elle ne le méritait pas. Sofia non plus. C’était de ma faute, tout était encore de ma faute. Encore une fois, je décevais la femme que j’aimais.

« Donc tu l’aimes toujours. »

Bien sûr que oui ! La colère me faisait dire, penser et faire n’importe quoi… Mais au fond de moi, j’éprouvais encore quelque chose de positif pour elle. Quelque chose me poussait à m'accrocher. C’était ma Sofia, celle qui m’avait changé et avait cru en moi malgré tout. Non… plus maintenant. J’étais allé trop loin. Pour elle, je gâcherais tout si je continuais à me battre contre elle. C’était des mensonges. J’avais tout gâché quand même. Elle ne croirait plus du tout en moi, même si j’étais Meyer et pas Leiche, même si je tentais tout pour la récupérer. C’était fini. Je devais rester à ma place, essayer de disparaître pour de bon, ne plus m’immiscer dans leurs vies à tous. En étais-je seulement capable ? Je faisais partie de Constantine. Et je voulais continuer de voir le visage de Sofia. Juste son visage, la joie qu’elle exprimait en la présence de mon hôte. Je devais m’en contenter, sacrifier mon amour pour elle pour le bien de tout le monde.
Ça faisait mal, tellement mal... Comme si je venais de la tuer pour de vrai. C’était du pareil au même. Elle ne me serait plus accessible. Plus jamais… Bouleversé, je me laissai tomber à genoux, les poings serrés dans le sable devant moi.


- Meyer !

Jana courait vers nous, pâle comme un linge, le collier de Sofia serré contre elle.

« Ne lui fais pas de mal ! »

Je n’allais rien faire du tout… C’était fini. La petite fille s’arrêta près de la jeune femme et me regarda, les yeux embués de larmes et les joues rouges. Elle s’approchèrent ensemble, je baissai la tête, honteux. Derrière moi, les vagues roulaient sur le bord de la plage, doucement, dans un remous paisible bien différent de la situation actuelle.
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Sofia Ashley
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Et les ennuis continuent... EmptyJeu 22 Nov - 1:08
Sofia Ashley
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"..."
Et les ennuis continuent...

Quelque part au fond de moi j'entendais la Chienne-louve hurler, grogner. Quelque part, je voulais continuer ce combat, je voulais être certaine que je pouvais gagner face à Meyer. Je voulais être certaine que j'étais celle qui pouvait l'arrêter comme je l'avais promis. Mes yeux ne le lâchèrent pas une seule seconde. J'ignorai si mes mots allaient l'attendre. Enfin... Si, mais je ne savais pas comment. Je le vis reculer doucement, baisser sa garde. J'aurais pu en profiter déjà pour le mettre à terre, dans ma tête je venais déjà d'établir plusieurs façon de l'attaquer juste car il venait de faire un pas en arrière. Je restai une combattante née, après tout, voir un seul moment de faiblesse, une fraction de seconde, ça me suffisait, je pouvais en tirer profit, je pouvais saisit ces occasions là pour retourner totalement un combat. J'avais fait pareil avec l'hybride qui avait tué Roy. Même s'il était plus fort que moi, j'avais simplement tiré profit du terrain, de mes analyses, d'une erreur de sa part.

Meyer prit ensuite sa tête entre ses mains, il avait l'air tiraillé. Mais pour le moment, c'était encore impossible de déterminer sa réaction. Il pouvait exploser de colère, encore et se jeter sur moi pour passer ses nerfs. Hors de question de baisser ma garde. J'allais gagner ce combat et j'en avais rien à foutre du reste. Les enjeux étaient trop important. J'avais promis à Meyer de l'aider, lui aussi. Je lui avais promis de faire les efforts avec lui, ensemble. J'avais promis à Roy de veiller sur Constantine. Et j'avais promis à ce dernier de toujours être présente pour lui. S'il pensait que j'étais comme celle de la forêt, il se fourrait le doigt dans l’œil profond jusqu'au cul. Là, j'étais prête, déterminée.


" A… arrête…" Fit-il en fermant les yeux.

Surement pas ! Je ne bougeai pas d'un centimètre. Mais maintenant, une chose était sûre, mes mots l'avaient réellement percuté. Je ne savais pas que j'avais de l'impact sur lui, même quand il était dans cet état, c'était bizarre. Le connaissant, je pensais vraiment qu'il allait m'attaquer. Il finit par rouvrir les yeux, la respiration haletante. Là aussi, j’avais dix mille occasions de le mettre à terre. C'était tellement tentant que j'en tremblai t'excitation. Je devais lutter de toutes mes forces pour ne pas céder à la tentation. Ca me démangeait même. Si ce n'était pas mon homme en face, j'aurais probablement craqué depuis longtemps déjà. Mais à force de le regarder, de l'avoir sous les yeux, j'arrivais à me contrôler. L'amour c'était vraiment un truc de malade quand même. Je parlais bien d'amour, oui, même si j'avais Meyer en face de moi. Ca aussi ça lui était sorti de la tête à cet idiot. J'aimais Constantine pour ce qu'il était lui, lui et entièrement lui. Alors si ça impliquait d'aimer Meyer...

Et pourtant, même si ça pouvait paraître dingue, j'étais prête à lui pardonner. Oui, même si je lui avais dit qu'il n'avait plus droit à l'erreur... Mais après tout, qui étais-je pour parler de ça ? Des erreurs, moi, dans ma vie, j'en avais tellement commises... Et pourtant, j'étais toujours là, vivante, bien entourée. Aimée, même. J'étais la mieux placée pour comprendre Constantine et Meyer. Le combat était terminé. Doucement, je baissai mes mains avant de regarder derrière moi. Je voyais Jana sortir de sa cachette. Et je ne pus m'empêcher de sourire en la voyant courir vers nous. Je venais de réaliser une chose. Je tenais à elle, finalement. Inutile de vouloir me voiler la face plus longtemps. J'aimais cette gamine car elle pouvait nous apporter tellement de bonheur. Peut-être que tout ça c'était un mal pour un bien.


"Meyer !" cria-t-elle une fois à portée de voix.

Mon collier bien serrée contre elle. Quelle brave petite. Lorsqu'elle arriva, je m'accroupis devant elle en lui demandant de me remettre le collier rapidement. Je dus faire un effort quasi insurmontable pour ne pas me montrer violente envers elle, ou plutôt menaçante. Une fois le collier à nouveau en place, je me sentis plus détendue. Je la pris dans mes bras en la félicitant, chuchotant doucement à son oreille...


"T'as été parfaite. Tu dois pas avoir peur, d'accord ? On a pu battre le méchant dragon."

Elle hocha doucement la tête et me suivis lorsque je m'approchai de Meyer. J'ignorai d'ailleurs si c'était lui ou si Constantine était revenu. Doucement j'approchai ma main de son visage mais il ne réagit pas du tout. Il semblait couvert de honte. Il y avait de quoi, mais s'il était lui même conscient de la portée de ses actes, c'était largement suffisant à mes yeux. Je devais lui parler, seul à seul. C'était un peu cruel de demander à Jana de me laisser avec lui un instant alors qu'elle se faisait du souci, mais elle ne devait pas entendre cette conversation. Alors... Je devais d'abord la rassurer elle, lui faire comprendre que tout allait bien maintenant. Je m'accroupis à nouveau à sa hauteur pour la regarder.

"Il va bien, tu vois ? J'ai besoin de le soigner maintenant"

"Tu sais faire ça aussi ?" Demanda-t-elle.

J'hochai la tête une seule fois. J'avais toujours de quoi soigner dans ma petite sacoche, depuis que j'avais appris avec Anticias. Yoshi' me ramener du matériel quand je lui demandais, au travail.


"Je te promets qu'on viendra tout de suite quand on aura fini. En attendant, tu peux aller récupérer mes affaires ?"

Obéissante, elle hocha doucement la tête et nous laissa seul un instant. Je récupérai de quoi nous soigner, dans ma sacoche. Il fallait nettoyer les plaies et faire des bandages là où j'avais mordu.

"J't'en veux pas. J'm'en fiche même."

Je nettoyai doucement ses blessures avec une compresse imbibée de désinfectant. Il tressaillit légèrement, ça piquait un peu.

"Ca devait bien arriver de toute façon. Constantine a pris une décision, c'est la sienne et il faut faire avec. On savait pas faire, nous."

J'appuyai la compresse contre la blessure avant d'appliquer le bandage. Je serrai légèrement pour éviter que ça saigne.

"J'sais c'que t'es en train de te dire là. Que c'est foutu maint'nant, que t'auras plus jamais l'occasion de me voir. Que t'es quelqu'un de mauvais, que tu fous toujours la merde. "

Je nettoyai son visage, toujours avec délicatesse. Je ne me souciai même pas de mes propres blessures, je voulais juste le rassurer lui car je savais parfaitement ce qu'il ressentait en ce moment.

"J't'ai pas oublié, Meyer. J'voulais même te dire que j'étais fière de voir les efforts que tu faisais. Je l'ai vu. Constantine va mieux. Il va de mieux en mieux. T'as juste perdu patience à cause des soucis qu'on avait en ce moment, du harcèlement avec ce con. Je comprends que t'as perdu patience à cause de tout ça. Je comprends."

J'avais beau essayer de pas y penser, mais j'avais de plus en plus mal partout. L'adrénaline étant passé, je sentais maintenant le contre-coup de notre combat. Heureusement, je n'avais pas de plaies ouvertes. Juste des contusions, des bleues. Je pinçai doucement son menton avec mon pouce et mon indexe pour lui faire relever la tête. Pour qu'il puisse me regarder.

"On va continuer à faire les efforts, toi et moi. J'te laisserai jamais tomber."

J'approchai lentement mon visage du sien, fermant les yeux. Je déposai mes lèvres au coin des siennes avant de ranger mon matériel - ou ce qu'il en restait - dans ma sacoche. J'avais commis une erreur, avec Meyer. Je voulais faire en sorte de pouvoir le contrôler, avec des menaces à peine voilée. Il fallait juste le gérer. Si on ne pouvait pas changer sa nature, c'était trop risqué de chercher à le brider. On ne faisait qu’amplifier sa colère.
Humain - Neutre
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Constantine Meyer
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Et les ennuis continuent... EmptyJeu 22 Nov - 12:31
Constantine Meyer
Quand Sofia ne fut plus qu’à un pas et s’agenouilla devant moi, je fermai les yeux, incapable de la regarder. Quand je sentis sa main fraîche sur ma joue, je ne bougeai pas d’un cheveu, trop craintif à l’idée de l’effrayer si je faisais le moindre geste.

- Il va bien, tu vois ? dit-elle à Jana.

Pas tellement non…


- J'ai besoin de le soigner maintenant.

Me soigner ? Elle était sérieuse ? Pourquoi pas tout me pardonner faire comme s’il ne s’était rien passé, tant qu’elle y est ?

- Tu sais faire ça aussi ? s’enquit la petite fille surprise.

Je gardais les yeux fermés mais j’imaginai Sofia répondre d’un hochement de tête.


- Je te promets qu'on viendra tout de suite quand on aura fini. En attendant, tu peux aller récupérer mes affaires ?

Les pas de Jana s’éloignèrent. J’ouvris lentement les yeux, gardai le regard rivé sur le sable. Pendant ce temps, Sofia semblait fouiller dans sa sacoche.

- J't'en veux pas. J'm'en fiche même.

Mon cœur se serra. Et voilà, elle essayait encore de me rassurer alors que derrière ses mots, elle rageait contre moi et n’attendait plus que ma disparition pour retrouver Constantine. Doucement, elle commença à nettoyer mes blessures. Je la laissai faire, incapable de bouger un doigt. Au contact du désinfectant sur mon bras, je tressaillis mais restai silencieux.

- Ça devait bien arriver de toute façon.

Oui… mais non ! On aurait pu l’éviter, si j’avais été moins con.

- Constantine a pris une décision, c'est la sienne et il faut faire avec. On savait pas faire, nous.

Et maintenant elle nous comparait. Je n’étais pas comme elle, elle n’était pas comme moi. Elle avait un tas de raisons d’être ce qu’elle était, en bon ou en mauvais. Moi, je n’étais rien de plus qu’un amas de sentiments négatifs qui, combinés ensemble à trop forte dose, donnaient pour résultat une simple et cruelle envie de massacrer la première personne qui osait s’y opposer. C’était peine perdue, jamais je n’arriverais à rattraper le mal que j’avais fait aujourd’hui. Non seulement je m’en étais pris encore une fois à Sofia, mais également à une petite fille innocente.

- J'sais c'que t'es en train de te dire là, poursuivit Sofia en enroulant mon bras dans du bandage. Que c'est foutu maint'nant, que t'auras plus jamais l'occasion de me voir. Que t'es quelqu'un de mauvais, que tu fous toujours la merde.

Bien vu. En même temps, c’était évident. Toujours avec beaucoup d’attention, Sofia me nettoya le visage. L’adrénaline retombant doucement, je ressentais peu à peu des picotements partout sur le corps. Apparemment, j’avais l’arcade sourcilière ouverte et des traces de griffures. Même si Sofia avait enlevé ses gants, je n’avais pas évité ses ongles.

- J't'ai pas oublié, Meyer, dit-elle toujours de ce ton rassurant. J'voulais même te dire que j'étais fière de voir les efforts que tu faisais.

Oh merde…

- Je l'ai vu.

Non, non… ça n’allait pas du tout !

- Constantine va mieux. Il va de mieux en mieux. T'as juste perdu patience à cause des soucis qu'on avait en ce moment, du harcèlement avec ce con. Je comprends que t'as perdu patience à cause de tout ça. Je comprends.

Non, ce n’était pas compréhensible, Sofia ! J’étais justement complètement fou et il n’y avait rien à comprendre là-dedans ! Perturbé, je sentis mes mains trembler. Je serrai les poings plus fort, baissai encore plus la tête en refermant les yeux, de peur laisser encore la colère me submerger. Pourtant, je ne me défendis pas quand elle me força à relever le menton. Mon regard s’attarda d’abord sur son collier qui avait repris place autour de son cou, puis sur le bandeau noir cachant ses yeux. J’étais presque content de ne pas les voir cette fois. J’avais trop peur d’y lire la déception.

- On va continuer à faire les efforts, toi et moi. J'te laisserai jamais tomber, déclara Sofia sûre d’elle.

Là, elle approcha son visage et déposa un léger baiser au coin de mes lèvres. Je ne voulais pas mais ce fut si rapide que je n’eus pas le temps de reculer. Conséquemment, j’eus droit à une belle augmentation de mon rythme cardiaque mais les tremblements dans mes mains cessèrent d’un coup. Tandis qu’elle rangeait les affaires dans sa sacoche, je restai immobile et silencieux. Du sang tachait encore un peu les jointures de mes mains, et mon bras droit à présent bandé était marqué des crocs de Sofia. Je l’avais mérité, cette blessure-là. Comme tous les coups qu’elle put me porter durant l’affrontement. Par contre, elle, ne méritait pas du tout les bleus et contusions qui allaient bientôt apparaître sur son corps, ni l’entaille qu’elle portait au coin de la lèvre. Comment pouvait-elle me comprendre ?


« T’as vraiment de la chance, » fit remarquer Constantine partagé entre l’étonnement, la tristesse, l’espoir et l’amertume.

Bizarrement, il ne demandait pas à revenir. Il voulait sûrement que je m’excuse…


- Tiens Sofia, dit Jana qui était revenue avec les affaires de la jeune femme.

Cette dernière la remercia. Était-ce mon imagination ou avait-elle l’air plus avenante avec la gamine ? Voulait-elle paraître aimable juste aujourd’hui ou avait-elle réellement décidé de l’accepter ?


« On le verra bien assez tôt. »

Oui. Pour le moment…

- Jana.

Malgré le bruit des vagues et le son très bas de ma voix, abîmée à force d’avoir crié, la petite fille se tourna vers moi. Je tendis la main, elle la prit timidement en s’approchant.

- J… j’t’ai pas fait mal ? demandai-je en regardant le bras par lequel je l’avais violemment saisie tout à l’heure.

Elle fit non de la tête. J’espérais qu’elle ne garderait pas de marque, sinon l’assistante sociale aurait de gros doutes sur cette fameuse instabilité que Constantine avait nié devant elle. Mais la petite était chaudement habillée. Si ça se trouvait, l’épaisseur de ses vêtements et de son manteau avaient empêché le pire. Toujours aussi troublé, je tentai encore de communiquer avec elle pour qu’elle voit que tout allait bien… ou presque.


- T… t’as fait un château de sable ?
- Oui.
- Tu me montres ?


Apparemment contente, elle m’offrit un joli sourire et acquiesça, avant de se précipiter vers l’endroit où elle jouait quelques minutes auparavant. Je me mis debout, titubant un peu après être resté aussi longtemps sur les genoux avec les jambes pliées. Sofia s’était rééquipée et semblait me surveiller. J’eus un instant d’hésitation, levai doucement la main pour essuyer le sang qui perlait encore au coin de sa lèvre. Un silence, un long silence s’abattit entre nous. Non, je n’y arrivais pas. Aucun mot ne voulait sortir.

- Vous venez ? lança Jana de sa petite voix fluette.

Nous la rejoignîmes et elle nous montra son œuvre, expliquant en détails ce qu’elle avait modelé et ce que ça représentait.


- Et là, c’est votre chambre tout en haut de la tour, et moi c’est celle dans la tour à côté.

Ça ressemblait surtout à des gros tas difformes mais si elle voyait des tours, je n’allais pas la contredire.

- Et là c’est le jardin mais t’as marché dessus.

Ah.

- Mais c’est pas grave, je vais le refaire parce que je suis la jardinière.

Je fronçai les sourcils.

- T’es pas la princesse ?

Elle réfléchit.

- Si mais je suis une princesse qui sait aussi jardiner.

Je regardai Sofia, crus la voir sourire un instant sans en être tellement sûr. Jana ajouta que, pour faire un beau jardin, il fallait le décorer avec des coquillages. Alors elle demanda à Sofia de l’aider à en trouver, et moi, je devais « surveiller le château parce que j’étais le gardien. » Je restai assis à côté dudit château pendant que les filles s’affairaient à leur tâche, chacune à quatre pattes dans le sable.

« J’te laisse jusqu’à ce soir. »

… Quoi ?

« Tu peux rester jusqu’à ce soir. »

Et si je n’avais pas envie de rester ?

« Bien sûr que t’en as envie, arrête un peu. »

- Ich bin müde...
murmurai-je en ramenant mes genoux vers moi pour les entourer avec les bras.

C’était surtout mental mais il le savait déjà. Lui aussi paraissait épuisé. Peut-être me laissait-il encore libre parce qu’il ne se sentait pas assez fort pour revenir. C’était même fort probable. J’enfouis le visage dans mes bras. « J’te laisserai jamais tomber » disait Sofia. Jusqu’à quand ? La prochaine crise ? Non, il ne devait plus y en avoir. Pourtant… « S’il te plaît… J’aimerais que tu t’en ailles. J’me sens pas prête. » C’était ses mots aux sources chaudes. Des mots qui m’avaient vraiment blessé alors que je venais de lui avouer mon amour pour elle. A ce moment-là, je m’étais dit que je n’abandonnerais pas, que ce n’était pas à elle de faire des efforts, que je devais surmonter tout ça seul et lui prouver que je pouvais devenir le Meyer qu’elle méritait. Parce que je l’aimais. Néanmoins, à quoi ça rimait ? Le moindre écart et je m’en prenais directement à elle comme si je lui en voulais pour absolument tout. Verbalement, passe encore. Enfin… Ce n’était quand même pas terrible. Mais il ne s’agissait pas seulement de paroles violentes. Les gestes allaient avec. Et c’était mal, très mal. Comment appelait-on ça déjà ? De la violence conjugale, non ? Un sale type, voilà ce que j’étais. Non, un sale type complètement cinglé.
Humaine - Asservie
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Sofia Ashley
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Et les ennuis continuent... EmptyVen 23 Nov - 0:44
Sofia Ashley
ft. Sofia & Meyer/Constantine
"..."
Et les ennuis continuent...

Il m'écouta du début à la fin sans me couper, sans bouger le moindre muscle. Il s'était visiblement calmé mais je restai tout de même méfiante. Je voulais pas lui montrer que je me méfiais encore de lui, je savais dans quel état il se trouvait maintenant. Inutile d'en rajouter une couche.

"Tiens Sofia" Fit Jana.

Oh, je l'avais même pas vu revenir. Elle avait toutes mes affaires calées dans ses petits bras. Je récupérai le tout en la remerciant. Je pouvais à nouveau m'équiper. Je fixai mon étui avec mes kunai au niveau de ma cuisse avant de remettre mes bas et mes cuissardes. Le brassard retrouva lui aussi sa place, tout comme les gants. Je me sentais bien mieux comme ça. Bon, maintenant que la situation était plus ou moins rentrée dans l'ordre... Qu'allions nous faire ? Je zieutai la gamine pour jauger son état. Elle ne devait pas se poser plus de questions que ça... Après tout elle avait l'habitude de me voir combattre avec Constantine, même si c'était des entraînements.  


" Jana." Appela Meyer.

Il tendit la main vers la petite qui se tourna vers lui. J'observai, silencieuse, prête à intervenir, juste au cas où. Bon, c'était aussi un bon moyen de voir si elle avait peur de lui maintenant, ou non. J'étais soulagée de la voir prendre la main de Meyer pour s'approcher timidement.


"J… j’t’ai pas fait mal ?" Demanda-t-il, inquiet.

Elle fit non de la tête, elle semblait un peu secouée. Il fallait trouver un moyen de la rassurer. Meyer s'en chargea rapidement, comme quoi...


"T… t’as fait un château de sable ?"
"Oui."

Sa réponse semblait un peu distante, mais c'était peut-être juste mon imagination...

"Tu me montres ?"

C'était juste une impression, oui. Jana lui offrit un beau sourire et hocha la tête. Elle lâcha la main de Meyer puis se précipita vers l'endroit où elle jouait. Meyer, quant à lui, se remit débout en titubant légèrement. Je l'aidai à se stabiliser. Il leva ensuite la main vers moi. Je laissai faire, aucun mouvement de recule. Je devais lui faire confiance. Il se contenta d'essuyer une goutte de sang qui parlait au coin de mes lèvres. S'en suivit un long silence entre lui et moi. Je savais qu'il voulait me dire quelque chose et je savais ce qu'il voulait me le dire. Il n'avait pas besoin de se forcer s'il n'arrivait pas. Il allait trouver les mots, plus tard, je lui faisais confiance pour ça.

"Vous venez ?" Lança Jana, au loin.

Nous la rejoignîmes ensemble. Là, toute fière, elle nous montra son château. C'était quoi cette merde ? C'était juste des gros pâtés dégueulasses... Les gosses, ils avaient vraiment une sacrée imagination. parfaitement neutre et stoïque, je préférai ne rien dire et la laisser dans son délire.


"Et là, c’est votre chambre tout en haut de la tour, et moi c’est celle dans la tour à côté." Annonça-t-elle, toute contente.

Je regardai le tas de sable qu'elle désignait pour essayer de comprendre ce qu'elle racontait.


"Et là c’est le jardin mais t’as marché dessus."

J'étouffai un rire, en voyant la petite mine de Jana, d'un air de "bah, c'était pas grave!".

"Mais c’est pas grave, je vais le refaire parce que je suis la jardinière." Dit-elle comme pour essayer de rassurer Meyer.

Il avait l'air bien malin à avoir marché sur un si beau jardin... Il fronça doucement les sourcils.


"T’es pas la princesse ?"

Il se prêtait drôlement bien au jeu. Même lui en était capable. Il n'y avait pas que du mauvais en lui. Jana, de son coté, semblait réfléchir.

"Si mais je suis une princesse qui sait aussi jardiner."

Amusée devant autant d'innocence et de simplicité, j'eus du mal à contenir mon sourire. La petite ajouta qu'elle avait besoin de coquillages pour décorer son jardin. On en avait plein ici, des coquillages, on avait qu'à se baisser pour en ramasser. Elle se tourna vers moi pour demander mon aide. J'hochai la tête une fois, acceptant moi aussi de me prêter au jeu. Meyer, lui, devait surveiller les pâtés de sable... enfin, le château. Jana venait de décider que c'était lui le gardien, maintenant. Nous nous éloignâmes pour aller ramasser des coquillages. Il y en avait un tas, des différents avec plusieurs formes.

"Sofia c'est quoi celui la ?"

Elle me montra un coquillage en forme de cône.

"C'est un coquillage." répondis-je simplement.

Puis elle me montra un autre en forme plus plate.


"Et celui la.... ?"

"C'est un coquillage, aussi."

Elle me fixa un instant, l'air blasée. Bah quoi ?

"Mais...Sofia, je le sais ça. Mais ils sont pas tous pareil !"

Mh... J'en savais rien moi. Elle avait raison, mais je connaissais pas le nom de chacun.

"Demande à Meyer, il doit savoir lui."

Voila, il avait qu'à se débrouiller maintenant. Après avoir rassemblé plein de coquillages, nous retournâmes prêt du château où nous attendait toujours Meyer. Il semblait épuisé. Je laissai Jana construire son jardin pour aller me mettre à coté de lui, assise moi aussi dans le sable. Je posai doucement une main sur son épaule pour essayer de capter son attention. A vrai dire, je savais pas trop quoi ajouter, moi. Est-ce que je devais le laisser tranquille, un peu ? Ou alors je devais lui montrer que j'étais là, présente et que je ne lui en voulais pas ? La dernière fois que Meyer et moi étions ensemble, c'était aux sources chaudes et ça ne s'était pas très bien terminé.  

"Elle m'a demandé comme ça s'appelait, ces trucs... Pour moi c'est des coquillages."

Je glissai un petit regard dans sa direction, affichant un doux sourire aux lèvres. Je m'en fichais pas mal de cette histoire de coquillages, mais parler de banalité avec lui allait peut être l'aider à se décoincer un peu. Si je n'évoquais pas ce qui venait de se passer, ça allait être plus facile pour lui de me parler plus tard. Alors oui... Des banalités de la vie. Et puis merde... Pourquoi ne pas simplement... ?

"Meyer... Maint'nant qu't'es là. Autant en profiter pour te demander. Tu veux pas qu'on fasse un truc, toi et moi ? Tu sais que j'étais jamais dans un vrai restaurant ? J'veux dire... Comme ceux qu'on voit dans les films là... Genre un peu classe."

Je savais pas du tout si le moment était bien choisi pour ça. Mais au moins, là, je m'adressai directement à lui, c'était directement à Meyer que je proposai une nouvelle sortie, je passais pas par Constantine, cette fois.

"T'imagine, nous deux... Dans un truc chic ? J'étouffai un petit rire en le regardant Ca nous va tellement pas.. Si t'as une autre idée tu peux me la dire, hein ?"

Je regardai Jana qui semblait réclamer de l'aide pour terminer la décoration de son jardin. Elle posa des coquillages devant nous. J'en récupérai un que je mis dans la main de Meyer. Puis un autre que je plaçai moi même à coté de ceux que Jana avait posé. Toute contente, elle s'émerveilla devant son œuvre.
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Constantine Meyer
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Et les ennuis continuent... EmptyVen 23 Nov - 12:27
Constantine Meyer
Plus loin, j’entendis Sofia et Jana échanger quelques mots. La petite fille ne cessait de lui demander si tous les coquillages qu’elle ramassait étaient vraiment des coquillages. A ce train-là, nous serions encore ici cette nuit…

- Mais… Sofia, je le sais ça. Mais ils sont pas tous pareils !

Ah, elle voulait le nom de chaque coquillage. Je relevai la tête et les observai. Sofia parut réfléchir quelques instants puis...

- Demande à Meyer, il doit savoir lui.

J’en savais foutrement rien. Elles revinrent bientôt auprès du château et Jana commença à trier les coquillages pour décorer son jardin. La jeune femme, elle, s’assit à côté de moi. Je sentis sa main sur mon épaule. Dans un frisson, je me tournai à demi vers elle mais n’osai pas croiser son regard, bien que caché derrière son bandeau.

- Elle m'a demandé comment ça s'appelait, ces trucs... dit-elle d’un ton léger. Pour moi, c'est des coquillages.

Elle me sourit. Elle était si jolie quand elle souriait. Dommage que mon moral soit à zéro, je n’arrivais même pas à en profiter.

- Meyer…

J’arrêtai de respirer, attendis.

- Maint'nant qu't'es là, autant en profiter pour te demander.

Demander quoi ? Si ce n’était pas plus simple de disparaître complètement parce que, finalement, elle était fatiguée de mon comportement ?

- Tu veux pas qu'on fasse un truc, toi et moi ?

… Hein ?

- Tu sais que j'étais jamais allée dans un vrai restaurant ? J'veux dire... Comme ceux qu'on voit dans les films là... Genre un peu classe.

Je repris mon souffle. Elle se foutait de moi. Ce genre de chose, elle devait le vivre avec Constantine, pas avec Meyer. Surtout maintenant. Nous venions de nous battre et elle, tout ce qu’elle trouvait à dire, c’était qu’elle voulait aller au restaurant. Sérieusement…

« Mais tu comprends rien ! s’exaspéra mon hôte. J’avoue que ça m’étonne vraiment qu’elle te laisse encore l’approcher mais là, il va falloir que tu changes de méthode. »

Changer de méthode ? Comment ça ? Il soupira.

« Fais comme si t’étais moi. »

Je SUIS toi.

« Raison de plus ! Peu importe si on est légèrement différents, on reste la même personne. »

Mais elle ne voulait pas de moi. Je n’avais même pas le droit de l’embrasser…

« Ça viendra. »

Tu parles… Je l’embrassais plus souvent avec mes poings qu’avec la bouche. Il ne dit rien. Changer de méthode. Je ne voyais pas du tout où il voulait en venir. J’avais déjà réussi à passer de bons moments avec Sofia avec un comportement aussi exemplaire que celui de Constantine. La fête foraine, les sources chaudes… en partie. Et elle avait apprécié, enfin il me semblait...

- T'imagines, nous deux... dans un truc chic ? continuait la demoiselle en pouffant de rire. Ça nous va tellement pas…

Pour le coup, elle avait bien raison. Je ne me voyais pas du tout dans ce genre d’endroit. En plus, en général, la nourriture était super bonne mais ça remplissait à peine la dent creuse… tout en vidant le portefeuille.

- Si t'as une autre idée, tu peux me la dire, hein ? précisa Sofia face à mon absence de réaction.

J’ouvris la bouche, même si je ne savais absolument pas quoi dire. Mais Jana attira notre attention en réclamant de l’aide pour décorer le jardin de son château. Elle posa quelques coquillages devant nous pour nous inciter à participer. Sofia en attrapa un et le mit dans ma main. Je le plaçai au hasard dans le fameux jardin, ça semblait convenir à la petite fille.


- Meyer, tu sais comment il s’appelle celui-là ? s’enquit-elle en pointant le coquillage le plus proche d’elle.

Je hochai négativement la tête. Je n’y connaissais rien du tout, ou presque. Car celui qui était à côté me disait quelque chose par contre. Je le lui montrai.


- Ça, c’est une telline. Enfin… une moitié.

Elles me regardèrent, intriguées, comme si je disais quelque chose de super important.

- On peut le manger ?
- Oui c’est comestible. Mais il faut l'faire cuire,
ajoutai-je précipitamment en voyant Sofia tendre la main vers le coquillage.

Elle se ravisa, apparemment déçue.


- Celui-là, il est trop bizarre, fit remarquer Jana en prenant un long coquillage dont il ne restait aussi qu’une moitié.
- C’est un couteau.

Après, mes connaissances s’arrêtaient là. La petite fille me regarda, sceptique.

- Mais ça ressemble pas à un couteau.

Je haussai les épaules.

- J’connais pas le nom scientifique mais ça s’appelle vraiment comme ça, assurai-je.
- Ça se mange aussi ? demanda Sofia intéressée.
- Oui mais cuit, précisai-je.

Nouvelle déception. Pour une fois que ce n’était pas de ma faute… A quelques mètres, un joggeur passa à petites foulées, un casque sur les oreilles. Il nous regarda comme si nous venions d’un autre univers et poursuivit sa route. J’avais oublié que Sofia et moi devions avoir l’air fin avec des égratignures sur le visage. Après avoir terminé la décoration du château tout entier, Jana voulut rentrer à la maison. C’était bientôt l’heure de son goûter et elle avait faim. Le temps de faire la route et elle pourrait grignoter un peu.

[FIN]
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