Your welcome to run ! - pv Lili E. Averine

Un hippodrome pour hybride. Quelle étrange idée. Étrange oui, Lili n'arrivait pas à le définir autrement. Tout comme elle n'arrivait pour le moment pas à percer les véritables intensions de son propriétaire et inventeur. Harlequin Machiavel, voilà une combinaison de noms qu'elle n'aurait sans doute pas oublié si il lui avait été donné de rencontrer ou d'entendre parler de cet homme. Quoi que ce nom de famille lui rappelait bien une triste histoire..

Après s'être un peu renseignée elle comprit qu'elle aurait très bien pu croiser cet homme, si elle était née dix ans plus tôt. Issu d'une famille italienne influente, ils avaient sans doute fréquenter les mêmes cercles, à un temps donné différent. Cela dit, en creusant davantage, le jeune homme était visiblement rebelle et entre son envoie en camp de redressement pour jeune et ses sorties dévergondées de l'université, ils ne se seraient peut-être jamais croisés.

Cela dit, elle connaissait bien un Machiavel, ou plutôt une. Eleanora Machiavel avait été plus sage et, si elles s'étaient réellement connu, sans doute les deux jeunes femmes se seraient appréciées. Hélas, si Lili connaissait le nom de cette jeune femme ce n'était que par sa mort tragique.

Lili décida d'arrêter ses recherches en se rappelant cette triste histoire qui, pouvait bien changer un homme du tout au tout. Elle n'avait pas pour habitude de se renseigner si minutieusement sur tout ceux qui l'invitaient à une inauguration bien qu'elle aima avoir une idée de la personne qu'elle aurait en face d'elle. Cependant, cette fois était un peut particulière. Et malgré ses recherches elle ne trouva pas de réponse à la question qui la poussa à venir à l'ouverture officielle de l'hippodrome; avait-il de bonnes ou de mauvaises intentions ?

Au milieu de l'attroupement qui écoute le discours du propriétaire, une jeune femme habillée d'une robe élégante blanche en dégradée de bleu s'arrêtant aux genoux, est restée impassible alors qu'elle observait l'homme. Des cheveux bleus, elle était au courant mais, c'était tout de même une excentricité certaine dans "leur milieu". Cela dit, avec ses cheveux blancs neige, elle faisait sans doute figure d'excentrique aussi. Cela la fit légèrement sourire alors qu'elle s'écartait légèrement de la foule à la fin du discours qui faisait davantage figure d'introduction.

Elle s'approchait des gradins, regardait l’hippodrome plus qu'elle ne l'admirait. Cet endroit la rendait perplexe. Elle se tournait à nouveau vers les convives. Il y avait là du beau gratin certes, mais, autant des personnalités connus pour leur soutiens à la cause hybride que de riches propriétaires d'élevages qui eux, étaient bien moins prompt à laisser la marchandise libre de ses actes. A qui s'adressait Harlequin Machiavel ? Pour quel genre de maître était cet hippodrome ? Oh certes, c'était un endroit où ne courraient que des hybrides mais, qui dit hybride, dit maître. Quel genre de maître allait inscrire son hybride ici ? Ceux qui voulaient leur donner les moyens de se défouler ? Ou ceux qui allaient parier sur leurs "poulains" et les faire courir après les profits ?

Son visage se ferme mais, ce n'était pas en restant dans son coin qu'elle allait avoir des réponses à ses questions. Voyant le propriétaire laissé seul après une conversation, elle saisit l'opportunité et s'approche d'un pas décidé.

- Mademoiselle Averine ! Quel charmant hasard !

C'est la voix d'un homme d'une cinquantaine d'année qui interrompt la jeune femme dans sa lancée. Un sourire affable aux lèvres, la jeune demoiselle se tourne naturellement vers son interlocuteur. Alors qu'elle franchit les quelques pas qui les sépare son cerveau repasse en mémoire tous ce qu'elle sait de cet homme, comme si son cerveau n'était qu'une immense base de données. C'est un collaborateur de AVE Industries qu'elle doit rencontrer prochainement au cours d'une réunion sur les investissements de l'entreprise sur l'île. C'est le PDG d'une branche pharmaceutique en lien avec la production d'hybride. C'est un des nombreux problèmes auquel elle devra bientôt faire face.

Lili engage une conversation bien pensante et anodine tout en gardant un oeil sur le propriétaire aux cheveux bleus.. Qui semble s'éloigner vers un autre endroit de la réception. Elle allait perdre sa chance si elle continuait à converser avec cet homme mais elle ne pouvait pas le quitter en le laissant seul avec son verre à la main. Il lui offre d'ailleurs un verre pour l'accompagner alors qu'un serveur passe à leur portée. La situation s'enlise alors que monsieur Machiavel commence à être hors de vue. Une femme, la trentaine, vient heureusement sauver Lili. Elle prend le bras de l'homme et salut Lili avant de déclarer qu'elle voulait présenter certaines personnes à son mari. Lili saute sur l'occasion et s'éclipse avec politesse et convenance.

Elle évite un journaliste qu'elle connait bien et qui n'aurait pas manqué de lui demander son avis sur cet endroit, en tant que grande défenderesse de la cause hybride. Elle n'avait pas encore fait son avis ! Elle retrouva rapidement l'hôte de la journée, il faut dire que les cheveux bleus aidaient.. Calmant sa démarche, mesurant ses pas, elle s'approcha enfin de l'homme dont elle capta le regard avant de se présenter comme il se devait.

- Enchantée monsieur Machiavel, je suis Lili Averine. Pourrions-nous échanger quelques mots ? J'aimerai que vous m'en disiez davantage sur cet endroit, sur vos objectifs..

Elle n'aura pas l'occasion de finir sa phrase, une femme à la chevelure noir de jais s'est approché dans une magnifique robe rouge qui serait davantage à sa place dans une soirée qu'une inauguration de jour. Elle parle fort en levant son verre devant l'homme.

- Monsieur Machiavel ! Vous êtes tel qu'on vous décrit, aussi extravagant que charmant !

Ne se souciant pas ni d'avoir interrompu une conversation, ni de se présenter, et n'étant pas dans la "base de données" de Lili, cette dernière se demanda si ce n'était pas une journaliste qui cherchait à écrire sa une. La demoiselle Averine détourna légèrement la tête, faisant mine d'être attirée par une détail de l'hippodrome.. Elle ne voulait pas des questions d'une journaliste, qui plus est grossière, mais ne pouvait pas non plus le signifier plus clairement, n'étant pas l'hôtesse de cet évènement elle se contenterait de rester poliment à l'écart...