Moi, Moi, Choisis-Moi ! [Pv: Rebecca]

Te voilà toujours dans ton simulacre de sommeil, le temps passait, les clients aussi, peu d’adoption aujourd’hui. C’est ce que tu arrivais à percevoir de ton audition et des paroles, aucun bruit de cage venant s’ouvrir. Ta queue battait plus vite, il serait bientôt midi, l’heure du repas se faisant sentir dans ton estomac. Soudain, le rythme ralentit, un bruit de marche, le vendeur allant accueillir le client ou plutôt la cliente, sa voix étant totalement féminine.

Tu écoutais les raisons de sa venue, heureusement que ton audition était bonne, des fois trop bonnes, quelques souvenirs désagréables te revenait en tête pour ça. Comme le souvenir d’un pétard quand tu étais enfant, tu avais bourdonné toute la journée et ta vision était trouble à cause de ça. Une personne malade venant ici, c’était une chose bien surprenante, elle avait sans doute besoin d’un traitement quotidien ou urgent. Tes yeux toujours clos, tu imaginais une personne déjà d’un certain âge, mais pas trop non plus, elle n’avait pas un début de voix roque, un peu cassée.

Un léger soupir venait s’échapper de tes lèvres lorsque tu entendis tes comparses venir faire les beaux devant la demoiselle. C’était ingrat, si tu devais être choisis, c’était pour ce que tu étais et pas ce que tu pourrais faire croire. Tu entendis des bruits de pas vers toi, une seule personne, ton odorat te confirmais qu’il ne s’agissait pas du vendeur, c’était donc l’odeur de la demoiselle. Une bonne odeur teintée d’une nuance de café sur le moment, elle venait s’en doute d’en boire et l’arôme lui tournait autour.

Une lueur d’espoir vint naître en toi en l’entendant réciter à voix haute l’étiquette de ton horrible cage, tu allais peut-être pouvoir quitter ce lieu. Tu viens relever la tête, ouvrant les yeux, tu voyais alors que ton jugement était erroné. Il s’agissait d’une jeune femme, peut-être le même âge que toi. Tu écoutais ses phrases, ses questions plutôt, tu confirmais indirectement le fait qu’elle devait avoir un traitement important, surtout à sa deuxième tirade.

Tu comprenais aussi qu’elle avait du caractère, ce n’était pas une demoiselle qui se couchait à la moindre rechute de sa maladie. Elle faisait partie de celle qui se battait et avait une fureur de vivre grandiose. C’était un bon point pour elle, cette femme ne ferait donc pas trop de caprice. Tu vins aussi penser qu’elle ne pourrait point faire d’agression physique sur ta personne, sa consistance et la maladie pouvait l’en limiter. Les cruautés verbales n’étaient qu’un détail, il suffisait d’ignorer, tu savais le faire ça.

Tu ne donnais rien en réponse, un moyen de la juger sur son sang-froid et valider tes hypothèses. Elle était gagnante pour le moment, son ton n’avait pas haussé, tu pourrais l’avoir comme maîtresse, elle te semblait qualifiée pour le moment, dans le pire des cas, tu t’enfuirais pour trouver un autre foyer plus agréable. Tu aurais voulu lui répondre, lui dire que tu avais les capacités qu’elle demandait, mais le vendeur arrivait et tu savais ce qui arrivait aux hybrides qui osait interrompre ou contrarié cette homme grassouillet et mal rasé.

Tu te redressais un peu, pendant leur discussion, histoire de lui faire face comme il faut si elle venait à s’intéresser à toi à nouveau. C’était le cas, tu devais sans doute lui avoir tapé dans l’œil. Tu montrais les dents sous les propos du vendeur, mais les paroles de la demoiselle te laissaient plutôt un joli sourire, tu allais éviter de râler dès à présent. Tes oreilles vinrent bouger sous sa question, c’était une invitation cachée, du moins, tu voyais la chose ainsi, mais tu allais lui répondre clairement ce que tu pensais de la situation.

“Le mieux aurait était clairement un hybride chien pour toi, mais ces fameux meilleurs ami de l’Homme, ici, ne sont pas capable de prodiguer des soins. Pour ce qui concerne les deux félins, elles s’occupaient de la même vieille personne, ça te donne le niveau pour être deux à s’occuper d’une malade ? De plus, elle passait leur temps à dormir avec elle et se prélasser, à cette âge ça ne bouge plus beaucoup.”

Tu marquais un blanc, histoire de la détailler un peu plus à présent et sonder son regard, essayant de déterminer sa future réaction. Au final, tu abandonnes, elle te semble être ta meilleure porte de sortie.

“En ce qui me concerne, j’ai appris à entretenir une maison, m’occuper d’une personne âgée, lire, écrire et prodiguer des soins depuis que je sais marcher et parler. Donc, si tu as besoin d’une personne pour t’entretenir toi et ta maison, ainsi que t’apporter des soins, je suis le meilleur choix possible. Par contre, je préfère prévenir, j’aime faire les choses à ma façon, j’ai mes propres méthodes, autant pour l’entretient de la maison, que la cuisine et j’en passe. Je veux bien faire quelques concessions, mais tu devras aussi en faire. Alors ? Marché conclu ?”

Ta queue bougeait légèrement, tu gardais pour toi l’envie de montrer un sourire fier, tu le laisserais sortir, si elle te faisait sortir de cette cage.

Je venais de lui poser une question, j'étais curieuse de savoir ce qu'il allait répondre, allait-il se vendre à tout prix? ou bien allait-il être honnête? l'honnêteté était ce que j'aimais le plus chez les gens et j'espérais que mon hybride soit le plus honnête. Je continuais de la fixer de mon regard neutre. Le vendeur bougonnerait déjà, surement n'avait-il pas l'habitude de voir une cliente questionner un hybride. Kyoa me répondit avec une grande sincérité ce qui accentuait mon sourire. Sa dernière remarque ne plus pas au vendeur qui lâcha.

"Comment oses tu petites merdes, je..."

Il n'eut pas le temps de finir que je lâchai d'une voix douce mais cinglante, un ton à vous glacer le sang.

" Je le prends"

Le vendeur se stoppa et me fixa en bégayent.

"Mais, Mais "
"Pas de mais, je voulais une réponse et il me l'a fournis, je le prends point final et si pour vous faire fermer votre gueule je dois lâcher le double de son prix alors ça sera fait"

J'avais dévié mon regard vers le vendeur et celui-ci malgré sa corpulence et son arrogance se liquéfia devant moi. J'ajoutai ensuite.

"Allez me faire ses papiers et pas de collier...je trouverais autre chose"

Le vendeur lâcha un dernier regard vers Kyoa et partit au comptoir. Je le suivis du regard puis je jetai un œil à l'hybride en lui disant d'une voix plus douce.

"Les concessions on en parlera autour d'une assiette, j'ai faim et vu ta tête toi aussi"

Je restai statique devant la cage en le fixant afin de voir si j'avais raison de le choisir. Tandis que le vendeur était occupé, je m'approchai de la cage sans aucune crainte ni méfiance, il savait que s'il faisait une bêtise il ne sortirait pas d'ici alors forcément je me sentais en confiance. Je pris de nouveau la parole et l'informai.

"Si je t'adopte c'est parce que j'ai pas le choix... alors si tu veux avoir la paix dans ta nouvelle vie, je te conseille juste de ne pas te mêler de mes affaires et crois-moi tout se passera bien entre nous"

La fin de ma phrase était plus douce et je lui offris même un sourire en signe de bonne foi. Il n'eu pas le temps de répondre car le vendeur arriva pour ouvrir la porte et laisser le Loup sortir. Je le laissai faire ce qu'il voulait tandis que je partis au comptoir payer son adoption.
Alors que je récupérais ses papiers, une main agrippa le bas de mon jean bleu. Je sursautai et je baissai la tête pour voir ce qui se passait. C'était un hybride renard qui tentait de m'amadouer avec un regard triste. Il murmura

"S'il te plaît, adopte-moi...je serais de bien meilleur compagnie que ce loup"

À ce moment-là, je me fichais un peu de ce qu'il disait sur le loup, j'avais surtout mal au cœur de le voir être réduit à sa pour quitter cet endroit. Je me mis à genoux pour être à sa hauteur vu qu'il était assis dans une cage et je passai ma main entre les barreaux pour caresser sa joue.

"je suis désolé beau gosse, mais j'ai fait mon choix et je reviens jamais sur mes décisions"

Le renard s'agrippa alors à ma main et y déposa pleins de baisé pour m'amadouer, c'est vrai qu'il semble plus amical que Kyoa, mais comme je l'avais dit, j'avais choisi ce loup et je ne reviendrais pas sur ma décision.

Tu essayais de te tenir assis dans ta cage, continuant à plonger ton regard dans celui de la demoiselle, celle qui bientôt prendrait ta vie pour la faire sienne et te sortir d’ici. Finalement, tu la quittais des yeux pour poser tes iris sur le vendeur qui semblait mécontent de ton affront envers une cliente. Tu resterais digne, si tu venais à te faire frapper au vu de son approche. Un air surpris vint apparaître sur ton visage à présent, tu pouvais entendre les paroles de la demoiselle t’arrachant un frisson sous son ton.

Ton esprit comprenait rapidement qu’elle en avait bien plus à revendre que tu ne le pensais, devant l’air décontenancé du vendeur, tu te permettais une petite grimace. Tu tirais sous ton œil, tout en sortant ta langue pour lui faire une grimace, puérile, mais cela faisait du bien, tu n’étais pas assez vulgaire pour oser lui montrer un doigt en particulier.

Un soupire de contentement venant de passer entre tes lèvres, tu n’allais pas avoir de collier, voilà une bonne nouvelle pour toi. Tu relevais alors ton visage pour écouter les paroles de la demoiselle, elle était donc prête à t’accorder des possibilités et surtout t’offrir à manger. C’était ce genre de mot que tu aimais entendre dans le fond. Tu vins tout de même prête plus d’attention à son autre tirade, tu comprenais que la vie n’allait pas être tendre, d’un point de vue émotionnelle.

Cela t’attristait de ne pas devoir te mêler de ses affaires, c’était certes ta maîtresse, mais vous alliez vivre ensemble. Tu espérais donc au moins en apprendre plus sur elle et avoir des interactions un peu plus poussé que “Fait à manger, lave le linge” et tu en passes. Tu ferais avec pour le moment, tu allais sortir d’ici, c’était déjà une bonne chose. De nouveau, du coin de l’œil, tu voyais l’homme tenant boutique s’approcher pour retirer cette porte t’empêchant de goûter à la liberté.

Tu sortais lentement, laissant le temps à tes muscles de se détendre et surtout tenir sur tes jambes, il serait idiot de tomber devant elle, et même de te blesser de façon stupide. Pendant qu’elle réglait de quoi obtenir ton titre de possession, tu venais lentement t’étirer et marché dans la boutique, il ne fallait pas être un poids pour elle dès les premières minutes.

Tes prunelles venaient se perdre lentement parmi les autres hybrides, tu pouvais voir leur regard dépité de ne pas avoir eu leur chance cette fois-ci. Tu pouvais comprendre leur sentiment, mais tu n’allais pas culpabiliser pour ça. D’autres personnes viendront les retirer de cet enfer ou les plonger dans un environnement plus terrifiant encore.

Le bruit attirait encore ton attention, cela venait de ta maîtresse et d’un hybride tentant son joker, la pitié, tu trouvais cela terrible. La demoiselle était venue pour des besoins particuliers et ce dernier n’avait pas les critères. Tu te considérais chanceux dans le fond, d’avoir dû t’occuper d’une personne malade durant ta courte existence pour le moment. Tu approchais en direction de ta maîtresse, de peur que les autres hybrides viennent à réagir ainsi, provoquant la colère du gérant qui viendrait s’abattre sur ces anciens compagnons de cellule.

Ta voix venait s’éclaircir dans un léger bruit, tu réfléchissais à tes paroles pour ne pas manquer de respect à ta maîtresse. Tu prenais même l’initiative de la vouvoyer sur le moment.

“Maîtresse, nous devrions partir à présent. Je ne veux pas avoir l’air de vous commander, car c’est votre rôle et non le mien. Pour la plupart, même moi, nous avons tous une histoire triste, je ne pense pas que vous ayez guère le temps de vous apitoyer sur le sort de tous.”

Tu tendais alors ta main, courbant doucement l’échine, invitant ta maîtresse à saisir ta comparse pour se relever et ouvrir la marche. Tu ne savais pas où elle te conduirait, mais tu étais sur d’une chose, elle ne t’offrirait pas un endroit aussi horrible qu’ici. Tu adressais par la même occasion un regard triste au renard, presque désolé d’avoir été choisi.

Maîtresse, ce mot m'agaçait tellement. Je pris sa main qu'il me tendait doucement, j'avais du mal à me dire que cet hybride était si têtu, en tout cas sa condition n'avait pas l'air de le déranger. Une fois debout je lâchai doucement sa main et je le suivis jusqu'à dehors. Une fois dehors je pris une bonne bouffée d'aire et je soupirai comme si je voulais laver mes poumons de cette odeur animale qui résidait dans la boutique. Je me passai la main dans les cheveux puis je tournai la tête vers le loup pour lui dire doucement.

"S'il te plaît...ne m'appelle plus Maîtresse. je m'appelle Rebecca ou bien Becca aussi et tu peux me tutoyer"

Je lui fis un petit clin d'œil tendre puis je me mis à réfléchir à haute voix.

"Bien tu es un loup donc...tu aimes la viande, ça tombe bien je connais un bon petit resto de grillade en ville"

Je j'attendis sa réponse, puis je lui fis signe de me suivre. J'ouvris la marche en écoutant s'il venait à me parler. Je devais avouer que je n'étais pas la plus à l'aise, non pas que je jouais la timide, mais je n'avais pas l'habitude d'être avec quelqu'un, hormis mes amis de la troupe de danse, je vivais dans la solitude et je l'avais choisie, je me sentais mieux en solo, mais d'un côté s'était peut-être pas une mauvaise chose d'avoir de la compagnie, je commençais à me dire que plus tard je deviendrais une vieille nana aigrie.

Tout en marchant dans la rue, je remarquais bien vite que certaines filles tournaient la tête sur le passage de Kyoa, instinctivement je tournai la tête vers lui pour le détailler un peu, j'étais tellement pressé de sortir de l'animalerie que je n'avais même pas regardée à quoi il ressemblait. Durant quelques secondes je le détaillai et rapidement j'en arrivai à la conclusion que je venais d'acheter un hybride très agréable à regarder. J'allais devoir lui expliquer que mon appartement n'était pas un hôtel, je me doutais qu'il allait avoir du sucées au près des femmes.

Au détour d'une rue je pris la parole et lui dit.

"On y est, on va pouvoir discuter un peut au calme , instauré quelques règles pour bien cohabiter et tu vas pouvoir me parler un peu de toi"

J'ouvris la porte du restaurant et rapidement une dame vint nous accueillir.

"Pour deux personnes? l'hybride mange avec vous?"
"Euh oui je n'avais pas prévu de le laisser sur le trottoir..."

Vu mon ton elle se doutait que je n'avais pas apprécié sa question. Je précisai le fait que je voulais manger dehors et la blondinette un peu agacée nous guida à une table à l'extérieur. Le resto était sympa, l'intérieur était décoré aux couleurs du logo, en jaune et Orange et à l'extérieur nous étions sur une terrasse carrelée avec des parasols blancs qui abritait les tables en acier. Je m'installai à table et lorsque la blonde me donna une carte et en donna une à Kyoa, je jetai un œil et précisa à l'hybride alors que la serveuse était partis.

"Prends ce qui te fait envie, je ne suis pas fauché même si je dois quand même faire attention au budget, j'ai eu une bonne paie"

Ma phrase était peut-être un peu brute, mais heureusement mon timbre de voix montrait bien que je n'étais pas froide, c'était juste ma façon de faire. Je trouvai vite mon bonheur dans la carte que je fermai pour la déposer sur la table. Je m'avachis un peu dans le siège et expliqua à l'hybride.

"Bien on va vite passer le sujet du règlement, je ne suis pas chiante tout ce que je demande c'est du respect, je serais toujours respectueuse envers toi, je ne suis pas le genre à tabasser un hybride, ni à l'humilier, mais si tu fais une bêtise il aura une sanction. Mon appartement n'est pas un hôtel donc tu ne ramènes pas de fille tout comme moi je ne ramène jamais de mec. L'appartement c'est mon antre et aussi le tien maintenant car tu as une chambre qui t'attend. Je t'ai pas adopté pour faire le ménage ou autres, mais vu qu'on va vivre ensemble tu vas devoir mettre la main à la pâte. Et dernière chose, c'est surement le plus important ne m'infantilise pas parce que je suis malade, j'ai horreur de ça"

Je ponctuai ma phrase d'un sourire puis le serveur arriva coupant tout élan à l'hybride.

"Vous avez choisi?"
"Je prendrais une assiette de fritte avec un steak saignant et un soda light"

Je laissai Kyoa prendre sa commende et quand la serveuse se tira une nouvelle fois je dis à mon nouvel hybride.

"Et maintenant tu peux poser toutes les questions que tu veux ou tes revendications, je t'écoute"