Dans la voiture, je restai silencieux. Je redoutais un peu le moment où Sofia et moi nous retrouverions seuls quand la petite serait couchée ce soir. J’avais tellement peur de faire la moindre connerie que je ne savais pas quoi dire ni comment me comporter.
« Comporte-toi normalement, ce sera déjà ça. »
Facile à dire, je venais de la tabasser ! Inutile de préciser que le vieux voisin du dessous se fit une joie de nous faire des remarques en nous croisant en bas de l’immeuble. Au moins, le père de Jana avait disparu. N’ayant pas eu de nouvelles de Lyne, j’imaginais qu’il n’y avait rien de grave à signaler. Une fois à la maison, Sofia prépara le goûter de Jana. J’avais envie d’être seul alors que la situation était revenue à la normale, ou presque, entre nous. Je m’enfermai dans la salle de bain en prétextant avoir besoin d’une douche, ce qui n’était pas faux finalement. Il fallait que je me débarrasse du sable que j’avais dans les cheveux et encore collé à la peau. Mine de rien, j’avais quelques traces de coups un peu partout. Sofia savait frapper fort et où il fallait… Je voulais prendre mon temps mais comme les filles devaient aussi se laver, j’économisai l’eau. A trois, ça allait vite d’utiliser toute l’eau chaude.
« En plus tu dois laver les cheveux de Jana. »
Quoi ? C’était pas le samedi ?
« On a oublié. »
Ah.
- Génial…maugréai-je en me séchant.
« Ça va, c’est pas la mer à boire. »
Je m’habillai, rejoignis les filles qui étaient toujours assises à la table de la cuisine. Sofia commençait à débarrasser. Je lui dis que j’allais le faire et qu’elle devait en profiter pour prendre la relève à la salle de bain. Elle accepta et fila se laver.
- Eh Meyer, c’est bientôt Noël,fit Jana après avoir terminé son verre de jus de fruits.
Il restait encore un bon mois.
- On fera un sapin ?
Sans le vouloir, j’eus un sourire en coin en pensant au truc dégueulasse que Constantine et Sofia avaient acheté pour Noël dernier.
- S’tu veux.
Les guirlandes et boules de couleur devaient être rangées quelque part dans l’appartement. D’un geste du pouce, j’essuyai le coin de la bouche de Jana sur lequel il restait des miettes de biscotte. Elle me sourit bêtement et se leva de table. Elle demanda si elle pouvait dessiner. N’était-elle pas un peu grande pour ça ?
« Y a pas d’âge pour le dessin. »
Je la laissai donc rassembler une feuille et des crayons de couleur, restai près d’elle pour la regarder, ne sachant pas vraiment quoi faire d’autre. Sofia sortit peu après de la salle de bain et alla s’habiller dans la chambre. J’indiquai à Jana que c’était à son tour. De toute façon, nous ne sortirions plus de l’appartement pour aujourd’hui.
- Je terminerai mon dessin après,déclara-t-elle décidée. - Tu m’appelles pour te laver les cheveux,prévins-je.
Elle disparut dans la salle de bain. Incapable de rester seul avec Sofia, j’allai prendre une cigarette dans le meuble de l’entrée. Constantine lui avait promis d’arrêter mais là, j’en avais vraiment besoin, tant pis. J’enfilai ma veste et allai m’isoler sur le balcon. La première bouffée de fumée me fit tout de suite tousser. Évidemment, avec l’épreuve physique que je venais de vivre à la plage, je n’avais pas pris le temps de travailler ma respiration...
Humaine - Asservie
Sofia Ashley
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Ven 23 Nov - 18:10
ft. Sofia & Meyer
"..."
Du Hast
Le pauvre... Il était si mal qu'il n'arrivait même plus à parler. Même si c'était Meyer, j'avais trop mal au cœur de le voir comme ça. Il ne s'en rendait peut-être pas compte, mais justement, ça prouvait qu'il avait des sentiments, qu'il pouvait avoir des remords, des regrets... Ce n'était pas le monstre qu'il pensait être. Enfin, si... Honnêtement, il pouvait agir comme un monstre, mais un monstre gentil -parfois-, comme dans le dessin animé... Sulli, qu'il s'appelait. J'aimais bien ce dessin animé, il était rigolo ! Bref, je sortis de mes pensées avant de regarder Meyer placer des coquillages à son tour. Je retins un petit sourire en le voyant faire... Si un jour je pensais le voir jouer à faire un château de sable avec des coquillages pour faire plaisir à une gamine... Je l'aurais jamais cru. C'était exactement ça, c'était ça, la preuve qui montrait qu'il évoluait lui aussi, en même temps que moi. Et là, il fallait l'avouer, c'était grâce à Jana. Un être si pur et si innocent avait la force inconsciente de nous changer, autant Meyer que moi. Les deux monstres. D'ailleurs, la petite lui demanda s'il connaissait le nom d'un coquillage. Il nia de la tête mais connaissait visiblement le nom de celui qui se trouvait à coté.
"Ça, c’est une telline. Enfin… une moitié."Déclara-t-il.
C'était joli comme nom, je trouvais. Très concentrée, je fixai Meyer pour voir s'il connaissait autre chose.
"On peut le manger ?"Demanda Jana.
Oh, ça c'était une bonne question ! Je restai suspendue aux lèvres de Meyer, du coup.
"Oui c’est comestible."
Réflexe moteur, j'approchai ma main du coquillage pour le manger.
"Mais il faut l'faire cuire"Ajouta-t-il rapidement en me voyant faire.
Ah... déçue, je reculai ma main. Dommage, je voulais savoir quel goût ça pouvait avoir.
"Celui-là, il est trop bizarre"Remarqua Jana en récupérant un autre coquillage entre ses petits doigts.
"C’est un couteau."
Perplexe, je regardai le coquillage. Jana afficha la même mine sceptique que moi. Mais, pourtant, ça ne ressemblant pas du tout à...
"Mais ça ressemble pas à un couteau"Fit-elle.
J'hochai la tête, d'accord avec la petite.
"J’connais pas le nom scientifique mais ça s’appelle vraiment comme ça"Dit-il pour nous convaincre.
Bon, bah s'il le disait ça devait forcément être vrai ! Mais il y avait plus important maintenant.
'Ça se mange aussi ?" "Oui mais cuit"
Ah... Dommage. A cet instant, un joggeur passa non loin de nous et nous dévisagea. Ah oui, on devait avoir une sale tronche, après notre combat. La décoration du jardin fût enfin terminée, il était l'heure de rentrer maintenant. Jana avait faim - et moi aussi - alors nous nous mîmes rapidement en route. Une fois arrivés, le voisin remarqua notre état et ne se gêna pas pour nous faire la réflexion. Il pouvait bien aller se faire foutre ce vieux con. Dans l'appartement, Meyer alla s'isoler un peu dans la salle de bain pour aller se doucher. Il en avait besoin en effet. Je préparai alors le goûté de la gamine et en profitai pour manger avec elle, rapidement. Elle manga en silence, très sage, après s'être lavé les mains. Elle me dit d'ailleurs la remarque. Je devais moi aussi me laver les mains avant de manger, elle avait raison. Lorsque Meyer revint, Jana et moi venions de terminer de manger. Je me levai pour débarrasser la table mais il m’interrompit. Il allait le faire à ma place, je pouvais alors en profiter pour aller me doucher moi aussi. J'hochai une fois la tête avant de filer.
Dans la pièce, je retirai mes vêtements pour me regarder, nue, dans le miroir. En retirant mon bandeau, je remarquai une ecchymose autour de mon œil. Heureusement que j'avais un bandeau... L'assistante spatiale nous fera pas chier si elle ne voyait pas ça. Parmi toutes mes cicatrices, il y avait maintenant plusieurs bleus ça et là sur mon corps. J'avais vraiment mal... Il avait frappé tellement fort qu'on aurait dit des coups de marteau. En allant sous l'eau, je vis qu'elle vira au rouge un instant... Il avait dû me frapper si fort à la tête que j'avais saigné. Le sang avait séché entre temps, la blessure n'était pas trop grave. La douche terminée, je sortis de la salle de bain, une serviette autour de la poitrine, pour me diriger rapidement dans la chambre et m'habiller. J'enfilai une nouvelle robe, pour la maison, sans oublier de remettre mon bandeau. Je ne voulais pas que la petite me voyait avec un œil au beurre noir... Ni Meyer, il allait s'en vouloir davantage. Je rejoignis les deux.
"Je terminerai mon dessin après"Déclara Jana.
Je coulai un regard discret sur ledit dessin. Ca ressemblait à rien pour le moment.
"Tu m’appelles pour te laver les cheveux"
Jana se dirigea vers la salle de bain tandis que Meyer alla récupérer une cigarette dans le meuble à l'entrée. Il partit s'isoler sur le balcon. Il avait besoin d'être encore un peu seul, peut-être. Je le laissai donc tranquille et allai déplier le canapé. Evidemment... Il se mit à tousser. Un peu déçue, tout de même, je soupirai mais je comprenais aussi qu'il en avait besoin, cette fois-ci. Quelques instants plus tard, j'entendis Jana appeler dans la salle de bain. Mince, Meyer était encore dehors. Bon, je décidai d'y aller à sa place. Elle fut un peu surprise de me voir moi mais ne se posa pas plus de question. Je m'accroupis à sa hauteur pour lui mouiller doucement la tête.
"Tu t'es bien amusée aujourd'hui ?"Demandai-je simplement
Elle hocha vivement la tête en cachant son visage avec ses deux petites mains pour ne pas prendre de l'eau dans les yeux. Je commençai à savonner ses cheveux, en douceur. Elle avait vraiment de très jolis cheveux, il fallait en prendre soin. Je lui rinçai la tête et elle rouvrit les yeux à ce moment là.
"Sofia... ?"
"Mh ? Oui ?"
"T'as des gros tété. J'aurais les mêmes moi aussi ?"
Euh... Quoi? Je baissai les yeux pour regarder. Dans le fond, elle avait raison, ils étaient pas très petits et c'était même chiant. Heureusement que j'avais des brassières à maintient. J'avais pas de soutien-gorge - j’aimais pas ça du tout-, c'était plus pratique, les brassières.
"J'espère que t'en aura des plus petits, quand même."
"Pourquoi ?"
"C'est pas très pratique."Déclarai-je de la même voix monotone.
"Pourquoi ?"
"Ca me gène quand je fais du sport."
"Pourquoi ?"
"C'est lourd et c'est pas confortable."
Mais Constantine devait aimer lui, non ? J'en savais rien, je ne lui avais jamais demandé.
"Pourquoi ?"
... Je la fixai, impassible. Elle me fixa elle aussi. Mh... Elle se foutait un peu de moi là, non ?
"Petite coquine."
Elle se mit à rire doucement. Elle sortit ensuite de la baignoire puis elle se sécha. Je brossai ses cheveux un instant pour éviter des nœuds puis je les attachai en queue de cheval. Comme une grande, elle récupéra sa brosse à dent et commença à frotter. Parfait. Je sortis de la salle de bain pour rejoindre Meyer. Il avait dans le salon, sur le canapé. Je m'installai à coté de lui. Les jambes repliées sur le canapé, je me calai doucement contre lui, sans me montrer trop intrusive. Je savais pas quoi lui dire, cette-fois ci... Ca devait toujours être un peu le bordel dans sa tête.
"C'était sincère, c'que j'te disais avant... J'ai vraiment envie qu'on sorte, toi et moi."
C'était la seule idée qui me venait en tête. Une petite relance, comme ça, pour lui montrer que mes paroles c'était pas du vent juste pour le calmer et le rassurer, mais que je le pensais vraiment. Nous étions maintenant plus au calme, chez nous, dans une ambiance agréable. Je regardai la télévision sans vraiment la regarder. Je voulais juste... Oui, je voulais juste passer un peu de temps avec Meyer.
Humain - Neutre
Constantine Meyer
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Sam 24 Nov - 0:39
Même après avoir terminé ma cigarette, je restai encore un moment sur le balcon. Perdu dans mes pensées, je sursautai en me rendant compte que Jana devait m’attendre depuis longtemps. Je retournai à l’intérieur, retirai ma veste et allai la ranger. Là, j’entendis des voix provenir de la salle de bain. Sofia était finalement allée aider Jana. J’allai donc m’asseoir sur le canapé. La jeune femme l’avait déplié. Elle aimait bien faire ça pour s’étaler de tout son long. Je ramenai mes genoux vers moi en regardant la télévision éteinte d’un air absent. Comme la porte de la salle de bain était entrouverte, j’entendis Sofia et Jana discuter.
- Sofia… - Oui ? - T’as des gros tétés. J’aurai les mêmes moi aussi ?
Je levai les yeux au ciel. Drôle de conversation… Au moins, Jana ne posait pas plus de questions sur ce qu’il s’était passé à la plage. J’ignorais totalement ce que lui avait raconté Sofia pour lui faire croire à un jeu mais ça avait très bien fonctionné.
- J'espère que t'en aura des plus petits, quand même,répondit la demoiselle. - Pourquoi ? - C'est pas très pratique.
Je me désintéressai de la discussion, levai les yeux sur la pendule accrochée au-dessus de la télévision. Il restait encore un peu de temps avant de préparer à manger. J’avais la flemme mais je commençais déjà à avoir faim. Et je me sentais vraiment fatigué, comme si j’avais plus de mal qu’avant à rester aux commandes. Pourtant, je n’attendais que ça, prendre la place de Constantine. Je savais pertinemment que c’était impossible mais au moins tenir une journée, ce n’était pas grand-chose. Il fallait dire aussi que je venais de me battre, ce qui n’arrangeait pas mon état.
- Quelle merde…maugréai-je en sortant mon téléphone portable de la poche de mon pantalon.
En fait, je n’avais vraiment pas envie de préparer le repas. Même un dimanche soir, il y avait toujours un truc ouvert afin de se faire livrer à Togi. Pour ça, c’était bien pratique. Je me connectai à Internet pour naviguer sur les restaurants disponibles. Quelques minutes plus tard, le pas léger de Sofia s’approcha et la jeune femme s’assit près de moi. Elle se blottit en silence, alors que je gardais les yeux rivés sur le téléphone, sans pour autant faire attention à ce que je faisais défiler.
- C'était sincère, c'que j'te disais avant...dit-elle.J'ai vraiment envie qu'on sorte, toi et moi.
Sincère ou pas, c’était quand même trop bizarre, trop… soudain. Comment arrivait-elle à aborder ce genre de sujet futile après ce qu’il venait de se passer ? Pour me rassurer ? Me faire comprendre que je pouvais encore me rattraper ? Combien de fois avions-nous essayé, sans succès ? Quand est-ce qu’elle s’en lasserait ? Quand je la tuerais pour de bon ? Elle avait dit avoir remarqué mes efforts, voulait même me féliciter pour ça. Oui, j’en avais fait mais visiblement pas assez. Il fallait en faire encore, jusqu’à ce que l’idée même de m’opposer à elle ne me traverse plus du tout l’esprit. Pourquoi était-ce si compliqué ? Le moindre petit truc de rien du tout et je partais au quart de tour. Ça n’allait pas… Perturbé, je laissai le téléphone reposer sur le canapé et soupirai. Constantine disait que je devais profiter de la nouvelle chance que me laissait Sofia et du temps qu’il me restait auprès d’elle aujourd’hui. J’aurais bien voulu que ce soit plus facile…
- Sofia.
Je me tus. Je ne savais même pas ce que je voulais dire.
« Lui présenter tes excuses peut-être ?suggéra Constantine.Ce serait pas mal. »
En effet. D’une main un peu tremblante, je pris celle de la jeune femme ainsi qu’une grande inspiration.
- J… j’te demande pardon,soufflai-je toujours sans oser la regarder en face.
Je préférais observer nos mains, c’était déjà pas mal réconfortant.
- Et… euh…
La porte de la salle de bain s’ouvrit en grand et Jana retourna faire son dessin à la table de la cuisine. Je n’ajoutai rien de plus, me contentai de garder la main de Sofia dans la mienne et de caresser doucement les jointures de ses doigts avec le pouce.
- Meyer, ça s’appelle comment déjà le petit coquillage de tout à l’heure ?demanda la petite fille apparemment très concentrée sur son dessin. - Une telline. - Comment ça s’écrit ?
Je lui épelai, elle me remercia. Puis elle se leva et vint nous montrer sa feuille. Le dessin représentait son château de sable décoré de coquillages. Devant, elle avait tracé trois personnages un peu difformes sous lesquelles était écrit « Meyer, Jana et Sofia. » Je trouvais ça étrange qu’elle se soit dessinée au milieu, comme si elle nous voyait comme ses parents. C’était… gênant même.
- Pourquoi t’es triste ?
Je lui accordai un regard surpris.
- J’suis pas triste,répondis-je.Juste… un peu fatigué.
Les deux en fait. Elle déposa la feuille sur la table basse et grimpa sur le canapé pour… me prendre dans ses bras. Mais qu’est-ce qu…
- Grand-mère dit que le chocolat chaud, ça fait du bien au marole. - Moral,corrigeai-je. - Moral,répéta-t-elle.On peut faire du chocolat chaud ?
Je regardai à nouveau l’heure.
- Après manger,décidai-je.A la place du dessert, OK ? - D’accord !s’exclama-t-elle joyeuse en reculant.
Je reçus des gouttes d’eau dans la figure. Ses cheveux étaient attachés mais encore trempés.
- Tu t’es pas séchée la tête,fis-je remarquer.Va chercher ta serviette.
Elle fila à la salle de bain et revint vite me donner ladite serviette. Elle s’assit devant moi, me tourna le dos. Ah parce que je devais le faire en plus ? Bon… Peu motivé, je lui frottai les cheveux.
Humaine - Asservie
Sofia Ashley
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Sam 24 Nov - 15:53
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"..."
Du Hast
Il posa son téléphone sur le canapé mais resta toujours silencieux. J'arrivais plus à le comprendre, là. J'arrivais pas à savoir pourquoi il refusait de me parler alors qu'on avait qu'à faire comme si rien ne s'était passé. On savait faire ça, lui et moi, c'était pas la première fois. Passer simplement à autre chose, il n'y avait rien de grave, personne n'était blessé, Jana allait bien et elle n'avait pas peur de lui. Je restai alors simplement contre lui, sans rien ajouter. Je fermai les yeux, me blottissant un peu plus. Il voulait pas parler, d'accord, j'avais compris.
'Sofia"
Je sursautai légèrement. Il venait de me sortir du sommeil dans lequel j'allais bientôt sombrer. J'ouvris à nouveau les yeux et je me redressai légèrement pour lui faire comprendre que je l'écoutais, comme il pouvait pas voir mes yeux. Mais rien... Il resta silencieux. S'il m'avait appelé c'était forcément pour me dire quelque chose. Il voulait peut-être juste trouver les bons mots. D'une main tremblante, il prit la mienne. Nos doigts s'entrelacèrent puis il pris une grande inspiration.
" J… j’te demande pardon"Lança-t-il du bout des lèvres.
Il n'osait toujours pas me regarder. Pour l'encourager et le rassurer, je serrai doucement sa main dans ma mienne.
"Et… euh…"
Hélas, il ne parvint pas à terminer sa phrase. La porte de la salle de bain s'ouvrit et Jana sortit enfin. Toute sage et en silence, elle s'installa à la table de la cuisine pour continuer son dessin. Meyer n'ajouta rien de plus mais je sentis tout de même son pouce caresser ma main.
"Meyer, ça s’appelle comment déjà le petit coquillage de tout à l’heure ?"Demanda Jana, visiblement à fond dans son dessin. "Une telline." "Comment ça s’écrit ?"
Il épela le mot. Elle savait déjà lire et écrire... ? Moi j'arrivais à peine à reconnaître les mots et quant à savoir écrire, alors là... Je me sentais un peu minable, du coup... Bref, Jana se leva et vint vers nous, l'air toute contente, pour nous montrer le dessin. Wow, euh... berk. Oula. C'était moche, mais on pouvait reconnaître le château de sable qu'elle avait fait à la plage, avec les coquillages. A coté, il y avait trois bonhommes difformes. Elle s'était dessinée au milieu entre Meyer et...Non... C'était moi ça !? Je me raclai la gorge et vint lui tapoter la tête pour la féliciter. C'était une gamine après tout, je pouvais pas lui dire que son dessin était horrible.
"Pourquoi t’es triste ?"Demanda-t-elle innocemment. "J’suis pas triste. Juste… un peu fatigué."
Bien sûr que si, il était triste. A cet instant, Jana déposa son dessin sur la table basse et grimpa sur le canapé pour faire un câlin à Meyer. Oh... C'était trop mignon ça ! Touchée, je ne parvins pas à retenir un léger sourire au coin de mes lèvres.
"Grand-mère dit que le chocolat chaud, ça fait du bien au marole"
Marole ?"
"Moral"Corrigea Meyer.
Ah.
"Moral. répéta-t-elle. On peut faire du chocolat chaud ?"
C'était une bonne idée, en plus il faisait froid ça allait nous faire du bien, cette boisson. Et puis c'était trop bon... Avec des Taiyaki... Meyer regarda l'horloge. Je fis de même. Il était bientôt l'heure de manger.
"Après manger. A la place du dessert, OK ?" "D'accord !Fit-elle, très obéissante. "Tu t’es pas séchée la tête. Va chercher ta serviette."Remarqua Meyer.
Oups... J'avais oublié. La gamine s'empressa d'aller chercher la serviette et la donna à mon compagnon. Elle s'installa devant lui et tourna le dos pour le laisser sécher les cheveux. Une fois fait, elle alla ranger la serviette dans la salle de bain. Meyer n'avait visiblement pas envie de cuisiner et je comprenais, il semblait fatigué aussi. J'eus alors une idée. Je me levai lentement du canapé en déposant un baisé dans sa main avant de me diriger vers la cuisine.
"Avant, avec Roy... Quand il voulait pas cuisiner et qu'il avait pas assez de sous pour commander, il me disait qu'on allait manger froid".
Il y avait des périodes comme ça, avec Roy, où quand je pouvais pas me battre à cause d'une grosse blessure, il devait serrer la ceinture. Mais malgré ça, il ne me faisait jamais manquer de quoi que ce soit. Dans le frigo, je piochai tout ce qu'il y avait à ma portée. Du jambon, de la sauce tomate en tube, des tomates aussi, du fromage, du saucisson... Je préparai ensuite la table en déposant les assiettes et les couverts. Je posai toute la bouffe au milieu, sans oublier le pain. Il y avait du jus d'orange aussi au frigo, du coup je le récupérai pour le poser à table, lui aussi.
"Zu tisch."
Jana arriva rapidement et s'installa sur sa chaise. Elle attendait gentiment que Meyer fasse de même. Une fois tout trois à table, je m'occupais de remplir l'assiette de la petite en coupant des rondelles de tomates et de saucissons. Elle voulait même goûter un morceau de formage... Moi j'aimais pas ça du tout. C'était rigolo de manger comme ça, on pouvait piocher dans ce qu'on voulait. Doucement, j'approchai mon pied de la jambe de Meyer pour la frotter en lui adressant un petit regard. Je pris ensuite un petit bout de saucisson pour l'approcher de sa bouche.
Humain - Neutre
Constantine Meyer
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Sam 24 Nov - 18:12
Elle se mit à rire sans raison, sûrement parce que ça lui faisait des chatouilles ou que je lui mettais les cheveux sens dessus-dessous. J’aurais aimé être à sa place quelques instants, ne me soucier de rien et n’être guidé que par l’innocence et la joie d’exister simplement. Quand ses cheveux furent à peu près secs, assez pour ne pas laisser tomber d’eau par terre, je la laissai vaquer à ses occupations. Sofia se leva du canapé en déposant un rapide baiser sur le dos de ma main. J’eus l’impression de sentir ma peau me picoter. Elle se dirigea vers la cuisine et dit :
- Avant, avec Roy... quand il voulait pas cuisiner et qu'il avait pas assez de sous pour commander, il me disait qu'on allait manger froid.
Je me retournai, la vis fouiller dans les placards et le frigo. Elle en sortit un tas de trucs au hasard comme du jambon, des tomates, du saucisson… avant de mettre le couvert sur la table. Je me levai, la regardai placer tous les ingrédients au milieu des trois assiettes, accompagnés de pain et de jus d’orange.
- Zu tisch,annonça-t-elle.
Jana fut la première à venir s’installer sur sa chaise. Polie, elle attendit que je fasse de même. Après tout, pourquoi pas ? Nous aurions tout aussi bien pu commander, il me semblait avoir assez d’argent pour ça. Mais ce n’était pas plus mal d’économiser quand on avait déjà de quoi faire avec le fond de frigo. Je remplis mon assiette, Sofia s’occupa de celle de la petite fille. Cette dernière m’avait révélé – enfin… à Constantine – être plutôt contente de ce que l’on mangeait ici parce qu’elle préférait la nourriture européenne qu’asiatique. Elle aimait quand même beaucoup les plats typiques de Togi mais ses origines faisaient pencher son cœur du côté occidental. J’avouais que ça me manquait un peu, même si la nourriture allemande était trop grasse. Mais à l’occasion, un bon Schlachtschüssel – un plat constitué de poitrine de porc cuite, de saucisson de foie et de boudin frais servis avec de la choucroute et des quenelles de pomme de terre – ça ne faisait pas de mal. Sofia et moi faisions parfois le Wiener Schnitzel, ce qui était déjà bien. En plus, elle adorait ça. Une fois tous servis, nous commençâmes à manger. Au début, je me demandais ce qui me caressait la jambe. Puis je me rendis compte que c’était le pied de Sofia. Ah oui, c’est vrai. Une habitude que Constantine et elle avaient prise… Elle me tendit alors un morceau de saucisson. Je croyais qu’elle voulait me le donner mais elle semblait préférer me le mettre directement à la bouche. Je ne pus m’empêcher un sourire, tendis le cou pour attraper le morceau.
- Danke,dis-je doucement avant de manger.
Jana nous regardait tour à tour, l’air amusé et un peu étonné.
- Was ? - Mais en fait, vous êtes amoureux !s’exclama-t-elle comme si c’était quelque chose d’extraordinaire.
J’échangeai un regard avec Sofia. A cause de son bandeau, je ne savais pas du tout ce que son visage exprimait. C’était parfois assez agaçant mais tant pis. Amoureux… moi j’étais amoureux. Mais elle, c’était loin d’être le cas. Cependant, Jana ne savait pas et, à mon avis, elle ne devait surtout pas savoir que Constantine et moi étions deux dans un même corps. Je devais faire comme si j’étais lui. Mais était-ce prudent de dire la vérité à Jana ? Je ne savais pas trop… Et en même temps, c’était une petite fille intelligente, peut-être me faisais-je trop d’idées sur le fait qu’elle puisse nous trahir. Je ne voyais pas pourquoi elle irait le crier sur tous les toits.
- Oui,répondis-je simplement.
Si je lui disais que c’était un secret, j’avais peur qu’elle gaffe à un moment. Alors je n’ajoutai rien de plus. Sauf…
- Et toi, t’as un amoureux à l’école ?
Elle rougit comme le morceau de tomate qui reposait dans son assiette et se mit à le triturer du bout de sa fourchette. Ah, j’avais touché un point sensible apparemment.
« J’sais pas si c’est une bonne idée,fit Constantine anxieux.Avec les problèmes qu’elle a eu à cause de l’allemand... »
Trop tard.
- Ben…hésitait Jana toujours aussi rouge.Y a… un garçon de ma classe. Daikichi. Il est gentil avec moi.
Au moins, elle ne le cachait pas.
- Il m’aide dès fois. - Gut,répondis-je en posant une main rassurante sur sa tête pour lui montrer qu’elle ne devait pas en être gênée.
Jana me fit un petit sourire timide et tartina son morceau de pain avec du fromage.
- Mais je sais pas si c’est pareil pour lui,ajouta-t-elle en haussant les épaules.
Alors là, je n’étais pas bien placé pour donner des conseils en amour, surtout à une petite fille de sept ans… Alors je fis au feeling.
- Demande-lui.
Elle me regarda avec des yeux ronds.
- Si tu lui demandes pas, tu pourras pas savoir,dis-je tout naturellement.
« Euh… j’sais pas si... »
T’occupe, c’est moi qui gère là. Jana sembla réfléchir.
- Mais t’es pas obligée de le faire tout de suite,conseillai-je en prenant le fromage qu’elle avait fini d’utiliser.Quand tu te sentiras prête, d’acc ? - Oui !fit-elle visiblement rassurée.
Un peu plus apaisé à présent, je répondis à la caresse de Sofia en approchant un peu plus ma jambe de la sienne. Malgré tout, j’avais beaucoup de mal à ignorer mes sentiments pour elle. Malgré tout, je ne pouvais pas m’en détacher. Nous terminâmes le repas tranquillement. Jana alla jouer dans sa chambre. J’aidai Sofia à débarrasser la table. Alors qu’elle s’apprêtait à faire la vaisselle, je la pris par la main et l’attirai vers moi pour la serrer dans mes bras.
Humaine - Asservie
Sofia Ashley
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Sam 24 Nov - 23:49
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"..."
Du Hast
La petite semblait bien manger, tant mieux. Il n'y avait rien de plus important que la bouffe ! Il fallait bien manger et Jana avait bon appétit, ça faisait plaisir. A partir du moment où on avait bon appétit alors ça voulait dire qu'on allait bien. Au moment d'approcher le saucisson de la bouche de Meyer, je remarquai un sourire sur ses lèvres. J'étais si contente de le voir sourire... Il était tellement beau quand il souriait comme ça. Il s'approcha doucement pour saisir le morceau de saucisson entre ses dents et le manger.
"Danke."Dit-il simplement.
Jana nous regarda tour à tour comme si nous venions d'une autre planète. Mais il y avait un petit air malicieux dans son regard. Je me demandais bien à quoi elle pouvait penser, tout d'un coup.
"Was ?"Demanda Meyer.
"Mais en fait, vous êtes amoureux !"S'exclama Jana avec sa petite voix.
C'était amusant, on aurait dit qu'elle venait de faire la découverte du siècle. Meyer et moi échangeâmes un court regard. Amoureux... Je l'étais oui. Follement même. Amoureuse de Constantine. Mais là, il s'agissait de Meyer. Cependant, ça, Jana ne pouvait - et ne devait - pas le savoir. Je savais même pas si elle pouvait comprendre ce que ça voulait dire si on lui disait qu'il y avait deux Meyer différents. En tout cas, elle avait un sacré instinct la gamine, pour deviner ça. Quoi que... Ca faisait déjà un moment qu'elle vivait avec nous. Mon compagnon et moi dormions toujours ensemble, prenions très souvent la douche à deux... On vivait comme n'importe quel autre couple en réalité. Pour Jana, ça devait beaucoup ressembler à son Papa et sa Maman, quand elle vivait encore avec eux.
"Oui"Répondit simplement Meyer.
Aucune raison de lui cacher, du coup, en effet. J'hochai simplement la tête, à mon tour. De toute façon, un jour... Ca allait bien se savoir non ? Yoshi' par exemple, il devait bien se douter de quelque chose. Je me demandais même s'il ne savait pas déjà. Le plus important c'était que Kenichi ne le sache pas. Pareil pour l'Arène. Le reste, je m'en fichais pas mal.
"Et toi, t’as un amoureux à l’école ?"
Elle semblait encore un peu jeune pour ça... Mais elle ne resta pas indifférente à la question. Toute rouge, elle triturait le morceau de tomate avec le bout de sa fourchette.
"Ben…Y a… un garçon de ma classe. Daikichi. Il est gentil avec moi."
Je l'écoutai d'une oreille, ça m'intéressait pas plus que ça. J'en profitai donc pour manger un peu aussi.
"Il m’aide dès fois"Ajouta-t-elle. "Gut"
Comme pour la rassurer, Meyer posa délicatement sa main sur sa petite tête blonde. Ca avait l'air de fonctionner, Jana lui accorda un petit sourire tout en tartinant son pain avec du fromage.
"Mais je sais pas si c’est pareil pour lui"
Je me préparai une petite tartine avec du beurre et du jambon. Je laissai les deux discuter entre eux, en profitant pour manger à mon tour. Je regardai la gamine un petit moment. Ca, si elle voulait le savoir, il n'y avait qu'une solution...
"Demande-lui."Dit Meyer en échos avec mes pensées.
Surprise, Jana le regarda avec des yeux tout ronds. Elle ne devait pas s'attendre à ce genre de réponse.
"Si tu lui demandes pas, tu pourras pas savoir"
J'hochai doucement la tête, plutôt d'accord avec lui.
"Mais t’es pas obligée de le faire tout de suite. Quand tu te sentiras prête, d’acc ?"Conseilla-t-il. "Oui!"
Si je m'attendais à ça... Meyer était de bons conseils, il savait s'y prendre avec la petite. J'étais vraiment contente de le voir sous ce nouveau jour. Je sentis ensuite sa jambe se rapprocher de la mienne. Je relevai la tête alors que je coupai une tomate. Je lui fis un petit sourire timide tout en continuant mes caresses. Le reste du repas se déroula dans le silence, c'était pas plus mal. J'aimais bien manger dans le calme, dans le silence. Ca m'aidait à me concentrer sur mon repas. Jana fila dans sa chambre pour aller jouer. Je me levai pour débarrasser la table, aidée par Meyer. Je relevai mes manches pour commencer à faire la vaisselle mais il me prit la main pour m'attirer vers lui. Sans un mot, il me serra dans ses bras. Je répondis volontiers à son câlin en le serrant aussi contre moi.
"Tu sais y faire avec Jana, c'est trop cool."
Je lui dis ensuite qu'il pouvait aller se détendre sur le canapé et que je m’occupais du reste. Je savais pas trop quand Constantine allait revenir, probablement demain matin. C'était un peu bizarre de partager cette soirée avec Meyer, mais c'était tout aussi plaisant, en réalité. Je terminai rapidement la vaisselle puis je récupérai une bière dans le frigo. De retour dans le salon, je tendis la boisson à Meyer avant de m'installer à ses cotés. Il restait un peu de temps avant le dodo de la petite. Je m'installai à califourchon sur ses cuisses en posant ma tête contre son torse. Je glissai mes mains dans son dos pour me coller davantage à lui. La télé était allumée, mais le son était très bas. Il n'y avait pas beaucoup de lumière, juste la petite lampe de chevet, ça donnait une ambiance tamisée que j'aimais beaucoup. Doucement, je me mis à fredonner la chanson que Constantine avait joué au piano, lorsque je l'avais accompagné au chant. Sans m'en rendre compte, mes pouces vinrent lui caresser le dos. J'avais l'impression de me laisser emporter par le sommeil, tant je me sentais à l'aise, comme si je venais de baisser totalement ma garde, en confiance.
"Tu reviendras bientôt... hein ? Comme ça on pourra faire un truc..."
Je ne dormais pas encore, mais c'était tout comme. Je somnolai, j'avais juste plus envie de bouger du tout, de rester comme ça pendant un long moment encore. C'était vraiment agréable...
Humain - Neutre
Constantine Meyer
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Dim 25 Nov - 14:40
J’étais quasiment sûr qu’elle n’allait pas me repousser mais le peu ce certitude qu’il restait sur la deuxième option me faisait quand même peur. Quand elle me serra à son tour contre elle, je fus si soulagé que mes mains en tremblèrent.
- Tu sais y faire avec Jana, c'est trop cool,déclara-t-elle contente.
Je ne savais pas trop. Un vrai parent aurait peut-être conseillé tout autre chose, voir interdit à la petite fille de fréquenter les garçons à son âge. Tant que ça restait innocent, je ne voyais pas où était le problème.
« Je suis d’accord. »
A la bonne heure… Sofia dit que je pouvais retourner sur le canapé car elle s’occupait du reste. Je la laissai donc commencer la vaisselle. J’éteignis la lumière du salon, allumai seulement la lampe qui reposait sur le meuble à côté de la baie vitrée. Puis j’allai récupérer la télécommande de la télévision pour l’allumer avant de m’installer. Je baissai le son. En vérité, il n’y avait rien d’intéressant à regarder mais je ne savais pas vraiment comment patienter. Bientôt, Sofia me rejoignit, me donna une bouteille de bière et vint simplement s’asseoir à califourchon sur mes cuisses, posant sa tête contre mon torse. Euh… OK.
« Arrête de réfléchir et profite. »
Jawohl Kapitän… Elle se blottit en glissant ses mains dans mon dos. Mon cœur eut du mal à suivre. Là, elle commença à fredonner une chanson. Je mis un peu de temps à reconnaître l’air : c’était celui qu’elle avait chanté pour accompagner Constantine au piano. C’était au début du printemps, peu après l’arrivée de Nikolaus à Togi. Je m’en rappelais très bien parce que, ce jour-là, Constantine m’avait laissé sortir quelques minutes, le temps d’arranger les choses au magasin de vêtements dans lequel il avait emmené Sofia. Elle faillit sortir du magasin avec la robe qu’il n’avait pas encore payé. Évidemment, le vigile s’en mêla et lui retira son collier par mégarde. Incapable de trouver une solution, Constantine demanda mon aide. Plus tard, à la maison, il lui expliqua tout ce que Wilhelmina Meyer avait écrit dans sa lettre d’adieux et lui parla un peu d’elle. A mon avis, Sofia s’en fichait un peu parce qu’elle lui en voulait d’être parti à Berlin pour honorer la mémoire d’une femme qui l’avait toujours ignoré. Toujours est-il qu’ensuite… ils… pour la première fois…
- Tu reviendras bientôt… hein ?s’enquit Sofia, me faisant sortir de mes songes.Comme ça on pourra faire un truc…
Je laissai la bouteille de bière reposer contre le bras du canapé et posai mes mains sur son dos. Faire un truc… Autre chose que nous taper dessus, je l’espérais. Ça ne devait plus se reproduire, encore moins en présence de Jana. Cette gamine en avait assez vu. Entre les harcèlements à l’école, la débilité de son père et mon comportement de fou à lier, elle finirait par vouloir partir loin d’ici. Et je ne le voulais pas. Constantine l’aimait bien, moi aussi en fait. Je maintenais le fait qu’il avait pris trop vite sa décision mais à présent, c’était fait, il nous fallait avancer. Jana était gentille, serviable, adorable, souriante. Un morceau de joie dont nous avions tous grandement besoin pour mieux apprécier les petites choses du quotidien, travailler sur nous-même, changer de mode de vie. Était-ce ça, avoir des enfants ? S’inquiéter en permanence mais savourer davantage notre existence auprès d’eux et de tous ceux qui comptaient pour nous ? C’était bizarre comme sensation. Je n’avais jamais appris à voir les côtés positifs parce que Constantine m’avait justement créé – contre son gré – pour accumuler le négatif. Peu à peu, je prenais conscience de certaine choses. C’était surtout grâce à Sofia et à ce qu’il ressentait pour elle. Jana y était aussi pour quelque chose désormais. Et j’avais encore failli tout gâcher. Sofia l’avait dit tout à l’heure à la plage. « Tu vas encore tout gâcher. » Combien de fois allait-elle encore me le dire ? Préoccupé, je soupirai, serrai un peu plus la jeune femme contre moi. Mon cœur battait fort dans ma poitrine, j’avais l’impression qu’elle pouvait le sentir.
- Quand tu veux,fut la seule réponse que je trouvai.
C’était vrai. Elle seule pouvait décider après tout. Le silence s’installa, seulement rompu par le son de la télévision et la voix de Jana qui jouait avec ses peluches. J’étais plutôt bien là, avec Sofia. Son corps était tout chaud contre le mien, ça m’apaisait – en dehors du fait que je n’arrivais pas à calmer mon rythme cardiaque. C’était gentil à elle de m’avoir apporté une bière mais pour l’instant, je préférais profiter de notre proximité puisque la demoiselle ne me repoussait pas. D’une main, je grattouillai le haut de son crâne. Elle leva le visage vers moi avec un petit sourire. Doucement, je commençai à retirer son bandeau. Je voulais voir ses yeux maintenant, être sûr que je n’y lirais pas le mensonge. Au début, elle eut comme un mouvement de recul. Mais elle s’immobilisa et me laissa faire. Je m’attendais à voir le résultat de ma brutalité sur son visage. Cependant, cela ne m’empêcha pas de ressentir une immense tristesse en regardant le bleu qu’elle portait sous l’œil. Je l’effleurai doucement avec le bout des doigts, plongeai un moment mon regard dans le sien. Tout ce que j’y voyais, c’était le soulagement, celui du retour à la normale. J’avais envie, mais tellement envie de l’embrasser… En ayant essayé dans un moment calme et propice, elle n’avait pas voulu. Alors après une crise, encore moins. Je ne tentai donc rien, me contentai de déposer un baiser sur son front. A côté de la bouteille de bière, mon téléphone se mit à vibrer. Je m’en emparai, regardai l’écran. C’était Lyne. Eh bien… elle attendrait que je la rappelle. Reposant le téléphone qui vibrait toujours, je me laissai choir sur le côté, entraînant Sofia dans mes bras.
Humaine - Asservie
Sofia Ashley
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Lun 26 Nov - 20:10
ft. Sofia & Meyer
"..."
Du Hast
Il ne m'interrompit pas, pendant que je fredonnais ma chanson. Je me demandais d'ailleurs si Meyer s'en souvenait, de ça... J'espérais que oui, quand même, c'était un souvenir très agréable que j'avais avec Constantine et je voulais aussi le partager avec lui. Je sentis ses mains passer dans mon dos. Ca me rappelait nos nombreuses soirées passées sur ce canapé et des nombreuses fois où il m'avait empêché de basculer en arrière parce que je faisais jamais attention. Je restai bien contre lui, mais je sentais bien qu'il semblait soucieux. A quoi pouvait-il encore penser ? Il n'avait qu'à profiter de l'instant présent... Il soupira en me serrant un peu plus contre lui. Il m'écrasait la poitrine un peu ! Mais j'étais si serrée contre lui que je pouvais sentir son cœur battre tout rapidement.
"Quand tu veux"répondit-il simplement.
Et... plus rien. Le silence à nouveau. Ca me suffisait largement, il avait peut-être enfin compris que je ne lui en voulais pas du tout pour aujourd'hui. A part Jana qui jouait dans sa chambre et la télé, il y avait un calme très agréable qui régnait dans le salon. En écoutant la petite d'une oreille, on pouvait facilement deviner à quoi elle jouait. Elle devait encore faire parler ses peluches en inventant des histoires. Et comme comme était à fond avec son château, je l'imaginais bien faire une histoire en rapport avec les princesses et les chevaliers. Perdue dans mes pensées, à deux doigts de m'endormir, je sentis la main de Meyer venir grattouiller le haut de ma tête. Je levai les yeux vers lui en souriant doucement. Il approcha ensuite sa main de mon bandeau pour le retirer. J'eus un léger mouvement de recule, j'avais pas très envie, il allait voir l'état de mon visage et allait encore s'en vouloir. Mais je décidai de le laisser faire, de toute façon il allait bien le remarquer à un moment... Ce genre de bleu ça restait un moment, je pouvais pas le cacher.
Je pouvais lire la tristesse dans son regard. Du bout des doigts, il caressa ma peau, juste sous l’œil. Je plongeai son mon regard dans le sien, affichant toujours le même petit sourire. Son téléphone se mit ensuite à vibrer. Oh non... Je voulais encore profiter un peu de ce moment de calme. Il le récupéra pour vérifier sur l'écran qui cherchait à la joindre. Mais il ne répondit pas et reposa son téléphone sur le canapé. Il se laissa ensuite doucement tomber sur le coté, m'entraînant avec lui. Je me laissai faire, pas contre à l'idée de me coucher. Mon visage tout proche du siens, je passai ma main dans ses cheveux en le regardant. D'aussi près, on aurait dit qu'il n'avait qu'un œil, c'était rigolo. J'approchai mes lèvres de sa joue pour l'embrasser. J'enfoui ensuite mon visage dans le creux de son épaule et m'endormi rapidement. Je me réveillai peu de temps après, Meyer n'était plus là mais j'avais senti quelque chose bouger. Il devait être en train de coucher la petite, j'entendais les voix depuis la chambre mais j'avais un peu la tête dans le brouillard.
Cette journée m'avait épuisée et j'avais encore mal partout. Lentement, je me levai du canapé et retirai mes vêtements que je laissais traîner au sol. J'entrai dans la chambre pour trouver un des t-shirt de Meyer pour l'enfiler. Je retournai dans le salon pour m'asseoir à nouveau sur le canapé. Je faillis faire tomber la bière, je l'avais complètement oublié. La bouteille entre mes mains, je reniflai avant de retrousser le nez. Berk... J'aimais vraiment pas cette odeur. Ca me rappelait la première fois où j'en avais bus, quand Constantine et moi avions passé notre première soirée ensemble. J'avais goûté et j'avais presque tout recraché sur son tapis. J'apportai la bouteille à mes lèvres pour boire une seule gorgée. Mon visage se crispa aussitôt, je n'aimais définitivement pas, c'était trop amer ! Meyer arriva à ce moment là. Je posai la bouteille sur la table basse et l'invitai à me rejoindre à nouveau.
"Comment tu fais pour aimer cette boisson ? C'est tout amer...Dis-je tandis qu'il s'approchaitOn dort sur le canapé dit ? Pour une fois ! Ca a l'air rigolo, hein ?"
Sans lui laisser le temps de répondre, je me levai pour courir rapidement dans la chambre. D'un grand mouvement de bras, j'embarquai tout d'un coup : Coussins et couverture. De retour dans le salon, je balançai tout sur le canapé sans me soucier d'où était Meyer. Puis, d'un bond, je sautai pour aller le rejoindre.
Humain - Neutre
Constantine Meyer
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Mer 28 Nov - 19:52
Elle suivit le mouvement et passa sa main dans mes cheveux, provoquant d’agréables frissons sur toute la surface de mon crâne. Elle m’embrassa sur la joue, enfouit son visage contre mon épaule. Nous restâmes de longues minutes ainsi. Personne ne disait rien mais ça me suffisait. Je voulais profiter un maximum de ce moment de tranquillité avec Sofia. Qui sait quand nous en aurions encore l’occasion… A côté, Jana inventait des dialogues entre ses peluches. Depuis que Lyne avait débarqué avec ses histoires de princesse, elle était à fond là-dedans. Tant mieux, au moins ça l’occupait. La chaleur de l’appartement et le calme ambiant me fatiguaient encore plus. Les tensions étant retombées, j’avais juste envie de dormir. Cependant, je voulais rester encore un peu avec Sofia. Mais difficile de garder les yeux ouverts devant les images inintéressantes de la télévision et la lumière tamisée de la lampe. Je dus somnoler quelques instants car lorsque j’ouvris les yeux, il n’y avait pas la même émission et Sofia semblait dormir. J’eus peur que Constantine ait repris sa place mais apparemment, j’étais toujours là. Et il fallait mettre Jana au lit. Je me levai doucement pour ne pas réveiller ma compagne. D’habitude, elle avait le sommeil très léger et bondissait au moindre bruit. Là, elle devait être fatiguée. Sur la pointe des pieds, je rejoignis Jana dans sa chambre. Assise sur son lit, elle lisait tranquillement une bande dessinée. Même s’il n’y avait pas beaucoup de mots, je trouvais surprenant de voir qu’elle savait déjà pas mal lire à son âge. Hisano y était sûrement pour quelque chose et je trouvais que c’était plutôt bien pour Jana. Au moins, elle ne serait pas en difficulté pour l’année prochaine, du moins, je l’espérais. Repoussant doucement la porte derrière moi, j’allai m’asseoir près de la petite fille.
- Regarde Meyer, la maman loup a eu septs petits, ils sont trop mignons,dit-elle en me montrant les images.Et celui-là, il est tout noir.
Elle leva les yeux vers moi.
- Moi aussi je veux plein d’enfants quand je serai grande.
Oula… Un, c’était déjà pas mal, non ?
- Dis, tu vas en avoir un jour toi, des enfants ?
Il y avait comme un air de déjà vu. Il me semblait qu’elle avait posé la question à Constantine lors du dernier voyage pour Berlin, sur le vol de retour. Après, elle lui avait demandé s’il voulait bien être son père, parce que l’autre abruti ne s’occupait pas d’elle.
- J’sais pas,répondis-je en haussant les épaules.
Pour le bien de tout le monde, mieux valait ne pas en avoir… J’étais tellement dangereux que je serais capable d’assassiner un nouveau né au moindre pleur.
- Je suis sûre que tu seras un super papa,déclara Jana en refermant son livre.
Ou pas… Elle disait peut-être ça parce que le sien n’était vraiment pas un exemple. Elle voyait toujours en moi le père idéal alors que j’étais loin de l’être. Là, elle avait sept ans mais si j’avais dû m’en occuper bien plus jeune, je ne savais pas si je m’en serais sorti. En tout cas, je me demandais pourquoi elle tenait absolument à me voir avec des enfants… Ne sachant pas vraiment quoi dire, je me contentai de lui ébouriffer les cheveux.
- Faut te coucher,annonçai-je en regardant son radio réveil.Y a école demain.
Elle hocha la tête, posa son livre. Je me levai et la regardai s’engouffrer sous la couette.
- Oh, j’ai oublié d’aller aux toilettes.
Elle sauta du lit et fila à la salle de bain. Pendant ce temps, je rangeai – ou plutôt entassai dans un coin – toutes ses peluches. Je savais qu’elle en gardait une pour dormir mais j'ignorais laquelle. J’en pris une au hasard, un lapin gris avec de grandes oreilles tombantes et un nez rose. Il avait une drôle de tête. Mais il était doux. Jana revint avec un petit sourire accroché aux lèvres.
- Sofia, elle fait un gros dodo sur le canapé.
Elle grimpa sur son lit, s’emmitoufla une nouvelle fois dans la couette. Je lui donnai sa peluche, elle la prit sans broncher.
- T’as froid ?demandai-je en allant vérifier le chauffage. - Oui mais ça ira mieux après,assura-t-elle.
Je me dirigeai vers la porte.
- Meyer…
Elle s’était assise et me regardait comme si elle attendait quelque chose.
« Le bisou. »
Ah oui merde. Je revins sur mes pas, m’assis au bord du matelas et me penchai. Mais au lieu de se laisser faire, elle s’accrocha à mon cou et se blottit dans mes bras. Par réflexe, je la serrai contre moi. Que pouvais-je faire d’autres ?
- Tout à l’heure à la plage, tu m’as fait peur,avoua Jana dont la voix était étouffée par mon tee-shirt.Mais c’est pas grave parce que je sais que t’es pas méchant.
Ah. Ses mots me choquèrent tellement que je restai sans voix. Ça ne voulait pas dire qu’elle éviterait les cauchemars mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle me dise ça. Je me sentais soulagé et triste en même temps, c’était vraiment bizarre. Tellement bizarre que j’eus du mal à retenir les larmes de me monter aux yeux. Sérieusement, entre Sofia et Jana, je me transformais. L’innocence d’un enfant rendait-elle un adulte plus sensible ?
« Vous avez quatre heures, »se moqua Constantine comme si nous étions en plein cours de philo.
Je souhaitai bonne nuit à Jana, sortis de la chambre. Sofia était réveillée et changée, portant comme à son habitude un de mes tee-shirts pour dormir. Elle posait la bouteille de bière sur la table basse en faisant la grimace. Elle avait dû y goûter...
- Comment tu fais pour aimer cette boisson ?s’enquit-elle tandis que je la rejoignais.C'est tout amer…
Alors là… à par lui répondre « chacun ses goûts », je ne pouvais rien dire de plus.
- On dort sur le canapé dit ? Pour une fois ! Ça a l'air rigolo, hein ?
Dormir sur le canapé ? Quelle idée… Avant que je puisse répondre, elle fila dans la chambre et revint très vite avec les coussins et la couette. Elle les balança au hasard dans ma direction en pensant sûrement viser le canapé sur lequel elle se jeta. J’enlevai la couette qui me recouvrait entièrement et m’installai à côté de la demoiselle en nous recouvrant. Si elle voulait vraiment dormir ici… pourquoi pas. J’attrapai ma bière au passage, en bus quelques gorgées. Elles me firent du bien, me permirent d’oublier un peu les mauvais moments de la journée. Je calai la bouteille entre un coussin et le bras du canapé, attrapai Sofia pour la rapprocher de moi. Je l’embrassai sur la tempe et la joue, marquai un temps d’arrêt, éloignai mon visage et me contentai de la serrer dans mes bras. Je ne pouvais pas aller plus loin, même si j’en avais très envie. C’était réservé à Constantine. Avec toutes mes conneries, y aurais-je droit un jour moi aussi ? Je soupirai. Mon avant-bras droit me picotait un peu. Je n’avais pas osé retirer le bandage, ni le mouiller sous la douche. Il était encore trop récent, j’attendrais demain. Et maintenant que j’y pensais, c’était l’avant-bras gauche qui me démangeait. Ça aussi, c’était de ma faute. J’avais poussé Constantine à bout ce jour-là. Et... j’avais eu la peur de ma vie. Je passai mes doigts sur les cicatrices apparentes, alignées les unes les autres, pour calmer les démangeaisons. Si je grattais directement, ça allait être pire.
Humaine - Asservie
Sofia Ashley
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Jeu 29 Nov - 21:02
ft. Sofia & Meyer
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Du Hast
Il se retrouva sous la couette, c'était rigolo de le voir s'agiter en dessous pour la retirer. Je me précipitai sur le canapé pour me coucher. Meyer me rejoignit rapidement avant de prendre sa bière pour boire quelques gorgées. Je le regardai faire avec un petit sourire puis il déposa la bouteille entre le coussin et le canapé. Il m'attrapa pour me rapprocher de lui, son visage tout proche du mien maintenant. Tendrement, il m'embrassa au niveau de la joue et de la tempe. J'aimais vraiment le voir comme ça, il semblait plus détendu et du coup, moi, je l'étais aussi. Il recula ensuite un peu sa tête pour me regarder. Je fis de même, me perdant un instant dans son regard. Meyer avait clairement changé. Je m'en rendais réellement compte maintenant. Avec un peu de temps encore, il pouvait faire mieux. Lentement, il me serra dans ses bras. Je le laissai faire en me blottissant contre lui pour trouver un peu de chaleur. Je l'entendis ensuite soupirer. Quelque chose le tracassait, il soupirait toujours comme ça quand quand c'était le cas. Je le regardai un instant, puis je sentis ses mains bouger. Il grattait encore la cicatrice à son poignet ? Je pris sa main dans la mienne pour l'approcher de mon visage. Je déposai ensuite mes lèvres sur sa cicatrice pour l'embrasser à plusieurs reprises. Quand il se grattait ici, ça voulait dire qu'il repensait encore à sa tentative de suicide. Pourquoi penser à ça maintenant ? Il devait s'en vouloir encore, il devait penser que c'était à cause de lui si Constantine voulait se tuer.
"Pense pas à ça maint'nant, Meyer... C'est du passé, on s'en fout. Le plus important c'est c'qu'on va faire plus tard."
Je parlais à voix basse, dans un murmure qui se voulait rassurant. Doucement, je grimpai sur lui à califourchon pour encadrer son visage avec mes mains. Je caressai ensuite ses pommettes avec mes pouces. Je devais l'aider à se détendre, c'était mon rôle, en tant que compagne. Je vins lui embrasser le nez, puis le front tout en recommençant à fredonner la chanson. J'allais rester éveillée jusqu'à ce qu'il puisse trouver le sommeil. Il termina sa bière et me tendit la bouteille. Je la posai sur la table basse à coté avant de continuer à le border. Finalement, il trouva le sommeil après avoir profité de cet instant de câlin et de chaleur. Je me perdis un moment en le regardant dormir, si paisible, enfin. Qu'est-ce qu'il était beau comme ça... J'avais tellement de la chance de l'avoir avec moi. J'avais tellement de chance d'avoir rencontré l'homme de ma vie. Je restai réveillée encore au moins une heure, une heure à le regarder, à m'assurer qu'il allait pouvoir passer une bonne nuit de sommeil réparatrice. Puis je m'endormis à mon tour.
Une partie de la nuit passa mais, comme toujours, j'avais le sommeil trop léger. Surtout que je ne dormais pas dans la pièce habituelle alors, inconsciemment, mon cerveau était plus attentif. Attentif à quoi ? Aux pleures que j'entendis depuis la chambre de Jana. Elle appelait Meyer. Heureusement, il dormait encore. Alors, discrètement, je sortis du lit en prenant soin de ne pas le réveiller pour aller retrouver la petite. Elle était assise sur le lit et tremblait. Elle avait encore fait un cauchemar. En même temps il fallait s'y attendre, avec la journée d'hier... Sans un bruit, je m'installai sur le bord du lit en fixant la gamine. Je devais faire quoi maintenant ? La rassurer ? Je pensais pas en être capable du tout mais Constantine avait besoin de dormir.
"Les cauchemars ça existe pas toute façon."
...Bon, c'était carrément nul pour consoler une gamine. Mais elle vint quand même se blottir contre moi en enfouissant sa tête dans ma poitrine. Discrètement, je tâtai les draps pour voir si elle avait pissée au lit. Heureusement que non, c'était pas trop tard. Puis, soudainement, une idée me vint à l'esprit.
"Tu te souviens, dans ton château, t'avais dis que Meyer c'était le gardien."
Je parlais toujours aussi lentement en prenant soin d'articuler mes mots pour me faire comprendre. Elle hocha la tête, doucement, entre deux sanglots étouffés.
"Meyer überwacht. Du kannst zum Bad gehen."Susurrai-je à son oreille.
Elle redressa la tête et me regarda avec des yeux ronds, visiblement surprise de m'entendre parler en allemand.
"Comment on dit 'bruit' en allemand?"
"Lärm"Répondit-elle de sa petite voix.
"Gut. Kommt, aber kein Lärm."
Elle me prit la main en souriant doucement. Elle me suivit dans le couloir et remarqua, en effet, que Constantine dormait sur le canapé. Rassurée, elle ouvrit la porte de la salle de bain pour aller faire pipi. Je lui demandai de pas tirer la chasse d'eau, sinon il allait se réveiller. Obéissante, elle ne fit aucun bruit puis se lava les mains avant de me rejoindre. Je l'accompagnai à nouveau dans sa chambre en fermant la porte, cette fois-ci.
"Il surveille en faisant un dodo, Meyer ?"
J'hochai simplement la tête. Elle ne semblait pas vraiment convaincue.
"Il t'arrivera jamais rien ici. Meyer fait très attention à toi. "
Elle se coucha à nouveau dans son lit. Je la recouvris avec sa couverture et me levai. Cependant, elle agrippa mon T-shirt pour tirer dessus. D'accord... Elle avait encore peur.
"Tu veux que je reste avec toi, cette nuit ? Comme ça tu pourras voir que t'es en sécurité."
Elle hocha timidement la tête. Bon... Je me glissai à mon tour sous la couette pour me coucher à coté de Jana. Elle serra mon T-shirt dans sa main, au niveau de mon torse puis posa la tête contre ma poitrine avant de s'endormir. Bon, si ça pouvait l'aider à être rassurée, comme ça... Finalement, je trouvai le sommeil à mon tour...
Humain - Neutre
Constantine Meyer
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Dim 2 Déc - 12:45
Heureusement, Sofia m’en empêcha en prenant ma main dans la sienne. Elle la rapprocha de son visage et déposa doucement quelques baisers sur les cicatrices. Son souffle chaud apaisa les démangeaisons, comme un baume réparateur.
- Pense pas à ça maint'nant, Meyer...dit-elle comme si elle avait lu dans mes pensées.C'est du passé, on s'en fout. Le plus important c'est c'qu'on va faire plus tard.
Elle avait raison. Mais je peinais à me projeter dans l’avenir. Tout ce que je voyais, c’était ma prochaine connerie. Constantine, lui, se plaisait dans sa routine et semblait vouloir profiter du présent plutôt que s’embêter à imaginer un avenir qui ne serait peut-être pas possible. Quoi que, depuis l’arrivée de Jana, il voyait un peu plus loin, certainement parce qu’elle n’était qu’une enfant et qu’il voulait la voir se construise le mieux possible. Je trouvais ça bien pour lui. Même si je l’avais engueulé sur sa décision, je prenais conscience que la présence de cette gamine pouvait davantage l’aider à s’intégrer au monde. Sofia l’avait changé en grande partie, Jana était le petit plus qui lui permettait d’apprécier la vie. Il n’était plus le même qu’à son arrivée à Togi deux ans auparavant. Moi aussi j’avais changé. Pourtant, il m’arrivait encore de dépasser les limites… Avec souplesse et légèreté, Sofia s’assit à califourchon sur mes cuisses et posa ses mains de chaque côté de mon visage. Les battements de mon cœur accélérèrent quand elle approcha pour m’embrasser sur le nez et le front. Elle se remit à fredonner, je profitai de ce moment pour me calmer, chasser mes pensées de mon esprit. Je terminai la bière, la donnai à Sofia pour qu’elle la dépose sur la table basse. Puis je me laissai glisser en position allongée et fermai les yeux. Je m’endormis vite. Je pensais pouvoir encore profiter de la chaleur de son corps, de sa voix rassurante. Mais l’épuisement me gagna trop rapidement, l’obscurité m’envahit. A un moment dans la nuit, je crus entendre Jana mais n’en fus pas sûr. Je ne savais pas si c’était un rêve ou non et ne me sentais pas apte à me lever. A côté de moi, le canapé était vide. Sofia était peut-être allée la voir. Je sombrai à nouveau.
Au réveil, je fus incapable de me rappeler de tous les rêves bizarres qui alimentèrent ma nuit. En tout cas, Meyer était parti, je retrouvais ma place. Sofia était déjà levée, du moins le pensais-je. Je ne la vis nulle part dans l’appartement. Il ne restait que la chambre de Jana, calme et silencieuse. Après avoir remonté les volets électriques du salon, j’allai doucement ouvrir la porte de la chambre. Si je m’attendais à ça… Sofia dormait avec la petite fille. Toutes les deux enroulées dans la couette, elles étaient serrées l’une contre l’autre, profondément endormies. Jana avait dû faire un cauchemar et ma compagne s’était occupée de venir la rassurer. J’aurais préféré le faire moi-même pour lui éviter cet embarras. Mais si ça l’avait autant gênée, elle ne serait pas restée auprès de la petite fille. Elle avait pris la décision de son plein gré. J’étais rassuré parce que cela démontrait que leur relation s’améliorait. Et, c’était un peu étrange et fou de dire ça, vu ce qu’il s’était passé hier, mais c’était en partie grâce à Meyer.
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