Un nouvel endroit, des tas de questions [PV Anastasya]

Maeko n'eut pas à attendre particulièrement Anastasya, même si l'attente ne la dérangeait pas. Déjà, il était particulièrement tôt et donc les températures étaient fraiches, elle était donc tout à fait à l'aise. Même si ses branchies n'appréciaient pas toujours le vent frais, mais au final, elles étaient cachés sous ses bras en attendant de servir à nouveau. Elle sourit en entendant la voix de sa sauveuse.

- Merci, c'est grâce à toi et tout le personnel ici. Et la baignoire est vraiment pratique ! Je dois avouer que ça m'avait manqué de dormir au fond de l'eau...

Elle suivit le mouvement, écoutant ce qu'Anastasya lui expliquait sur les lieux. Et pour une fois, elle était réellement intéressée par cet endroit et tout ce qu'il était possible d'en apprendre. Et pourtant, ce n'était pas dans l'idée de faire couler ce groupe, non, elle était juste intriguée. Comment un tel endroit, un tel groupe avait pu s'organiser aussi discrètement et efficacement ? Elle était impressionnée.

- Des cours ? Voila qui peut être une bonne idée ! Et l'idée d'être autonome, c'est une très bonne chose, mais qu'est-ce que vous faites des hybrides ainsi sauvé ? Vous les abandonnez dans la nature ?

Même si elle aimait vivre dehors, dans la nature et surtout la rue à se gérer toute seule, elle savait que tout les hybrides n'en étaient pas capables. L'endoctrinement était parfois trop fort, même en leur apprenant à être autonome, alors elle se demandait légitimement ce qu'on en faisait, de ces hybrides là.

- Ah, je sens que je vais souvent aller voir cette piscine ! Depuis qu'ils m'ont capturé, je n'ai pas vraiment pu profiter d'un endroit où nager...

Un endroit où elle pourrait être elle-même. Cela lui avait véritablement manqué et elle appréciait que cet endroit offre tout ce qui était nécessaire pour le bien-être des hybrides de toutes sortes.
Elle continua de suivre le mouvement, tout en observant tout autour d'elle.

- Effectivement, certains cours sont vraiment utiles pour être autonome...Le reste, je suppose que c'est surtout une question de culture ? De mettre les hybrides aussi proche que les humains ?

Elle ne connaissait pas grand chose de toutes ces matières, mais elle n'était pas idiote. Elle avait bien remarqué que de connaitre beaucoup moins de choses rendaient les hybrides inférieurs au final. Peut-être qu'elle devrait s'intéresser à tout ces cours ? Mais elle se demandait si la majorité l'intéresseraient suffisamment pour qu'elle vienne en cours ou ne fasse des efforts. Elle devrait y réfléchir, tout comme ce qu'elle ferait de son avenir.

- Et toi ? Tu as du suivre beaucoup de cours pour devenir membre à part entière et les aider ? Et je peux savoir ce que ça t'apporte de libérer des hybrides ?

Elle était intriguée par cette hybride qui prenait beaucoup de risques pour ses congénères en difficulté. Et Maeko étant plutôt du genre solitaire et à ne pas se préoccuper des autres, elle avait un peu de mal à saisir l'intérêt.

Il était bon pour le Hibou grand Duc d'entendre l'Axolotl se sentir mieux, c'était sa plus belle récompense pour son travail, pour ce sauvetage risqué. Un sourire se dessinait sur son visage, un sourire doux et délicat sans non plus être particulièrement discret. Anastasya écoutait toutes les question de la jeune hybride à la carnation laiteuse, il y en avait plein et elle y répondrait avec plaisir. Elle sentait que cette femme avait une hargne incroyable et une force d'esprit semblable à la sienne. Libre comme l'air, deux femmes que l'on ne pouvait enchaîner à un destin de prisonnières. Elles continuaient de marcher pour entrer en premier lieu dans la salle d'herboristerie :

- Les hybrides sauvés restent ici dans un premier temps, ils logent dans les appartement puis lorsqu'ils sont prêt ils peuvent partir, soit comme moi en se trouvant un travail lorsqu'ils n'ont pas de particularité visible au premier coup d'oeil. Si leur particularité d'hybride est trop visible ils doivent avoir un humain référent car en ville les hybrides ne peuvent trouver du travail qu'avec l'accord de leur maître, idem pour les appartements et donc tu n'auras aucun compte à rendre à ton humain référent, il sera seulement la clé qui te permettra d'accéder à ce mode de vie. Tu peux aussi simplement aider ici comme je le fait en cumulant avec mon travail, à la protection d'autres hybrides. Tu étais ma première mission, pour cela il faut être ici depuis déjà une année.

Anastasya continua son chemin, s'avançant dans la salle où se trouvait des bocaux dans le font de la pièce, il y avait toute sorte de matériel conçu pour l'apprentissage des premiers soin, un programme des plus utiles pour tout hybrides. Le hibou grand duc reprit alors sa phrase, elle n'avait pas complètement répondu à cette précédente question :

- Certains retournent également à la vie sauvage, notamment ceux qui l'on connue et se sont retrouvés prisonniers des humains par les rabatteurs ou chasseurs qu'il y a eu par le passé.

Elle donna alors des précisions au sujet de la pièce dans laquelle elles venaient d'entrer :

- Ici c'est l'herboristerie, et c'est utile pour tous, pour les premiers soins, donc quelle que soit la vie que tu choisis pour la suite l'herboristerie te seras d'une utilité vitale.

Elle montra les bocaux et divers matériels de la main pour illustrer son propos :

- Voici les outils d'apprentissage, tu découvriras tout durant ton apprentissage. Et pour répondre à ta question, il est effectivement utile de connaître les bases de l'histoire pour se fondre dans la masse, on peut démasquer aisément un hybride lorsqu'il n'est pas instruit voir illettré. Et pour trouver un emploi c'est bien plus simple.

Enfin, la jeune femme aux aigrettes répondit à celle aux visage pâle le plus simplement en évitant de trop s'étaler sur son passé puisqu'elle devait être une écoute pour Maeko et non pas se servir d'elle comme d'un soutient, ce n'était pas son rôle, même si elle devait tout de même l'éclairer un peu puisqu'on le lui avait gentiment demandé :

- Oui j'ai reçu pas mal de cours, je devais rattraper le manque de culture que j'avais, apprendre les bases et les renforcer et puis je me suis entraînée au combat pour savoir me défendre en cas d'attaque comme dans l'établissement de Kayden.

Après la brève présentation de la salle d'herboriserie elle se dirigea dans la salle de cours de cuisine, il y avait un matériel de pointe, cela pouvait paraître impressionnant de prime abord, puis elle reprit :

- On m'a sortie de là, j'ai survécu aux tortures de Vladimir Gribov, je ne supporte pas de rester passive face à ce fléau. C'est en s'aidant les uns les autres que l'on construit un avenir meilleur pour les hybrides.

Elle s'avança dans la salle de cours de cuisine et montra de la main les fours et autre sources d'apprentissage :

- Les cours de cuisine sont utiles pour sois même mais aussi pour ceux qui voudraient éventuellement trouver un travail dans ce domaine. C'est toujours bon à prendre. Et puis au fil du temps on se régale avec de délicieux petit plats !

Disait-elle sur un sourire presque enfantin. En effet, se régaler de délicieux plats était quelque chose d'agréable et, étrangement, reconstructeur, c'était la bonne humeur et le travail d'équipe, l'entraide, tout simplement un moment agréable...

Maeko suivait Anastasya dans les couloirs, lui faisant tout de même bien confiance. D'ordinaire, elle était plutôt solitaire peur sociable, mais cette hybride lui avait sauvé la vie et il y avait peu de chances que ce soit pour la mettre entre les mains d'un autre tortionnaire...Sinon, il n'y aurait pas eu de logique. Elle regardait autour d'elle, curieuse pour une fois, tout en écoutant les réponses.

- Donc, il y a beaucoup d'hybrides libres qui se font passer pour des humains ? Mais c'est génial ! J'adore l'idée de tromper autant les humains que cela ! Mais dis-moi, cet endroit garde une trace, une liste de tout les hybrides ainsi sauvés ? Si c'est le cas, il ne faut vraiment pas qu'il soit découvert...ou pire, dénoncé aux rabatteurs...

Si cela arrivait, beaucoup d'hybrides risquaient d'y laisser leur peau et avec les lois bien plus dures, malgré ce que le nouveau maire voulait faire croire, elle ne leur donnait pas beaucoup d'espoir pour la suite. Mais il fallait malgré tout garder espoir, ces gens prenaient beaucoup de risques, surtout avec les nouvelles lois, pour aider ses congénères. Et plus elle en apprenait, moins elle avait envie de les dénoncer, même pour sauver sa propre peau. Non, elle garderait le secret.

- Logique, surtout s'ils ont une famille quelque part...c'est une des solutions qui me tentent beaucoup. J'appréciais ma vie dehors, dans les rues, en solitaire.

De toute façon, après la mort de son meilleur ami, elle n'avait pas voulu s'attacher à nouveau. Peut-être que c'était l'occasion de changer certaines choses chez elle ? Elle aurait le temps d'y réfléchir pendant son séjour dans cet endroit. Après tout, s'enfuir n'était pas la solution. Les rabatteurs devaient surement la chercher...autant qu'elle reste cachée.

- De l'herboristerie ? Effectivement, ce serait utile ! C'est certainement un cours que je suivrais le temps que je reste ici.

Herboristerie, premiers soins, des choses très utiles quand on vivait dans la nature. Reconnaitre les plantes capables de soigner certains mots...cela lui éviterait de s'infiltrer chez des humains si elle tombait malade. Elle suivit Anastasya jusqu'au fond de la classe, attrapant un pot au hasard. Elle observa un moment la plante qui le remplissait...de la mélisse. Intéressant, même si elle ne connaissait même pas cette plante. Certains pots contenaient des plantes plus connues, d'autres des plantes inconnues pour Maeko. Elle reposa le pot sur l'étagère et se tourna vers la demoiselle.

- Si je choisis de rester, il y a des chances que je te revois ?

Si elle posait la question, c'est qu'elle commençait à bien apprécier sa sauveuse, sans savoir si c'était vraiment une bonne idée. Elle savait pourtant que s'attacher n'apportait rien de bon, que du manque et de la douleur quand la perte arrivait.
Elles changèrent de salle et Maeko se retrouva rapidement dans une salle de cuisine, reconnaissable aux appareils dont elle ne savait pas se servir mais qu'elle avait souvent vu chez les humains qu'elle volait. En entendant parler de l'histoire de sa potentielle future amie et surtout de Vladimir Gribov, elle tourna la tête vers elle. Cet homme n'avait pas bonne réputation, nombres d'hybrides en parlaient avec beaucoup de haines ou de rage, ou parfois de peur suite aux traumatismes subis au centre.

- Encore ce Vladimir Gribov ? J'ai souvent entendu des hybrides en parler...mais tu es surement l'une des seules à être passée entre ses mains et à te battre autant. J'avoue que je suis assez...admirative.

Elle lui offrit un sourire, un vrai, car ce n'était pas un mensonge. Elle était réellement admirative face à ce bout de femme qui était pleine de détermination et de rage de vaincre, malgré un passé difficile. Et elle, qu'est-ce qu'elle avait pu subir et quel en était le résultat ? Maeko se rendait compte qu'à pars avec Kayden, elle n'avait pas subi de torture et que seule la perte de son meilleur ami avait été dur...et elle fuyait, contrairement à Anastasya. Peut-être devrait-elle se remettre en question ?
Elle sortit de ses réflexions quand l'hybride lui parla de la salle où elles étaient.

- Tu cuisines aussi ? Je serais curieuse de voir si tu es aussi douée dans ce domaine que dans les sauvetages désespérés !

Maeko venait de parler sur un ton un peu taquin, comme quoi, elle se sentait à l'aise avec l'oiseau qui l'accompagnait.

Anastasya écoutait attentivement l'Axolotl, elle était futée, effectivement, que ferai t-on en cas de fuite, il était indispensable d'avoir des registres cependant, tout était informatisé, d'autant plus que si l'on découvrait le centre ce serait la fin pour tous, humains comme hybrides peuplant ce centre. Donc il était crucial et vital qu'aucune information ne soit égarée ou divulguée pour la sécurité de tous. Maeko était perspicace, en effet, certains ont été arrachés à leur famille ou leur communautés lorsqu'ils étaient sauvages, chassés par cette société toujours plus avide de pouvoir et d'opression sur un peuple. Peut-on réellement parler de nature humaine lorsqu'elle écrase tout sur son chemin ?

Et alors que la jeune hybride aux cheveux ébène s’apprêtait à lui répondre, la jeune femme lui posa une question loin d'être anodine, aurait-elle envie de la revoir ? C'était appréciable, rassurant et flatteur, un sourire se dessina sur son visage, un sourire doux et léger sans pour autant se faire discret. Évidement qu'elles se reverraient si la nouvelle recrue restait ici. Le complexe était immense mais Ana s'y rendait souvent malgré son travail et son indépendance. Puis la jeune femme aborda le sujet de Vladimir Gribov, ce tortionnaire, en effet, rares étaient ceux qui sortaient encore lucides de ses griffes. La jeune femme gardait sa douceur mais c'était un souvenir douloureux, et d'un coup des ailes disparues la faisait souffrir, seul une petite grimmace apparaissait sur son visage pour s’effacer aussitôt et retrouver sa douceur.

Puis Anastasya répondit enfin avec une douceur cotonneuse et un sourire pure alors qu'elle s'approchait des cuisine, caressant les plans de travail comme pour se distraire et chasser l'idée qu'un jour Gribov vienne à lui poser la main dessus pour la briser de nouveau là où il n'avait pas réussi, se retrouver à nouveau sous son joug signerait son arrêt de mort :

- Si tu préfère vivre dans les rues c'est bien mais... je pense que l'on te fasse un contrôle et que l'on te repère, tu risquerais gros. Vivre dans la nature avec d'autres ou dans un appartement comme moi en ville c'est sympa, on ne vit au crochet de personne et on n'a pas de compte à rendre à qui que ce soit.

Cela avait été pour Anastasya un moment particulier, inconnu mais salvateur, une véritable découverte et comme une renaissance dont elle avait eu besoin pour se reconstruire. Puis elle s'appuya légèrement sur le plan de travail pour en suite se redresser et ajouter sur un ton plutôt chaleureux :

- Il y a en effet de grandes chances pour que nous soyons amenées à nous rencontrer à nouveau si tu reste ici. Je vais régulièrement faire des points, je participe à des réunions et je mène des missions diverses et variées avec les équipes du centre.

Puis elle réflechit un instant, devait-elle continuer sur le sujet de Gribov ? Oui, il ne devait pas l'atteindre rien que pour ça, il ne devait pas lui faire peur sans être là, son nom même devait arrêter de lui faire ressentir cette terreur incontrolable. Il ne devait pas la posséder en dehors du centre de dressage ou de sa demeure. C'était hors de question, elle était plus forte que cet odieux personnage.

- Oui, Gribov en a rendu fou plus d'un, c'est un monstre. Je ne souhaite à personne de passer entre ses mains, c'est un malade et tout le monde le laisse faire. C'est pour enfermer les gens comme lui que nous devons nous émanciper.

Puis, Le sourire de la jeune femme à la peau de Lys fut contagieux, Anastasya ne pu s'empêcher de sourire à son tour, elle avait apporter du repose à cette jeune femme, c'était jusqu'ici, le plus beau cadeau que l'on ai pu lui offrir. Elle laissa vite Gribov dérrière elle et profitait de cet instant de bonheur pur :

- Ouii, je cuisine un peu, je n'suis pas une chef mais j'aime faire de bons petits plats à ceux que j'apprécie ! C'est toujours plus agréable d'avoir quelque chose de bon dans l'assiette. Et puis j'ai appris qu'on pouvait faire des délices avec peu de choses. Par exemple, un met français que j'adore : le pain perdu, la brioche perdue, c'est un délice sans nom !

Voilà qu'elle parlait avec des yeux de gourmande, elle passait du coq à l'âne, c'était assez impressionnant, mais la gourmandise était une partie flagrante chez elle lorsque l'on venait à parler gastronomie.

Toutes deux continuaient à avancer dans le bâtiment pour visiter différentes salles tout en discutant. Et étrangement, Maeko se sentait bien avec cette hybride oiseau, mais il est vrai que le fait que ce soit sa sauveuse aidait bien aussi à avoir ce genre de sentiments de bien-être.
Néanmoins, Anastasya était franche et ce n'était pas plus mal. Alors quand elle parla des risques à vivre dans la rue depuis l'arrivée des rabatteurs, elle ne pouvait que confirmer.

- Effectivement, je ne voudrais pas me retrouver encore au centre...ou chez Kayden. Et je suppose que depuis ma capture, c'est encore plus sévère ? Tout a du tellement changer entre temps...

Après tout, peut-être que la sécurité avait été renforcée ? Qu'avait fait les révoltés pendant sa capture ? Comment la ville avait évolué ? Peut-être que vivre dans la rue n'était plus la bonne solution. Elle était un peu perdue et ne savait que faire pour le moment.

- Mais je ne sais pas si je m'adapterais à la vie dans un appartement...J'ai toujours vécu dans la rue, et seule depuis...Enfin, je n'ai jamais eu l'habitude d'un endroit où revenir chaque soir.

Elle ne voulait pas parler de son ami qui était décédé alors qu'ils voulaient de la nourriture. Assassiné par un humain, seulement pour ne pas mourir de faim...c'était finalement tellement ironique !

- Bon alors, on se reverra au moins le temps que je suis ici. De toute façon, il faudra que je réfléchisse à ce que je ferais par la suite...Je me vois mal vivre en forêt ou en appartement, mais la rue est peut-être devenue trop dangereuse...Mais en attendant, je suis obligée de rester ici le temps que les recherches lancées par Kayden se calment...et autant en profiter pour apprendre des choses utiles.

Même si sa situation n'était pas facile, c'était toujours mieux qu'à l'époque où elle était coincée à l'Exoticana. Ici, elle avait un avenir possible, un avenir qui serait son propre choix et elle comptait bien saisir cette chance !
La conversation continua sur les talents de cuisine de l'oiseau, ce qui surprenait Maeko. Elle était pleine de talents ! Son ventre gronda soudainement en entendant parler de nourriture.

- Eh bien, tu me donnes faim ! Ça fait si longtemps que je n'avais pas mangé quelque chose de bon, ou pu manger tout simplement...Kayden est...C'est Kayden tout simplement. Du coup, j'ai bien envie de tester tout ce que ma vie dans la rue ou chez lui m'a empêché de goûter. Tu m'aiderais pour ce premier repas à faire quelque chose de bon ?

Cuisiner à deux...ce serait bien une première. Et cuisiner quelque chose de bon en plus ! En vivant dans la rue, elle volait donc elle mangeait souvent cru ou cuit au feu, rien d'exceptionnel. Ici, il y avait tant de possibilités qu'elle ignorait encore mais qu'elle avait bien envie d'essayer. Elle voulait découvrir, elle voulait vivre à fond cette nouvelle vie qui lui était offert !

Le rapace écoutait l'Axolotl, elle avait envie de la convaincre de ne pas vivre à la rue, cela la mènerait tout droit dans la gueule du loup. De toute manière, au centre il y avait tout ce dont elle avait besoin, c'était un endroit grand, complet, elle ne manquerait de rien et elle pourrait rester à loisir, que demander de plus alors ? Puisqu'elle n'avait pas de puce,elle pourrait toujours se déguiser pour se promener dans les rue, tout en gardant une bonne hygiène et un endroit où se réfugier paisiblement. Pour le moment, entre le temps de réadaptation et la traque de Kayden, elle n'avait d'autre choix que de rester ici, peut-être qu'un jour Anastasya l'inviterait dans son appartement pour qu'elle connaisse un peu ce mode de vie, travailler c'est bien aussi, on s'occupe, on est indépendant, on ne meurt ni de faim ni de froid ni de soif. On se fait des colègues sympas. C'est une vie agréable en somme. Anastasya répondit sur un ton plutôt amical, souriant légèrement :

- Tu as le temps de te faire ton idée en effet, nous essaierons de sortir un peu toutes les deux, je te maquillerais un peu, sans vouloir te vexer, tu es pâle c'est flagrant.

Et alors qu'elle s'approchait des frigos, se ventant de savoir cuisiner depuis qu'elle était passée entre les mains du centre, elle se concentrait sur la faim de la jeune femme. En effet, elle avait surement mangé le stricte minimum, voir rien du tout, de la bouille ou des choses comme ça. Bon, elle allait voir si la jeune femme avait la patience ou non de manger quelque chose de simple ou d'un peu plus élaboré, elle lui posait donc la question :

- Tu as faim ? Il y a pas mal d'ingrédients, on peut faire plein de choses de pays différents, j'adore la gastronomie française, le frommage et les crêpes, c'est très facile à faire, il y a aussi les pizza italiennes qui sont simples, on met ce que l'on veut dessus et on enfourne ! Et puis, un peu plus long mais d'ici, tout ce qui est sushi ou maki, sinon il y a les yakitori ou les brochettes de bœuf au fromage.

La jeune femme prononçait ce mot comme si c'était le meilleur des mets du monde, la caverne d'ali baba, le saint graal. Le fromage c'était la vie, et ses yeux étaient plein d'envie rien que d'y penser. Mais il fallait savoir que le fromage français est pour l'île une denrée de luxe et même s'il y en avait dans les frigos, il ne faudrait pas en abuser, même si ce côté incroyablement gourmand, ce pêché, cette infâme sensation de ne pas écouter la raison, dominait Ana. Sacrilège, elle en avit bien trop envie. Elle adorait les crêpes et les galettes, c'était plutôt simple à faire, la pizza aussi, et les brochettes également, alors elle laisserait son acolyte choisir parmi ces trois propositions. La jeune femme aux cheveux ébène sourit et fit un clin d'oeil à celle à la carnation plus que claire :

- Et pour le dessert, fondant au chocolat ou crêpes au caramel !

Son regard se faisait presque enfantin, c'était limite si la bave n'allait pas lui couler des lèvres. Voilà qu'elle s'emportait et que le goinffre qui sommeillait en elle se réveillait dans un accès de gourmandise. Elle se reprenait, et se calmait puis elle s'excusa platement :

- Euhm, désolée Maeko, je m'emporte, je pense que comme toi, je l'espère, je suis très gourmande.

Un petit rire nerveux se fit entendre, sa crédibilité et sa classe chutaient en dessous de zéro, en dessous de tout même, la honte...

A peine Maeko avait parlé de nourritures qu'Anastasya semblait prête à en baver d'avance. Visiblement, elle avait à faire à une grande gourmande et cela l'amusait. En plus de la distraire de tout les ennuis qui s'accumulaient dernièrement et de tout ce qui la hantaient. Alors cette visite guidée lui faisait beaucoup de bien, et elle appréciait la joie du rapace. Et d'ailleurs, la brune lui proposait des sorties, un peu plus tard mais en la maquillant. Elle eut un sourire amusé.

- Oh, ça ne me vexera pas ! Je sais que je suis très pâle, je suis très proche de mon animal au final...Et un axolotl de couleur blanche, sinon, ce ne serait pas drôle. Mais il semblerait que c'est ma couleur de peau et de cheveux qui attirent le regard et plait à ces humains...

Pourtant, elle appréciait sa singularité, elle aimait être aussi différente, surement unique. Mais les humains, et notamment Kayden arrivait à la faire douter. A lui faire regretter d'avoir un tel physique. Mais elle refusait de se laisser abattre ! Elle se battrait jusqu'au bout ! Et elle gagnerait, elle allait avoir si vie de liberté !
Maeko suivit Anastasya jusqu'aux frigos, observant les ingrédients à l'intérieur. Il y avait quelques petites choses qu'elle reconnaissait, qu'elle avait pu voler dans sa vie d'avant, mais beaucoup de choses inconnues. Tout comme ce que l'oiseau lui proposait comme plat. Elle la regarda, réfléchissant mais non, elle ne voyait pas.

- Je vais être honnête, je ne connais pas tout ce que tu me proposes. Peut-être que j'en ai déjà vu ou mangé, mais le nom ne me dit rien. Tu as l'air d'adorer le fromage, alors faisons au moins un plat au fromage que je découvre ce qui te fait baver rien que d'en parler ! Pour le reste...je te fais confiance, qu'est-ce qui est le meilleur ?

Elle la regarda, interrogative. Et c'était la première fois qu'elle était aussi honnête. D'ordinaire, elle n'avouait jamais son manque de culture ou de connaissances, elle préférait mentir et faire semblant pour ne pas être jugée. Mais elle avait l'impression et avec Anastasya, ce n'était pas prêt d'arriver ! Alors, elle se détendait petit à petit.
Mais voila que la demoiselle enchainait sur le dessert.

- J'adore le chocolat ! On a qu'à partir sur ce dessert là !

Le chocolat, elle connaissait très bien, et elle n'avait pas forcément l'occasion d'en manger. Alors si ici, on lui proposait quelque chose à base de chocolat, elle n'allait surement pas refuser ! En tout cas, le repas s'annonçait savoureux et elle avait hâte de pouvoir déguster tout ce qu'elles prépareraient. Enfin, en réalité, Anastasya allait surement faire la majorité du travail, mais elle comptait bien l'aider autant que possible.
En l'entendant s'excuser, elle lui adressa un large sourire.

- Aucun soucis. Je ne connais pas encore de nourritures vraiment bonnes, j'ai bien pu voler quelques fois des repas bons voir excellents, mais je n'ai jamais su comment ça s'appelait, et souvent, je mangeais plus pour me nourrir que pour le plaisir de manger. Alors, fais moi découvrir ce plaisir !

Maintenant il ne restait plus qu'à préparer le repas, et elle attendait les instructions de la brune qui était un peu sa sempai dans tout les domaines liés au centre et dans la vie de manière générale au final.

Ce moment passé en compagnie de sa protégée était agréable, comme deux enfants qui découvraient la cuisine et ses plaisirs gustatifs. Anastasya aimait la cuisine, mais se régaler était encore meilleur. Elle écoutait l'axolotl, en effet les humains avaient souvent soif d'exotisme, elle n'était pas surprise par sa réponse. Il était vrai qu'en plus de cette particularité l'hybride était vraiment une belle femme avec un regard singulier, elle n'avait rien a envier aux autres. L'hybride hibou se contentait de hocher la tête, elle la comprenait bien et était tout à fait d'accord avec le fait exposé.

La brune souri lorsque l'hybride à la peau de lys lui avouait que la gastronomie n'était pas son point fort, tant mieux, elle allait pouvoir lui faire découvrir cette incroyable chimie gustative. Elles allaient bien s'amuser, un petit frisson d'aventure parcourait le corps du rapace. Mais voilà que le choix était compliqué... Pizza ou... Tratiflette ? Une bonne tartiflette digne de ce nom l'enchantait, et comme le batracien était curieux de découvrir cela, alors elle s'en donnerait à cœur joie. Terminer tout cela avec une note chocolatée était une idée grandiose. Miam ! Elle fit alors un clin d'oeil à Maeko puis elle lui dit sur un ton malicieux :

- J'espère que tu n'as pas de rencard derrière !

Elle saisit un reblochon qu'elle lui tendis puis elle saisit les lardon, le vin blanc sec qui était déjà ouvert, la crème fraiche et un oignon. Elle referma le réfrigérateur puis l'invita à la suivre jusqu'au plan de travail. La jeune femme saisit une planche à découper et l'installa devant elles puis elle prit un couteau et le tendit à son acolyte pour reprendre :

- Je te laisse couper l'oignon en tranches, je vais chercher les pommes de terre.

Elle s'en alla une seconde pour prendre quelques pommes de terre à chaire tendre, elle prit ensuite deux saladiers, un pour les oignons, un pour les pommes de terres puis elle saisit deux épluche légumes. Elle en tendit un à Maeko et lui expliqua sur un ton pédagogue tout en se saisissant d'une belle pomme de terre qu'elle commençait à peler :


- Voici un épluche légumes, comme son nom l'indique c'est pour éplucher les légumes, tu recommence le geste jusqu'à ce que la peau soit totalement enlevée, fais attention à ne pas te couper surtout.

Petite précaution, même si la jeune femme n'avait plus l'âge de quatre ans, mieux valait prévenir. Elle mettait les oignons tranchés dans le saladier de côté puis elle mettait les pommes de terre dans le deuxième saladier. Une fois que toutes les pommes de terre étaient prêtes Anastasya saisit une casserole dans laquelle elle versa de l'eau puis elle alluma la plaque de cuisson et le mit dessus, elle y plongea directement les féculents, elle n'avait pas envie d'attendre que cela soit à ébullition mais elle précisa tout de même à Maeko :


- Normalement il faut attendre que l'eau soit à ébullition mais j'avoue que j'ai la flemme.

L'hybride hibou prit ensuite une poele qu'elle enduisait un peu d'huile puis elle il fit revenir les oignons tout en expliquant à Maeko tel une professionnelle :

- Là on va faire suer les oignons et puis après on y mettra les lardon, dans une ou deux minutes. Tu veux bien ouvrir le paquet s'il te plait ? Je te laisse les verser dans la poele.


Anastasya avait un grand sourire, elle était heureuse de ce petit moment qu'elle passait, c'était quelque chose de simple mais très agréable, rien de mieux pour faire plus ample connaissance et pour rassurer l'hybride recueillie la veille. Elle la laissait faire pendant que les pommes de terre cuisaient sagement. Elle Remuait les oignons de temps à autres afin qu'aucun ne brule ou ne colle à la poele. Elle penchait sa tête au dessus, dégageant ses cheveux pour humer le parfum délicieux des ces petits oignons en pleine cuisson.. Les Lardons allaient bientôt les rejoindre...

Anastasya semblait motivée à l'idée de concocter un vrai repas, de bien se remplir l'estomac qui à ce qu'il en explose. Mais étrangement, elle commençait à y prendre goût, à cette liberté retrouvée, à la possibilité de se faire une amie...Et de faire des choses à deux. Était-ce cela le bonheur finalement ?
Elle avait bien du mal à y croire mais en attendant, elle écoutait ce que l'oiseau lui expliquait. Elle ne savait pas quel plat avait été choisi, mais elle suivait le mouvement. Elle attrapa ce que lui donnait son amie et se mit à le sentir, surprise de la forte odeur avant de suivre de nouveau jusqu'au plan de travail.

- Un rencard ? Ça ne risque pas, j'ai horreur de tout ce qui est romantisme et histoire de couple. Mais pourquoi ? On va avoir mauvaise haleine ou dormir debout parce qu'on aura trop mangé ?

Maeko n'était pas une experte dans ce genre de choses et des rencards, elle n'en avait jamais eu. Tout ceci était donc des nouveautés pour elle. Néanmoins, elle suivait les instructions et récupéra le matériel qu'il lui était donné. L'oignon était la seule donnée inconnue pour elle sur cette table, alors elle supposa que c'était bien cela quand elle le prit pour commencer à le découper. Sauf qu'elle n'avait pas prévu d'un tel effet sur elle ! Rapidement, ses yeux se mirent à couler sans qu'elle fut incapable de s'arrêter ou de comprendre ce qui se passait.

Une fois qu'elle eut finit de s'occuper de l'oignon, ses yeux s'arrêtèrent petit à petit de couler et elle se douta que ce petit truc étrange en était le responsable.

- Je crois que je ne couperais plus jamais d'oignons de ma vie !

Elle s'essuyait les yeux avec son bras avant d'écouter les nouvelles instructions. Elle saisit le fameux épluche légumes, observant cet étrange objet avant de s'en servir. Au départ, l'outil passait sur la peau sans rien enlever, alors elle observa longuement les gestes d'Anastasya avant de tenter de reproduire...Plus ou moins bien. Parfois, il restait de la peau et parfois elle enlevait de la patate en plus de la peau. Mais elle essayait de s'appliquer, de faire de son mieux, étrangement motivée par cette activité qu'elle n’avait jamais fait auparavant !
Forcément, elle était plus lente que le hibou à ses côtés alors elle faisait moins de patates. Et ce fut à sa deuxième que le drame arriva. Trop occupée à se concentrée sur la patate, elle ne vérifia pas où était ses doigts...et se râpa allégrement la peau.

- Aïe !

L'épluche légumes et la patate lui échappèrent des mains. Le féculent roula jusqu'au bord de la table pour tomber droit vers le sol, alors que Maeko avait mis son doigt en bouche pour l'empêcher de trop saigner. Mais aussitôt, elle grimaça, le mélange oignon et patate n'était pas vraiment très bon en bouche. Et puis, elle avait mal maintenant, même si ce n'était pas très grave.
Elle grommelait, toujours le doigt en bouche, alors qu'Anastasya continuait ses explications à propos de la cuisson des patates maintenant. Elle hocha la tête pour confirmer qu'elle avait bien entendu puis la vit s'occuper des oignons. Elle alla d'abord rincer ses mains pour se débarrasser de tout ce qui s'était déposé dessus et de nettoyer son doigt aussi. Elle sécha doucement son propre doigt avant de revenir vers son amie.

Le doigt blessé en l'air, elle récupéra le sachet de lardons et l'ouvrit....brutalement. Quelques lardons sortirent dans un joli petit sauf avant d'attirer tout autour. Un sur la main de Maeko et deux ou trois sur le plan de travail. Elle ne put s'empêcher de rire avant de manger le lardon.

- Ah ça, c'est meilleur que le mélange oignon et patate !

Elle attendit le signal de l'oiseau et versa les lardons dans la poêle avant de les voir cuir, auprès des morceaux d'oignons qui ne semblait pas apprécier le traitement. Néanmoins, une bonne odeur commençait à s'échapper. Une bonne odeur qui lui ouvrait encore plus l'appétit et son ventre grogna pour signaler son impatience.

Anastasya écoutait la réponse de Maeko, elle saurait bientôt pourquoi leur haleine serait susceptible d'effrayer le pire des vampires, un bon petit fromage mélangé aux oignons et tout le reste laissait une odeur assez forte et désagréable. Le hibou ne pensait pas que les oignons puissent être inconnus à l'axolotl. Mais en y réfléchissant c'était une évidence puisqu'elle avait vécu à la rue et dans ces cas là on ne cuisine pas et on ne mange pas d'oignons crus sauf par une faim irrémédiable. La pauvre Maeko lui faisait presque de la peine à découvrir ainsi les oignons, elle culpabilisait un peu de ne pas avoir été suffisamment prévenante.

Un fois l'attaque de l'oignon sanglant passé, ce fut l'épluche légumes qui faisait des misère à la pauvre Maeko alors qu'elle s'occupait des pommes de terre. Elle subissait la malédiction du cuisinier en herbe. Anastasya ne s'était rendu compte des dégats que lorsqu'elle lui avait remit le paquet de lardons fumés entre les mains. Elle lui demanda alors sur un ton un peu inquiet, sur une voix aiguë et incontrôlée, trop embarrassée :


- Oh mince, ça va ? Désolée je ne t'ai pas avertie !

Mais Maeko était rapide, elle avait déjà ouvert le paquet de lardon dont quelques uns s'étaient échappés soudainement. Et voilà que l'un d'entre eux terminait sa course dans la bouche de la jeune femme à la peau de lys, il devait être bon a en voir son visage et a en entendre son rire. Soulagée, Anastasya soufflat d'abord puis elle eu un petit rire léger pour piquer un lardon à son tour, c'était bien trop tentant. Elle savourait le goût fumé du petit dé de lard, quel délice pour un carnassier comme elle. Les petits lardons vinrent ensuite faire un plongeon dans la poêle pour s'y réchauffer comme les petits oignons émincés. Anastasya profita du moment de cuisson pour se précipiter vers la petite pharmacie, dans laquelle se trouvaient pansements, désinfectant et gazes.

Le hibou s'avança avec son matériel de premier secours vers sa comparse puis elle lui dit en s'emparant du désinfectant et des gazes qu'elle ouvrit soigneusement :

- Il ne faut pas laisser cette blessure sans soin, on désinfecte et je te poserais un pansements imperméable.

La jeune femme aux cheveux de jais s'occupait du doigt meurtrie de sa protégée avec soin et douceur, y déposant le produit désinfectant puis elle essuya le surplus avec une gaze à l'aide d'une pince prévue à cet effet. Elle appliqua ensuite soigneusement le pansement sur la plaie. Puis elle sourit et dit à la batracienne tout en rangeant son matériel de premiers soin sur le ton de la blague :

- Te voilà soignée de ta première blessure de guerre !

L'hybride rapace prit une cuillère en bois pour remuer rapidement le mélange oignons et lardons puis elle reprit sa pharmacie pour la replacer rapidement à son emplacement habituel. Anastasya revenait vers Maeko le sourire aux lèvre puis elle reprit :

- Entre les oignons et l'épluche légumes te voilà gâtée ! Pour une première j'espère que tu ne seras pas traumatisée !


Elle remuait la préparation en baissant légèrement le feu tandis que les pommes de terres cuisaient à leur rythme dans l'eau déjà portée à ébulition.

Alors que Maeko avait successivement découvert le bonheur de couper des oignons puis d'éplucher des patates, elle tentait de limiter les dégâts en passant son doigt sous l'eau. L'oignon, cela piquait après tout et ce n'était pas du tout agréable. Mais voila qu'Anastasya remarqua le désastre et se montra particulièrement inquiète. Elle releva la tête et regarda son amie.

- Ça va, j'ai l'habitude des coupures. Même si, ça ne m'était jamais arrivée en cuisinant !

En réalité, elle n'avait jamais cuisiné, si elle se blessait, c'était plus en tentant de voler de la nourriture ou de fuir certaines situations un peu...dangereuses, trop à son goût. Elle préférait les coins tranquilles et jusque là, le FALH répondait à ce critère, malgré des voisins aux traumatismes parfois bien présents. Mais elle ne savait pas quoi faire pour eux ou même si elle en avait. Pour l'instant, elle voulait profiter de sa nouvelle liberté et surtout, de ce genre de petits moments qu'elle ne pensait pas revivre un jour. Et encore moins, dans une pièce aussi bien équipée et sans aucun humain aux alentours. Une liberté et un moment bien appréciable.
L'oiseau la tira de ses pensées en bougeant de devant les fourneaux. Elle la regarda récupérer une petite boite puis revenir avec. La boite était pleine de matériels de soins, c'était vraiment utile ! Elle laissa son amie soigner son doigt, la regardant faire un moment puis leva la tête pour la regarder.

- Décidément, cet endroit est bien équipé ! Mais on peut vraiment se servir de tout ça sans qu'un humain ne nous tombe dessus ? Ce n'est pas que je m'inquiète d'enfreindre des règles ou de l'avis d'un humain, mais je ne voudrais pas que tu aies des ennuies.

Maeko était honnête, elle commençait réellement à apprécier Anastasya et ne voudrait pas qu'elle ait des soucis. Et puis, elle avait toujours du mal à croire qu'on puisse vraiment laisser des hybrides aussi libres...Elle se méfiait de tout les humains, mais après tout, ce n'était pas étonnant avec son passé.
Une fois les soins finis, elle observa son doigt puis sourit en entendant la blague.

- Oh ce genre de guerre me conviens très bien ! Même si je ne suis pas vraiment habituée à me battre...

Elle s'approcha alors des fourneaux, observant le mélange dans la poêle puis les patates dans l'eau, cherchant à sentir la bonne odeur qui se dégageait potentiellement de chaque cuisson. Elle avait hâte de manger !

- Je ne serais peut-être pas une grande fan de la cuisine, surtout si la recette comporte des oignons, mais je comprends bien que ça peut être utile. Alors j'apprendrais, tant qu'on ne me met pas d'épluche-légumes entre les mains !

Elle n'avait pas envie de se blesser à nouveau mais elle supposait que cet outil devait servir assez souvent au vu de tout ce qu'elle connaissait déjà et qui pouvait s'éplucher. Elle se redressa alors, se tournant vers l'oiseau.

- C'est long à cuire ? Les odeurs commencent à me donner vraiment faim...

Son ventre grogna à ce moment là pour exprimer son accord avec ses mots mais il n'y avait que du fromage sur le plan de travail et qui n'était pas encore en train de cuire. Et apparemment, il allait servir pour le plat, alors elle ne voulait pas non plus se mettre à le grignoter et empêcher Anastasya de le finir. Mais elle ne dirait pas non à un petit quelque chose pour patienter.

Pour avouer qu'elle avait l'habitude des coupures, Maeko avait dû vivre bien des choses, pensait Anastasya. Elle se souvenait pourtant de ces longs moments de torture mais elle n'en avait pas prit l'habitude. Cette Axolotl était fort courageuse aux yeux de la rapace, elle ferait un excellent élément dans l'équipe bien qu'elle ait plutôt l'air d'être un éléctron libre. Le hibou grand duc avait presque oublié la méfiance dont elle avait fait preuve en arrivant et elle comprenait Maeko sur la tension qu'elle était susceptible de ressentir à l'idée que les humains mettent leur nez dans leurs affaires, mais pas d'inquiétude, ici tout le monde est égaux. Elle regarda sa comparse d'un sourire doux et rassurant et lui dit sur un ton qui s'y prêtait :

- Ne t'en fais pas, ici humains et hybrides sont égaux, les soins sont les mêmes pour tous, et la trousse de secours est là pour ça.

Elle riait à sa remarque, tant mieux que l'activité lui convienne même si elle préférait éviter les épluche légumes. Anastasya aimait cuisiner mais surtout déguster un bon plat, et elle donnerait cette habitude à l'axolotl, manger était devenu pour elle un véritable plaisir alors même si son acolyte n'était pas fane de la cuisine, elle espérait qu'elle adorerait passer à la dégustation de ce bon petit plat.

Au fil de la conversation Anastasya éteignit les plaques de cuisson tandis que Maeko lui demandait si la cuisson serait longue, elle prenait un plat rectangulaire et vida l'eau des pommes de terre tout en reprenant la parole sur un ton un peu plus dynamique et presque enjoué :

- Non, d'ailleurs les pommes de terres sont cuites et les oignons et lardons également, on va commencer par alterner, une couche de pommes de terre et une autre de lardons, moi je mets de la crème entre chaque couches ! Je te laisse couper les tranches de reblochon !

Elle étala les couches unes à unes sans oublier d'y ajouter un peu de crème fraîche, elle passait un doigt dans la crème qu'elle lêchait puis elle reprenait. Elle n'entendit pas la porte s'ouvrir mais s'apperçu qu'un hybride chauve sourirs s'était soudainement jeté sur le doigt de Maeko dont le sang était visible sous le pansement. En panique, prise de court et par surprise, elle saisit une poêle et assomat la dite suceuse de sang dans un cris de guerrier effrayé.

- Maeko !! Ca va ?!

Elle y était peut-être allée un peu fort avec cette pauvre chauve-souris, elle la regardait étendue sur le sol, puis elle dit à l'hybride Axolotl, légèrement mal à l'aise :


- Désolée, je ne l'avais pas vue, le pauvre, j'espère qu'il va bien...


Elle s’accroupissait pour voir si tout allait bien, la chauve-souris avait de nouveau rejoint les bras de Morphée...

Maeko s'inquiétait d'apporter des ennuis à Anastasya, mais celle-ci ne mit pas longtemps à la rassurer. Alors, il existait vraiment des endroits où les hybrides étaient traités en égaux aux hommes ? Ou les humains ne se croyaient pas supérieurs à tout ce qui bougeaient ? C'était vraiment surprenant.

- Eh bien...cet endroit m'étonnera toujours. Je crois que j'ai un peu de mal à m'habituer, c'est si...étonnant !

En tout cas, toutes deux continuaient de faire un délicieux repas alors que l'axolotl continuait de découvrir les spécificités de ce lieu qui n'était que des nouveautés pour elle.
Finalement, sa nouvelle amie lui annonça alors que le plat ne serait pas long à cuir. Tant mieux, elle commençait à être affamée ! En attendant, elle s'occupa du reblochon comme demandé, s'appliquant à la tâche. Elle s'en coupa un morceau pour le goûter.

- Oh c'est fort ça !

Décidément, tout le plat serait une totale découverte, et niveau goût, elle allait surement être surprise. Mais après tout, au moins elle s'amusait et elle n'était pas contre de découvrir de nouvelles choses. En voyant qu'Anastasya passait régulièrement un doigt dans la crème, elle ne put s'empêcher de rire.

- Eh ! Arrêtes de manger toute la crème, sinon on en aura plus pour le plat !

Son ton était faussement accusateur, parce qu'en réalité, cela l'amusait seulement. A un tel point d'ailleurs qu'elle ne pouvait s'arrêter de rire. Et ce rire soudain était libérateur, il lui faisait beaucoup de bien.
Sauf qu'un élément vint perturber leur bon moment. Un hybride, visiblement de type chauve-souris se jeta sur elle en cherchant à mordre son doigt coupé. Là, elle arrêta de rire pour de bon et se débattit, tentant de repousser l'assoiffé...jusqu'à ce que l'oiseau l’assomme avec une poêle. Elle regarda le pauvre hybride s'écrouler au sol, assommé pour de bon.

- Oui, oui, il m'a fichu une telle peur celui-là ! Il y a des hybrides dangereux ici ?

Elle fixa un moment la chauve-souris puis releva les yeux vers Anastasya, toujours armée de sa poêle...et voila qu'elle se mettait à nouveau à rire. Un bon fou-rire qui se calme petit à petit au bout d'un moment.

- Décidément, c'est que tu es dangereuse quand tu t'y mets !

Mais elle souriait largement, preuve qu'elle ne lui en voulait pas de ce qui venait de se passer. Et puis, après tout, cet hybride était sorti de nul part, ce n'était que de la légitime défense ! Néanmoins, elle prit la chauve-souris sous les épaules et tenta de le tirer. Il était plus lourd que prévu.

- Tu m'aides ? Je voudrais le mettre dans un coin pour qu'il soit en sécurité...

Loin des plaques chaudes, de leur préparation et loin d'elles aussi, pour qu'il évite de se jeter à nouveau sur son pauvre doigt. Anastasya l'aida alors et à deux, elles réussirent à emmener le pauvre hybride dans un coin de la pièce. Alors Maeko le recouvrit de quelques tabliers pour qu'il ne prenne pas froid tout de même puis vérifia sa tête. Pas de sang, c'était déjà cela !

- Bon, il aura surement une belle bosse en se réveillant...Mais il avait l'air affamé !

Elle se redressa, prête à retourner à leur activité. Son estomac grondait et sa faim passait avant maintenant qu'elle s'était assurée que la chauve-souris n'était pas gravement blessée.

Une fois la pression retombée Anastasya se mit à rire, en effet le trouble fête avait été assommé à coup de poêle et sans aucune délicatesse dans un moment de panique. Au moins il n'était pas mort et endormi pour de bon. Anastasya riait à la remarque de son acolyte, en effet elle pouvait être dangereuse quand elle s'y mettait même si cela restait de la défense et non de l'attaque pure et simple. Elle approuva ensuite à l'idée de le déplacer dans un coin, peut-être se réveillerait-il au moment de déguster la tartiflette dégoulinante de fromage. 

Elles retournèrent à leur fourneaux puis elles terminèrent de préparer le bon plat, déposant les dernières couches pour les surplomber de belles grosses tranches de fromage malodorant. Elle enfournèrent le plat et la jeune rapace dit à l'Axolotl en riant sur un ton presque moqueur en se dirigeant vers l'évier pour se laver les mains :

- Tu n'as plus qu'a sentir des doigts maintenant, la délicieuse odeur de fromage à dû y rester ! 

Elle lui faisait un grand sourire amusé puis elle lui laissa la place pour se laver les mains également. Ensuite la jeune femme aux cheveux corbeaux invita sa comparse à dresser quelques assiettes sur le plan de travail, elles avaient apporté deux chaises pour s'installer confortablement puis elles patientèrent le temps de la cuisson alors que Anastasya vérifiait de temps en temps. Anastasya servit un verre d'eau à l'axolotl, peut-être avait-elle envie de se desaltérer après toutes ces aventures. Elle but le sien goulûment puis elle se resservit. Elle demanda ensuite à l'axolotl :

- Alors, que penses tu faire une fois bien remise et à l'abris de Kayden ? Pense-tu à retourner dans la nature ? Souhaite tu rejoindre notre mouvement ? Ou peut-être n'en a tu encore aucune idée pour le moment, je le comprendrais tout à fait.

Cela faisait très peu de temps de l'hybride avait été recueillie, Anastasya espérait que Kayden ne partirait pas à sa poursuite par tous les moyens même si elle l'en croyait capable. 

Le four sonna, le plat était prêt, Anastasya écoutait la jeune femme tout en se précipitant vers les maniques pour récupérer le bon plat à l'odeur fromagère. Elle le sortit du four et le déposa devant elles tout en se saisissant d'un couteau et d'un spatule puis elle servit sa congénère en premier, la tartiflette était fumante, c'était vraiment très chaud elles attendaient donc avant de déguster. La jeune hiboux grand duc respirait la délicate odeur de leur plat préparé avec enthousiasme et non sans mal à cause de l'attaque de la chauve sourirs assomée... Elle avait hate d'attaquer...

Après l'intervention totalement inattendue et soudaine de la chauve souris, Maeko et Anastasya étaient retournées à leur plat. Elles avaient faim, et puis, l'intrus n'avait rien de grave, alors pourquoi ne pas se concentrer de nouveau sur leur activité ? Sur ce plat qui semblait absolument délicieux ?
L'oiseau s'occupait de mettre les dernières couches, alors qu'elle s'occupait de finir de couper les tranches de fromage qu'elle rajouta sur le plat de son amie. En tout cas, une forte odeur se dégageait de l'ensemble, pas forcément agréable, mais de toute façon, elle avait trop faim pour s'en offusquer.

A la remarque de son amie, elle porta ses doigts à son nez, sentit et...afficha une très belle grimace.

- Wahou ! Ca pue ce truc ! Tout les fromages puent comme ça ou tu as fait exprès de choisir le pire ?

Le ton était faussement accusateur mais elle affichait en même temps un large sourire, preuve qu'elle ne en voulait absolument pas ! Elle la rejoignit alors à l'évier et se lava énergiquement les mains. Elle n'avait aucune envie de garder cette affreuse odeur sur les mains !
Par la suite, elle l'aida à mettre la table même si elle ne l'avait jamais fait. C'était une découverte et étrangement, elle appréciait bien. Surement parce qu'elle passait un bon moment en compagnie d'une amie. Oui, une amie, c'était ce que la brune devenait à ses yeux au fur et à mesure que cette journée s'écoulait.
Quand elle lui servit un verre d'eau, elle l'accepta avec plaisir et le vida d'un trait avant de s'en servir un autre. Elle était assoiffée ! Mais la question la coupa net dans son élan pour boire le deuxième verre. Elle réfléchit à la question, à ce qu'elle pourrait y répondre.

- Eh bien...Déjà, je ne pense pas à retourner dans la rue ou la nature. Je me suis rendue compte que j'avais changé, je ne suis plus faite pour cette vie là. Et puis...avec les rabatteurs et tout ces humains, il serait plus difficile de vivre libre.

Maeko se montrait honnête, mais surement parce que l'oiseau l'avait aidé et se montrait géniale depuis qu'elles étaient arrivées ici. Le four sonna, indiquant visiblement que le plat était prêt, elle regarda son amie récupérer la tartiflette, tout en continuant de lui expliquer sa pensée, ce qui la bloquait au final pour les rejoindre définitivement.

- Je crois que...que vous rejoindre serait peut-être une bonne idée...ou peut-être pas. Je me dis qu'aider, ce serait bien...mais je ne sais pas si j'y arriverais. Tu sais, je suis un peu...solitaire. Enfin, je me suis retranchée dans ma solitude quand...quand il est mort. Après avoir échappé à un sale type qui se prenait pour mon maître, j'ai été aidé par un hybride et on a passé des années ensemble mais je n'ai pas pu l'aider...Il m'a sauvé. Et je n'ai rien pu faire pour lui...Et si ça recommençait ? Je m'attache à toi et je...je ne veux pas revivre la même chose...Alors, c'est peut-être plus simple de partir loin.

C'était peut-être profondément égoïste mais elle avait peur de souffrir à nouveau en perdant quelqu'un qu'elle appréciait. Et pour le coup, elle appréciait réellement Anastasya et c'était cela qui l'empêchait de rejoindre le mouvement. Elle avait peur de la voir mourir sous ses yeux et de ne rien pouvoir faire.
Elle baissa les yeux sur son assiette quand son amie revint à table et la servit. Elle prit sa fourchette, fermant les yeux pour apprécier la bonne odeur qui s'en dégageait.

- Mmh...ça sent bon maintenant !

Elle tentait de retrouver l'enthousiasme qui l'avait habité pendant la préparation de ce plat. Mais ce n'était pas évident après lui avoir fait de telles révélations.

L'odeur puante du fromage parfumait la pièce, cela signifiait qu'il devait être bon et goûtu, que demander de plus ? Anastasya avait hâte de déguster le fameux plat traditionnel français, en total décalage avec leur culture japonaise, un voyage culinaire sans pareil. La jeune femme aux cheveux ébène n'avait pas choisi son fromage par hasard en effet, mais elle se disait que si Maeko savait à quel point il y avait odeur plus forte encore, elle serait bien surprise. La jeune femme riait légèrement à la grimace spontanée de sa nouvelle amie et elle ne se priva pas de le lui faire remarquer :

- Eh bien ! Il sent fort et a l'incroyable pouvoir de te faire grimacer sans égal ! Rassure toi il y a pire encore !

Disait-elle en riant tout en écoutant la suite de ce que Maeko avait à dire. Elle était rassurée dans un sens, pour l'instant il était malheureusement trop dangereux d'avoir sa liberté totale, de pouvoir se rendre partout sans crainte d'être attrapé, c'était un triste fait, la liberté était loin d'être atteinte mais cela finirait bien par arriver à force de prévention et de persévérance pour changer les mentalités de cette île.

En écoutant la belle jeune femme aux cheveux d'argent Anastasya se faisait une idée de son histoire, on l'aurait déjà sauvée, par amour surement, une histoire complexe et triste mais Anastasya ne se laisserai pas abattre si quelque chose venait à leur arriver même si elle donnerait sa vie pour cette cause juste qu'est la défense de tous contre l'esclavagisme. Elle lui répondit alors sur un ton doux, chaleureux qui se voulait rassurant :

- Ne t'inquiète pas, il ne m'arrivera rien... Et puis, il n'y a pas que moi ici, il y a tout le reste des équipes. Ils sont formidables tu verra. Et tu pourras participer à nos équipes si tu le souhaite, par exemple les informateurs sont des personnages clés pour nous. Ils nous donnent beaucoup d'informations et nous envoient des signalements sur les éventuelles maltraitances auxquelles ils peuvent assister. Cela peut-être des infos sur d'autres sujet mais quoi qu'il en soit c'est une source importante pour nous.

La jeune femme donna un couteau et une fourchette à son acolyte sans oublier de leur servir des verres d'eau puis elle regarda le bon plat avec envie et dit joyeusement le sourire aux lèvres :


- A l'attaque !

Elle commençait à déguster, soufflant sur sa première bouchée fumante puis elle émit un son de plaisir gustatif, levant les yeux aux ciel : c'était divin, le goût était là, le fromage dégoulinant, les oignons et les lardons pleins de goût, elle dit alors :


- Oh lala, comme c'est bon ! Nous sommes une équipe de choc pour la tartiflette !

En effet, les deux femmes avaient réussi la recette avec brio, elles pouvaient être fières d'elles et pouvaient profiter avec grand plaisir de cette recette gastronomique si propre au pays des mangeurs d'escargots...

- Pire encore ?!? Tu te moques de moi là ?

Maeko s'était figée et fixait Anastasya, cherchant le moindre petit indice, la moindre petite preuve qu'elle avait raison...et que son amie blaguait. Mais visiblement, ce n'était pas le cas. Elle la regarda alors longuement avant de soupirer.

- J'espère ne jamais les croiser alors ! Parce que celui là pue déjà bien assez à mon goût !

Toutes deux tranquillement installée à table, elles attendaient que le plat refroidisse pour pouvoir enfin manger. Et franchement, elle avait faim, vraiment faim. Pour preuve, l'odeur alléchante avait bien réveillé son estomac qui grondait...impatient de pouvoir se régaler lui aussi.
Néanmoins, c'était trop chaud alors elle tentait de le distraire en discutant avec Anastasya...même si le sujet n'était pas forcément évident.

- Je vois...Je ne connais pas du tout les autres, donc je ne sais pas si je voudrais travailler avec eux. Ou même si je pourrais. Je suis assez...solitaire. Et j'ai mon petit caractère, tu as bien du t'en rendre compte ?

A cette mention, elle eut un large sourire. Si son amie avait entendu parler d'elle, elle avait bien du entendre sa façon de répondre à Kayden, de réagir à ses ordres et de ne surtout pas se laisser faire...Elle n'était pas une esclave, les humains allaient le comprendre à un moment, n'est-ce pas ? En tout cas, elle se battrait toujours pour ses droits.

- Mais si je dois vous rejoindre et vous aider...Ce sera surtout pour toi que je le ferais. Une forme de remerciement...et une envie d'offrir aux autres la chance que tu m'as offerte. Bien que je ne sois pas du genre altruiste d'habitude...

Elle était honnête, depuis la mort de son vieil ami, elle avait toujours vécu pour elle et uniquement pour elle. Se lier d'amitié n'apportait que du malheur, alors elle se défendait...en restant seule. Une armure certainement bien étrange aux yeux des autres mais tant pis, c'était ainsi. Néanmoins, la brune réussissait petit à petit à percer sa carapace pour s'installer dans son corps de manière durable.
Finalement, son amie la tira de ses pensées avec un simple mot qui indiquait l'heure de manger ! Elle attrapa alors sa fourchette et son couteau et se coupa un morceau qu'elle mit rapidement dans sa bouche...avant de souffler comme elle put car c'était chaud. Très chaud. Elle qui préférait les températures basses...

- Chauuuud !

Elle finit par réussir à avaler sa bouchée avant d'avaler de grandes gorgées de son verre d'eau qui lui permit de refroidir sa bouche et sa gorge. Les larmes aux yeux parce qu'elle s'était tout de même un peu brulée, elle voulut prendre du temps avant la deuxième bouchée...mais ne put résister. Elle souffla un peu dessus avant de la prendre en bouche aussi avec un "mmmmh" représentatif de son plaisir. Une fois la bouchée avalée, elle affichait un sourire ravi.

- Oui ! C'est tellement bon ! J'adore !

Elle n'avait pas de mots pour décrire ce qu'elle ressentait à chaque bouchée de ce plat mais le dévorer était la meilleure preuve au final. Elle savourait chaque bouchée et n'allait certainement pas en laisser une seule miette ! Découvrir les plaisirs de la vie avait vraiment du bon finalement !

Anastasya regardait la belle jeune femme au teint de lys dans les yeux, l'écoutant attentivement, il y avait une place pour tout le monde ici, que l'on soit solitaire ou non, le principal étant de réussir à faire un peu équipe pour apporter de l'aide et avoir une certaine cohésion de groupe, même dans la discrétion la plus totale. La jeune femme à la chevelure ébène dévorait sa tartiflette tranquillement et finissait sa bouchée pour répondre à sa nouvelle amie :

- Tu sais, on peut tous apporter sa pierre à l'édifice à sa façon. Il suffit simplement de ne pas mettre en péril le groupe, c'est aussi simple que cela, être solitaire peut aussi être un atout, après tout chaque profil est intéressant je pense.

Après cela la jeune femme mit une seconde fourchette de ce met délicieux dans sa bouche pour savourer le bon fromage chaud en alliance avec les pommes de terre et les lardons, c'était tout simplement divin, ses yeux s'en révulsaient presque jusqu'au plafond. Elle reprit ensuite sur un ton assez doux et bienveillant :

- C'est adorable de ta part, cela doit venir de toi à cent pour cent, et d'ailleurs c'est effectivement parce qu'on nous a sauvé que l'on a envie de laisser sa chance aux autres. Je n'aurais jamais cru pouvoir être sauvée par un humaine après avoir été passée à tabac par eux, cela nous change, tu le remarquera avec le temps...

Puis elle regarda la jeune femme goûter à la délicieuse tartiflette encore légèrement chaude et elle eu un petit rire moqueur et lui dit sans hésiter :

- Je suis contente que cela te plaise ! Même si cela t'a coûté un doigt dans la bataille !

Puis elle reprenait une nouvelle bouchée après quoi elle reprit ce qu'elle disait dans la conversation plus sérieuse, parce qu'elle voulait l'aider à trouver son chemin après tant d'épreuves, parce qu'elle le méritait bien, qu'il fallait lui donner sa chance de faire ce que bon lui semblait, pour une fois :

- Si tu en as envie je pourrais t'en montrer un peu plus, te présenter aux équipes, nous pourrions faire le point tous ensemble si tu t'en sens prête et si le cœur t'en dit ! En tout les cas tu seras la bienvenue, sois en sûre.

Personne n'était jamais de trop dans les équipes, plus il y avait d'aide, plus cela facilitait le travail et permettait de sortir davantage d'hybrides de leur condition d'esclaves. Anastasya espérait de tout son cœur qu'ils puissent voir un peu de lumière au bout de ce chemin sombre et tortueux.

Voilà qu'elle avait déjà mangé plus de la moitié de sa part de tartiflette, cela se mangeait bien plus rapidement qu'elle n'aurait pu l'imaginer, bien que cela soit un plat particulièrement gras et lourd.

Maeko dégustait tranquillement sa tartiflette, prenant bien le temps de souffler dessus pour refroidir chaque bouchée. Néanmoins, ce petit moment détente autour d'un bon repas leur permettait à toutes deux de discuter à cœur ouvert...Et étrangement, cela faisait du bien à Maeko. Elle était en train de s'attacher à Anastasya, elle s'en rendait bien compte. Tout en savourant un morceau de son assiette, elle écouta la réponse de la jeune femme.

- De toute façon, je ne parlerais pas de ce groupe. Si je sors d'ici, si je me fais capturer, alors je ferais comme s'il n'avait jamais existé. Je sais que vous risquez tous très gros et je ne vous mettrais pas en danger. Mais si je peux aider, avec les capacités que j'ai, alors je le ferais. Même si je ne sais pas vraiment ce que je pourrais faire...Peut-être que mes branchies seraient utiles ? Je peux respirer sous l'eau...

Bon, ce n'était peut-être pas non plus éternel mais elle pouvait toujours se cacher sous l'eau, sans risque ou s'il nécessitait de passer sous l'eau pour une mission, même par les égouts, elle en était capable. Peut-être que ce serait utile pour le groupe ? En réalité, pour le moment, elle proposait sans savoir ce qui serait utile ou non, après tout, elle ne connaissait pas vraiment leurs objectifs ou leurs missions. Elle ne connaissait que ce qu'Anastasya lui avait dit ou avait pu faire jusque là.

- Certains humains n'ont pas l'air aussi mauvais que ce que j'ai pu voir jusque là...J'ai l'impression d'être un aimant à sales types. Mais pour l'instant, j'admets que je ne fais confiance qu'aux hybrides...Même si je sais qu'ils ne sont pas tous bons non plus.

Néanmoins, elle en avait tout de même trouvé plus, d'hybrides aimables et prêt à aider les autres que d'humains dans le même genre...Mais elle attendait de voir. Il y avait des humains ici, et jusque là les médecins ne l'avaient touchés que ce qui était nécessaire donc presque pas car elle ne possédait que peu de blessures physiques...Et pour cela, elle pouvait remercier la capacité régénératrice de sa part animale...Même si elle était fortement diminuée par rapport à celle que possédait l'animal.
La blague d'Anastasya a propos de son doigt perdu dans la bataille la fit bien rire...et cela lui faisait tellement de bien ! Elle se détendait, elle passait un bon moment sans crainte qu'un salopard lui tombe dessus ! Depuis combien de temps n'était-ce pas arrivé ?

- La cuisine c'est pas de tout repos ! Une vraie guerre !

Elle continuait de manger son plat, tout en souriant. Un véritable sourire qui ne semblait pas vouloir la quitter...et tout cela grâce à Anastasya ! Cette fille était en train de la changer...et visiblement en bien.

- Oui, ce serait intéressant, rencontrer une bonne partie des membres, notamment ceux que je verrais souvent en faisant partie du FALH...Voir si je supporte de parler avec des humains, mais je ferais un effort. Ça, je peux au moins te le promettre mais si je ne peux plus, je quitterais la pièce, plutôt que de dire des choses que je regretterais par la suite...

Son calvaire était encore récent après tout et elle sentait que derrière son assurance soit-disant sans faille, se cachait sa peur qu'elle avait longtemps tenté de contrôler. Même face à Kayden pour ne pas lui faire ce plaisir...Mais voir trop d'humains au même endroit, dans une pièce où elle était aussi ne lui ferait surement pas plaisir. Mais elle devait essayer, elle ne voulait pas rester bloquer sur ses peurs.

En l'écoutant attentivement, tout en dégustant sa tartiflette, Anastasya trouvait sa nouvelle amie fort créative. Autour d'une île qui est de toute évidence bordée de mer une batracienne serait des plus utiles pour se faufiler partout, pour obtenir des infos portuaires ou autres. C'était pour le coup un véritable bon plan pour le FALH. La jeune femme aux cheveux charbon souriait et était ravie de la tournure que prenaient les choses, en effet non seulement la belle aux cheveux et à la peau de lys se détendait mais en plus elle lui soufflait des idées ingénieuses.
Le hibou répondait alors sur un air léger, comme si elle essayait de laisser ce lourd passé derrière elle pour se tourner vers quelque chose de plus positif, plus utile, quelque chose de stimulant et épanouissant :

- Tu sais, je crois que c'est bien ce que l'on se dit avant d'arriver ici, j'ai connu Kayden, je n'en ai fait qu'a ma tête aussi, cette soif permanente de liberté, cela fait partie de nous, et puis après Mr Gribov j'ai enfin vu le bout, comme toi, et puis j'ai découvert des humains passionnants, comme toi, des gens au cœur dur comme au cœur tendre mais qui suivent la même idée, le même rêve : la liberté et l'égalité de toutes et de tous. Cette chose viscérale qui nous relie !

Cela était sortit tout seul, après tout les deux jeunes femmes aussi différentes soient-elles au premier abord n'était pourtant pas si éloignées, bien au contraire, certainement plus proche que jamais. Elles auraient certainement préféré avoir un autre point commun que la vie de torture et d'humiliation mais il en était ainsi. Intérieurement il y avait ce même désir de rendre la pareille puisqu'elle avaient eu leur chance. Anastasya reprit avec sourire et un peu d'entrain :


- Excellente idée, tu pourrais passer un peu partout avec ta particularité, passer par tous les endroits humides ou immergés, tu pourrais observer ce qu'il se passe près des ports dans les endroits les plus reculés où se situent d'éventuels trafics à l'abris des regards. Et puis je suis certaine qu'il y a bien d'autres endroits dans lesquels tu pourrais te faufiler que je n'ai pas en tête !

La jeune femme aux yeux saphirs avait terminé son assiette, elle se leva pour la rincer sous un filet d'eau puis elle se dirigea vers les lave-vaisselle pour l'ouvrir et y introduire petit à petit l'intégralité de sa vaisselle tout en continuant sur sa lancée dans la réponse qu'elle faisait à la jeune femme avec beaucoup de douceur et de prévenance  :

- Ne t'inquiètes pas, il n'y a pas de raison pour que tu te sentes mal, même si j'avoue que l'on peut être oppressée ou méfiante au début, on se dit que c'est bien trop beau pour être vrai après n'avoir vu et vécu tous les côtés obscures de l'humain et sa perfidie, mais heureusement tu constatera que ce n'est pas le cas de tous même si certains peuvent parfois avoir l'ai froid. Nous ferons cela dès lors que tu te sentiras prête, je ne veux pas forcer les choses ou t'imposer quelque chose que tu n'as pas envie de faire.

Anastasya songeait également à lui présenter un jour Juna la présidente des FALH. C'était une femme qu'il fallait connaître, d'autant plus lorsque l'on souhaite s'engager et participer aux actions des membres de ce mouvement.

Maeko finissait tranquillement sa tartiflette qui lui remplissait l'estomac. Et ce dernier était ravi, lui qui avait si faim tout du long de la préparation et qui n'avait jamais mangé de véritables mets, il appréciait réellement.
Et pendant qu'elle dégustait, Anastasya réagissait par rapport à ses propositions et ses idées étaient visiblement bonnes.

- Je peux même passer par les égouts s'il faut. Il me faudra une bonne douche après, mais si c'est nécessaire, je peux passer absolument partout ! Et je peux bien faire ça pour remercier le FALH de l'aide qu'il m'a apporté ! Mais après, il reste à voir où ce serait utile.

Même si l'eau était partout sur cette ile, Maeko doutait un peu que sa capacité soit réellement utile. A voir si le FALH aurait réellement besoin d'espionner des zones proches de l'eau ou en passant par un endroit immergés. Mais bon, la proposition était lancée et elle ne reculerait plus désormais.
Ayant fini son assiette, elle suivit l'oiseau et l'imita alors, rinçant son assiette également. Elle la regarda ensuite remplir un étrange appareil de toute la vaisselle utilisée. Bon, c'était surement pour la détruire ou la laver, aucune idée mais elle l'aidait comme elle le pouvait. Après tout, tout était nouveau pour elle ici.

- D'accord, merci Anastasya. Je prendrais le temps de bien y réfléchir, tout en me remettant pleinement sur pieds. Je pense que vous aider serait une bonne chose mais il est vrai que pour l'instant, je ne suis pas tout à fait prête à rencontrer d'autres personnes du groupe...Toi, et les médecins m'ayant suivi, me suffisent amplement pour l'instant. Je veux juste...juste un peu de tranquillité pour le moment. Être un peu seule...

Elle avait besoin de se retrouver avec elle-même, d'essayer de tourner la page et d'être prête à affronter le reste de sa vie. Mais pour l'instant, il lui fallait un peu de temps. Néanmoins, elle était déjà plus souriante qu'à son arrivée dans cet endroit, donc c'était sur la bonne voie. Et physiquement, elle avait peu de traces de la maltraitance de Kayden...Et ces traces allaient surement tous s'effacer.
Elle s'étira alors longuement.

- Bon, je crois qu'une bonne sieste et un tour à la piscine s'imposent désormais. Je ne vais pas t'accaparer plus, mais merci Anastasya, c'était vraiment un chouette moment ! Ça m'a fait beaucoup de bien !

Et soudainement, elle la prit dans ses bras. Ce fut court car rapidement, elle s'écarta de nouveau, un peu...gênée par ce qu'elle venait de faire, mais il s'agissait d'un premier pas. Elle la salua alors et retourna jusqu'à sa chambre, tout sourire. Elle était libre et pouvait enfin profiter de sa vie, et de sa liberté ! Et tout cela grâce à Anastasya. Elle lui était redevable, elle le savait et en s'allongeant sur son lit, elle se promit de la remercier correctement un jour.

Anastasya écoutait la jeune femme à la peau laiteuse, échangeant de temps à autre un regard bienveillant de ses yeux saphir. Évidemment qu'elles trouveraient bien une mission sur laquelle traverser les égouts ou passer par des endroit incongru serait le plus utile voir indispensable. Il y avait toujours tant à faire dans le centre, cela ne manquerait donc pas. Et dans tous les cas ils trouveraient bien une occupation à la jeune batracienne. Anastasya réponidt d'un simple petit :

- T'inquiète !

La jeune femme aux cheveux ébène écoutait son acolyte et la comprenait totalement. Elle se retrouvait dans un nouveau monde presque inconnu alors qu'elle n'avait jamais vécu ça de sa vie. Cela lui rappelait ses début ici, c'était tellement beau, tellement agréable d'avoir quelqu'un pour prendre soin de soit que finalement cela paraissait trop beau pour être vrai. En effet c'était presque rarissime sur cette île mais le FALH prenait un peu plus d'ampleur et grandissait petit à petit pour toucher les uns et les autres quant à la condition de l'hybride dans cette société et le désire d'abolition de l'esclavagisme. C'était un travail de longue haleine mais cela en valait la peine.


- Je comprends, ne t'inquiète pas.

Disait-elle sur un ton doux et attentionné. Elle ne pouvait que comprendre et elle n'exigeait aucune explications. Le moment de complicité qu'elles avaient passé ensemble touchait à sa fin lorsque le hibou remarqua la jeune femme s'étirer et faire part de sa fatigue pour ensuite la prendre dans ses bras, elle sursauta légèrement, surprise, puis elle se détendit à la seconde qui suivit. Anastasya constatait que la jeune femme dégageait une très bonne odeur florale de ses cheveux, c'était agréable... Elle la serra dans ses bras une fraction de seconde puisque son amie venait presque de prendre la poudre d'escampette pour retourner à ses quartier tout en la saluant. Anastasya lui répondit par un grand sourire et un signe de la main.

L'oiseau nocturne termina de ranger et mis le lave-vaisselle en route puis elle quitta la pièce à son tour pour faire le point sur cette matinée, parler de Maeko avec ses équipiers et faire le point sur les nouveaux arrivants et les futures missions. La réunion dura environs trois heures à l'issu de laquelle Anastasya prit congés pour se diriger vers son appartement, sa journée avait été longue, elle avait bien envie de faire une petite sièste.